𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝐕












— S  O  U  S    L  E  S   C  A  R  T  E  S —












郷に入っては郷に従














             D’ASSOURDISSANTS CRIS résonnent autour de moi, fendant la nuit et imitant ainsi les éclairs frappant la mer. Le ciel semble s’être brisé. Je le sens au plus profond de moi, jusqu’au bout de mes doigts tremblants, aux confins de ma poitrine creusée, à l’extrémité de mon esprit meurtri, je viens de commettre l’irréparable.

             Les éclats de lumières et le feu illuminent le Red Force. Autour de moi, tel un cercle de puissance, des flammes s’élèvent jusqu’à ma taille. Et, en leur cœur, mes yeux noyés sous les larmes, je fixe les pirates me regardant de l’autre côté.

             Jamais je n’oublierai.

             La douleur vive traversant mon corps. La table appuyant rudement sur mes cuisses. Ma respiration coupée dans ma poitrine. Mon cœur et sa cadence anormale au creux de mon sein. Mes doigts tremblotant sur la surface du bois.

             Jamais je n’oublierai.

             La flaque de sang sur le sol. Les cotes apparentes sous leurs peaux. Les poignées de cheveux manquantes sur leurs crânes. La peine intense sous leurs pupilles.

             Jamais je n’oublierai.

             La voix dénuée de compassion de Shanks. La musique horrifiante de leurs pénibles respirations. L’avidité dans les paroles de l’inconnu.

             Jamais je n’oublierai.

             Le goût de la déception envahissant mon palais. La saveur de la douleur engourdissant ma langue.

             Jamais je n’oublierai.

             Le parfum de ma propre haine.

             Les cris assourdissants de ceux qui festoyaient encore, quelques minutes auparavant, embaument les lieux. Les mèches de flammes m’entourant ondulent au rythme de leur course effrénée pour sortir d’ici. Mais celle-ci est saccadée par les éclairs tombant à rythme régulier sur le sol.

             Chacun de mes poils s’est hérissé sur mon corps. Je le sens, au plus profond de moi, quelque chose a changé. Une fine aura entoure ma silhouette d’un trait lumineux blanc, faisant briller chaque facette de ma personne.

             Le feu m’entourant, je ressens sa chaleur et sa densité dans mon estomac. La foudre s’écrasant sur le sol, elle n’ait dans ma poitrine.

             Je me sens puissante. Infiniment grande. Développée.

             A mon apogée.

             Et la haine en moi tord mon âme. Elle vivifie les éclairs. Elle attise les flammes. Shanks n’est pas la sympathique figure paternelle que nous lui connaissons tous. Non. Une part d’ombre se cache derrière sa silhouette large et son sourire avenant.

             Il est un monstre.

             Ma bouche s’ouvre, laissant jaillir un hurlement né dans ma gorge, là où la colère resserre mon œsophage tel un étau de douleur :

— FAIS-MOI FACE !

             Devant moi, des visages se découpent. Je parviens à en reconnaitre quelques-uns. Des membres de l’équipage de Shanks

             Deux cernes affublés d’une queue de cheval. Un large visage monté sur un corps gras. Des dreadlocks tombant sur une peau mate. Des cheveux rouges hérissés légèrement plus vifs que des lèvres pulpeuses violacées. Un bonnet noir d’où jaillit une toison d’or. Une masse dégarnie aux orbites noirs. Un nez crochu sous des lunettes de soleil. De court mèches blondes au-dessus d’une cicatrice. Des dents crochues figées sur un visage grossier. Un singe accroché au cou du chauve.

             Dix paires de yeux figées sur moi.

             Aucune peur dans leurs iris. Ils savent ce qu’ils valent.

             Ben, l’homme à la queue de cheval grisonnante, a le bras tendu dans ma direction. Au bout de celui-ci, un revolver détaillé et finement ouvragé me pointe fermement.

             Lucky Roo, l’être enrobé, affiche un large sourire en plantant ses dents à l’intérieur de la chair d’une cuisse de poulet. Le pistolet qu’il tient pointe, à l’instar de ses yeux, en ma direction.

             Yasopp, ses dreadlocks aujourd’hui nouées en queue de cheval, a levé un longe fusil à hauteur de son visage. Il me tient en joug.

             Rockstar, similaire à un hérisson écarlate, me dévisage rudement. A sa main, un sabre brille sous la force de la foudre.

             Les autres, dont je ne connais pas le nom, tiennent simplement leurs armes en main ou me fixe avec rancœur. Ils n’apprécient visiblement pas qu’une fête soit interrompue.

             Mais aucun d’entre eux n’exécute le moindre geste. Ils se contentent de me menacer, attendant sans aucun doute la venue et les ordres de leur capitaine pour agir. Aussi ironique soit la situation, c’est aussi précisément ce que j’attends.

             Shanks le Roux.

— Qu’est-ce que vous attendez pour tirer !? s’exclame Rockstar à l’attention du trio affublé de pistolets, son sabre semblant le démanger dans sa main.

— Les ordres de Shanks, répond Ben à haute et intelligible voix, son regard ne me quittant pas une seule seconde.

— On a besoin d’ordres pour une chose pareille !? rétorque l’autre, visiblement sur les nerfs. Elle essaye de tuer tout le monde ici.

— Il n’y a aucun mort pour l’instant.

             Rockstar se détourne enfin de moi, se tournant brutalement vers le grisonnant.

— Alors on doit attendre patiemment qu’elle bute tout ce qui bo…

— Qu’est-ce que tu nous fais là, trésor ? le coupe soudain une voix forte derrière eux.

             Ils ne prennent même pas la peine de se tourner vers leur capitaine. Ils ont reconnu sa voix. Moi aussi. Malgré son ton ferme dénué de son habituelle chaleur, Shanks le Roux est aisément identifiable. Alors, s’éloignant naturellement les uns des autres, ils laissent apparaitre la silhouette debout dans leur dos.

             Haute, soulignée par les mouvements vif et fluide de son long manteau noir posé sur ses épaules, elle s’élève dans le ciel. Grand, majestueux, on ressent jusque dans son visage inhabituellement serré et sérieux la puissance de cet empereur. Ses cheveux volent légèrement autour de sa tête tandis que son torse dénudé laisse voir une musculature impressionnante sur laquelle se tend une délicate peau hâlée.

             Son unique main posée sur l’épée à sa taille, du nom de Griffon, il n’affiche plus aucun sourire.

             Il semble prendre la situation au sérieux.

— Je venge mon peuple, je réponds d’une voix grondante, mes pieds commençant à avancer d’eux-mêmes.

             Les flammes s’écartent sur mon passage, m’invitant à continuer ma route. Mes semelles se posant sur le bois du sol tandis que mon regard reste figé dans celui de Shanks. Malgré sa présence et celle de son équipage, la puissance roule en volutes si denses sous ma peau que je me sens confiante.

             Il a quelques jours à peine, je ne connaissais même pas les Voyageurs. Alors m’enrager autant pour leur cause, dire qu’ils font partie des miens peut sembler exagérer.

             Mais il y a ce sentiment, cette émotion coincée dans ma poitrine. Oui. Peut-être est-ce liée au fait que je suis l’imperecea. Ou peut-être est-ce simplement en rapport avec mon humanité. Quoi qu’il en soit, je ne peux tolérer les images que j’ai vu tantôt.

— Ton peuple ? répète-t-il sans bouger ni se tendre le moins du monde, m’observant simplement l’approcher. Qui es-tu réellement ?

— Je te l’ai dit, je rétorque sans m’interrompre dans ma marche. Je suis une Voyageuse.

             Je vois nettement le regard que s’échange le restant des membres de l’équipage et même les paupières de Ben s’écarquillant avant que ses iris ne se posent sur son capitaine. De toute évidence, le grand Shanks n’a pas jugé utile de mettre ce petit monde au courant de mon identité.

Ses yeux ne quittent pas ma silhouette. Une poignée de mètres reste entre nous.

— Tu m’as aussi dit que tu n’avais aucun pouvoir, rétorque-t-il en ignorant la surprise de ses hommes.

— J’ai découvert ça sur le tas…, je réponds avec un rictus moqueur.

             J’arrive à sa hauteur. Les cris et la foudre ne cessent de retentir autour de nous. Mais, ses yeux fixés dans les miens, il donne la sensation de ne voir que moi.

— …Ça et…

             La force dans ma poitrine glisse le long de mes bras, vivifiante et brûlante. Ignorant cette douleur sourde, je laisse le pouvoir traverser mes veines et chuter dans ma main. Une intense lumière brille alors au bout de celle-ci. Je n’ai pas besoin de la regarder pour savoir ce qu’il vient de se produire.

             Une épaisse épée faite de foudre vient de se matérialiser entre mes doigts.

— …votre intense collaboration dans le massacre des miens.

             Aussitôt ma phrase se finit-elle que j’abat avec force ma nouvelle arme à hauteur du visage du capitaine.

             Mais mon coup est soudain entravé par la lame de son épée. Mes yeux s’écarquillent. Un instant encore auparavant, son arme était accrochée à sa taille. Comment a-t-il bien pu faire pour la dégainer aussi rapidement ?

             Nos armes croisées à hauteur de nos visages, elles nous séparent. Et, entre la croix formée par les lames de métal et d’éclairs, ces derniers illuminant les traits de Shanks, je vois celui-ci esquisser un léger rictus.

             Il n’est qu’à une dizaine de centimètres de moi. Alors il se contente d’un murmure lorsqu’il déclare :

— Pas assez vive, trésor.

             Son ton prétentieux attise ma haine. Je ne réfléchis pas plus.

             Je laisse ces volutes de puissance sous ma peau prendre possession de mon corps. Au même moment, les hurlements s’intensifient autour de nous. Les cris se multiplient.

— Tu crois ? je rétorque.

             Une détonation assourdissante retentit juste à côté de nous. Là enfin, je vois la surprise traversant le regard de Shanks. Mêlée à un soupçon d’inquiétude.

             Un rire nait dans ma gorge. Il a compris.

— Capitaine ! hurle une voix à notre droite. Rockstar a été frappé par la foudre !

             Les yeux de Shanks remontent lentement de Ben jusqu’à moi. Le sang des voyageurs sur le parquet. Leurs membres amputés. Leur chair découpée. Leurs globes oculaires arrachés. Leurs blessures. Le dédain du capitaine.

             Un sourire moqueur étire mes lèvres. Il goûte le plat qu’il a lui-même préparé. Va-t-il sincèrement se plaindre de sa saveur ?

Je murmure d’une voix presque charmeuse :

— Pas assez vif, capitaine.

             Aussitôt, une masse percute mon flanc de plein fouet, me projetant au sol. Je n’ai le temps de réaliser à quel point le parquet est dur contre ma joue, combien la douleur est vive dans mes cotes ou tout simplement que Shanks vient de me frapper.

             Un pied appuyant sur mon ventre me pousse à me retourner sur le dos. Le parquet est inconfortable contre mes omoplates mais la vision s’offrant à moi adoucit cette sensation.

             Au-dessus de moi, il me domine de toute sa hauteur. Déjà grand à l’origine, maintenant qu’il se tient dressé tandis que je suis étendue, il parait immense. Derrière lui, le ciel illuminé par la foudre et les hautes flammes de l’incendie s’étend, accentuant ses traits colériques.

             Sa bouche est droite, ses sourcils sont froncés. La pointe de son épée est figée à hauteur de ma pomme d’Adam. Je sens la lame touchée ma chair lorsque je déglutis.

— Aussi précieuse sois-tu, trésor, annonce-t-il d’une voix ferme, je ne laisserai jamais quiconque s’en prendre impunément à mes hommes.

             Me dressant sur mes deux coudes, toujours allongée, je pousse la pointe de son sabre à s’enfoncer légèrement dans ma chair, l’entaillant même.

             Je ne le crains pas. Ma rage est trop dense.

— C’est peut-être là notre seul point commun, je rétorque, mes yeux parcourus par la haine.

             Je vois ses traits se durcir. La foudre ne cesse de pleuvoir sur le feu autour de nous. Je tremble. Le moindre de mes membres est parcouru de secousses.

             Je le sens, ce pouvoir est trop pour moi.

— Pourquoi t’en prendre à moi ? me demande-t-il simplement.

— Tu as vendu et massacré les Voyageurs de Grand Line, je rétorque aussitôt, enfonçant un peu plus ma gorge sur l’épée, allant même jusqu’à faire couler quelques gouttes de sang jusqu’à mes clavicules.

             Aussitôt, ses sourcils se haussent et ses lèvres s’entrouvrent.

             L’épée recule de quelques centimètres, quittant ma peau. J’en profite pour me redresser davantage sur mes coudes, mon regard empli de haine visible sous mes sourcils froncés.

— Pardon ? demande-t-il simplement.

             Je tremble de fureur.

— Tu as abordé des Voyageurs…

             Ma voix n’est pas régulière, dévorée par la rage.

— …Les a fait venir sur ton bateau en profitant de ta bonne réputation dans notre monde…

             Je finis de me redresser et me trouve assise sur le sol.

— …Les a enivrés pour mieux les contrôler…

             Je bascule sur mes genoux.

— …les a enchainés comme des bêtes…

             Ma main posée au sol, j’étends mes jambes, m’élevant sur toute ma hauteur.

— …puis tu les as scarifiés, mutilés, découpés, amputés, torturés…

             Je sens des larmes rouler sur mes joues tandis que mon ton se fait plus ferme, plus assuré.

             Me voilà debout devant lui.

— …avant de les vendre au plus offrant.

             La surprise est lisible sur ses traits. Sans doute ne s’attendait-il pas à ce que je devine aussi aisément son petit jeu.

             Ses sourcils se froncent légèrement tandis qu’il m’observe avec intérêt, sa lame retombée à côté de son corps.

— Qui as bien pu te dire une chose pareille ? demande-t-il simplement.

             Mon cœur bat avec d’autant plus d’entrain dans ma poitrine. Sous ma peau, les volutes du pouvoir ne cessent de parcourir mes membres et s’accélère en entendant ce qui me semble être une tentative de négation.

             Ce monstre. Comment peut-il même imaginer que je vais le croire ?

— Je l’ai vu, je crache entre mes dents, les éclairs tombants toujours plus intensément sur le bateau à présent désert.

— Vu ? répète-t-il, perplexe.

             J’ouvre la bouche pour lui ordonner d’arrêter de jouer les innocents.

— Je le lui ai montré, me devance une voix forte dans mon dos.

             Clair, assez délicate, elle me saisit tout de même. Je sursaute et mes paupières s’écarquillent tandis qu’une vive douleur me perce au niveau de la nuque.

             Brutal, elle semble entailler ma peau tant ma souffrance est vive. Mon rythme cardiaque s’accélère, mon souffle se coupe et, sans que je ne puisse rien n’y faire, mes yeux se révulsent dans leurs orbites.

             Je n’ai la force de me tourner vers le nouveau venu, cet inconnu. Mes jambes cèdent brutalement sous mon poids tandis que ma main se plaque sur ma nuque, comme pour atténuer le mal aigue la déchirant présentement.

             Je respire avec difficulté, mon corps recroquevillé au sol et ma poitrine se gonflant avec peine.

— Et qui êtes-vous ? j’entends vaguement la voix de Shanks au-dessus de moi.

             La douleur est paralysante. Mon cœur bat avec rapidité dans ma cage thoracique qui, bloquée, ne me laisse entamer aucune respiration. Mes tempes menacent d’exploser dans ma boite crânienne. Ma gorge est étranglée par un étau de souffrance.

             Je ne comprends rien de ce qu’il se passe présentement.

— Suis-je bête, j’ai oublié de me présenter ! ricane la voix dans mon dos. Et bien on m’appelle…

             Une larme coule le long de ma joue. La douleur est insupportable. Je me sens mourir lentement.



— …le Serpent.

 

















郷に入っては郷に従
























2419 mots

désolée pour le retard
j'ai oublié de publier le
chapitre d'une autre FF
donc tout a été décalé

comme je l'ai expliqué,
je suis en partiels pour
1 mois donc même si
je vais essayer de
continuer à publier, il
se peut que j'oublie à
nouveau un chapitre

quoi qu'il en soit, j'espère
que ça vous plaît quand
même

il se passe quasiment rien
comme on est au début
mais ça va s'arranger :))

à samedi prochain

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