⓼ ⸻ Chemin inverse
Deux semaines, c'est cette longue période et probablement les jours les plus longs et fades de sa vie durant lesquels Inui n'a pas daigné lui accorder une seconde de son temps.
Peut-être qu'elle abuse, parce qu'ils s'échangeaient de vifs messages pour simplement prendre des nouvelles sans aller plus loin, mais Inui avait tendance à sortir l'excuse du travail un peu trop souvent au goût de la jeune femme. Après le mensonge du soir dernier, elle avait du mal à le croire désormais lorsqu'il disait qu'il devait aller dépanner un ami à lui, ou que les clients au magasin étaient tellement nombreux qu'il y passait ses journées et même ses nuits.
Akira ne le croyait plus, encore pire, cela l'agaçait. Chaque excuse l'énervait un peu plus. Devant irritable au moindre truc, au moindre événement qui ne se passait pas comme elle le voulait. Akira était une acharnée du contrôle, que ce soit des situations ou de ses propres émotions, elle s'interdît de pleurer pour lui, pourtant, elle en avait tellement besoin. Elle avait tellement besoin d'évacuer cette colère, cette frustration mais surtout cette peine de ses derniers jours. Elle devait tout sortir parce que tout garder en elle n'était pas bon.
Mais elle se le refusait, elle refusait de lui accorder plus temps que nécessaire, elle refusait d'accorder à un menteur finit une once de ses larmes. Peut-être qu'elle y allait un peu fort, Lisa dit qu'elle est trop excessive et que s'acharner sur ses émotions de la sorte en les étouffant n'était pas du tout bon pour elle. Qu'elle était une malade du contrôle, mais Akira n'y pouvait rien, elle était comme ça. C'est son moyen de défense, c'est sa seule façon de se protéger au maximum pour ne pas être déçue. Bien que cela soit trop tard, mais elle devait essayer de sauver les pots cassés.
Après ses longues et très éprouvantes semaines, Inui est revenu, comme une fleur. Comme si de rien était, comme si il ne l'avait pas durant ces deux semaines, évité au maximum. Il lui donne à peine signe de vie, pendant plus d'une semaine, 12 jours pour être plus simple. Décide, de revenir, et de lui proposer de se voir.
Akira a refusé, bien évidemment, elle a encore de l'amour-propre et l'idée qu'il lui court après n'est pas pour lui déplaire finalement. C'est un peu le retour de bâton. La chose la plus probable est qu'il vienne directement la voir à la sortie de son travail. En fait, c'est même sûr et certain qu'il va faire cela, l'ayant tellement fait auparavant qu'Akira en est même persuadée. Mais elle n'a pas envie, elle n'a pas envie de le voir. Pas maintenant, pas après cette accumulation de diverse sentiments et émotions néfastes.
Elle doit se l'avouer, bien qu'elle soit remontée contre lui, elle est quand même heureuse de le voir, d'enfin entendre le son de sa voix, sentir son parfum et pouvoir échanger avec lui.
༄ ⠩ ッ
« — Alors ? Il va venir te chercher ? Demande Lisa.
— Je ne sais pas, soupire Akira. Je lui ai inventé un excuse pour pas qu'il vienne, mais le connaissant il va venir.
— T'es prête pour la conversation ? Demande t-elle en insistant bien sûr le mot.
—Oui, j'ai hâte, dit-elle avec aucune once de joie dans la voix.
— C'est l'occasion parfaite pour lui demander des comptes sur sa « disparition » ! »
Elle soupire, fatiguée d'avance de la conversion qu'ils vont devoir avoir. Akira ne sait pas la tournure que prendront les choses, cela peut être positif comme négatif. Et même elle, ne peut pas prédire l'issue de cette fameuse et tant redoute conversation. Cela la frustre au plus haut point d'ailleurs, acharnée de contrôle, elle qui ne peut pas choisir ou anticiper les choses, la voilà bien mal. D'un autre côté, elle ne voit pas vraiment comment cela pourrait bien finir, vu comment elle est remontée contre lui. Peut-être a-t-il une réelle excuse, quelque chose qui tient réellement la route qui sait ?
Elle en doute, terriblement.
Malheureusement pour elle, le moment tant redouté, celui qu'elle ne voulait pas vivre et souhaite éviter à tout prix arrive. Le moment fatidique, celui où elle sera exposée, en pleine faiblesse. La boule au ventre, elle sort du salon en traînant les pieds, ayant pour objectif de sortir et tracer jusque chez elle la tête baissée.
Mais à peine met-elle le pied dehors, qu'Inui sort de nulle part. Vêtu de sa combinaison de travail, toute salle d'enduits et d'huile en tout genre. Sans la saluer, sans essayer, il prend sa main et l'entraîne avec elle. Il sait pertinemment que lui laisser le choix c'est mettre fin à tout. Il sait qu'elle ne souhaite pas le voir, il est conscient de tout cela.
« — Qu'est-ce que tu fais ? Demande t-elle froidement.
— Je veux qu'on aille faire un tour. »
Elle souffle un rire nerveux, un rire amer, trouvant ce garçon culotté. Il disparaît du jour au lendemain, après des jours et semaines passées avec la jeune femme, vivant un parfait conte de fées puis revient comme une fleur, lui imposant une balade et par la même occasion une discussion. Sans lui demander son avis, sans la saluer plus se confronter en excuses de prime abord. Non, au lieu de faire tout cela, d'essayer de se justifier -bien qu'elle ne veut rien entendre pour le moment- il lui impose son avis ainsi que son stupide tour.
« — Je t'ai dis que je pouvais pas, dit-elle en s'arrêtant net. »
Toujours en lui tenant la main, voyant la résistance de son côté, il s'arrête à contre-coeur et se tourne vers la jeune femme. Voyant son visage, elle fond, comment lui en vouloir ? Elle le trouve tellement adorable, l'air confondu qu'il prône lui donne ce visage d'ange qu'Akira aimerait tant embrasser. C'est tellement dur d'être énervée contre lui, c'est tellement dur de lui résister de la sorte.
« — Ça sera pas long Akira, j'veux juste passer du temps avec toi. »
L'envie de céder lui brûle les lèvres, elle est faible, tellement faible face à lui. A ce moment la, elle se rend compte, la vérité de ses sentiments lui éclatent en pleine face. Ce qu'elle essaye de cacher depuis tout ce temps vient de ressortir en puissance dix. Elle est foutue, complètement foutue, elle est bien trop sous son charme, il peut faire ce qu'il souhaite d'elle. Une excuse, un battement de cil et elle cède.
L'amour ça craint quand même.
« — La semaine dernière j'étais libre, dit-elle.
— Je t'ai dis, je devais m'occuper du-
— Magasin oui, je sais. Pourquoi il était fermé alors ? »
Les yeux rond, il la regarde, surpris, arborant le visage d'un enfant venant se faire prendre la main dans le sac. Il se sent mal, terriblement mal.
« — T'es allée voir ?
— Oui.
— T'es sérieuse ?
— C'est plutôt à moi de te demander ça. Pourquoi tu m'as menti ?
— Je t'ai pas menti, j'étais vraiment débordé cette semaine.
— Tu m'adresses à peine un message et là tu débarques de nulle part puis tu m'entraînes je ne sais où ? »
Inui regarde Akira, décontenancé. Il a été pris de court par la jeune femme, ne s'attendant pas qu'elle aille jusqu'à venir au magasin. Sachant que désormais, il allait devoir lui donner un argument qui tient la route, peut-être même dire la vérité.
« — Je te l'ai dit Akira, j'étais occupé. J'ai à peine touché à mon téléphone.
— Tu faisais quoi alors si t'étais pas au magasin ?
— Je réglais une affaire.
— Quel genre d'affaire ?
- Un problème avec un pote. Rien d'important. Je suis là maintenant. »
Lâchant un rire nerveux, elle n'en croit pas ses oreilles. Inui lui tient fermement la main, de peur qu'elle s'enfuie quelque part.
« — Tu me prends vraiment pour une conne en fait, dit-elle. C'est trop te demander d'être honnête avec moi ?
— Je suis honnête Akira, je ne veux juste pas te mêler à ses histoires.
— Encore un truc de gang ?
— Non.
— Arrête, c'est quoi ton lien avec ? T'avais l'air d'un peu trop connaître le Kanto et le Brahman. »
Inui s'approche d'elle, il ne sait pas quoi lui répondre. Une chose dont il est sur c'est qu'il ne veut en aucun cas la mêler à tout cela, lui en parler serait la mettre en danger.
« — Parce que je les connais, je peux pas t'en dire plus. Je veux pas que ça te mette en danger.
— Donc tu préfères me mentir ?
— Si cela peut te permettre de rester en sécurité alors j'suis prêts à prendre le risque.
— Pas moi, tranche t-elle. Je dois y aller, on verra si j'ai du temps dans la semaine. »
Akira tire son bras vers elle, hors de son étreinte et de la zone où il a encore la possibilité de l'attraper. Elle tourne les talons, un air amer sur le visage et part, loin de cette rue, loin du salon, loin de lui. Trouvant le chemin pour rentrer chez elle. Culpabilisant de le planter comme ça, c'est une lutte contre elle même et contre son cœur qu'elle doit effectuer pour ne pas se retourner et le prendre dans ses bras en lui disant que ce n'était pas grave, que désormais elle s'en fiche.
Mais elle tient bon, continuant sa route, elle veut que cette fois il comprenne, qu'il comprenne qu'elle aussi est dans l'équation, que les décisions ne se passent pas seulement comme lui le veut. Que les choses ne se passent pas comme lui me souhaite, une petite leçon pour qu'il comprenne et ne recommence plus. Quelque chose de simple durant à peine deux jours car c'est tout ce qu'elle peut tenir avant de retourner dans ses bras telle une désespérée.
Elle veut qu'il comprenne que ça l'a blessé qu'il l'ignore puis qu'il revienne comme si elle était à sa disposition, rien de plus. Après plusieurs longues minutes de marche, elle finit par rentrer chez elle en soupirant. Fatiguée de cette journée, que ce soit mentalement comme physiquement. Elle décide de prendre une bonne douche chaud puis d'aller directement se coucher pour essayer de récupérer.
༄ ⠩ ッ
Le lendemain, Inui n'est pas venu au salon, la jeune femme se demande si leur altercation d'hier l'avait vexé. Si son ego avait été touché ou non. Elle se dit que si tout les deux se font la tête, les choses ne vont pas avancer, bien au contraire.
« — Non mais c'est dingue, soupire Lisa en posant son chiffon contre le bar.
— Quoi ? Demande Akira à la caisse.
— Il est pas venu te voir aujourd'hui.
— Sans blague ?
— Sérieux vous deux vous faites deux pas en avant et trois en arrière. C'est pas possible. »
Akira souffle un rire face à la réaction de son amie. Bien qu'elle n'est pas tord dans ce qu'elle dit, ils avaient enfin avancé et voilà que maintenant ils sont au point mort.
« — Pourquoi t'as l'air beaucoup plus impliqué que moi ?
— Parce que vous faites n'importe quoi. C'est quand même pas compliqué de se voir, de se dire que vous vous aimez et puis voilà. Non, vous vous prenez le chemin le plus long à croire que vous aimez vous prendre la tête.
— N'importe quoi, soupire Akira. C'est lui qui disparaît aussi, je vais pas l'accueillir à bras ouvert quand meme ?
— Pourquoi tu ne lui as pas simplement dit que ça t'avais blessé ?
— Ça m'a pas blessé. »
La jeune femme referme brutalement la caisse qu'elle était en train de mettre en ordre, profitant d'un moment de creux pour tout ranger avant le rush de l'après-midi. Frustrée qu'elle lui balance la vérité qu'elle même ne veut pas accepter en pleine tête. Elle sait, elle est consciente que son silence l'a blessée, alors pourquoi ne pas l'admettre tout simplement ? Pourquoi continuer de faire semblant ? De quoi Akira pouvait bien t-elle avoir peur au point de nier oralement même la plus évidente des vérités ?
« — Akira sérieux arrêtes. Tu es amoureuse, voilà. Où est le problème ?
— Toujours le même.
— C'est normal que tu flippes si vous ne parlez pas. »
Lisa est à un cheveu de perdre la tête, c'est vrai que son amie ne lui facilite pas la tâche. L'amour et tout ce qui entoure ce sentiment de font pas parti des choses que sa mère lui apprise, la pauvre doit tout découvrir toute seule et bon sang ce que c'est effrayant. Elle n'a pas eu le droit à un « je t'aime » de la part de qui que ce soit. Comment est-ce qu'un garçon qu'elle connaît depuis quelques mois à peine peut-il le lui dire quand même sa propre mère ne le lui a jamais dit ?
Sa mère est plutôt du genre à dire que les études et le travail passent avant l'amour. Que la carrière est bien plus importante qu'un sentiment aussi futile que l'amour. Oui, le placer en dernière place dans le tableau de ses priorités de vie.
Durant une bonne vingtaine de minutes, Akira s'est faite incendier comme une enfant par Lisa. Ce qui a retardé son départ, une fois sortie, comme elle s'y attendait bien que ça la déçoit un peu, Inui n'est pas là.
༄ ⠩ ッ
Jeudi, 18h38.
Passant le pas de sa porte en soupirant, elle pose son sac dans l'entrée. Enlevant rapidement ses chaussures et sa veste, elle se dirige dans la cuisine, grignotant un peu avant d'effectuer la montagne de devoir qu'elle a à faire pour le week-end. Préférant s'avancer la semaine pour n'avoir rien à faire un plus du travail. Elle se détend un peu en regardant la tête durant plusieurs longues, très longues minutes.
Une heure environ avant que sa mère rentre, elle décide d'enfin entamer ses devoirs. Bien que la quantité soit là, Akira se dit que finalement cela sera rapide. Elle n'a pas encore de gros projets qui lui prennent tout son temps. Une fois ses devoirs bouclés, elle décide d'enfin aller prendre sa douche, cette moche impression d'être sale et de puer. Tout ce qu'elle déteste finalement.
Une fois arrivée dans la salle de bain, elle se déshabille, une fois en sous-vêtements, elle aperçoit le peignoir de sa mère dans le reflet du miroir, se rappelant qu'elle n'avait pas pris le sien. N'ayant pas envie de sortir toute mouillé et de courir chercher son peignoir pour vite se mettre dedans, elle se dit qu'il vaut mieux aller le chercher avant toute chose. Râlant un bon coup contre elle-même, elle déverrouille la salle de bain et sort rapidement dans le couloir pour aller le chercher.
ah ouais je suis productive
en ce moment là
pourtant je suis même
pas en vacances 🤨
j'espère que vous trouvez ça louche pcq moi oui
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