Chapitre 43

Le directeur de la 'Jeon International Industry' n'avait pas supporté le poids que la nostalgie avait laissé sur ses épaules, alors lorsque la jeune Kline, calmée, était retournée dans son bureau, elle avait retrouvé une pièce vide. Jungkook avait pris la fuite et malgré le fait que Camilla avait toujours détesté la capacité du garçon à esquiver tout ce qui le dépassait, cette fois-là, la noiraude fut soulagée de ne pas avoir à se retrouver encore face à lui.

La jeune femme avait passé la journée à se remémorer les petits détails du visage de celui qu'elle avait vu le matin même, le petit grain de beauté sous la lèvre inférieure du jeune homme restant pour la noiraude une des petites choses qui faisaient son charme. Ô oui, Camilla Kline n'était pas du tout indifférente au charme du jeune milliardaire, elle n'aurait jamais pu l'être et ce fut d'ailleurs ce qui la dérangea pendant plusieurs heures avant que sa petite cousine ne vienne effacer ses tourments.

- Quelle belle robe... dit Maeryl alors que ses yeux semblaient contempler l'une des merveilles du monde.

- Tu l'aimes ? demanda Camilla, tout sourire rien qu'en voyant les yeux de la cadette briller. Prends-la !

- Je ne peux pas... murmura la petite brunette, désolée, en baissant la tête.

- Quoi ? interrogea la noiraude, confuse. Pourquoi ? Si tu la veux tu peux la prendre.

- Maman... Maman n'aime pas que tu achètes des choses hors de prix pour nous... confia l'adolescente avant de déglutir avec difficulté.

- Tu sais quoi... lança Camilla en prenant le visage de la plus jeune entre ses mains. Je vais te prendre cette robe et tout ce que tu as regardé avant. Je vais aussi prendre des trucs pour ta mère rien que pour l'embêter... J'ai de plus en plus l'impression qu'elle me traite comme une étrangère.

- Je sais... avoua Maeryl avant de soudainement prendre celle qu'elle considérait comme sa sœur dans ses bras. Je suis désolée... Maman croit que tu nous gâtes pour compenser le temps que tu n'as pas à nous donner. Je sais que ce n'est pas ça du tout mais c'est ce qu'elle pen-...

- Elle... Elle a raison, susurra la jeune Kline tandis que les larmes lui montèrent aux yeux. Pardonne-moi, mon ange...

Camilla posa tout doucement son menton contre le haut de la tête de la jeune Helmet, laissant patiemment ses larmes glisser sur la peau dorée de ses joues. La noiraude venait d'être frappée par la réalité et à ce moment-là, seule elle savait à quel point celle-ci pouvait faire mal.

Du haut de ses douze ans, Maeryl avait immédiatement compris le regret qui s'était emparé de son aînée, alors ce fut instinctivement qu'elle serra davantage la jeune femme contre elle. L'étreinte de l'adolescente fut aussi apaisante qu'une pommade froide sur une brûlure, rappelant à Camilla la façon dont laquelle la plus jeune, alors âgée de deux ans, la serrait dans ses tout petits bras pour la réconforter tandis qu'elle pleurait toutes les larmes de son corps.

- Tu... Tu veux bien qu'on... Qu'on rentre à la maison ? demanda la jeune Kline alors que son cœur sautait quelques battements tant elle avait pleuré. Je dois parler à ta maman...

Maeryl ne put que hocher la tête avec un sourire bienveillant dessiné sur ses lèvres, se réjouissant de la décision que venait de prendre celle qui n'était autre que son modèle. Camilla était si déterminée à réparer ses fautes, qu'une fois arrivé face à la demeure dans laquelle elle avait passé six ans de sa vie, elle n'eut aucune hésitation à entrer. Elle savait qu'elle y était malgré tout la bienvenue alors, sans même une once de gêne, la noiraude retira ses chaussures et son manteau pour les laisser dans le vestibule, voulant se mettre le plus à l'aise possible.

- Maman ! Maman, t'es là ? s'écria Maeryl en regardant vague dans la maison.

- Je suis en haut, ma chérie ! répliqua instantanément Luna comme si elle avait su en avance que sa fille était rentrée. Viens !

- Vas-y, chuchota Maeryl en haussant ses sourcils pour arracher un sourire à sa cousine.

Camilla s'engagea dans l'escalier sans même y réfléchir à deux fois, craignant de se rétracter si elle commençait à se faire toutes sortes de scénarios dans sa tête. La main droite de jeune millionnaire glissa tout le long de la rambarde en bois tandis qu'elle parcourait pas à pas l'unique couloir de l'étage et puis, lorsqu'elle arriva près de la porte de la chambre de sa tante, elle resta stoïque.

Un souffle chaude passa les croissants de chairs de la noiraude tandis qu'elle essayait de penser à ce qu'elle aurait bien pu dire à la personne qui la connaissait mieux que quiconque. Camilla avait des appréhensions, cependant, elle prit comme toujours son courage à deux mains, et elle passa l'encadrement de la porte pour se retrouver directement face à celle qu'elle espérait retrouver.

- Luna... Je...

- Qu'est-ce que tu fous là ? demanda aussitôt la trentenaire avec froideur. Tu dois avoir mieux à faire ailleurs, non ? Ne perds pas ton temps ici.

- Écoute, je suis désolée... affirma Camilla en jouant nerveusement avec ses doigts. Vraiment désolée...

- Désolée ? s'étonna Luna, sarcastique. Nous sommes le 8 février et c'est la première fois que je te vois depuis l'anniversaire de Maeryl ! Je ne t'ai pas vu depuis le 4 janvier, Camilla ! Tu t'en rends compte ?

- Excuse-moi, s'il te-...

- Tu crois que je ne me fais pas un sang d'encre pour toi quand des semaines entières passent sans que je n'ai entendu ta voix ne serait-ce qu'une fois ? demanda l'aînée alors qu'elle bouillait de colère. Tu vis à l'autre bout de la ville et malgré le fait que ton portable est toujours sur toi, tu ne trouves pas cinq minutes pour me dire que tout va bien pour toi ! Tu n'as pas de temps à accorder à ta famille et tu oses essayer de te racheter une conduite en nous offrant des choses que tu fais déposer per un putain de coursier ! Tu es devenue comme tous ces gens riches qui pensent que l'argent peut tout acheter !

Les reproches de Luna s'enchaînèrent pendant de longues minutes et bien que la jeune Kline n'avait jamais voulu blesser les personnes qui lui sont les plus chères, elle devait bien admettre que sa tante ne faisait que dire la vérité haut et fort. Camilla était en pleurs tout comme sa tante, acceptant sans le moindre mot la leçon que cette dernière était en train de lui faire, quand tout à coup, la noiraude se jeta aux pieds de celle qu'elle aimait comme une mère.

- Pardonne-moi... Je t'en prie... supplia-t-elle en posant sa tête contre le ventre de sa tante alors que ses bras se trouvaient autour des cuisses de celle-ci. Je ferai tout pour que tu m'accordes ton pardon mais ne me laisse pas s'il te plaît. Je serai toute seule si tu m'abandonnes toi aussi.

- Ca-Cami... Cami mon bébé, je suis désolée, dit Luna alors que son cœur s'était subitement serrée dans sa poitrine en voyant la fragilité de sa nièce. Ne pleure pas, s'il te plaît mon cœur.

- Je suis tellement horrible, s'écria Camilla alors que ses pleurs avec redoublés d'intensité lorsque Luna l'avait rejoint au sol pour la serrer fortement dans ses bras. Je ne te mérite pas. Je ne mérite personne...

- Ne dis pas ça, demanda la jolie brune tandis qu'elle ne contrôlait plus ses larmes. Je suis allée trop loin. Tu n'es pas horrible, tu ne l'as jamais été.

- Alors pourquoi personne ne m'aime ? Pourquoi tout le monde finit par me laisser ? questionna la jeune femme en mettant fin à l'étreinte que lui donnait son aînée pour la regarder dans les yeux. J'aurais dû mourir dans cet incendie. J'aurais dû disparaître. J'aurais dû faire la seule chose que maman espérait de moi, mais je n'en avais pas le courage et maintenant... Maintenant, je veux tellement m'en aller...

- Calme-toi mon bébé... susurra Luna en caressant les cheveux de la plus jeune. Je sais que tu souffres, surtout en ce moment, mais ne dis pas de telles choses. Je ne pourrais pas vivre sans toi...

- S'il te plaît, ne me laisse pas toi aussi, demanda Cami alors que ses yeux et ses joues étaient aussi humides que rougis. S'il te plaît...

- Je serai toujours là... Je te le promets, assura la femme en essuyant les larmes de sa nièce. Ne dis plus jamais que tu ne plus vivre et que tu n'es pas aimée parce que pour moi, tu es mon plus beau cadeau, toi et Maeryl êtes tout pour moi.

C'était toujours dans ce genre de moment-là que Camilla se disait qu'elle aurait pu vendre son âme au diable être née d'une mère comme Luna. La douleur de son âme détruite par les flammes de l'enfer n'aurait d'ailleurs été qu'une souffrance minime comparée à cette peine constante qu'elle ressentait et qui la poussait à se croire indigne de la moindre once d'amour sincère.

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