𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝐗𝐕𝐈𝐈
















—    S  A  N  S    M  A  N  I  E  R  E  S    —
cw — mention d'alcoolisme

















負けるが勝ち
























             UNE ODEUR DE NOISETTE embaume le couloir menant au bureau de Sieg. Un soupçon de caféine se discerne dedans. Il est huit heures du matin et, encore engourdie par le sommeil, les mains dans les poches et le visage enfoncé dans une écharpe, je ne peux que me laisser porter par le fumet.

             Atteignant la porte, je ne prends même pas la peine de toquer et il ne lève pas la tête quand j’arrive. Cela fait un bout de temps maintenant que ce rituel s’est instauré entre nous, tant et si bien qu’il ne prête plus vraiment attention à mes arrivées.

— Bonjour, lance-t-il simplement. Bien dormie ?

             Les mains encore vissées dans mes poches, je me traine jusqu’au canapé où je m’écroule, trop attirée par son aspect moelleux. Devant moi, la chaleur de la cheminée allumée me caresse, auréolée de la sublime danse formée par les flammes.

             Avant, le professeur n’allumait que rarement les braises. Mais, le jour où il a appris que cela me confortait et que j’appréciais d’avoir cette vision chaque matin où, dehors, la nuit faisait rage, il a décidé de le laisser brûler chaque matin.

             Souriant, je savoure donc cette sensation.

— Je suppose que non, ajoute-t-il face à mon silence.

— J’arrive, j’arrive, je lance.

             Un simple rire me parvient pour toute réponse.

— Nous avons fini de diner tard, hier, lance-t-il. Je ne t’en voudrais pas si tu étais trop fatiguée. De plus, il me semble que tu ne commences pas aussitôt aujourd’hui, normalement.

— J’ai pas cours, aujourd’hui, normalement, je rétorque sèchement.

             Le salaire m’aidera à payer les factures mais le plus exaspérant dans le fait de trouver un métier normal après avoir passé les dernières années partagées entre les horaires de l’université et les soirées dans un bar est encore de s’habituer à venir à huit heures chaque matin au travail.

Et, avant d’accepter l’offre du professeur, je passais cette journée à me prélasser dans mon lit.

— Tu ne t’es toujours pas habituée à ce nouveau train de vie ? demande-t-il d’une voix malicieuse.

             J’entends aux vibrations de sa voix qu’il vient de se lever et s’approche de ma position.

— Je suis dans le déni, je cingle pour toute réponse.

             A nouveau, un gloussement me parvient. Mais, avant d’avoir pu réagir d’une quelconque façon, une douce sensation m’englobe soudain, créant un voile de chaleur sur ma personne. Je me tends, légèrement désarçonnée en fronçant les sourcils.

             L’odeur caractéristique du professeur, un mélange d’eau de Cologne, de cigarette et de café s’insinue dans mes narines, m’enveloppant. Je ne peux nier que mes muscles se détendent aussitôt ce parfum m’assaille. Il a quelque chose de rassurant que je ne saurais décrire.

             Néanmoins, la fatigue aidant, il me faut plusieurs secondes avant de réaliser qu’il vient de poser son manteau sur mon corps, comme s’il s’agissait d’une couverture.

— J’ai un cours magistral ce matin puis plus rien, tu n’as pas besoin de faire quoi que ce soit. Reposes-toi.

             Mes paupières lourdes ne font que s’entrouvrir, tombant sur le dense feu de cheminé, devant moi. Quelques lueurs rougeâtres atteignent mes paupières, désarçonnantes. Mais je me complais sous le vêtement du professeur.

             Alors, sans songer à opposer la moindre forme de résistance, tandis que sa main vient doucement caresser ma tempe en un geste apaisant, je réponds simplement :







— Merci, Sieg.











































             Les yeux écarquillés, je fixe le vide, encore engourdie par le sommeil. A présent debout sur le canapé, je tente de rassembler mes pensées afin de réfléchir correctement, tenter de comprendre ce qu’il se trame autour de moi. Mais la fatigue me paralyse encore.

             Je me suis réveillée quelques secondes auparavant et n’est pas trouvé le moyen de me tirer de ce canapé. Le manteau de Sieg est confortable sur mes épaules. Engourdie, je n’ose pas bouger, de peur de briser la position confortable dans laquelle je suis.

             Avant de me laisser dormir, je crois me souvenir que le professeur m’a demandé de me reposer, affirmant qu’il n’aurait pas besoin de moi aujourd’hui. A présent, le feu dans la cheminée a faibli et, au travers de la vitre située derrière le bureau du professeur, je peux voir que le soleil est levé.

             Mon regard se pose sur l’horloge murale figée au-dessus de son porte manteau.

             Dix heures deux. Il ne devrait pas tarder, maintenant.

             Mes muscles sont détendus et mes traits, reposés. Je n’en avais pas conscience mais je manquais cruellement de sommeil, ces deux heures m’étaient vraiment nécessaires. Je me sens revigorée par ce bref moment.

             Bientôt, le bruit de la porte me tire de mes pensées. Aussitôt, je me redresse, Sieg doit être là, à présent. Et, en effet, lorsque je me tourne, sa silhouette enveloppée de son costume trois pièces gris et rouge me fixe. A ses mains, deux gobelets sont visibles.

— Bien, tu es réveillée. Tu vas avoir besoin de café.

— Mmmm…, je réponds simplement, encore engourdie par le sommeil.

             Aussitôt, sans me laisser davantage de temps, il marche jusqu’à moi d’un pas souple et ferme, visiblement décidé. Quelques secondes lui suffisent à rejoindre la table basse. Il y dépose les récipients avant de se tourner vers la cheminée et, empoignant des instruments sombres, retourne les bûches dans la cheminée.

             Encore happée par le sommeil, je le fixe d’un regard vide, l’esprit dépourvu de la moindre pensée.

— Alors, tu as pu récupérer tes heures de sommeil manquantes ?

             Il me faut quelques secondes pour réaliser qu’il me parle, repasser la bande son de ses mots mentalement, m’arrêter sur chacun d’entre et comprendre le sens de sa phrase. Puis encore une poignée d’instants me permettent d’ouvrir la bouche.

— Je ne sais pas si je veux m’endormir jusqu’à la fin de l’après-midi ou me réveiller maintenant mais je suis sûrement pas prête de me lever.

— Bois un peu, insiste-t-il. Nous avons des choses à faire.

— Je croyais que tu avais rien à faire aujourd’hui.

— A l’université, oui. Mais je me suis dit qu’on pourrait passer l’après-midi ensemble.

— Tu peux vraiment pas vous passer de moi, hein ? je lance d’une voix taquine.

             Il lève les yeux au ciel.

— Tu n’as pas idée, répond-t-il, exaspéré.

             Je ris faiblement. Tenter de l’embarrasser continuellement est assurément devenu mon passe-temps favori. Qu’il s’agisse des faibles rougeurs sous ses yeux, de ses roulements de yeux ou son ton particulièrement agacé, je ne parviens pas à me passer de lui.

             Le matin, lorsque je me retourne sous mes couvertures, j’ai réalisé que je ne pose pied à terre qu’en songeant à la perspective de boire un café en sa compagnie. Car ce moment est assurément mon favori. Même si nous ne parlons pas forcément, le simple son de ses doigts frappant son clavier, l’odeur des grains moulu dans l’air et le craquèlement de la cheminée m’apaisent.

             Un bref moment de flottement avant l’anarchie des cours, des prises de notes, des allés-et-venus dans les couloirs.

             Moi qui, auparavant, quittais l’université le plus rapidement possible après la fin de mes cours, fuyant ce lieu, me retrouve à présent à passer la plupart de mes heures ici. J’arrive à huit heures et ne par souvent que douze heures plus tard, en compagnie du professeur. Le midi, nous sortons souvent manger mais, sinon, nous demeurons la plupart du temps dans ses lieux.

— Bon, bois.

             Malgré son ton impératif — qui, en temps normal, m’aurait poussée à l’insulter véhément — je me penche vers la table basse et saisit le gobelet qui se fait chaud contre ma paume. A nouveau, une odeur de noisette se répand dans les lieux.

             Je souris avant de poser mes lèvres sur le bec. Puis, précautionneusement, par peur de me brûler, je bois doucement une gorgée.

             Celle-ci est chaude réconfortante. Aussitôt, mes paupières me semblent moins lourdes.

— Plus magique que la gnaule, je soupire.

— On croirait entendre mon père.

— Pourquoi, il aime le café ?

— Non, l’alcool.

— Ah…

             Aussitôt, je me fige, furieusement embarrassée. Jamais je n’aurais pensé embrayer sur un sujet si sensible. A l’ordinaire, je suis capable d’anticiper et éviter ce genre de moments de gêne intense. Mais, à présent face à Sieg, je me rends bien compte qu’il a tendance à « geler » mes capacités.

             En sa présence, je tends à me montrer plus sincère, moins calculatrice, manipulatrice. Plus à l’écoute de mes sentiments enfouis.

— Désolée, je lance maladroitement.

             Là, les sourcils de Sieg se haussent brutalement.

— Tu t’excuses ? souligne-t-il. Ce jour est à marquer d’une pierre blanche !

             Je lève les yeux au ciel tout en buvant une autre gorgée, me retenant de le foudroyer du regard. Il semble le remarquer car un gloussement s’échappe de ses lèvres et, prenant place sur le fauteuil à ma droite, il saisit à son tour le gobelet restant et le porte à ses lèvres.

             Un instant, ses yeux glissent sur le manteau. Le sien. Je le porte encore.

             Et je n’ai pas l’intention de le retirer. Il me tient chaud, possède une odeur réconfortante. Bien que je ne compte absolument pas déclarer cela à haute voix, je suis tout à fait consciente que cette sieste n’aurait pas été aussi reposante sans ce vêtement.

— Bon, tranche-t-il fermement. Parlons du programme du jour.

— Parce que je peux pas juste rentrer chez moi et rien faire ? je réponds dans un couinement.

— Je n’ai pas d’autres cours aujourd’hui mais ça ne veut pas dire qu’il n’y a rien de prévu.

             Je soupire, posant le gobelet sur la table basse et m’allongeant de nouveau sous son manteau.

— Allons bon, je lance. Et quelles élèves dois-tu sauter ?

— Les blagues les plus courtes sont les meilleurs.

— Non.

             Me retournant, je lui montre le dos. J’ai fait mon choix. Je vais me recoucher, là est le mieux pour, de toute façon. Dans mon état, je ne serais de toute façon pas du tout productive. Alors ne rien faire demeure la meilleure chose à faire.

             Enfin, cela est sans compter sur les arguments de poids de Sieg.

— Il s’agit d’une mission qui te rapportera une certaine somme et…

             Aussitôt, je me redresse, raide comme un piquet, les sens aux aguets. Levant les yeux au ciel, le blond secoue mollement la tête. Mais il n’émet aucun commentaire sur mon brutal regain d’intérêt.

             Il se contente d’entrer immédiatement dans le vif du sujet.

— Livai Ackerman, que tu as déjà pu voir, n’est pas seulement médiateur mais aussi maitre conférencier, ici. Nous allons organiser prochainement une conférence avec lui et le professeur Hanji Zoe et il aimerait que tu nous aides à la préparer.

— Moi ? je souligne, légèrement saisie.

— La conférence porte sur la propagande et donc la manipulation.

— Ah…

             Je comprends mieux.

— Vous comptez tous vous servir de moi comme sujet d’étude, ou quoi ? je demande.

— Aussi intelligente sois-tu, tu restes un produit de la société actuelle au même titre que nous tous. Tu subis et exerce la manipulation donc je pars du principe que tu es effectivement un sujet d’étude adéquat.

— Trop d’honneur, je raille en me repositionnant dans le canapé. Anonymat ?

— Evidemment.

             Là-dessus, je hausse les épaules, jaugeant du regard le gobelet encore chaud que Sieg m’a apporté.

— Payée pour discuter avec un beau gosse comme Ackerman, pourquoi pas, je lance avec un sourire mesquin.

             Aussitôt, une toux violente prend Sieg qui recrache quasiment son café. Surprise, je tourne les yeux vers lui, légèrement saisie. Mais, du plat de la main, il me fait signe de ne pas m’en faire et, peu à peu, reprend une conversation normale.

             Essuyant le revers de sa bouche, il finit par se redresser en repositionner ses lunettes sur son nez.

— « Beau gosse » ? répète-t-il. Mais comment parles-tu d’un professeur ?

— Culotté venant d’un professeur qui couche avec ses élèves, je souligne.

— Mais tu vas me lâcher avec ça !

— Non, je réponds dans un rire enfantin, secouant la tête. Je te poursuivrai jusqu’à la fin des temps.

             Là-dessus, il lève les yeux au ciel.

— Quoi qu’il en soit, même pour rire, ne t’avises pas de parler d’un de tes professeurs comme ça.

— T’es pas drôle, je rétorque au travers d’une moue boudeuse. Et si c’était toi que j’appelais comme ça, ça te gênerait ?

             Je le vois se tendre mais il dissimule sa réaction en buvant une gorgée de café.

— C’est une question de respect. Tu peux penser quelque chose mais le dire est différent.

— Ouais, de l’hypocrisie, quoi.

— Rien à voir, objecte-t-il en fronçant les sourcils. Moi aussi je te trouve jolie mais jamais je me permettrais de le d…

             Sa phrase meurt brutalement dans sa gorge tandis qu’il réalise ses propres paroles. Nous deux, à vrai dire, prenons conscience de ses mots. Et, dans le silence retentissant de la pièce, nos regards se trouvent soudain, partagés entre une chaleur innommable et de l’embarras.

             Mon cœur bat avec ardeur dans ma poitrine. Je suis sûre qu’il peut l’entendre.













             Le professeur Sieg Jäger me trouve jolie.

 
























負けるが勝ち





















2138 mots

hey ! voici le chapitre
de la semaine et un petit
teasing

j'espère qu'il vous aura
plu

:)

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