Chapitre 12

"Vous avez entendu ?"

"Les attaqueurs s'en sont enfin pris à des elfes !"

"Il était temps !"

"Ils en ont pris combien ?"

"Un seul, pour l'instant ! Mais c'était un membre haut placé, un des seuls qui pouvait se servir de la magie."

"C'est bien fait pour eux !"

"Ne les écoutes pas, Kael. Ils ont tort." chuchota Mai en couvrant les oreilles de l'elfe. Il serra les dents, gardant les yeux fermés, mais des larmes roulaient toujours sur ses joues. Aujourd'hui devait être une des pires journées de sa vie.

Ce matin-là, la nouvelle était déjà parvenue au oreilles de tout les élèves de l'académie. L'ambassadeur elfe, le seul elfe qui pouvait officiellement se servir de sa magie, avait été enlevé la veille. Sa femme avait confirmé qu'il s'agissait d'attaquers. Elle avait même pu voir un peu du visage d'un des agresseurs, car son mari avait arraché le masque de cette personne, avant de se faire assommer par l'un des deux coéquipiers. L'attaqueur plus ou moins démasqué avait des cheveux violets et était de très petite taille. Le visage avait des traits plutôt féminins, aussi, et cela était confirmé, de tout façon, par la tenue ajustée au niveau de la poitrine et des hanches, pour cette attaqueuse.

La situation était bien plus grave qu'elle ne le paraissait au yeux des autres espèces. Kael le savait, la sécurité des elfes était menacée. Leur ambassadeur parti, le commerce avec les autres nations étaient interrompu. Leur seul atout magique, leur bouclier, avait disparu. Leur voix de paix, et la voix qui sauvait leur peuple de l'extermination, était partie. Ils étaient vulnérables, et, à tout moment, ils pouvaient être écrasés.

En plus de son inquiétude pour son peuple, toute la journée, le rouquin avait dû supporter des regards méchants et des paroles encore pires. Les gens avaient même remercié tout bas les attaqueurs d'avoir fait cela. Un 4ème année était venu le tabasser avec sa bande, lui criant qu'il devait quitter Sixirka, car il serait la prochaine victime et qu'il les mettait tous en danger.

À présent, il était assis dans l'infirmerie, pleurant, Hanabi soignant ses blessures et Mai le réconfortant. Les jumeaux, amis d'Hanabi (enfin petite-amie d'Hanabi dans le cas d'Evangeline) étaient là, aussi, montant la garde devant la chambre où on s'occupait de Kael, pour que personne d'autre ne viennent l'harceler. Pour l'instant, ils avaient dû se disputer avec deux personnes, seulement.

C'était le mercredi soir et les larmes de Kael ne séchaient pas. Il tentait de les refouler, mais il n'y parvenait pas. "Au moins," songea-t-il "mes amies ne me jugerons pas elles."

Les camarades de Kael furent compatissants, lui donnant espoir et ne faisant aucune remarque négative. Ils n'avaient jamais été aussi gentils, mais Kael n'avait pas le coeur à se réjouir. Son peuple, son village, ses anciens amis, sa famille étaient en péril. Même si ils le détestaient, le rouquin souffrait de ne rien pouvoir faire pour eux. Il voulait les aider, il voulait être sûr qu'ils allaient bien, même après toutes les affreuses choses qu'on lui avait dites, durant les vacances. 

Il les aimait toujours, ce n'était rien, comparé à la souffrance qu'il endurait avec les autres élèves de l'académie, qui le méprisaient. Il ne supportait pas de se tourner les pouces, tandis que les attaqueurs pouvaient frapper n'importe où et à tout moment.

Car il était sûr que les attaqueurs allaient s'en prendre à son peuple, ils les massacreraient. Il en était certain, car le cadavre de l'ambassadeur avait été retrouvé dans près du grand fleuve qui traversait le territoire elfe. Et, à coté de son cadavre, un mot de menace avait été retrouvé. Il disait.

"Voici le sort que méritent les elfes, diplômés ou non."

Qui serait la prochaine victime? Qui était leur prochaine cible? Une haine pour les attaqueurs grandissait de jour en jour en l'adolescent. Une peur aussi, mais, ça, Kael ne l'aurait jamais dévoilé à qui que ce soit, même pas à ses amis. Il était rongé par la peur, la haine et la douleur.

☽☾

Vendredi, de nouvelles informations firent taire les murmures sur les attaqueurs. Il s'était passé quelque chose dans le royaume des anges. Une activité énergétique étrange près de l'entité noire. La partie la plus inquiétante, étrange et effrayante était que l'activité énergétique ne provenait pas d'une personne curieuse de voir l'entité ou alors de quelqu'un venu piller le labo à côté, comme cela avait déjà été tenté par le passé, mais, en fait, cette activité énergétique provenait de l'entité elle-même.

Ce phénomène était tout nouveau. C'était comme si ce monstre se réveillait. Toute la journée, les élèves de Sixirka, marchaient comme si l'épée de Damoclès pendait au-dessus d'eux. Ils avaient peur. L'équilibre fragile de leur monde se brisait encore plus et cela les tétanisait.

Certains n'osaient pas en parler. Les plus courageux en parlaient tout le temps. Certains avaient tellement peur que, dès qu'ils entendaient quelqu'un parler de cela, ils l'empêchaient de parler, comme si le fait de prononcer le nom de ce monstre sous la glace les tuerait tous.

Les profs aussi, en grande partie, avaient peur. Quelles nouvelles mesurent devaient-ils prendre ? Les dirigeants avaient-ils déjà un plan, pour cette éventualité ? Sixirka allait-elle fermer ?

Toutes ces question sans réponses tourbillonnaient dans les esprits de tout le monde, que ce soit à Sixirka ou en dehors. Dans l'atmosphère pesante de la journée, il fut impossible pour les élèves de se concentrer.

Cela fut encore plus difficile, lorsque l'orage éclata, terrorisant tout le monde avec la foudre, car même les mauvais élèves et ceux qui ne faisaient généralement pas attention au cours d'histoire, comme Mikaela, savaient que l'une des armes du monstre sous la glace était de se protéger d'une barrière de foudre et d'en tirer, pour dévaster le paysage.

L'orage se prolongea dans la nuit, privant une grande quantité d'élèves de sommeil. Heureusement, le lendemain matin, un soleil rassurant brillait et l'orage avait cessé. Même la mer était calme et la plupart des élèves se sentirent assez bien pour retourner en cours. Toute la 

classe 7-C reprit donc le cours de vie 'normal', attendant des nouvelles des dirigeants, à l'exception d'une élève, qui n'eut ni la force, ni le courage de sortir de son lit le lendemain : Mai.

Elle avait cauchemardé toute la nuit. Sur les attaqueurs et l'entitée noire. En réalité, depuis que la première attaque avait eu lieu, la jeune fille n'avait cessé d'avoir peur dans un coin de sa tête. 

Elle pensait qu'elle était peureuse. Elle avait toujours eu peur de l'entité noire, des attaqueurs, elle avait l'impression d'être une petite fille qui avait besoin que ses parents la serrent dans ses bras.

"Quand deviendras-tu courageuse, Mai ? Quand grandiras-tu ?"

☽☾

Alixa se laissa tomber dans le fauteuil, abattue. C'était dimanche et cela faisait une semaine que ni son frère, ni son père n'avaient répondu à ses appels. Hier matin, Alderan avait été retrouvé, évanoui devant la porte d'entrée. Il était blessé et seul, de quoi bien alarmer sa sœur. Le jeune homme avait enfin repris ses esprits et lui avait raconté ce qu'il s'était passé. Lui et son père se trouvaient près des Sommets des sorts, ayant répéré des attaqueurs près d'un village là-bas. Le village abritait les magiciens les plus puissants de tout le royaume et les deux Forples suspectaient les deux personnes encapuchonnées de vouloir s'en prendre à l'un des mages de la ville. Lors de leur "enquête", les deux furent pris dans une embuscade par les attaqueurs et seul 

Alderan put s'échapper. Grâce à son père, ils avaient pu démasquer l'un des attaqueurs, un jeune homme avec des cheveux bleus plutôt foncés et des yeux gris. Lorsque le masque de cet individu fut arraché, les attaqueurs battirent en retraite, mais ils eurent le temps de tuer leur père, avant.

"Il ne faut surtout pas que la nouvelle s'ébruite." pensa la blonde en se mordant l'ongle, stressée. Cette nouvelle était de trop. Son cerveau allait limite exploser. Maintenant il ne restait plus qu'eux trois : l'Astro, Alixa et Alderan.

Son père parti, voilà qu'elle était la plus vieille de la famille et celle qui devait gérer absolument tout. Et, jusqu'à ce qu'a ce qu'Alderan se rétablisse complètement, elle était coincée au château.

Et puis, maintenant que son père n'était plus là, qui s'occuperait de l'entraînement de l'Astro ? La situation était bien délicate, les Forples devaient à tout prix rester les plus discrets possible. Ils avaient trop de secrets. C'était trop dangereux.

Des larmes se mirent à rouler le long de ses joues. Elle se leva cependant, elle ne devait pas se laisser emporter par ses émotions. Elle sécha ses larmes mais trébucha sur sa longue robe, s'étalant par terre.

Pourquoi devait-elle être si maladroite ? Pourquoi se retrouvait-elle dans cette situation ? Les larmes revinrent aussi vite que la première fois et elle n'eut pas la force de se relever, secouée par les sanglots.

Papa ? Maman ? Pourquoi vous m'avez laissée ? Pourquoi c'est moi qui fait tout le boulot ? J'en peux plus... Vous me manquez...

"Alixa ?" fit une petite voix. "Tu as encore trébuché..." soupira la petite. Elle s'approcha de la plus grande et la serra dans ses bras.

- T'es triste, toi aussi ?" demanda Alixa.

La petite hocha de la tête. "Je suis désolé..." soupira Alderan en entrant dans la pièce. Il n'avait, heureusement, aucune blessure aux jambes et pouvait donc circuler comme il voulait, mais ses bras avaient été bien amochés.

- Ce n'est pas ta faute, Alderan..." sourit tristement Alixa, en l'invitant dans le câlin familial. Les trois Forples restèrent ainsi, dans les bras les uns des autres, pendant un moment, réconfortés par la présence de tout ce qu'il leur restait comme famille.

☽☾

Lundi arriva. Les élèves parlaient tous des événements de la semaine passée, ou alors des combats de Clash Magique, qui démarraient ce vendredi. La liste des joueurs titulaires ou remplaçants serait affichée dans le hall, le lendemain.

Mai était à nouveau en pleine forme et évitait le plus possible les discussions sur ce qu'il s'était passé lors de la semaine précédente, mais, avec un elfe en guise d'ami, la tâche n'était pas facile. Elle était presque impossible, même.

Maintenant que les deux évènements majeurs n'étaient plus tout neufs et aussi choquants, chacun avait choisi celui qu'ils trouvaient le plus important ou intéressant, et ceux qui parlaient majoritairement de l'enlèvement de l'ambassadeur elfe n'hésitaient pas à se montrer odieux.

Voyant qu'elle n'arrivait pas a éviter ce sujet en restant avec Kael, Mai décida de s'éloigner un peu. Ça lui faisait mal, de l'abandonner, alors qu'il semblait si vulnérable et qu'il laissait tout le monde l'insulter ainsi, mais parler des événements de la dernière semaine lui donnait un terrible mal de crâne et faisait peur à la chamaleonthes.

"Je suis vraiment une peureuse." soupira-t-elle, après avoir pris la décision de passer moins de temps avec l'elfe. "Une peureuse odieuse."

Malheusement, Kael remarqua tout de suite l'abandon qu'il subissait et recommença à se renfermer sur lui même. Encore plus lorsque le facteur passa lundi après-midi et qu'il ne reçut rien de sa famille, malgré la lettre qu'il leur avait écrite au dernier passage du facteur.

Le soir, il se remit à pleuvoir et il fit très froid. Rinna alluma un feu dans la cheminée de la salle commune et les élèves de la classe virent se presser autour, sauf pour Damon et Xaphan (forcé par son ami), qui décidèrent de rester dans leur coin, avec leurs propres flammes.

Lorsque que Kael entra, les yeux rougis parce qu'il avait pleuré, et qu'il refusa brutalement l'invitation de Kigan à venir s'asseoir près du feu, tout le monde se tourna vers Mai, celle qui était la plus proche de l'elfe.

"Tu sais ce qu'il lui arrive?" demanda Bao. "Il est toujours triste, au passage du facteur."

- Cette fois, ça a l'air pire..." soupira Pastel.

- Il s'inquiète sûrement pour sa famille..." supposa Ama.

- Eh bien... C'est plus compliqué que ça..." dit Mai d'une toute petite voix. "Mais je pense pas que Kael accepterait que je vous l e dise..."

- On veut l'aider, tu sais, et, si on comprend mieux la situation, on pourra mieux l'aider !" expliqua Noa.

- Vous avez raison..." La chamaleonthes prit une grande inspiration et commença à expliquer comment Kael s'était disputé avec sa famille sur la rentrée à Sixirka et comment ils étaient contre le fait qu'il y retourne, puisqu'il ne faisait qu'augmenter la haine contre leur espèce. 

"C'est pour ça, vous voyez, Kael est très inquiet. Il n'a plus aucune nouvelle de sa famille, il questionne son choix et il a peur, surtout..."

Ce fut à ce moment que le garçon dont ils parlaient sortit de sa chambre, où il s'était caché, dans le froid. Il sortit de la salle commune sans explication, l'air sombre.

Mai se leva aussitôt et quitta la salle commune pour rattraper son ami.

"Attends, Kael ! Kael ! Kael, attends !" cria la jeune fille. "Tu es sûr que tu ne veux pas venir autour du feu ?"

L'elfe se retourna, et Mai put enfin voir son visage. Il avait l'air en colère, Mai ne l'avait jamais vu ainsi. Son visage était toujours collant de larmes, mais il exprimait clairement de la colère.

"Kael... Qu.. Tu... Qu'est-ce qu'il y a ?" demanda Mai, pas sûre de comment réagir.

- TU CROIS QUE J'AI PAS ENTENDU ? T'ES VRAIMENT UNE TERRIBLE AMIE ! TU M'ABANDONNE, PUIS TU ME TRAHIS ! TU CROIS VRAIMENT QUE JE NE T'AI PAS ENTENDUE RACONTER TOUTE MA VIE À CES GENS, À QUI JE N'ARRIVE TOUJOURS PAS À FAIRE CONFIANCE ?

- Je ne... Je ne pensais pas comme ça, Kael... Je suis désolée..." plaida la chamaleonthes.

- Arrête de jouer la petite fille tellement gentille et parfaite ! Je t'ai accordé ma confiance et tu n'as pas du tout respecté mes informations personnelles !" dit le rouquin, d'une voix mençante.

Comme si une flèche la transperçait, Mai se mit a trembler en entendant ces mots. Kael s'avança, menaçant.

- C'est ça, fais ta victime. Notre amitié est finie, Mai ! Tu entends ?!

Contrairement aux attentes de l'adolescent roux, Mai n'eut pas une réaction désespérée, mais elle sourit tristement.

"C'est dommage, j'aurais voulu continuer à être ton amie, mais je suppose que c'est mérité... Cette fois, j'ai été vraiment pitoyable... Mais bon, c'était difficile, d'être ton amie..." raconta-t-elle.

- Parce que je suis un elfe ?" demanda Kael, en haussant le ton.

- Quoi ? Non, Kael, pas du tout !" Elle secoua la tête. "Parce que c'est moi, la fautive, je m'y suis mal pris, avec toi... et je suis désolée."

Le visage de l'elfe parut étonné, et il recula un peu.

"Oh, et, Kael, je suis contente, que tu aies pu t'exprimer comme ça. Ça me rendait triste, quand tu réagissais pas aux insultes des autres. Au revoir, maintenant..."

Les deux se tournèrent le dos et allèrent chacun se cacher dans un endroit différent de l'académie, pour pleurer.

"Quelle terrible amie j'ai été..." pleura Mai.

"Je suis vraiment nul, comme ami..." sanglota Kael.


Bonsoir. Un chapitre pas très joyeux, j'ai eu les larmes aux yeux en l'écrivant (je suis pas prête pour la suite mdrrr) mais bon peut être que je suis trop sensible.

Qu'avez vous pensés?

Sinon j'ai pas grand chose a dire XD

Bonne soirée!

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