Chapitre 6
"Allez vite vous cacher dans une des chambres." ordonnèrent les septième année aux trois intrus.
Rinna s'assura que les trois étaient bien hors de vue, pour aller ouvrir la porte, Ama sur les talons, les autres faisant mine de s'être tout juste réveillés, à cause des coups sur la poignée de la porte.
"Madame la directrice ?" s'étonna Rinna. "Entrez, entrez..."
Mme Firetail hocha de la tête, ses yeux remplis d'inquiétude cherchant frénétiquement quelqu'un de particulier, parmi les élèves. Son regard se posa sur Jacinthe et Scarlett.
"Jacinthe... Scarlett... Venez me parler un instant... J'ai... une annonce, pour vous..."Les deux amies d'enfance se regardèrent, perplexes, puis rejoignirent la directrice, dans un coin de la salle.
"Et nous, que faisons-nous, Mme Firetail ?" demanda Noa.
- ... Restez, je pense que du support sera nécessaire..." expliqua la vielle démone.Une boule se forma dans les estomacs des élèves, et ils jetèrent tous des regards inquiets vers les deux prodiges de la classe, se demandant ce qu'il s'était passé...
Mme Firetail se tourna vers les deux adolescentes et leur parla à voix basse, pour que seules elles deux puissent entendre les informations.
"Je suis désolée de vous annoncer cela... Les attaqueurs se sont attaqués à votre village... Les habitants, si vaillants et puissants, de Majika se sont évidemment défendus, au peril de leur vie... Les attaqueurs, ne parvenant pas à les capturer... ont fini par raser le village... Scarlett... Jacinthe... Tout votre village, vos amis et vos familles... Ils sont tous morts."
Le dernier mot résonna fort, dans la tête des deux filles.
Morts.
Morts.
Morts.
- Ahah... Vous blague, n'est-ce pas, madame ?" demanda Scarlett.
Mme Firetail baissa la tête.
"Vous blaguez, non ?"
Silence.
"Dites-moi que vous blaguez..." insista la rousse, alors que sa meilleure amie n'avait pas prononcé un seul mot.
- Vous... blaguez, hein, Mme Firetail ?" Les larmes se mirent à devaler les joues de Scarlett, chose que ses camarades n'avaient jamais vue.
La rouquine tomba à genoux, ses pleurs se faisant de plus en plus forts. Les élèves s'avancèrent, pour aider leur amie, mais ils furent tous surpris par le ton menaçant de Jacinthe.
- Vous mentez." déclara-t-elle, son visage le plus expressif que ses camarades avaient jamais vu.
- Non... Je regrette, mais...
-VOUS MENTEZ ! ILS NE SONT PAS MORTS !" hurla Jacinthe, de l'électricité circulant dedans et autour de son corps, signe de sa colère. "MES PARENTS NE SONT PAS MORTS ! ILS ÉTAIENT LES PLUS GRANDS MAGICIENS DU VILLAGE ENTIER ! ILS NE SONT PAS MORTS, JE VOUS DIS !"
- Jacinthe, calmes-toi..." tenta Chris.
- TA GUEULE. DÉGAGES. DEGAGES, DÉGAGES, DÉGAGES." Des larmes se mirent à rouler le long des joues de l'humaine, tandis que sa voix se brisait, à force de crier. "Ils ne sont... pas morts..."A ces mots, Jacinthe courut hors de la salle. Scarlett, elle, pleurait toujours sur le sol.
- Je n'ai pas pu dire au revoir à mes parents... Ma petite soeur non plus... Elle n'aura même pas pu vivre ne serait-ce qu'une seconde de ses rêves...
Bao s'agenouilla à côté de la rousse.
"Je ne vais pas te dire que je comprends ta peine, même si c'est le cas, car ce n'est pas ce que tu veux entendre, actuellement... Mais ce que tu souhaites entendre je ne peux pas te le dire... Je suis désolé..."
- Pourquoi tu es désolé ? Ce n'est pas de ta faute..." sanglota l'humaine.
- Parce que c'est la seule chose qu'on peut faire, dans cette situation... Je suis désolé, moi aussi..." expliqua Naleth.
- ... Merci..." Scarlett sécha un peu ses larmes. "Je vais aller retrouver Jacinthe..."
Ses camarades hochèrent de la tête, et Mme Firetail quitta la salle sans un mot... Elle était plongée dans ses pensées. Le village des meilleurs mages avait été complètement rasé, et la nouvelle se répandait si rapidement. Les dirigeants avaient déjà prévu de se voir, à la capitale neutre : Courluire, pour discuter de nouvelles mesures à prendre, face à la menace, d'autant plus que l'activité étrange de l'entité noire devenait de plus en plus fréquente, mais cette nouvelle-là était à garder secrète. Où allait SixiraLand ? Tout semblait aller pour le mal, actuellement, et cela inquiétait profondément la directrice.
Scarlett ne tarda pas à trouver sa meilleure amie, assise sur le rebord de la fenêtre. Évidemment, elle n'était pas allée loin, son mauvais sens de l'orientation, bien qu'elle fréquentait cette école depuis près de sept ans, ne l'y autorisant pas, si elle ne voulait pas se perdre.
"Jacie.." dit doucement Scarlett, pour la prévenir de sa présence. Jacinthe tourna légèrement la tête vers son amie, pour lui faire comprendre qu'elle l'avait vue, et tourna son regard vers l'extérieur, à nouveau.
- Qu... Qu'est-ce que tu regardes ? ... Il... y a rien... à voir dehors, à cette... heure..." dit Scarlett dans un mélange de petits rires et de pleurs.
Jacinthe ouvrit grand ses bras, et Scarlett vint se refugier dedans, se remettant à pleurer de plus belle.
Elles restèrent ainsi longtemps, serrées dans les bras l'une de l'autre, cherchant du réconfort dans la dernière personne qu'il leur restait de leur village, peuple et enfance.
Personne ne vint les chercher, leurs camarades trouvaient ça hypocrite, d'aller leur présenter leurs condoléances, alors qu'elles avaient clairement besoin d'espace et de temps, alors voilà ce qu'ils avaient donné aux deux humaines.
Le soleil pointa le bout de son nez, mais, puisque c'était l'été, il restait encore du temps, avant le réveil des élèves.
"C'est le premier lever de soleil sans eux..." soupira Scarlett, des traces de ses larmes sèches encore sur ses joues.
"En réalité... Ils sont sûrement morts depuis plus de 48 heures, vu le temps que mettent les informations pour nous parvenir...." pensa Jacinthe. Cette pensée lui donna la nausée, ses parents et sa vie étaient morts. Par la faute des attaqueurs.
La haine qu'elle avait tenté de refouler refit surface, et elle piqua un sprint, pour récupérer des ciseaux dans sa chambre, et revint emmener Scarlett à la salle de bain, se perdant presque sur le chemin.
"Tu n'est pas obligée de le faire aussi, mais je vais me faire une promesse. Je jure de venger notre village et, pour sceller ce serment, je vais me couper les cheveux."
Jacinthe coupa rapidement et, lorsqu'elle eut fini, sans hésitation, Scarlett reprit les ciseaux de Jacinthe, pour arranger sa coupe, avant de procéder à couper sa longue chevelure rouge, tombant dans un tas de bleu et rouge, des couleurs opposées.
Lorsque la coupe de Scarlett fut arrangée, les deux filles, plus déterminées que jamais, sortirent de la salle de bain, mais, ce qu'elles ne savaient pas, c'est qu'elles étaient la deuxième et la troisième, à sortir de cette salle de bain, après avoir s'être coupé les cheveux, en serment de vengeance. Qui était la première ? Malvina.
ꨄ
Mai s'était mise à courir aussi vite qu'elle le pouvait, pour prévenir sa famille, Mlle Loveis et Kael. Ils devaient agir vite, aller prévenir chacun des dirigeants prendrait du temps... Peut-être que, si elle et Aka apprenaient à maitriser la téléportation, ça irait plus vite ? Mais il fallait encore qu'elles apprennent, et cela mettrait un temps que le groupe n'avait pas... et puis, peut être que les Forples.. Ses sœurs et son frère avaient prévu de la sceller, à présent ? Mais ça serait mieux, d'avoir deux personnes possédant cette puissante magie, si ils devaient se battre contre l'entité noire, bientôt...
Et si son entourage croyait qu'elle inventait toute l'histoire sur les attaqueurs pour garder le pouvoir de l'Astro ? Elle devait leur faire confiance pour qu'ils la croient. Après tout, elle ne mentirait pas sur une chose pareille !
Tandis qu'elle pensait à tout cela, elle avait enfin atteint la maison de ses parents, ceux qui l'avaient élevée, et la porte s'ouvrit grand, pour que la mère de Mai, Kael, Mlle Loveis et Aka l'accueillent avec panique.
"OÙ ÉTAIS-TU ?"
- On s'est fait un sang d'encre !"
- Ça fait des heures, que tu as disparu ! Il fait déjà nuit !
- On a cru que des attaqueurs t'avaient enlevée ! On t'a cherchée partout !!!"
Mai ouvrit la bouche pour parler, mais elle fut amenée à l'intérieur, où régnait une atmosphère pesante.
"Désolée..." commença à nouveau Mai.
- On doit t'annoncer quelque chose de préoccupant..." la coupa Alderan.
Mai hocha de la tête, anxieuse, et Salura prit la parole.
"Je suppose que tu connais le village de Majika, là où de puissants mages humains vivent... C'est là d'où viennent Scarlett et Jacinthe. Et bien... les attaqueurs ont rasé le village, et tout le monde est mort... Cela fait déjà deux bonnes journées, que cette attaque a eu lieu... La situation est vraiment paniquante et, du coup, les dirigeants ont décidé de se regrouper à Courluire, pour discuter et prendre de nouvelles mesures de sécurité, face aux terroristes... Tu comprends pourquoi on étaient inquiets ? Enlever une Astro après avoir anéanti certains des plus puissants de ce monde... Ils auraient pu..."
- Tu as toujours ta magie, au moins ?" demanda Alixa.
Mai hocha de la tête, elle le sentait en elle, sa magie, l'Astro... Tout était heureusement encore la.
Soudain, le cerveau de Mai rejoignit les points, et elle se leva du tabouret où elle s'était posée, en tapant son poing dans sa paume. "On doit saisir cette occasion !"
- Euh, Mai ? Tu es sûre que ça va ? Tu étais où, même ?" demanda son père.
- Okay, écoutez-moi... Ça va peut-être vous sembler dingue, mais écoutez-moi jusqu'au bout." La demi-elfe se mit alors à leur expliquer tout ce que le couple d'anciens attaqueurs lui avaient expliqué, observant les visages de son public passer de l'inquiétude, puis à l'horreur, puis à la détermination.
"Je sais que vous devriez partir dès cet instant, mais vous ne voulez pas vous reposer, avant ?" demanda la mère de Mai, après que le plan fut construit. Celui-ci consistait à ce que les Forple, incluant Mai, ainsi que Salura et Kael, iraient à Courluire prévenir les dirigeants. Ils devaient à tout prix saisir l'occasion de pouvoir parler à tous les dirigeants en une seule fois, pour gagner du temps.
- Non merci, maman, ça ira..." Mai hésita, avant de répondre au câlin que lui suggérait sa mère, et l'homme qui l'avait élevée vint rejoindre ses deux pierres précieuses dans le câlin. Mai ne savait pas encore si elle était vraiment prête à pardonner ses parents, pour lui avoir donné la responsabilité de l'Astro, même si ce n'était pas leur intention, mais une partie d'elle se disait que c'étaient ceux qui l'avaient élevée et aimée, pendant des années et, quand le monde allait si mal, comment être certaine qu'elle les reverrait ?
Après plusieurs minutes d'étreinte silencieuse, Mai monta sur son arevaux, et le groupe se mit à sortir du village. À l'entrée du village se tenait une fille et Mai reconnut Ijuli. Elle s'arrêta, curieuse de savoir pourquoi son ancienne harceleuse était ici.
"Hey, Mai... Je peux te parler en privé ?" demanda la chamaleonthes, l'air désolée. Mai hésita.
"Si j'étais à sa place, je voudrais une seconde chance, alors..."
Mai expliqua rapidement la situation à ses compagnons, et elle descendit de sa monture, avant d'aller dans les bois, non loin. Cela rappelait à Mai les fois où Ijuli et sa bande l'avaient forcée dans ces bois, pour mieux s'en prendre à elle, mais la brunette se tut.
"Alors ?" demanda Mai.
-Écoutes..." commença Ijuli. Ce fut alors que les yeux de Mai aperçurent le brillant couteau qu'Ijuli sortait de sa poche. L'élève de Sixira tenta d'agir, mais Ijuli fut trop rapide, et la lame fut vite plantée dans le bras de Mai. Cette dernière cria, et tenta de se débattre, tandis que la douleur au bras la tétanisait. Elle essaya d'éviter les coups de couteau suivants, Ijuli était au dessus d'elle, visant la tête ou le cœur.
Soudain, des branches virent capturer Ijuli, et Kael arriva aux côtés de Mai, tandis que les autorités et le reste du groupe de Mai accouraient pour prendre Ijuli en charge, ou apporter des soins à Mai.
"Hé ho, Mai, tu vas tenir le coup ?" demanda Kael, tandis que la croisement reprenait son souffle. Elle porta ses mains à ses yeux et pleura.
"Je... n... n'avais jamais... jamais pensé que... que quelqu'un me haïrait au point... de tenter... de me tuer..."
Les larmes continuèrent, tandis que Mai se maudissait d'avoir fait confiance à Ijuli. Les voilà coincés dans cette ville pendant encore une bonne journée, pour que ses plaies guérissent un peu, avant le voyage.
"Je suis si sotte." pensa Mai.
ꨄ
Xaphan entra dans la chambre qu'il partageait avec Damon, qui n'avait pas bougé de la journée.
Xaphan avait été en cours tout la journée, tandis que son ami était resté allongé dans son lit, face au mur, des larmes sèches sur les joues et avec une grosse température. Il cauchemardait sans cesse de ce passé flou, et cela inquiétait beaucoup Xaphan, qui n'avait pas fermé l'œil depuis plusieurs jours, gardant un œil sur Damon toute la nuit.
Malvina n'était toujours pas venue leur parler, et Xaphan était en conflit interne. Il détestait presser les gens, mais, dans cette situation où Damon avait perdu tellement de poids en si peu de jours, Xaphan avait vraiment peur.
Leur classe semblait aller particulièrement mal, avec Jacinthe, qui avait repris son air indifférent, face à la mort de ceux qu'elle aimait, et Scarlett, qui faisait semblant de rire, de sourire et d'aller bien. Elles n'avaient rien dit, vis-à-vis de leur nouvelle coiffure, et semblaient se renfermer petit à petit.
Jacinthe et Scarlett en plein deuil, Mai et Kael quelque part dans le monde, Damon et Malvina qui faisaient face à des souvenirs traumatiques... La classe 7-C traversait une période particulièrement rude.
Bonsoir tout le monde! Désolé pour la longue pause et un retour dans l'histoire un peu triste :c
Je suis sincèrement désolée de ne pas avoir pu publier ce dernier mois, et croyez moi j'en étais la première déçue!
Cependant je vais essayer de revenir, en changeant le jour de publication pour le samedi maintenant :)
J'ai déja du sacrifier beaucoup de choses que j'aime faire dans mon temps libre avec cette année bien chargée, je ne veux pas avoir a sacrifier SixiraLand qui est si si précieux pour moi...
Je vous dit à la semaine prochain et je vous embrasse très fort. Merci aux lecteurs qui sont resté.es malgré cette longue pause, c'est grâce a vous et vos commentaires que j'ai la force de publier, d'écrire et de continuer.
Avec amour, Ora.
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