TRENTE-SIX
Jungkook n'avait pas hésiter une seule seconde avant de s'élancer vers Taehyung, venant le serrer contre lui. Les sanglots du châtain s'étouffaient à présent contre son t-shirt tandis que le tissu absorbait ses larmes. Et malgré tous ses sentiments qui se bousculaient à l'intérieur de sa tête, Taehyung réussit à calmer son souffle, à calmer ses larmes.
Il allait un peu mieux.
Même si sa douleur restait intacte.
Quelques secondes, peut-être quelques minutes, et Jungkook se recula doucement, plongeant ses prunelles sombres dans celles rougies du plus jeune alors que son pouce vint essuyer ses cils humides.
« Est-ce que je peux rentrer... ? »
Taehyung releva instinctivement la tête à ses mots et n'hésita pas une seconde avant de venir acquiescer. Lui-même ne savait pas pourquoi il avait dit oui, il était comme perdu dans ses propres pensées. Des pensées plus noires les unes que les autres, plus dures, plus douloureuses. Il n'arrivait pas à aligner deux mots, il arrivait à peine à réfléchir. La seule chose dont il était sûr se résumait à quelques mots, simples oui, mais primordial : « Je ne veux pas rester seul. »
Une envie. Un besoin. Une peur.
Peut-être un peu de tout.
Et c'est avec la même douceur dont Jungkook faisait preuve depuis cette nuit-là qu'il vint entrelacer ses doigts dans ceux du châtain, offrant à Taehyung un de ses sourires dont lui seul avait le secret. Le genre de sourire qui arriverait presque à réchauffer son cœur congelé, à la réparer.
"Presque", du moins.
Le noiraud s'était ensuite permis de mettre un pied chez Taehyung, puis un deuxième, faisant suivre son corps entier alors que le châtain le suivait sans un mot. Il restait silencieux, en retrait, comme s'il n'était pas chez lui, comme si ce lieu lui était totalement inconnu. Il s'effaçait, disparaissait presque.
— Est-ce que t'as mangé quelque chose ?, Jungkook dévisageait la maison du plus jeune, s'attardant sur chaque mur, chaque recoin, chaque détail. Puis se rendant compte de l'absence de réponse de Taehyung il ôta son regard du papier-peint vieilli et vint se tourner vers le châtain. Leurs mains étaient encore entremêlées alors que Taehyung gardait la tête baissée, comme anxieux, agité, angoissé.
Le simple fait de toucher quelqu'un d'autre lui faisait peur, le terrifiait. Sa chaleur sur sa peau, sa peau contre la sienne, il pouvait ressentir la moindre pulsation de son cœur tambourinait à travers son poignet, faisant ressortir ses veines. Et pourtant, pourtant il le serait aussi fort qu'il le pouvait, tenant ses doigts entre les siens comme si c'était la seule chose qui le rattachait encore sur terre. Comme si c'était la seule chose réelle, la seule chose qui lui permettait de ne pas perdre la tête.
— Il fait tellement chaud dehors..., le brun vint passez sa main de libre sur son front, venant essuyer la sueur qui s'était peu à peu formé. Puis il a simplement tourné la tête et fixa son pull qui retombait lourdement sur les cuisses vêtues de Taehyung, « Tu devrais te changer, non ? ». Le châtain eu un mouvement de recul lorsque Jungkook pointa son pull du doigt, le frôlant presque. Et il eut à peine le temps de comprendre ces quelques mots que le noiraud avait déjà repris, « Viens, on va te chercher des vêtem- ».
« Non ! », avait alors cracher Taehyung, arrivant durement à prononcer un mot. Et malgré le bordel dans sa tête, sa voix était étonnement ferme, sûr.
Il voulait garder ce pull.
Il le voulait plus que tout.
Jungkook avait garder la bouche entrouverte sous la surprise et resta ainsi encore quelques secondes avant de reprendre, tentant vainement de convaincre le plus jeune, « Mais tu vas transpirer dedans... ». Et comme il s'y attendait le châtain secoua hâtivement sa tête de droite à gauche, venant serrer de sa main libre le bout de son pull tant désiré. Il ne voulait pas se changer, il ne pouvait pas, il... Il avait tellement froid, lui, « D'accord... Comme tu veux. ».
Le châtain se sentit soudainement soulagé à ses mots. Comme si le brun avait une emprise sur lui, un droit, ce qui était totalement faux. Mais il avait cette impression de devoir obtenir son autorisation, son accord, son soutien. Au fond il avait peur, peur que Jungkook revienne pour récupérer son pull. Ça pourrait semblait bête, stupide, futile, complètement insignifiant mais pour Taehyung c'était beaucoup plus que ça. Au fond il avait peur que Jungkook soit revenu pour pouvoir mieux repartir ensuite.
— Mais en échange... Tu dois manger quelque chose.
Taehyung releva soudainement la tête tandis que son ventre se noua à la seule pensée de devoir avaler quelque chose. Non, non... Surtout pas... Il ne voulait pas. Ou plutôt il ne pouvait pas, son propre corps refusait.
Il avait déjà refusé.
Et refuserait à nouveau.
— J'ai dé..., le châtain se racla la gorge, tentant vainement d'éclaircir sa voix enrouée avant de reprendre, « ... Déjà mangé. ».
Jungkook arqua un de ses sourcils ébènes, resserrant doucement son emprise sur les doigts de Taehyung. Puis il s'agenouilla doucement devant et murmura de sa voix la plus basse, la plus douce : « C'est vrai ce mensonge ? ».
Une emprise, oui, c'était clairement ça. Une emprise que Taehyung ressentait jusqu'au plus profond de ses tripes, c'était comme naturel, innée, comme si ça avait toujours été le cas. Il avait cette impression terrible d'avoir été détruit, totalement anéanti, lui enlevant ce statut d'Homme, de personne à part entière, lui enlevant chacun de ses droits. Le seul droit de vivre était déjà bien suffisant.
— D'accord.
Taehyung sortit subitement de ses songes, la voix du brun le ramenant à lui-même. À vrai dire il réagissait à chaque son, à chaque bruit. Le moindre petit écho lui faisait tourner la tête, faisait accélérait son souffle. Il avait peur. Il était constamment sur ses gardes. Il avait peur de Namjoon, peur des autres. Il avait peur que ça recommence. Peur d'être seul, peur de ne pas l'être. Peur de devenir fou, de perdre la tête.
Mais surtout il avait peur de Jungkook.
Il avait peur de son sourire, de son aide, de ses attentions. Il avait peur de sa gentillesse. Peur que ça s'arrête, que ce ne soit qu'un rêve, peur que ce ne soit même pas réel. Mais surtout il avait peur de lui faire confiance. Non, non... Il ne devait surtout pas.
Car au fond ce sont les meilleures personnes qui se révèlent être les pires monstres.
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