𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝐕𝐈
— S O U S L E S C A R T E S —
cw — images violentes décrites
郷に入っては郷に従
JE SUIS EFFONDREE et haletante, au sol. Mon visage plaqué contre le parquet humide, les lattes de celui-ci s’enfonçant dans ma chair, une pluie fine tombant en gouttelettes disparate sur mon corps secoué, je ne songe même pas à bouger.
Aucune pensée ne traverse mon esprit. La douleur m’a anesthésiée.
— Je n’ai jamais entendu un tel nom, résonne la voix de Shanks au-dessus de moi.
Mon oreille ne se prête que distraitement à ses paroles. Il me faut une poignée de secondes pour les comprendre et, aussitôt, je les oublie. Comme si je n’étais plus capable de concentration.
Et je dois avouer que, après avoir senti une telle douleur me déchirer en deux depuis ma nuque, je ne sais pas si je serais capable de faire quoi que ce soit à l’avenir. J’halète encore, allongée sur ce sol froid.
— Mon nom importe peu, retentit la voix de tantôt pour toute réponse. Mon titre, en revanche…
Je sens une présence dans mon dos. Le nouveau venu vient de s’arrêter derrière moi, ses deux pieds si près de mon corps qu’un de ses mollets touche mes omoplates.
Je m’anime légèrement, en vain. La douleur de tout à l’heure a été trop grande pour mon corps et, même si je ne ressens plus qu’un soulagement maintenant qu’elle s’est arrêtée, je suis incapable de bouger mon corps encore engourdi par elle. Je n’ai aucune idée de ce qui a bien pu se passer.
Mais les séquelles sont présentes.
— Bien, quel est votre titre ? reprend Shanks à quelques pas de moi. Et, avant de me le déclarer, écartez-vous d’elle.
— Elle ? Vous voulez dire, la femme qui vient d’essayer de détruire votre bateau et tuer vos compagnons ?
— Elle répondra de cet acte mais devant moi et moi seul, tonne le capitaine.
— Et comment puis-je être sûr que vous n’allez pas lui faire du mal ? chantonne la voix d’un ton joueur. La torturer tout comme vous avez torturer des Voyageurs ?
Mon corps se tend, mes yeux s’écarquillent. Cette partie de la phrase, il ne m’a guère fallut de temps de réaction pour la comprendre.
Aussitôt, de brûlantes vapeurs engourdissent mes entrailles qui se tordent. Mes mains tremblent tandis que mes paupières se ferment, mon corps semble se tétaniser. Mes membres s’atrophient, ma respiration se bloque presque dans mes poumons et le parquet sous mon corps se fait moins pressant, s’effaçant quasiment.
Au-dessus de moi, les bruits du monde extérieur me parviennent comme étouffés derrière une baie vitrée. Qu’il s’agisse des cris, de la pluie.
Ou des deux vois s’opposant calmement.
— Je n’ai torturé aucun voyageur. Elle est la première que je rencontre, se défend la voix grave de Shanks.
— Mentir est une vilaine action, capitaine, rétorque l’homme.
Un sifflement retentit dans la nuit. Je sursaute. Il ressemble à celui d’un serpent. Aussitôt, mes sens se mettent en alerte et je tente de me tourner.
Mais mes membres sont atrophiés et je n’arrive plus à ouvrir les paupières. Que m’arrive-t-il ? D’abord cette douleur à la nuque, puis la violente léthargie… serais-je malade ? Empoisonnée ?
Envenimée ?
— Je ne mens pas et ne vous dois, de toute façon, aucun compte.
— Je suis Impereceo, le deuxième Empereur des Silences donc croyez-moi, lorsqu’un mal est fait à mon peuple, vous en payez le prix.
Malgré mon état second, mon cœur rate un battement dans ma poitrine. Ai-je bien entendu ? Impereceo ? Cet homme-là vient-il d’utiliser ce mot précis, ces quatre syllabes ? J’hésite un instant.
Le Silence est un endroit qui sépare les mondes. De celui-ci sont nées des créatures, à l’allure de docteur de la Peste Noire appelés eux-mêmes les Silence dont l’unique but est de veiller sur les Voyageurs. Mais, la plus clair de leur temps, ils le passent à servir les deux empereurs du Silence. L’Imperecea, moi et l’Impereceo. Je ne sais pas vraiment comment je le sais.
Je le sais, c’est tout.
Tremblante tant l’effort est conséquent, je force sur les muscles de ma mâchoire. Je dois ouvrir les lèvres. Quel qu’en soit le prix. Je le sais. Je le sens. Il le faut.
— Je ne sais pas de quoi vous parlez, répond Shanks.
J’utilise la moindre des ressources de mon corps. Il me faut lutter contre la dense torpeur qui s’éparpille en moi et atrophie mes membres. Car cet homme, juste dans mon dos, ses mollets collés à mes omoplates et sa voix résonnant dans la nuit noire, cette sombre personne déclarant être le serpent, ce mystérieux individu qui est miraculeusement apparu au moment où une vive douleur me transperçait…
…Je peux le sentir jusque dans les tréfonds de mon âme, il n’est pas un allié.
Mes paupières demeurent closes. La douleur lancinante dans ma nuque me menace. Mais je tiens bon, appuyant toujours davantage sur chacun de mes nerfs, ignorant sciemment la douleur qui s’intensifie chaque seconde s’écoulant.
Des mots se bousculent dans ma bouche, pressant les parois de mes joues, roulant sur mes lèvres. Il faut que je parle. Il faut que je cris. Il faut que je retentisse. Il faut que j’éclose. Il faut que je m’exclame. Il faut que je hurle. Il faut que j’affirme. Il faut que je nie. Il faut que j’implose. Il faut que j’interroge.
Il faut que vive le Silence.
Partout.
Sauf en moi.
Brusquement, mes lèvres s’ouvrent. Mes paupières font de même. Une toux jaillit de ma gorge. Mon cœur rate un battement. Mes yeux s’écarquillent.
Je ne pensais pas réussir. Mais je l’ai fait.
Mon instinct a pris le dessus. Celui-là même qui me pousse soudain, alors que je suis encore haletante au sol, que je ne discerne pas grand-chose autour de moi, encore saisie, que la pluie continue de me mouiller, à lâcher simplement :
— Silence.
La pluie cesse. La foudre s’immobilise. Les cris se taisent. Le monde retient son souffle. Les silhouettes se sont arrêtées.
Tout n’est plus que suspend.
Tout, à une exception. Et je la devine dès lors que, dans mon dos, les mollets plaqués à mes omoplates bougent, me quittant. Un rire retentit. Froid. Profondément dérangeant. Désarçonnant. A glacé le sang.
Je ne peux pas le voir, il est derrière moi. Et, même si je ne suis plus immobile, je demeure considérablement secouée par l’état de léthargie intensément douloureux dans lequel j’ai été plongée. Tant et si bien que je peine à me redresser sur mes deux bras, ceux-ci étant tremblants.
Je le devine se déplaçant, hors de mon champ de vision. Mais je tente quand même de me relever.
— Je ne t’aurais jamais cru capable de lutter contre mon venin, retentit sa voix grave et rocailleuse.
Je respire difficilement. Qui est-il ? Que veut-il ? A quoi ressemble-t-il ?
Que fait-il ici ?
— Enfin… « lutter »… Tu as tout de même trouvé le moyen de croire au souvenir que j’ai crée de toute pièce, reprend-t-il.
Je me fige. Mes yeux s’écarquillent. A peine redressée sur mes bras tremblants, tentant de me placer debout sur mes pieds pour lui faire face, je sens mon cœur se briser en moi. Créé de toute pièce. Je répète ses mots dans mon esprit.
« Silence. »
Mes membres tremblent davantage lorsque je réalise. A un point tel que je manque de m’écraser à nouveau sur le sol.
« Je ne parle pas. »
La foudre fendant le ciel et frappant le bateau, les flammes montant dans la nuit noire, les danseuses s’échappant dans des cris de terreur, les matelots sautant en mer dans un cacophonie monstre. Le sang. La sueur. Les larmes. Le vent. La peur. Les armes.
Tout cela, c’est de ma main, de ma voix que je l’ai fait jaillir. De cinq mots, j’ai scindé l’éther en deux, provoqué la colère des nuages et déchiré cette festive soirée. Oui, j’ai brutalisé leur tranquillité jusque dans ses tréfonds.
J’ai fait payer à une centaine de personnes ma colère envers un seul d’entre eux.
Et celle-ci n’est finalement même pas justifiée.
Je me suis laissée envahir par mes émotions, ai déchainé ma rage sans soupçonner un instant le pouvoir qui sommeillait en moi et n’ai même pas ralenti en voyant les personnes hurlant de douleur, du feu trainant sur leurs habits, ceux tombant, la foudre ayant frappé juste devant leurs pieds ou même les nombreux évanouis.
Combien sont morts par ma faute, ce soir ? Que suis-je devenue, en l’espace d’une poignée de jours ? De quelques heures même, depuis mon arrivée ici ?
Et pourquoi n’ai-je pas tenté de m’arrêter ?
Où était ma conscience, ma morale, mon éthique ? Comment la rage a pu-t-elle prendre le pas sur mes valeurs ?
Pourquoi ?
— Je crois que j’aurais aimé te faire croire plus longtemps que Shanks le Roux était responsable de ces morts, continue-t-il. Mais tu as déjà deviné que je n’étais pas ton allié alors… à quoi bon ?
Sa phrase est suivie d’un rire.
Autour de nous, tout est suspendu. Les silhouettes, la pluie, les flammes, l’horreur, les conséquences de mes actes, plus rien ne bouge. Lui et moi. Impereceo et impereca. Serpent et trésor.
Nous sommes tous seuls ici. Mais, en même temps, nous sommes au milieu du monde.
— Imperecea…toi, reprend-il. Quelle déception de voir que ma concurrente est une abrutie pas capable de lever une épée ou même de contrôler ses pouvoirs. Tu es bien loin de la femme que j’ai affronté ces dernières années, La Louve.
Ce nom ne m’est pas inconnu, Shanks lui-même l’a mentionné. Une voyageuse hors-pair, assortie d’une prime conséquente et d’une relation amicale avec Gol D. Rogers. Je peux maintenant y ajouter la mention d’ennemie du Serpent, qui que soit ce monstre.
Mais je n’y prête pas attention. Je dois me relever et lui faire face. Mes bras se déplient lentement, supportant mon buste et m’élevant toujours plus dans les airs.
— Un masque sur le sol et tu baisses ta garde, un regard à ce même masque et je profite de ta concentration pour te mordre dans la nuque, une morsure et tu crois dur comme fer à tous ces souvenirs… Quelle naïveté, poursuit-il.
Mes yeux s’écarquillent. Alors c’est de cette façon qu’il m’a bernée. Me mordant, il a injecté un venin dans mon sang, provoquant en moi des hallucinations qui m’ont poussée à croire en la culpabilité de Shanks. Je me suis faite bêtement avoir. Je dois me relever et lui faire face, maintenant.
Je pousse d’autant plus sur mes épaules. Je dois me relever et l’affronter. Qu’importe mes faibles capacités au combat.
A cause de ce monstre, j’ai blessé des innocents.
— Grâce à mon venin, j’ai débloqué tes pouvoirs mais j’avoue que jamais je n’aurais cru que tu irais jusqu’à déchaîner la foudre et le feu.
Je parviens enfin, malgré mon immense faiblesse, à me placer sur mes genoux.
— Je suis venu voir tout cela et, maintenant que je me suis bien amusé, je pense qu’il est temps que je retourne d’où je viens, auprès de ma tendre Louve.
Je me fige. D’où il vient ? Auprès de « sa » Louve ? La même qui se serait battue contre lui ? L’héroïne que m’a dépeint Shanks ? Celle-là même ? A ses côtés ?
Il faut que je demande à Edward ce qu’il se passe ici parce que je ne comprends plus rien.
— Je dois reconnaitre une chose, reprend-t-il. Tu aurais pu faire de grandes choses et avais de grandes prédispositions. Après tout, trouver soi-même la formule-clé, le « silence, je ne parle pas » et savoir l’utiliser pour figer le temps n’est pas rien, Imperecea.
Je tremble. Il se rapproche. Je le sens. Je dois me tourner vers lui. Mais le venin est encore assez présent dans mon corps pour m’engourdir au point que, tremblante et couverte de sueur, tentant de quitter ma position à genoux pour lui faire face, je demeure inerte. Contre mon grès.
Paralysée.
— Oui, c’en est presque dommage, ma petite impératrice. Une véritable tristesse, lâche-t-il d’une voix faussement blessée tandis que je le sens franchir les mètres nous séparant, dans mon dos.
Il est là. Tout près.
— Mais il n’y a de place que pour un seul Empereur.
Une nouvelle douleur me traverse le dos jusqu’au ventre. Plus franche. Brutale. Saisissante. Un cri de surprise étouffé jaillit de mes lèvres et j’écarquille les yeux, ma poitrine se gonflant et mes muscles se raidissant.
Il me faut quelques instants, quand mes paumes se posent sur mon abdomen et rencontre un objet métallique et acéré, pour réaliser qu’il vient de planter une épée en travers de mon corps.
Mes lèvres s’ouvrent, laissant filer du sang. Jamais je n’ai connu telle douleur.
— Tu n’étais pas à la hauteur, Impecea, souffle soudain sa voix contre mon épaule.
Sa joue froide se colle à la mienne, je sens son torse contre mon dos. Une larme coule sur mon visage. J’ai déjà perdu, en l’espace d’une poignée d’instants, trop de sang. Et le monde figé autour de moi ne m’aidera en rien.
Vais-je mourir ici ?
— Tu ne parles pas, rit simplement cette voix à mon tympan.
Mon menton est couvert de sang, mon corps bat à vive allure. Mes yeux sont fixés sur la silhouette de Shanks, debout devant moi, immobile. Il ne me voit pas. Mais je le regarde. Si seulement il retrouvait ses mouvements, que le temps reprenait.
C’est égoïste. J’ai essayé de le tuer.
Mais, maintenant, je suis effrayée à l’idée de mourir.
Alors, tandis que ses sourcils froncés surplombent ses deux yeux sombres, que les trois cicatrices balafrant son œil brillent à la lueur des flammes inertes et que sa veste, s’envolant autour de son corps et soulignant celui-ci, demeure statique, j’ose ouvrir les lèvres. Un ultime espoir.
Un sifflement retentit. L’épée reste en moi. Mais la présence dans mon dos s’évanouit.
Le Serpent est parti.
Je recouvre ma voix. En espérant ne pas annoncer ici mes toutes dernières paroles.
— Je ne parle pas.
Aussitôt, la foudre redevient ténèbres, les flammes s’évanouissent, la pluie meurt sur le sol et les silhouettes remettent à se mouvoir. D’abord à vive allure, encore secouées par la panique, puis peu à peu de façon modérée, réalisant que le mal s’est effacé autour d’eux.
Devant moi, les sourcils de Shanks achèvent de se froncer et ses yeux encore posés sur l’endroit où le Serpent était, avant que je ne fige le cours du temps, s’activent. Quittant le lieu qu’il fixait quand mon ennemi était encore là.
Mais, bien vite, réalisant sa disparition, il tourne le regard. Celui-ci traverse alors le bateau et, quand il me croise, s’arrête immédiatement sur moi. Comme ceux du restant de ses hommes.
Je suis là, à genoux devant lui, une lame jaillissant de mon ventre et le pommeau d’une épée dépassant de mon dos, le front couvert de sueur et de longs filées de sang s’écoulant depuis mes lèvres. En une fraction de secondes, tout a changé.
Mais ses yeux ne se font pas doux devant ma blessure, il n’hausse pas les sourcils en signe d’empathie tandis que des larmes coulent sur mon visage, il ne semble pas non plus touché par la peur se lisant clairement sur mes traits.
Bien sûr. Je m’en suis prise à ses hommes. Il ne s’attristera pas pour moi.
Devant moi, sa majestueuse silhouette s’étend dans la nuit noire. Son visage est droit mais ses yeux, légèrement baissés pour me regarder. Les ombres dansent sur ses traits, accentuant la puissante aura émanant de lui.
Là, il a l’air impitoyable. Ce n’est plus le sympathique homme que Luffy apprécie mais le capitaine dévoué qui a vu un de ses hommes touché par la foudre, tantôt.
Les secondes s’égrènent, le sang coule d’autant plus, la peur creuse un profond sillon en moi. J’ai mal.
Je ne veux pas mourir.
Et ce n’est qu’à l’instant où je réalise qu’il ne m’aidera pas, qu’il ne sauvera pas une femme qu’il a invité et qui a détruit son navire en retour, qu’il déclare simplement d’une voix froide, son regard sévère posé sur moi :
— Soignez-la et emmenez-la dans ma cabine.
郷に入っては郷に従
2673 mots
navrée pour la qualité du
chapitre, j'ai l'impression
que c'est pas très
compréhensible
je l'ai écrite en période de
partiels
celui de la semaine
prochaine sera largement
mieux
:)
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