𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝐗
— S O U S L E S C A R T E S —
cw — ATTENTION
spoil arc marineford
episode 483
saison 14
chapitre 574
郷に入っては郷に従
LA CABINE DU CAPITAINE est assez ordonnée, maintenant que je l’observe d’un regard non embrumé par les vapeurs du sommeil. Au milieu, une large table de bois verni aux pieds savamment gravés semble lui servir de bureau.
Dessus repose une carte calée par une sphère transparente, une longue vue ainsi qu’un globe terrestre aux tons cuivrés. Sous le meuble s’étend une peau de bête aux écailles rougeâtres, visiblement un vieil ennemi terrassé et gisant ici en guise de procès.
A ma droite, un matelas posé sur quelques bous de bois sert de lit, celui-là même dans lequel je me suis réveillée, après ma lutte contre l’homme que je sais à présent être l’Impereceo. Mes joues chauffent à l’idée qu’il est aussi celui dans lequel le capitaine à pour habitude de passer ses nuits.
Ce dernier est d’ailleurs debout au fond de sa cabine, en face de la porte fenêtre vitrée derrière son bureau. Ses yeux se posent sur le lit légèrement agité de la mer nous transportant tandis que, à cette vue, je prends mieux conscience des mouvements du sol, sous mes pieds.
Cela doit bien faire une dizaine de minutes qu’il m’a attirée ici, prétextant devoir réfléchir à une punition afin de sanctionner mon évasion de prison.
Mais il est demeuré depuis silencieux et je commence à m’impatienter. D’abord soulagée de voir qu’il ne me menait pas en cellules, je suis à présent lasse de conserver cette position debout à ne rien faire, l’observant sans piper mot.
— Vos couilles vont mieux ? je demande, me rappelant du coup de pied que je lui ai assené.
— Jolie entrée en matière, commente-t-il sans se retourner.
Je me contente de hausser les épaules, sachant pourtant qu’il ne me voit pas. Qu’importe, je ne souhaite qu’en finir avec ces stupidités. Une partie de moi est déjà révoltée qu’il se permette de penser qu’il peut me punir alors que je ne lui dois aucune forme d’obéissance.
Est-il un état et moi, une citoyenne ? Pour qui se prend-t-il ?
— Vous allez finir par me dire ce que je fais ici ? Ou je dois encore attendre une plombe devant vous ?
— Je vous l’ai dit, vous êtes ma prisonnière et je dois vous soumettre à une sanction, répond-il sans se retourner, visiblement indifférent à mon exaspération.
— Prisonnière ? je répète, agacée tandis qu’un rire jaune franchit mes lèvres. Ma place n’est pas en cellule et vous le savez.
— Evidemment que je le sais.
Là-dessus, il se retourne, dardant ses iris dans les miennes. Un très léger sursaut me prend lorsque l’ardeur de celle-ci me percute de plein fouet, saisissante. Ma gorge se serre face à son regard d’acier. Je ne dis pourtant rien, préférant demeurer silencieuse.
Son visage est étonnement sérieux, tranchant avec l’expression à laquelle il m’a habituée.
— Si tu refuses de te dire ma prisonnière, peut-être admettras-tu au moins que tes actions ont eu des conséquences.
— Conséquences que j’ai réparées, je me défends.
— Mais, à mes yeux, tu as toujours une dette. Et une dette de taille.
Je ne réponds pas dans un premier temps, consciente de ne pas réellement pouvoir remettre en question son affirmation.
Car, bien qu’ayant par la suite annulé mes méfaits d’un geste que je ne comprends toujours pas, murmurant une incantation au hasard, j’ai tout de même mis en péril le navire d’un capitaine estimé — surtout par mes pairs — sur la base de fausses informations alors que celui-ci m’avait simplement prêté un toit ainsi que de l’aide contre un agresseur. D’ailleurs, en resongeant à notre toute première rencontre, l’embarras me prend.
J’ai merdé.
— Bien, comment je me fais rembourser ? je demande.
A ces mots, un sourire satisfait prend place sur les lèvres de Shanks qui lève légèrement le menton, me laissant voir pour la première fois depuis un petit moment un air doux et une considération légère à mon égard.
A ses mains, je remarque tout juste une flasque à laquelle il boit avant de me répondre :
— Dans une petite heure, notre navire croisera celui d’un capitaine assez connu des océans.
J’acquiesce, les bras croisés et prête à entendre la suite de ses paroles. Mais je dois bien avouer que, lorsque celles-ci me parviennent, elles me saisissent intégralement, de la pointe de mes orteils à mon cœur battant.
Car jamais je n’aurais cru être conviée à tel évènement.
— J’aimerai que vous m’accompagniez dans ma rencontre avec Barbe Blanche.
ꕥ
Le navire de Barbe Blanche est assez similaire à celui de Shanks le Roux. Imposant, me forçant à tordre le cou pour mieux voir ses trois immenses mâts semblant percer le ciel dont les voiles claires sont momentanément repliées quoi qu’illuminée par l’intense soleil de cette splendide journée.
L’air marin s’insuffle dans mes narines tandis que j’observe l’avant du bateau qui, contrairement à celui sur lequel je suis qui est paré d’une proue en tête de taureau, est cette fois-ci arrondi mais lui aussi, blanc, rappelant le nom du chef des lieux.
Partant de cette zone, la coque s’étend en bois brun et bleu marine, formant le navire connu sous le nom du Moby Dick.
Maintenant dressé devant nous.
— Reste derrière moi et qu’importe ce qui est dit, ne t’éloigne pas, compris ?
Shanks, juste devant moi, s’étend dans le ciel. Ses cheveux d’un rouge flamboyant volettent autour de son visage, imitant le bas de son manteau noir. Ses yeux rivés sur le bateau devant nous, il semble détailler les nombreux moussaillons courants sur le pont, visiblement alarmés par sa venue.
Doucement, j’approuve sa remarque d’un simple son filtré entre mes lèvres closes, regardant la rampe de bois se déplier jusqu’au Moby Dick pour nous permettre de nous inviter à bord.
Mon cœur bat à tout rompre dans ma poitrine. Ce moment, je le connais. Chapitre 434. Episode 316. Barbe Blanche et Le Roux.
Selon les informations que m’ont livré Edward et ses amis au sujet des Voyageurs, ce que nous voyons et lisons dans un manga est ce qu’il s’est produit en réalité. Qu’importe les actions des Voyageurs, si un homme prononce une certaine phrase sur les planches, alors ce n’est que reflet de la vérité.
Ces planches précises, celles dépeignant ce qui est sur le point de se produire, je les ai tenus entre mes mains, les ai tranquillement parcourues dans mon coin.
Jamais je n’aurais cru qu’hors-champs, là où les bulles ne s’étendaient plus, ma silhouette se trouvait. Présente dans ce moment débordant de puissance, cette rencontre décisive entre deux grands noms de Grand Line ou même de One Piece.
Depuis tout ce temps, sans même que moi ou quiconque ne le sache, il est écrit dans les immatérielles pages du livre de l’existence que j’ai assisté, regardé et écouté cette scène.
— C’est l’heure, trésor.
Là-dessus, il pose un premier pied sur la rampe de bois. A sa main, une gourde devant faire la taille de la moitié de son corps pend, sans le déséquilibrer. Puis, en quelques puissantes enjambées, franchit l’espace séparant les deux navires tandis que je monte à mon tour sur la plateforme ligneuse. Au loin, les cris excités des marins se multiplient et se font plus sonores à mesure que nous les approchons.
Bientôt, j’atteins le plancher brun pâle du pont du Moby Dick. Les pieds déjà à terre, Shanks se tourne en ma direction, tendant sa main dans un geste galant et, ne voulant le ridiculiser devant les quelques moussaillons nous regardant déjà, j’accepte celle-ci.
Seulement, à l’instant où mes doigts se glissent dans sa paume caleuse, côtoyant sa chair chaude, je remarque que, si je l’avais refusée, nul n’en aurait réellement su quoi que ce soit.
Car, partout autour de nous, les silhouettes tombent une à une.
Bientôt, je descends de la rampe. Là, il s’écarte de moi avant de reprendre son bien et gravir les quelques marches le séparant du pont principal. Ses sandales claquent contre le bois. Mes pas se font plus discrets. Je le suis la tête haute, regardant attentivement autour de moi.
Bientôt, nous franchissons une arcade derrière laquelle se trouve notre lieu de rencontre.
Lorsque nous l’atteignons, mon cœur rate un battement dans ma poitrine. Identique. Tout est identique au manga. Au moindre détail. A un point qui en devient ébahissant.
Là, à une vingtaine de mètres devant nous, la titanesque silhouette de Barbe Blanche s’étend. Son torse dénudé faisant sans doute deux fois ma hauteur complète est percé de quelques aiguilles plantées dans sa peau et reliées à des perfusions tandis que ses épaules se voient drapées d’un lourd manteau.
Sous son nez, une barbe blanche en demi-lune rehausse le sérieux de sa posture, bras croisé. Tandis que partout s’étendant autour de lui et nous des moussaillons curieux d’apercevoir cette imminente rencontre.
Déterminé, le capitaine tire l’objet à sa suite, le pas ferme. Derrière lui, je marche, songeant que la raison pour laquelle on ne me voit pas dans cette planche du manga est sans nul doute que je me trouve juste dans son dos, dissimulée par sa carrure et son aura.
Sur son passage, nombreuses silhouettes tombent. Parmi celles debout, bien des regards s’attardent sur ma personne. Je fais le choix de les ignorer, peu friande à l’idée que l’un d’entre eux me prennent en grippe, s’imaginant que je lui ai lancé un regard de travers.
Arrivé face au titan, Shanks s’arrête avant de lancer de sa voix grave et claire :
— Désolé. J’ai dû me faire intimidant… C’est un bateau ennemi, après tout.
Quelques frissons parcourent ma colonne vertébrale.
— Voir ton visage réveille les cicatrices que cet enfoiré m’a fait, répond Barbe Blanche du haut de sa taille gigantesque.
Même assis, il nous dépasse largement. Au point que je dois lever la tête pour parvenir à le distinguer.
— Et moi je t’ai apporté une boisson pour te guérir, je ne suis pas venu me battre, lance Le Roux. Je souhaite discuter avec toi.
— Sont-ce là les mots d’un homme d’un homme qui monte sur mon bateau en exsudant sa puissance de la sorte ?
Barbe Blanche l’observe quelques instants.
— Espèce d’imbécile, lâche-t-il avec un rire sonore.
Dans l’assistance, une tête blonde particulièrement laide se démarque soudain, hurlant sur Shanks.
— Hé ! Le Roux ! Qu’est-ce que tu crois que t’es en train de faire ?
— Oh ! Serais-tu Marco de la première flotte ? lance l’intéressé en retour. Que dirais-tu de rejoindre mon équipage ?
Non mais j’y crois pas, je songe en levant les yeux au ciel, réalisant combien ce rouquin a influencé Luffy.
— La ferme ! rétorque le dénommé Marco.
Une voix bourdonne dans l’assistance, non loin du blond. Ce à quoi Barbe Blanche, les lèvres incurvées très légèrement en ce que je pourrais penser être un sourire, répond :
— Ouais… Pas de guerre pour l’instant… Laissez-nous seuls…
Là-dessus, diverses voix obtempèrent. Pour ma part, silencieusement en retrait derrière Shanks, je n’agis point. Bien qu’il m’ait agacée, le capitaine m’a donné des ordres précis et, en cet instant précis, l’envie me prend d’y obéir.
Qui sait ce qu’il m’arrivera si je m’y refuse ?
Autour de moi, les silhouettes désertent en toute hâte le pont principal, allant se fourrer dans d’autres lieux afin de laisser les deux hommes seuls. Mais, bientôt, une voix nasillarde retentit à quelques mètres de moi seulement, m’interpellant.
— Femme, tu n’as pas été conviée à cette réunion.
Me retournant, j’aperçois un être chétif et trapu au crâne dégarni par endroit, ses yeux levés en ma direction.
— Elle est avec moi, tonne la voix de Shanks avant que je ne puisse dire quoi que ce soit. Et elle reste à mes côtés.
— Dois-je te rappeler que tu n’es pas sur ton bateau ? demande l’homme en se tournant vers le capitaine.
— Elle ne fera rien, Pears.
Me tournant vers Le Roux, j’essaye d’analyser les traits de son visage. Mais, immédiatement, mon regard croise celui de Barbe Blanche qui, derrière l’homme, me détaillait déjà. Il a remarqué ma présence. Et se montre étrangement silencieux, tandis qu’il m’épie.
Longuement, il me dévisage, les traits droits mais la bouche étirée d’un très léger sourire.
— C’est bon, Pears, lâche la voix forte du capitaine. Shanks et sa créature peuvent rester.
Mes muscles se figent. « Créature » ?
— Elle est aussi humaine que moi, tu sais ? lance Le Roux tandis que le dénommé Pears se retire.
Le pont principal est quasiment désert, maintenant. Seuls quelques corps endormis que les moussaillons n’ont pas encore retiré continuent de gire au sol.
— Ses capacités ne sont pas celles d’une humaine, lance Barbe Blanche.
— Et qu’en sais-tu ? répond l’autre dans un rire, visiblement grisé par cette nouvelle discussion.
Je me souviens, maintenant. Entre le début de cette conversation et la fin qui se déroulera plus tard, une ellipse prend place dans les pages du manga. Jamais je n’aurais cru que cela signifiait qu’une autre, me concernant, avait pris place à ces instants précis et que là était la raison pour laquelle quelques minutes étaient occultées dans cette scène.
— Jamais tu n’emmènerais de femme ou même d’hommes lors de telles rencontres si tu ne pensais pas la personne au moins aussi puissante que toi.
Mes muscles se raidissent tandis que je tourne des yeux écarquillés en direction de Shanks. Quelques mètres devant moi, il ne semble pas bien se soucier des paroles du capitaine et lâche même un rire distrait.
Mais le choix des mots me saisit. Car il est l’un des Quatre Empereurs, sa puissance est large, saisissante, infinie. Son haki a fait effondrer bien des hommes ici alors qu’il marchait lentement, trainant une gigantesque gourde d’alcool à sa suite.
Comment pourrais-je avoir autant de pouvoir que lui ?
— Et ton intérêt pour les légendes racontant l’histoire de nomades aux dons divins voguant entre différents mondes est assez connu. Pour peu que l’on s’intéresse à toi, ajoute Barbe Blanche. Est-ce l’une d’entre eux ?
— L’Impératrice, je coupe malgré moi.
Je ne sais réellement ce qui m’a pris. Peut-être un éclair de fierté ou le besoin d’assoir mon autorité.
Ou même, inconsciemment, de frimer légèrement devant deux silhouettes aussi puissantes, bien que je ne fasse pas le poids devant eux.
Leurs deux visages se tournent en ma direction.
— Impératrice ? répète Barbe Blanche.
— Je suis l’Imperecea, Impératrice des Silences et Guide des Voyageurs. Autrement dit, la tête de ce peuple et aussi une sorte de capitaine. Comme vous deux.
Le titan penche légèrement la tête sur le côté, visiblement distrait par cette information.
— Moi qui croyait ce peuple fait de légendes seulement… Je me retrouve devant leur reine, sourit-il.
Je ne relève même pas l’erreur de titre. Jamais je n’aurais cru me trouver devant cet homme. Et encore moins qu’il me confesse une certaine puissance.
— Et, Imperecea, ce peuple doit-il être considéré par mes flottes comme ennemi ? demande-t-il.
— Les légendes sur notre existence sont les seules véridiques, j’argumente aussitôt. Notre corps est en tout point identique au vôtre donc il est inutile de nous faire du mal. En revanche, si vous croisez l’un des nôtres se faisant appeler Serpent ou Impereceo, lui…
Une dense chaleur monte en moi au souvenir de la lame plantée dans mon torse.
— …Pour votre bien et celui de tous, je vous conseille effectivement de le considérer en ennemi.
— Impereceo ? commente Barbe Blanche. Cela ressemble à s’y méprendre à votre propre titre.
— Car il s’agit du même, j’admets. Nous partageons le trône.
Un rire secoue la poitrine du capitaine.
— Et vous souhaitez vous servir de vos conseils afin de vous débarrasser d’opposants politique ?
— Non, je souhaite me servir de mes conseils car il a déjà tenté d’abattre les membres d’un navire entier et je ne connais pas ses intentions. Il pourrait aussi s’en prendre aux vôtres, je réponds.
La seule réponse du géant se fait alors dans un hochement de tête lent. Puis, je me tourne vers Shanks. Celui-ci me regarde déjà, visiblement saisit par la teneur de mes révélations. Il ne s’attendait pas à de telles paroles.
Et quelque chose me dit qu’à l’avenir, je vais de nouveau en entendre parler.
Qu’importe. Devant lui a été disposé une large coupole. Saisissant l’énorme gourde à côté de lui, il en verse une partie du breuvage avant de la lancer à Barbe Blanche qui la saisit au vol, prêt à se détourner de notre ancien sujet de conversation pour se concentrer sur le nouveau.
— C’est un alcool de West Blue…, lâche-t-il en regardant au fond du goulot. Je parie qu’il est mauvais.
— J’ai été partout dans le monde…, répond Shanks, à présent en tailleur devant sa large assiette remplie de gnole. Mais il n’y a pas de meilleure boisson que celle faite à partir d’eau suffisamment froide pour vous congeler la peau.
Je devine un sourire sur ses lèvres quand il parle.
— Cet alcool vient de ma ville natale. Bois-en tant que tu veux.
L’autre porte alors le goulot à ses lèvres et, après une longue gorgée, l’en détache.
— Ouais… C’est pas trop mauvais, commente-t-il.
Puis, l’abaissant, il penche légèrement la tête sur le côté, observant Shanks et oubliant visiblement ma présence, m’étant reculée à des dizaines de mètres derrière le rouquin.
— Roger… Garp… Sengoku, lance-t-il. Les hommes qui savent à quoi ressemblaient les mers d’autrefois sont beaucoup moins nombreux. En tout cas tu es devenu bien célèbre depuis l’époque où tu n’étais qu’un mousse sur le navire de Gol D. Roger !
Je souris légèrement.
— Nous nous sommes si souvent battus avec Roger, ça m’a appris à reconnaitre les différents visages vus pendant ces batailles… Qu’est-il arrivé à ce type marrant avec son nez rouge ? Il est mort ?
— Tu veux dire Baggy ! s’exclame Shanks. Eh ben… Ça remonte à loin. On a pris des chemins différents en quittant Logue Town, le jour de la mort du capitaine, je ne l’ai pas revu depuis… J’ai entendu des rumeurs disant qu’il était toujours un pirate.
Le rouquin se redresse à ces mots pendant que Barbe Blanche prend la parole.
— Ils me semblent vraiment n’avoir duré qu’un très court instant mais il y en a beaucoup qui en parlent comme des légendes, ces jours où Œil de Faucon et toi vous battiez… Ils sont encore frais dans ma mémoire.
L’autre ne répond pas.
— Quand tu es arrivé d’East Blue avec un bras en moins…, continue le géant. Tout le monde a été surpris. A qui donc as-tu bien pu laisser ce bras, dis-moi ?
Mon cœur sursaute. Le sourire de Luffy m’apparait en tête.
Shanks s’est montré héroïque, ce jour-là.
— Ça ? Je dirais à la naissance…
Mon souffle se fait court. Moi mieux que nul autre ici saisit le sens de cette phrase.
— …d’une « nouvelle ère ».
En face, Barbe Blanche ne semble pas vraiment mesurer le poids de ces mots, poursuivant d’un ton indifférent en buvant :
— Bah, du moment que ça te va comme ça.
Shanks redresse la tête, visiblement prêt à entrer dans le vif du sujet, celui qui l’a poussé à poser pied sur le pont de ce navire.
— Barbe Blanche… J’ai survécu à bien des batailles. J’ai souffert de nombreuses blessures et cicatrices. Mais, maintenant, lâche-t-il en posant le doigt sur les trois plaies lui barrant l’œil gauche, la seule à me faire souffrir est celle-ci !
Son interlocuteur le fixe, impassible.
— Elle n’est pas la marque d’une aventure. Elle n’est pas due non plus à Œil de Faucon. Cette cicatrice m’a été faite par un de tes hommes à toi et c’est Barbe Noire Teach !
Mon corps tremble à ce nom. Tant de souvenirs d’une époque qui n’a pas encore eu lieu me viennent.
— Et ce n’était pas un petit coup reçu par surprise. Est-ce que tu comprends ce que je veux dire, Barbe Blanche ? Il a attendu son heure… Il n’est pas devenu commandant, ne s’est pas rendu célèbre. Il a passé tout ce temps, caché derrière l’ombre de ton nom !
Des frissons parcourent ma colonne vertébrale en entendant le sérieux de la voix de Shanks.
— Et une fois sa puissance acquise, poursuit-il, il a frappé. A la fin, il recherchera à atteindre le sommet de sa propre volonté ! Et il finira même par te voler ta place !
Un silence prend place quelques instants avant que Barbe Blanche ne daigne le rompre.
— Et que veux-tu donc que j’y fasse ? C’est la raison de ta venue, je crois.
— Je veux…, répond le rouquin.
Mes muscles se raidissent. La tension est palpable dans l’air. Tant de puissance, de brûlures du passé confiné en ce pont. J’étouffe presque sous l’ardeur des volutes de leurs pouvoirs respectifs.
— …Que tu arrêtes Ace !
Mon cœur bat à tout rompre dans ma poitrine. L’Arc Marineford me revient en tête. Je ne peux décemment pas être en désaccord avec les paroles du capitaine.
Je les comprends même mieux que lui.
— En dépit de son jeune âge, reprend Shanks, il a tout de même été nommé commandant de ta deuxième flotte ! Ace est fort, j’en suis conscient ! Mais cette réputation et cette confiance ne vont qu’aggraver les choses ! Maintenant n’est pas le bon moment pour un combat entre ces deux-là !
Mes yeux me brûlent. Car je sais déjà quelle sera l’issue de cette conversation. Une conversation qui aurait peut-être sauver une vie.
— Abandonne ta poursuite de Barbe Noire Teach, c’est tout ce que je demande.
Là-dessus, suivant mes souvenirs, Barbe Blanche éclate d’un rire sonore. Un rire qui résonne sur le pont principal. Un rire qui fait trembler mon être. Un rire qui signe le destin d’un gamin d’une vingtaine d’années. Un rire qui pousse une larme à couler sur ma joue.
— Ecoutez-moi ce morveux parler !
Les pirates et leur fierté… Quel gâchis.
— Ce type a commis le pire crime qui soit sur un bateau pirate. Il a tué un compagnon, il a violé la règle absolue ! Ceux qui vivent sur mon navire, je les considère comme mes fils, qu’importe à quel point ils sont idiots ! Où vont donc aller les âmes des membres d’équipage morts ?
La rage de l’homme me transperce. Mais elle n’est rien comparée à la brûlure de l’avenir que je connais déjà.
Comment vivre et attendre la fatalité, regarder des hommes autour se battre contre elle, des personnes comme Shanks poser pied sur des bateaux ennemis dans l’espoir de la freiner quand nous même savons parfaitement que tout cela sera vain ?
Une autre larme coule sur ma joue.
Ace va mourir.
Et aucun des deux hommes devant moi n’y pourra rien. Qu’importe combien ils tenteront.
— On ne peut pas vivre dans ce monde sans un minimum de moralité. Et l’apprendre à cet abruti de Teach, c’est ma responsabilité. T’as capté, petit écervelé ? Tu n’auras jamais le droit de me donner des ordres.
Là-dessus, Barbe Blanche projette la gourde loin de lui. Celle-ci rebondit à quelques centimètres à peine de mes pieds, provoquant un bruit métallique. Mais je ne sursaute pas, encore trop saisie par l’importance de cette vaine conversation pour réellement accorder d’attention à la réalité.
Et, lorsque Shanks se lève, portant la large assiette à ses lèvres et la vidant d’une traite, comme s’il ne s’agissait que d’un verre, je ne pipe mot. Mes yeux mouillés le fixe. Il projette la soucoupe au sol qui émet le même son que tantôt.
Puis, posant la main sur le pommeau de son épée, annonce d’une voix grave :
— Personne n’arrivera à l’arrêter, maintenant.
Il tire la lame de son fourreau dans un bruit métallique.
— Cette ère devient incontrôlable !
— Et pourquoi devrais-je m’en inquiéter ? demande l’autre, se levant en exécutant le même geste. Je suis Barbe Blanche, crétin !
En un battement de cils, leurs lames s’entrechoquent. Le bruit se répercute telles des millions de voix sur le pont principal, me saisissant à la gorge. Mais, pressés l’un contre l’autre, aucun ne semble dominer son adversaire. Ils ne font que se dévisager, le poids de leurs armes appuyant sur l’ennemi.
Et c’est en voyant Shanks le Roux ainsi, imperturbable face à Barbe Blanche, que je réalise combien il a été doux avec moi lors de notre duel.
Et combien le Serpent est fort s’il est parvenu à le maitriser. Existe-t-il quelqu’un dans ce monde alors qui pourrait tenir tête à l’Impereceo ?
Je lève la tête, regardant les gris nuages nous couvrant. Au-dessus du lieu où se tiennent les deux hommes, une large fente les séparent.
Leur puissance est telle qu’ils ont fendu la voûte céleste. Ce spectacle pourrait m’ébahir, je pourrais être honorée de regarder ces volutes éloignés les uns des autres, le pouvoir émanant de ce paysage si simple.
Mais cette conversation me reste en travers de la gorge.
— Ace va mourir, je lance d’une voix forte.
Aussitôt, les muscles des deux capitaines se raidissent quoi qu’ils maintiennent leur position. Les yeux de Barbe Blanche, qui me fait face, glissent jusqu’à moi tandis que Shanks le Roux me jette un regard par-dessus son épaule.
Ils connaissent mon espèce. Ils savent que je dis vrai.
Et peut-être devrais-je rester silencieuse à ce sujet, ne rien dérégler de l’ordre établi. Mais une partie de moi ne peut se résoudre à observer la tempête qui se prépare sans ne rien tenter pour la dévier.
Alors, tandis que leurs yeux traversés de puissance me dévisagent, je poursuis, le menton levé et le ton ferme :
— Ses organes vont brûler dans son ventre et il va souffrir énormément avant de pousser son dernier soupir dans les bras de son frère adoptif, Monkey D. Luffy.
Je vois les yeux de Shanks s’écarquiller à ces trois derniers mots. Mais je ne faiblis point. Ma voix s’élève même.
— Et ce nom, je conseille à tous ceux qui m’écoute maintenant de le retenir !
Je ne sais d’où me vient ce courage, cette détermination. Peut-être de l’envie irrémédiable de sauver un homme.
Qu’importe. Car, quand j’ouvre la bouche, ce n’est pas ma rage qui formule ces mots mais une simple certitude :
— Car cet abruti deviendra le Roi des Pirates !
郷に入っては郷に従
4331 mots
un évènement majeur arrive
pour plus d'informations
sur celui-ci je vous invite
à lire ultime souhait qui
trace l'histoire d'une
voyageuse envoyée pour
empêcher la mort de
ace
(oui je fais de la pub pour
mes fanfictions dans
mes fanfictions mdrrr)
quoi qu'il en soit la
relation entre tp et shanks
ne va pas tarder à évoluer
j'espère que ça vous a plu
:)
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