𝐌𝐀𝐒𝐓𝐄𝐑 𝐎𝐅 𝐏𝐔𝐏𝐏𝐄𝐓𝐒 | lettre de dustin h. à eddie m.

Dans ce one-shot, j'utilise les termes et noms français de la série Stranger Things (s'il y a des erreurs, n'hésitez pas à me corriger, ça fait longtemps que je n'ai pas regardé la série en français, étant donné que maintenant je regarde presque tous les films/séries en VO sous-titré français (ou anglais)). À noter que j'ai également parfois transposés des termes états-uniens à leurs équivalents français pour une meilleure compréhension.

Je préviens en amont, mais bien évidemment, ce one-shot contient nombre de spoils, des spoils de toutes les saisons existantes actuellement (quatre), tout particulièrement de la quatrième, alors assurez-vous d'avoir tout regardé avant de vous engager dans votre lecture :)



𝗛𝗮𝘄𝗸𝗶𝗻𝘀, 𝟭𝟵𝟴𝟲.

Ça fait un mois. Un mois qu'Eddie est mort. Le grand, l'invincible Eddie Munson. Ça fait un mois qu'il est parti, et cette douleur persiste sans sembler vouloir s'estomper. Dustin en souffre trop, et a besoin de poser des mots sur le trou béant que le dirigeant du Hellfire Club a laissé. Alors Dustin décide de lui écrire une lettre, en espérant qu'elle lui permettra de remettre un peu d'ordre dans ses pensées.

→ CW : deuil



Cher Eddie,

Comment commencer cette lettre ? À vrai dire, ça fait – j'ai compté – seize fois que je la recommence. Je ne sais pas vraiment. Les mots ne me paraissent jamais justes, et j'ai un terrible effroi qui me serre la gorge à chaque fois que j'ai l'impression de ne pas honorer ta mémoire en utilisant les termes parfaits. J'ai la certitude que tu t'en fiches éperdument, que tu m'aurais dit que ce qui compte c'est de ne surtout pas se conformer, d'être complètement en marge, de faire péter tous les codes, de s'affranchir de toute injonction. Je t'entends, d'ailleurs, même si tu n'es pas là pour me le dire. Et si je t'ai toujours écouté avec une attention religieuse, cette fois, je ne peux m'empêcher de me dire que je dois me fier à mon propre instinct pour savoir comment m'adresser à toi au travers de l'encre sur le papier à lettres.

Je suis stupide, hein ? Comment est-ce que je peux croire que mes mots parviendront un jour à tes oreilles ? Tu n'es plus là, Eddie. Tu n'es plus là. Et si tu savais, si tu savais à quel point tu me manques (je devrais ajouter « ici-bas », mais il s'agit plutôt d'« ici-haut » – il est trop tôt pour faire de tels jeux de mots, excuse-moi).

Je pense pouvoir affirmer sans trop me tromper qu'avant que tu ne meures, j'étais la personne qui t'aimait et tenait le plus à toi. Je ne sais pas. D'abord Steve, maintenant toi. J'ai de grandes facilités à me lier d'amitié avec les gens plus âgés que moi, on dirait. Peut-être parce que j'ai toujours été un peu différent de ceux de mon âge. D'abord, ma dysplasie cléidocrânienne. Je n'ai jamais connu d'autre gamin comme moi, ni en vrai, ni à la télévision. Alors, forcément, tu sais que j'étais un peu une attraction. La curiosité des enfants est naturelle, et quand ils rencontrent quelque chose qu'ils ne connaissent pas et à laquelle on ne les a jamais préparés, ils cherchent à en savoir plus, sans aucun filtre. Une fois que je leur ai donné de plus amples explications – une première fois dans mon ancienne école, puis quand je suis arrivé à Hawkins, lors de mon année de CM1 –, c'était acté, en général.

Puis Troy s'était intéressé à mon cas. Le monstre sans dents, c'était le surnom qu'il me donnait. Il me traitait comme la créature vedette d'un freak show, quand il se limitait aux moqueries pour Will, Lucas et Mike. Je ne dis pas que ça ne les a pas impactés ou que j'étais le seul à plaindre. Simplement, ça m'a toujours fait me sentir en décalage. Peut-être qu'eux aussi se sentaient en décalage par rapport à d'autres choses, mais je me refuse à creuser pour savoir quoi. Je pense qu'aucun de nous n'a envie de remuer le passé et la méchanceté cruelle de certains enfants. Ce n'est de toute façon clairement pas le bon moment. On a tant de choses à régler avant ça.

Et puis, j'ai toujours eu ma propre personnalité, mon propre caractère. J'étais l'intello au milieu d'une bande d'intellos. Alors, tu comprends bien que, même si Will, Lucas et Mike étaient mes meilleurs amis et que jamais, au grand jamais, je n'aurais pu imaginer ma vie sans eux, j'avais aussi le besoin de me retrouver en présence d'amis plus âgés que moi. D'abord, ç'a été Steve. Je suis encore très ami avec lui aujourd'hui, mais j'ai l'impression de m'être un peu éloigné de tout le monde après ta mort. J'ai l'impression que les autres ne pourraient pas comprendre ce que je ressens, à vrai dire. Notre lien était si spécial à mes yeux. Et j'ai la certitude qu'il l'était aussi aux tiens.

Tu m'as permis de m'aimer un peu plus, ou du moins de comprendre ma place dans toute cette histoire. Je te serai à jamais reconnaissant pour ça. Je t'admirais – je t'admire – beaucoup, tu sais. J'ai l'impression que tu ne t'es jamais rendu compte de ça. De toute façon, toi qui mettais sur un piédestal tout ce que les gens normaux auraient pu considérer comme dangereux ou méprisable, tu n'aurais pas vraiment pu comprendre la raison de cette admiration. Mais voilà. Mes yeux brillants à ta vision se sont ternis depuis ce soir-là, et j'ai l'impression que mes repères se sont écroulés.

Quand tu es mort, j'ai eu mal comme si tu avais été un membre de ma propre famille. C'était sans doute le cas. C'est sans doute le cas. Tu as été le seul qui ait réussi à ne pas me faire m'écrouler après le déménagement de Will et Elfe. Ton amour pour D&D et ta grande gueule ont été pour moi une lumière. Tu avais tellement l'habitude d'être laissé à part que tu ne t'es jamais vraiment rendu compte d'à quel point tu brillais.

Et je refuse de croire qu'aujourd'hui tu ne brilles plus et ne brilleras plus jamais. Je n'arrive pas à m'y faire, Eddie. Je ne peux pas y croire. Je t'attends, je t'attends toujours. Steve me répète que le déni est la première étape du deuil, je ne crois pas que ce ne soit que ça. J'ai tant d'espoir que tu reparaisses un jour. Et pourtant, au fond, je le sais. Quelque chose au fond de moi a la certitude que ça n'arrivera pas.

Alors je ne peux que te répéter à quel point tu étais quelqu'un de merveilleux, Eddie. À quel point tu rendais les gens heureux, le monde un peu moins terrible. Merci. Merci d'avoir été là. Je ne peux qu'espérer que tu es heureux, là où tu es, peu importe où c'est.

À la prochaine,


Ta petite crevette, Dustin.


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