𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝐗𝐗𝐗𝐈𝐈𝐈
— S A N S M A N I E R E S —
cw : masturbation
MA RESPIRATION EST sporadique et mes gémissements ne cessent d’amplifier. Le pouce de Sieg toujours enfoncé dans ma bouche pour minimiser mes cris, ses autres doigts continuent leurs aller et venues incessantes en moi. Les bruits de succion se mêlent à ceux de nos respirations capricieuses.
Mon vagin n’a de cesse de se refermer autour de lui, s’accoutumant à la sensation de son annulaire et son majeure enfoncés en moi. Sur mes joues, des larmes de plaisir perlent. Je n’arrive même plus à penser correctement tant mon désir me consume.
Cependant ce qui me grise le plus est sans nul doute le regard que Sieg pose sur moi, là. Son visage penché sur le mien, il détaille avec grande attention mes traits, guettant les ravages du plaisir sur mes expressions.
Moi qui, d’ordinaire, sait me contenir, rompt aujourd’hui totalement. Mes yeux roulent dans mes orbites et je les ferme quand, soudainement l’orgasme me submerge.
Mes jambes cèdent sous mon poids et je bascule la tête en arrière, transcendée. Sieg retire alors son pouce de ma bouche et me rattrape fermement, pressant mon torse au sien d’un bras tandis que son autre main m’accompagne jusqu’au bout, continuant ses va-et-vient.
Mon corps se contracte entièrement et il me semble que mon esprit quitte mon enveloppe, quelques secondes durant.
Puis, l’air tente de rentrer dans mes narines. Mes poumons se bloquent et ce n’est que lorsque j’ouvre la bouche en grand, prenant une bruyante inspiration, que l’oxygène revient à moi. Essoufflée et éreintée, je laisse ma tête tomber sur l’épaule du blond.
Celui-ci ne me repousse pas, au contraire. Son bras toujours enroulé autour de moi, il ôte ses deux doigts de mon vagin avant d’attraper quelques mouchoirs dépassant de la boite sur son bureau. Puis, tandis que je me remets doucement de mes émotions, il me nettoie précautionneusement.
— Tout va bien ? murmure-t-il au bout de quelques secondes.
Les yeux clos, affalée sur l’épaule de Sieg, je mentirais si je disais que cette position est inconfortable.
L’odeur du professeur m’a toujours apaisée et son étreinte me fait me sentir en sécurité. Quelques endorphines liées à mon orgasme provoquent en moi des bouffées d’euphorie mais je commence tout de même à prendre conscience de certaines choses et mes sourcils se froncent.
Sieg et moi nous désirons. Ardemment. Ce n’était que des coups d’œil lors de notre première rencontre et les mois passés ensemble nous ont poussé à tisser des liens au travers desquels nous avons toujours fait mine de ne pas remarquer une évidente tension sexuelle. Pourtant, un soir, elle a éclaté. J’ai eu un orgasme sur sa cuisse. Puis Nicole est apparue.
S’en est suivie six longs mois loins l’un de l’autre. Des semaines passées à nourrir une rancœur. Les deux égos surdimensionnés que nous sommes se sont complaints dans l’idée que l’autre était fautif. Tant et si bien que, quelque part, nous avons oublié à quel point nous sommes attirés l’un par l’autre.
Alors lorsque nous avons dû travailler ensemble, tout cela nous est revenu en pleine figure.
Des mois sans se voir, une tension sexuelle qui s’est intensifiée, une haine amassée, un égo nous poussant à nier ce qui nous animait, ne le rendant que plus important encore… Il n’était qu’une question de temps avant que nous craquions.
Mais nous venons de le faire. Et j’ai honte.
Honte car je suis censée être en colère contre lui. Mais surtout honte car je sais qu’à présent, je vais devoir me rhabiller et prétendre être furieuse de ce qui est arrivé, dégoûtée d’avoir pu céder à de si bas instincts, écœurée par le souvenir de ses doigts en moi.
Mais la vérité est que pour la première fois depuis que nous nous sommes quitté, là, ma tête posée sur son épaule, son bras entourant mon corps, sa main replaçant ma jupe pour me couvrir et sa poitrine se soulevant contre la mienne… Je me sens bien.
Enfin à ma place. Chez moi.
— (T/P) ? insiste-t-il.
— Je…
Ma gorge se serre. Je suis incapable d’admettre ce qui me travaille.
— C’est vrai ce qu’on dit sur le hate sex, je lâche en forçant un rire. Rajoutez la haine au sexe ça rend le tout plus intense et plus intéressant. Une vraie partie de jambes et l’air.
Il rit légèrement. Un simplement gloussement. Et, les yeux encore clos contre lui, mon oreille posée sur son pectoral, ce son envoie des vibrations en moi qui me réconfortent.
Seulement, soudain, ses lèvres se pressent sur le sommet de mon crâne. Et geste doux et profondément bienveillant.
— Tu sais très bien que je suis loin de te haïr, (T/P).
Surprise, je m’écarte légèrement de lui. Pas assez pour que nos torses ne cessent de se toucher mais assez pour que je relève la tête et regarde Sieg. Celui-ci me laisse faire, souriant légèrement quand je fronce les sourcils.
— J… Je croyais que j’étais la personne que tu hais le plus au monde.
Il secoue légèrement la tête, caressant doucement ma joue et de sa large main.
— Je suis en colère contre toi, (T/P). Et contre moi aussi. Mais je ne te hais pas. Jamais je ne pourrais te haïr.
Ses sourcils se froncent légèrement tandis qu’il semble regarder le vide. Ses yeux sont posés sur moi mais il ne me voit pas, comme en proie à de profondes réflexions.
— Tu es la personne la plus importante de ma vie. Je ne te hais pas.
Ma gorge se serre mais mon cœur fait un bond dans ma poitrine. Tout comme une profonde allégresse se répand dans mes entrailles.
— J’ai passé les derniers mois à me lever en me demandant si tu avais passé une bonne nuit, à me coucher en espérant que tu ne veilles pas trop tard, à me demander régulièrement au cours de la journée ce que tu pouvais bien être en train de faire, à regarder les stupides storys instagram de mon frère en espérant t’y voir, à sourire quand je t’y voyais, à serrer le poing quand sur une photo de groupe, un garçon se permettait de laisser un commentaire sur toi…
Il interrompt sa tirade, semblant revenir à lui.
— J’ai été en colère contre toi. Parce que tu as fait une erreur.
Soudain, son front se presse contre le mien. Je ferme les yeux à ce contact, sentant chacun de mes muscles se détendre.
— Mais en réalité, j’ai surtout été en colère contre toi parce que j’arrivais même pas réellement à t’en vouloir pour cette erreur.
Ses larges mains posées sur mes joues, il me maintient contre lui. Je me nourris de sa présence.
— Je veux dire, t’avais battu jusqu’au sang une amie qui a fait des cauchemars et tout ce que j’étais capable de me demander, cette nuit-là, c’est si tu allais bien.
Il inspire profondément.
— Elle pleurait et moi je m’en voulais de t’avoir mis dehors. Elle me demandait d’appeler un médecin mais avant ça, j’ai appelé Eren pour qu’il aille te chercher, elle me demandait de veiller sur elle mais…
Ce n’est que lorsqu’une larme roule sur ma joue que je réalise combien ses aveux me secouent. Et, posant à mon tour mes mains sur ses joues et l’écartant de moi pour le pousser à me regarder, je lâche :
— Comment tu veux que je te croie, Sieg ?
Ses sourcils se haussent. A contrecœur, je m’éloigne de lui. Nos corps se quittent et j’ai soudain froid malgré la canicule. Je l’observe à travers mes yeux mouillés.
— C’est bien beau, de me dire tout ça. Mais en six mois, tu n’as pas trouvé le chemin de l’appartement de ton frère ? Oui, tu payes le loyer et je t’en remercie. Mais au moment de déposer le chèque, tu t’es jamais dit qu’une discussion avec moi serait préférable ?
— Je t’assure que je tiens à toi et…
— Non, Sieg. Tu as pitié de moi.
Ses épaules s’affaissent et il me regarde, médusé.
— Si tu m’aimais, tu aurais ouvert la porte, cette nuit de Noël où je t’ai présenté mes excuses. Si tu m’aimais, tu aurais cherché à me recontacter. Si tu m’aimais, il aurait pas fallu une putain de coïncidence nous poussant à travailler de nouveau ensemble pour qu’on se parle. Si tu m’aimais, Nicole ne serait plus dans ta vie.
— Elle n’est ni ma femme, ni ma fiancée ! objecte-t-il aussitôt.
— Mais les médias vous voient comme le couple inratable. Un ancien joueur de baseball et une ancienne mannequin devenu professeur en sciences sociales et journalistes d’envergure internationale. Tandis que moi…
Ma gorge se serre.
— Moi, je suis que l’épave dont tu t’es occupée six mois pour te donner bonne conscience. La névrosée qui s’en est prise à miss parfaite durant un délire paranoïaque.
Les muscles du professeur se raidissent dans son costume élégant et son regard se fait plus impactant, presque colérique.
— Tu es injuste.
Malgré moi, de vieilles habitudes aidant, je ne parviens pas à me retenir d’hausser un sourcil moqueur et rire sarcastiquement :
— Moi ? Injuste ?
— Oui, toi, rétorque-t-il avec véhémence. Tu es mon amie. Je t’ai soutenu et ai été là pour toi, sûrement pas pour me donner bonne conscience. Bordel de merde, (T/P), dis-moi que tu dis ça juste pour me blesser ! Dis-moi que tu cherches juste à me faire du mal en m’accusant de t’avoir utilisée !
Mes sourcils se haussent quand je remarque les larmes dans ses yeux.
— Dis-moi que tu ne me vois pas vraiment comme ça.
Je ne sais pas quoi répondre, prise au dépourvu.
Il dit la vérité. Je veux juste le blesser car je le suis. De la fois où je l’ai traité de prédateur à maintenant, je n’ai jamais tenté que de le tacler, le mettre en boite pour me venger des sentiments qu’il suscite en moi. Une pratique mesquine et méchante.
Car c’est ce que je suis. Mesquine et méchante.
Une raison de plus pour justifier le fait que Nicole serait mieux pour lui. Aimante, gentille, pas capable de stratégie de manipulation élaborée, ne ressentant pas le besoin de mentir pour séduire mais pouvant naturellement parvenir à le faire.
La douleur sur le visage du blond est insupportable. Alors, baissant les yeux, j’avoue :
— Non, tu ne m’as pas utilisée. A vrai dire tu as été la première personne à me laisser être moi.
Mes mains tremblent.
— Tu ne m’as pas rejetée en découvrant qui je suis. Tu n’as pas pris peur en t’apercevant de mes tactiques de manipulation. Tu as accepté le pire en moi ou plutôt, tu as cru le faire.
Mes épaules se haussent tristement.
— Je répète ce que je t’ai dit, tu ne m’aimes pas, Sieg. Par contre, je veux bien croire que tu sois convaincue de m’aimer. Après tout, je suis une grande manipulatrice alors je t’ai manipulé pour que tu crois m’aimer. Comme je le fais avec tout le monde et…
— Et, par curiosité, ça donne quoi, quand tu manipules pas les gens, (T/P) ?
Je lève les yeux. Les bras croisés sur sa poitrine encore dénudé, il est tout à fait sérieux.
— Dis-moi donc, à quoi ressemble ta personnalité quand tu ne manipules pas, (T/P) ? Quand tu ne mens pas pour « pousser les autres à t’aimer » ?
Je ne réponds pas, interdite.
— Je vais te le dire, tu sais pas quoi répondre parce qu’elle existe pas, cette personnalité. Contrairement à ce que toi et ton syndrome de l’imposteur pensez, tu ne manipules pas les gens pour qu’ils t’aiment. Tu es toujours toi-même avec les autres.
— Non.
— Je l’ai vu de mes propres yeux, (T/P). Tu parles mal, est froide, anormalement sincère et trop sarcastique et ça c’est pas une image que tu te donnes pour manipuler les autres, c’est le vrai toi. Si à côté de ça, il t’est arrivé de jouer avec l’esprit de certains c’était anecdotique, contrairement à ce que tu veux bien le faire croire.
— Non…
Mais il m’ignore, terminant son propos :
— Tu ne manipules pas les gens pour qu’ils t’aiment, (T/P). Les gens t’aiment. C’est tout.
2027 mots
hehe petit rapprochement
mdrrr
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