𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝐈
— S O U S L E S C A R T E S —
郷に入っては郷に従え
L’AIR EST FRAIS AUTOUR DE MOI et le vent, léger. La luminosité claire et assez froide me laisse à penser que nous sommes en début de matinée. J’avoue que je suis un peu désorientée. Je ne me souviens pas être venue ici.
Mais j’y suis, maintenant.
Sous mes yeux s’étend un long trottoir jalonné de passants pressés. Leurs tenues, atypiques et leur donnant l’air de sortir d’une soirée costumée, ne me surprend étrangement pas tandis que je les contemple de ma hauteur. Et c’est en prenant conscience de celle-ci que je réalise que je suis surélevée par rapport à la route.
Le sol sous mes pieds semble rebondir mollement. Baissant la tête vers eux, je remarque des colonnes de bois m’arrivant à la taille faisant office de barrière pour me protéger d’une chute dans l’eau que j’aperçois au-dessus d’elle. Je suis sur un bateau.
Tournant entièrement sur moi-même, je me retrouve face à au pont d’un navire traversé d’une dizaine d’homme allant et venant, divers objets en main. A en croire leur cadence précipitée, ils doivent être sur le départ.
Les mâts et drapeaux s’étendent loin au-dessus de ma tête, me forçant à tordre le coup pour apercevoir les voiles blanches serties de la même tête de mort : un trait rouge zébrant son œil gauche, deux oreilles pointues jaillissant de son crâne au sommet de celui-ci et, faisant de même à sa base, deux pommeaux rouges de sabre dépassent.
Je frissonne.
Tout est grand. Immense. Géantissime. Pourtant, je ne sens aucune forme de peur ou d’intimidation en moi. De l’admiration, certes. Un peu d’émerveillement aussi. Mais, surtout, une profonde impression d’être en sécurité.
A un point tel que, même si j’ai conscience de ne pas être chez moi, dans ma ville ou même à mon travail, que je sais que j’ignore totalement quel jour nous sommes et quelle heure il est, que je pense que je devrais être ailleurs, tout cela ne m’inquiète pas le moins du monde.
Je suis paisible.
— Vous y pensez encore, capitaine ? retentit une voix dans mon dos.
Intriguée, je me retourne. Reprenant quasiment ma position d’origine, je prends conscience alors que deux hommes se trouvent à ma droite depuis que je suis là. Je ne les avais pas remarqués. Et eux non plus, à vrai dire.
A quelques pas de moi, tourné dans ma direction mais ne semblant pas me voir, un homme particulièrement haut aux épaules développées discute avec un autre. Il le surplombe d’une poignée de centimètres, les deux doivent avoisiner la barre des deux mètres. Seulement, là encore, je ne me sens pas le moins du monde intimidée par leur présence.
Malgré ses cheveux noirs grisonnant noués en queue de cheval basse sur un visage rude aux cernes particulièrement prononcées, il ne m’effraie guère. Peut-être car il m’est étrangement familier. Ou à cause de la façon si détendue qu’il a de parler à son interlocuteur qui, lui, me montre le dos.
— Pour tout te dire, oui, répond l’autre d’un ton rieur.
Je ne vois de ce dernier que de larges épaules habillées d’un manteau noir particulièrement long et de splendides cheveux écarlates coupés court au niveau de sa nuque. Lui aussi, étrangement, ne me semble pas inconnu.
— Cela faisait longtemps que je ne vous avais pas vu aussi obnubilé par quelque chose, capitaine, répond le noiraud. Je suppose que c’est pour ça qu’on embarque, d’ailleurs ? Finis la fête, un trésor nous attend.
— Enfin, ne dis pas de bêtise, Ben ! rétorque son capitaine dans un rire particulièrement sonore. La fête n’est jamais finie !
Quelques sourires amusés se tournent vers les deux hommes autour de nous. Puis, quelques instants plus tard, c’est avec une voix étonnement plus sérieuse qu’il reprend la parole :
— Et on pourrait sillonner tout Grand Line, on ne la retrouverait pas. Les gens de son espèce sont rares et se montrent peu. Je n’aurais jamais cru avoir la chance d’en croiser un jour. Je ne connais leur existence qu’à cause des rumeurs disant que Gol D. Rogers en aurait rencontré une, avant sa mort.
— Oui mais ces rumeurs ne sont, par définition, que des bruits qui courent sans preuve, rétorque le dénommé Ben. Tout comme les Voyageurs sont une légende. Pourquoi y croire, maintenant ?
Il y eut un bref silence. L’autre homme se tourna pour faire face au trottoir, me présentant son profil. Et ce que je vis me coupa le souffle.
Un œil zébré de trois cicatrices rouges et anciennes, formant un saisissant contraste avec la noirceur de son iris. Celle-ci, à peine visible tant ses pupilles sont dilatées, dessine un anneau d’une claire obscurité. Sa peau délicatement hâlée, elle, trahit une habitude des temps chauds et du soleil qui m’emmène en un instant dans des contrées que je n’imaginais pas jusque-là. Ses cheveux, quant à eux, tombent en mèches par-dessus sa tempe et sa joue marquée, à peine sertie d’une moustache fine au-dessus de ses lèvres pleines.
Sur ses épaules, son large manteau s’ouvre légèrement à cause du vent, dévoilant un torse robuste habillé d’une chemise blanche. Celle-ci, ouverte sur la moitié de son buste, montre des pectoraux saillants qui attise malgré moi une chaleur dans mes entrailles.
Il est attrayant. Mais, plus que tout, il est puissant.
Je le sens dans son calme, dans son regard sage, dans son visage taillé avec minutie, dans ses cicatrices, dans son aura percutante. Son pouvoir est aussi vaste que mon cœur est grand. Et je sens ce dernier battre avec une force démesurée en moi.
Car je reconnais cette silhouette si confiante et désarçonnante.
Shanks le Roux. Personnage du manga One Piece.
Suis-je en train de rêver ?
— Tu ne comprends pas…, lâche-t-il après un silence, son regard se portant au loin. Je l’ai vue. Elle est l’une des leurs, j’en suis sûre.
Ben semble quelque peu assombri par la réponse de son capitaine. De toute évidence, il ne pense pas de la même façon que lui.
— Moi aussi, je l’ai vue. Mais deux mois se sont écoulés depuis et elle n’est pas revenue. Si elle était réellement une voyageuse, ce dont je doute honnêtement, je ne pense pas qu’elle sera de retour de sitôt.
— Deux mois…, répète Shanks d’un air songeur.
Un moment de flottement prend place et je ne peux m’empêcher de faire un pas en direction du capitaine. Peut-être cela est-ce dû à la puissance de ce personnage que l’œuvre ne nous montre que trop rarement mais j’ai besoin de m’approcher pour mieux l’observer.
— Oui, deux mois que nous n’avons pas bougé d’ici parce que vous vouliez la revoir, insista Ben en regardant dans la même direction que son capitaine. Deux mois que vous venez au bar chaque soir et prenez le fauteuil qui permet la meilleure vue sur la rue où vous l’avez rencontrée. Deux mois que vous fixez la rue en espérant qu’elle apparaisse de nouveau.
— Quoi ? fait mine de s’étonner son interlocuteur. Mais bien sûr que non ! L’alcool y est bon, c’est tout !
Un sourire absent prend place sur les lèvres de Ben.
— L’alcool y est très mauvais. Et rares sont les fois où nous restons aussi longtemps sur terre. On a tous remarqué que quelque chose vous retenait ici.
Son capitaine pousse un soupir, résigné. Rien ne sert de nier. Le noiraud est visiblement quelqu’un de calme et réfléchi mais je le devine observateur. Son personnage dans le manga m’a toujours inspiré un grand calme doublé d’une profonde intelligence.
Alors, maintenant que je l’entends parler à son chef, mes doutes s’en voient confirmés.
— Une voyageuse…, soupire Shanks. C’est un trésor si légendaire que très peu de personnes en ont entendue parler ! Gol D. Rogers lui-même le pensait inestimable, lui qui a pourtant réuni le One Piece ! Ces personnes sont d’une rareté et d’une puissance insoupçonnable.
— En effet, ils sont extrêmement précieux puisqu’on ne sait même pas s’ils existent vraiment, répond Ben. Et c’est d’ailleurs pour cette raison que je ne suis vraiment pas sûr que la jeune femme que vous avez vue, cette nuit-là, en était une.
Un sourire apparait sur les lèvres de son capitaine :
— Tu rigoles ? Tu as vu comment elle s’est dissipée dans l’air dès qu’elle s’est détournée de l’être invisible à qui elle parlait ? Tout correspond aux légendes ! s’exclame-t-il, ses yeux écarquillés fixant un point loin devant lui. Un être capable de changer de lieu en un battement de cil et qui communique avec des personnes que seuls lui et les autres de son espèce peuvent voir !
Je n’ai absolument aucune idée de quoi ils parlent mais l’expression émerveillée du capitaine fait naitre une chaleur dans ma poitrine. C’est apaisant de voir une personne qu’on admire autant, un être doté d’une si grande puissance, réduit à l’état d’enfant ébahi par ses propres rêves.
— Tu te rends compte, Ben ! poursuit-il. Elle n’existe même pas dans ce monde, on pourra sillonner tous les océans sans jamais la trouver ou se rendre dans l’île voisine et tomber par hasard dessus ! Elle est littéralement insaisissable ! Et c’est pour cela que les gens qui connaissent et croient en l’existence des voyageurs préfèrent les chercher, eux, que n’importe quel autre trésor ! Car ils sont la chose la plus rares que tous les mondes puissent connaitre !
Mon cœur bat avec vigueur dans ma poitrine tandis que je n’arrive pas à m’empêcher de marcher en sa direction. Seuls trois pas nous séparent l’un de l’autre et ils ne me voient visiblement pas. L’émerveillement sur les traits et dans la voix du pirate sont de véritables aimants, ils plaquent un sourire benêt sur mon visage et me poussent à m’approcher.
Je veux voir au plus près ses yeux bercés par l’excitation, observer ses lèvres trembloter à mesure qu’il parle avec entrain, remarquer les minuscules plis sous ses yeux lorsqu’il sourit d’émerveillement.
C’est anormalement attirant, la façon qu’il a d’exister.
Aimantée par son corps, son aura et son être, je me déplace sans y penser. Bientôt, je me retrouve devant lui, à quelques centimètres à peine de son corps. Sa chaleur m’embrasse autant qu’elle m’embrase. Ma tête bascule en arrière pour mieux le regarder. Juste derrière moi se trouve la barrière bordant le bateau, celle à qui il croit faire face sans soupçonner ma présence.
— Rends-toi compte, Ben, que si cette femme est vraiment une voyageuse…, reprit-il, ses yeux s’illuminant, elle est le seul trésor qu’aucun pirate de ces mondes ne saura ni ne pourra saisir !
Là, tout de suite, dans ses iris. Incandescente et mirifique, la flamme de l’aventure. Elle est là, elle brûle, elle grandit et engloutit ses possibles peurs. La soif de vivre mais aussi de périr. Celle de courir mais aussi voler. Celle de festoyer mais aussi se battre. Celle de chercher mais aussi trouver.
Celle d’exister, tout simplement.
Je la vois, brillante, dans son regard. Elle m’hypnotise par sa clarté. A l’ordinaire, je vis parce qu’il le faut bien. Jamais je ne me serais imaginer qu’il était possible d’être pour vivre et non l’inverse. De donner pleinement sens à soi-même.
Mais c’est là, maintenant, juste sous mes yeux et dans les siens. Et c’est si beau que, lorsqu’il baisse la tête et cligne des paupières, me privant de ce spectacle, je ne réfléchis pas un seul instant. Mon bras se tend en direction de son visage et ma main se pose sur sa joue. Ce n’est qu’un simple contact, innocent, insensible.
Pourtant, il rouvre soudainement les yeux. Et ceux-là se plantent directement dans les miens, avec une force telle que je jurerai qu’il peut me voir, maintenant.
Ses pupilles sont dilatées à un point tel que le trou noir qu’elles forment semble prêt à m’aspirer et, évoluant en volutes sombres autour d’elle, ses iris se regroupent en un anneau fidèle. Lorsqu’elles établissent un lien avec les miennes, accrochant avec une force telle mon regard que je me sens défaillir, une dense torpeur m’embrase.
Là, au-dessus de moi et penché sur mon visage, il me fixe. Mes entrailles se soulèvent et ma gorge s’assèche tandis que ma paume reste sur sa joue, comme aimantée par son visage si doux et accueillant.
Il ne dit rien. Il se contente de me regarder, un faible rictus de contentement sur les lèvres.
— Tout va bien, capitaine ? retentit la voix de Ben à côté de nous. On dirait que vous avez vu un fantôme.
L’interpellé ne réponds pas tout de suite. Ses yeux encore plongé dans les miens, les muscles de sa joue s’activant sous ma paume à mesure qu’il laisse son sourire s’accentuer, il se contente de me regarder.
Alors Ben ne me voit pas. Seul Shanks ? Ce dernier répond bien vite à ma question.
— Voir ? Non, dit-il d’une voix bien plus paisible et moins enjouée que tantôt, presque énigmatique.
Je me fige. Comment ça, il ne me voit pas ? Ses yeux sont directement figés dans les miens, comme s’il voulait regarder au plus profond de mon âme et il ne voit rien ? Il ne fait que deviner ma présence ?
— Ressentir, en revanche, ajoute-t-il mystérieusement sans rompre notre étrange contact visuel.
Le temps d’un instant, je me laisse croire qu’il parvient à sentir le contact de ma paume sur sa joue. Mais Ben m’éclaircit bien vite tandis que mon cœur bat à tout rompre dans ma cage thoracique.
— Votre Haki, c’est cela ? Vous ressentez la présence de quelqu’un ? Où ça ? Caché dans le bateau ? Dois-je prévenir les hommes, capitaine ? Ou peut-être dev…
— Juste devant moi, le coupe-t-il.
Un silence se fait, traversé d’une onomatopée surprise. De toute évidence, le grisonnant ne s’attendait pas à une telle réponse.
— Comment ça…juste devant vous ?
— Je pense que je suis en train de fixer une petite fouineuse, répond-t-il, son sourire grandissant contre ma paume.
— Pardon, capitaine ? Vous allez bien ? Il n’y a personne en face de vous…, souligne Ben.
Je me sens cuir de l’intérieur. Même si, d’après les dires de Shanks, il ne me voit pas, son regard est si fermement ancré dans mes yeux qu’il me donne l’impression d’être prisonnière de ses iris. Mes pieds sont enracinés dans le sol et ma bouche est sèche tant j’ai chaud. Je sens mon sang affluer dans mes tempes.
Comment fait-il cela ?
— Dis-moi, Ben, demande-t-il en ignorant sa dernière prise de parole. Les légendes sur les voyageurs, elles parlent bien de différents types de voyages ? Dont un qui se fait pendant qu’ils dorment et où ils deviennent des êtres omniscients ?
— Euh… Oui, répond le noiraud, un brin désarçonné. On raconte qu’il existe différentes formes de déplacements pour les voyageurs et que les plus doués d’entre eux, lorsqu’ils dorment, sont capables de se déplacer comme ils le souhaitent sans que personne ne les voit.
Le sourire contre ma paume s’accentue. Mes yeux s’écarquillent. Shanks se penche légèrement plus vers moi, projetant son ombre sur mon corps. Son souffle s’échoue sur mes lèvres, m’arrachant des frissons et je fonds presque sous son regard si puissant.
Une fois à ma hauteur, il murmure simplement de sorte à ce que seul moi puisse l’entendre :
— J’espère que tu passes une agréable nuit, trésor.
Mes yeux s’ouvrent brutalement tandis que je me redresse avec force, essoufflée. Il me faut plusieurs secondes et battements de cil pour m’habituer à la très faible luminosité ambiante et réaliser où je me trouve.
Le matelas sous mes fesses, la couverture quittant mon buste à cause de ma nouvelle position et l’épaisse couche de sueur sur mon visage… Un lit. Mon lit. Je suis dans ma chambre. Tout cela n’était qu’un rêve.
Mes yeux se promènent autour de moi pendant que je reprends difficilement ma respiration, secouée. Ma poitrine se gonfle avec force et se crève dans un sifflement aigue qui trahit l’intensité des émotions que j’ai ressenti, même dans mon sommeil.
Il faut dire que ces deux derniers jours n’ont pas été de tout repos.
Tout d’abord, cet étrange cauchemar dans la bibliothèque dont j’ai gardé trace à mon réveil sous formes de débris de verre m’est resté en travers de la gorge, tant et si bien que je n’ai pas remis les pieds dans ce bâtiment depuis hier, jour où cela s’est produit.
Après ma journée d’aujourd’hui, je suis donc directement rentrée chez moi et, feuilletant les pages du livre que j’ai trouvé et que l’un des bibliothécaires m’a demandé de garder — celui qui a d’ailleurs été la cause de mon mauvais rêve — j’ai finis par m’assoupir dessus.
Malgré l’obscurité de la nuit, je le retrouve à quelques centimètres de ma main. Encore ouvert à la page que je lisais attentivement et qui dépeignait le témoignage d’un homme. Ce dernier, interné pour paranoïa et schizophrénie, assurait qu’il était capable de voyager entre les réalités et l’avait d’ailleurs fait toute sa vie.
La raison pour laquelle son cas a été retenu entre ces pages et que, lorsqu’on l’a enfermé de force dans sa chambre, celle-ci ne comportant aucune fenêtre et une seule porte blindée, il a réussi à s’en échapper. Personne n’a jamais compris comment il avait fait ni où il s’en été allé.
Ce livre défend la thèse d’un voyage entre des univers.
Mes muscles se raidissent et mes yeux s’écarquillent. La fraicheur du rêve me permet de me remémorer plus facilement la conversation que j’ai surprise entre Shanks et Ben :
« Un être capable de changer de lieu en un battement de cil. »
Voilà ce qu’a déclaré le capitaine.
A la pensée de ce dernier, j’oublie immédiatement le livre et son contenu étrange. Une dense chaleur nait dans mes entrailles et je me sens frissonner. La façon qu’il a eu de me fixer sans même me voir, de me souffler sur le visage et me susurrer d’une façon si suave à l’oreille… Ce doit être mes hormones où le fait que mon lit est trop grand pour une personne.
Oui, c’est sans doute cela.
Mais, qu’importe la cause de mes cuisses se serrant entre elles et mon cœur battant avec force dans ma poitrine.
J’aimerai tant rêver de lui à nouveau.
郷に入っては郷に従え
3049 mots.
shanks arrive dans ce
premier chapitre
désolée il n'y a pas
d'actions du tout mais
il faut le temps que
l'intrigue se mette
en place
ça s'accélèrera néanmoins
bientôt ne vous en faites pas
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