TRENTE-QUATRE
« Taehyung... ? »
Jungkook se tenait devant cette porte en bois, ses doigts toquant légèrement dessus tandis que ses cheveux bruns retombaient lourdement sur son visage. Une chaleur étouffante se propageait dans les rues de Séoul malgré l'heure tardive alors que quelques gouttes de sueurs glissaient lentement le long de son front.
« Tu m'entends ? »
Le brun avait longuement hésité avant de venir ici, chez lui, pesant minutieusement le pour et le contre, listant dans sa tête chaque argument, chaque contre-argument. Chaque idée, la moindre pensée.
« Je... Je t'ai ramené tes affaires. »
Il avait d'abord souris tant il trouvait cette idée stupide, ridicule. Totalement absurde. Pourquoi il irait chez Taehyung d'abord ? Ils ne se connaissaient pas, ne s'aimaient même pas. Et pourtant, pourtant Jungkook n'avait pas hésiter une seule seconde avant de se jeter contre cette porte en bois, frappant dessus comme si sa vie en dépendait. Il n'avait pas non plus hésiter avant de le faire sortir de cette chambre, de le ramener chez lui, ni même au moment de le poser sur son propre lit.
Ce n'était pas de la pitié.
Plutôt de la compassion.
De la compassion pour ce garçon blessé.
Pour ce garçon trahit.
« Tu dois sûrement vouloir rester seul. »
Et c'est à cause de ça, à cause de cette trahison que Taehyung ne devait surtout pas rester seul en cet instant même. Rester seul c'est y penser, y repenser, c'est ressasser ce même moment encore et encore, en boucle, une boucle aussi douloureuse qu'infinie.
Une boucle dans laquelle il ne devait surtout pas rentrer, de peur de ne plus jamais pouvoir en sortir.
« Je comprends. »
Non, à vrai dire il ne comprenait pas, il ne pouvait pas savoir. Personne ne pouvait comprendre ce que Taehyung ressentait et personne ne pouvait dire ce qu'il fallait faire pour qu'il aille mieux, qu'il se sente mieux.
La douleur physique n'est que passagère.
Elle est futile, éphémère, insignifiante.
Le pire ce n'est pas la douleur du corps, c'est celle de l'esprit. C'est celle qu'on ne peut voir, celle qu'on ne peut guérir. C'est celle qui t'empêche de dormir et en même temps c'est celle qui te réveille en pleine nuit. C'est celle qui condamne ta vie, la détruisant tellement lentement que tu ne t'en rends même pas compte toi-même.
« Je vais t'écrire mon numéro, d'accord ? Je te laisse tout ça devant ta porte. »
Et c'est à ce moment-là, à cet instant précis, que Jungkook ressentit ce sentiment à nouveau, ce sentiment qui l'avait poursuivi toute la journée, le convainquant finalement à venir ici. Cette étrange impression de déception, la déception qu'il soit parti et celle qu'il ne lui ouvre pas la porte. Ce sentiment d'amertume qui prenait de plus en plus d'ampleur.
« Appelle-moi s'il y a quoi que ce soit. »
Mais le noiraud ne voulait pas forcer Taehyung, il voulait l'aider, pas l'enfoncer encore plus bas. Il voulait le sortir de ce labyrinthe infernal dans lequel il était entré, ou plutôt dans lequel on l'avait fait entré de force. Et c'est pour ça que Jungkook devait s'en allait.
« Bonne nuit. »
Le brun avait eu du mal à cracher ces quelques mots, repoussant toujours plus le moment de les prononcer. Mais maintenant c'était fait, il l'avait dit. Et c'est pour ça qu'il dû tourner des pieds et faire demi-tour, s'éloignant de cette porte en bois, de cette maison, de Taehyung. La chaleur semblait l'étouffer de plus en plus ce qui l'empêcher de respirer correctement, lui provoquant un étrange avant-goût de gêne, de mal-être total, lui nouant la gorge.
- Et Jungkook s'immobilisa.
Et si ce sentiment ne venait pas de l'extérieur ? Et si au contraire ça venait de l'intérieur, de son corps, de son cœur ? Peut-être que finalement ramener ses affaires n'était qu'une excuse pour le voir ? Pour le revoir ? Peut-être qu'au fond, il en avait envie. Jungkook pensait à Taehyung, c'était flagrant. Il s'inquiétait pour lui, c'était indéniable.
Et si au final c'était plus que ça ?
Et si au final il -
« ... Jungkook ? »
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