→ 𝐒𝐜𝐨𝐫𝐛𝐮𝐬 𝟓 - Pɪɴᴋ Bʟᴏᴄ ᴇᴛ ᴄʜᴇᴠᴇᴜx ʙʟᴇᴜs
Un petit one-shot où j'ai tenté de m'atteler à un style un peu plus humoristique que d'habitude. J'essaie tout de même de laisser un peu de place à la politique, que ce soit dans le monde moldu ou dans le monde sorcier. Je ne prétends pas que ce soit particulièrement qualitatif, ce texte est vraiment à lire sans prise de tête. Parce que ça fait du bien, parfois, de faire des choses sans prise de tête !
Bonne lecture :)
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— La grève pour la victoire ! La grève pour nos vies !
Un grondement assourdissant s'élevait des rues de Londres. Après deux ans d'une pandémie qui avait touché les moldus, leur système économique était mis à mal et les gens avaient de plus en plus de mal à vivre. Les manifestations et les grèves avaient donc déferlé sur la Grande-Bretagne comme une vague inarrêtable. Le Ministère de la Magie, après quelques hésitations, avait décidé de ne pas se mêler de cette affaire. Des contestations ? Le gouvernement moldu ne nécessitait pas d'aide dans l'immédiat. Après tout, les manifestations étaient la spécialité des Français plus que des anglo-saxons ; ça finirait inévitablement par s'essouffler. Pas vrai ?
— Si les salaires n'augmentent pas, nous le ferons !
La grande majorité des sorciers avait pris la décision de se détourner de cette affaire, encore une décision dont elle n'avait pas conscience qu'elle creusait encore un peu plus le fossé entre les moldus et elle. Tant pis. Cela n'empêchait pas certains sorciers de prendre part à la contestation contre le gouvernement moldu. Beaucoup étaient jeunes, parfois même très jeunes. Grands adolescents, jeunes adultes, adultes nostalgiques de leur phase révolutionnaire d'adolescence, quand ils n'avaient même pas conscience de sortir peu à peu de l'enfance pour se prendre de plein fouet un quotidien auquel ils n'étaient pas préparés.
Dans les rues de Londres, ce jour-là, plusieurs milliers de contestataires de l'ordre établi s'étaient donné rendez-vous, pancartes en main. Les slogans se répétaient quelque peu – oui, définitivement, ce n'était pas au niveau des manifestations françaises –, mais cela n'avait pas empêché Scorpius Malefoy, Albus Potter, Rose Granger-Weasley, Lily Potter II et Roxanne Weasley d'y avoir pris part à son commencement et de chanter à tue-tête en yaourt les chansons moldues qu'ils ne connaissaient pas et qui faisaient pulser les basses des organisateurs depuis plusieurs minutes maintenant.
— Nanaaaaa ! Haaaahéééé ! C'mon, guyyys!
Scorpius Malefoy, d'ordinaire si soigné et peu enclin à désobéir et remettre en cause les plus hautes autorités, était celui, dans ce groupe d'adolescents, qui se métamorphosait le plus. Entraîné par les slogans scandés par la foule, il se déhanchait sur les guitares électriques des chansons de rock qui passaient, un bras autour des épaules de son chéri, Albus Potter, qui était quelque peu dépassé par tant d'énergie.
— Scorpius, je sais que tu n'écoutes absolument pas les paroles quand bien même elles soient dans ta langue maternelle et que tu te contrefiches de chanter plus qu'approximativement, mais respecte Anarchy in the UK et les Sex Pistols, et essaie au moins de chanter sans avoir trois secondes de retard sur la mélodie, s'il te plaît.
Pour toute réponse et pour bien marquer son mépris face à cette remarque moqueuse, le jeune Malefoy se mit à sauter énergiquement en l'air, hurlant le plus fort possible. Son dynamisme inspira les manifestants alentours, qui agitèrent plus vigoureusement les drapeaux qu'ils tenaient dans les mains et crièrent à leur tour. C'était libérateur. En un instant, le Pink Bloc de la manifestation fut le cortège le plus enjoué, vociférant des slogans bien spécifiques pour les droits et la place des personnes queer de Grande-Bretagne dans ces manifestations.
Le brouhaha s'élevait, toujours plus intense. Aux bords des rues, plusieurs magasiniers et restaurateurs regardaient passer la foule tout en continuant de travailler, brandissant les poings en guise de soutien.
— J'oublierai jamais ce jour ! Ma première manif ! hurla Scorpius au-dessus du vacarme.
— Ta première, seulement ? se scandalisa Roxanne. Tu veux dire que tu n'es jamais allé manifester avant ?
Scorpius haussa les épaules sous les « fais gaffe, t'as déstabilisé ma cousine, là » d'Albus, qui s'esclaffait face au faciès indigné de l'activiste en chef de la grande famille Weasley. Flottant dans son jean baggy troué de part en part, la fille de George et Angelina posa ses deux mains sur sa tête dans un élan mélodramatique.
— Mais quelle hérésie ! Je n'arrive pas à concevoir un sacrilège pareil ! Pourquoi, Scorpius ? Pourquoi ?
Gêné par la démonstration excessive de son amie, Scorpius se tortilla.
— 'pas été élevé par une famille très engagée.
Roxanne secoua la tête, désabusée.
— Tu te rends compte de ce que t'as loupé jusqu'ici, maintenant ? Les manifestations, c'est géniaaaaal ! Ouuuuh ! Ouaiiiis !
S'éloignant de quelques pas, la jeune femme leva les deux bras en l'air, braillant à plein poumons.
— Sérieusement ? T'es jamais allé en manif ? questionna, intrigué, le jeune Potter.
Scorpius fit une grimace, ne sachant pas vraiment quoi répondre. Il jeta un coup d'œil en biais à la cousine de son copain, puis reporta son regard vers lui, resserrant sa prise sur ses épaules. Puis il s'esclaffa.
— Bien sûr que si, mais c'était juste extraordinaire de voir la tête de Roxanne quand j'ai dit ça !
Un rire s'échappa des lèvres d'Albus.
— Putain, c'que t'es con, Scorp'.
Le prenant par surprise, il déposa un baiser sur la joue du jeune Malefoy. Qui déposa un baiser sur ses lèvres en retour. Non mais oh. Quand même. Albus ne pensait tout de même pas qu'il aurait le monopole des signes d'affection ?
— C'est quand, que t'es allé en manif, alors ?
— Une fois il y a trois ans, quand les moldus se sont réveillés de leur état de déni confortable concernant le réchauffement climatique. Bon, tu me diras, ils y sont retournés bien vite. Mais oui, ça, c'était ma première fois.
Le Serpentard marqua une pause, réfléchissant, se replongeant dans ses souvenirs. Intéressé, Albus n'osa pas l'interrompre.
— Puis une deuxième fois... bon, ce n'était pas vraiment une manifestation, mais un rassemblement de militants sorciers concernant le statut de sang et la manière d'éradiquer les discriminations par rapport à celui-ci. Ce n'est pas parce que la guerre a eu lieu – et crois-moi, j'ai grandi avec les récits de mon père, je sais de quoi je parle – que les gens ont évolué. À la sortie d'une guerre, il y a toujours un moment, quelques années, tout au plus, assez étrange, où tout le monde s'accorde pour se dire que ce qui s'est passé est une abomination et qu'il faut absolument s'entraider pour qu'une telle horreur n'arrive plus jamais. Mais, moldus comme sorciers, l'espèce humaine est profondément stupide et répète toujours ses erreurs, même en étant pleinement consciente des conséquences. Nous faisons partie d'une race extrêmement bête, que veux-tu !
Scorpius haussa les épaules. Certes, le genre humain avait beau être stupide, il avait inventé les colorations capillaires, et le beau Malefoy lui en était infiniment reconnaissant. Son père, sans doute moins. Quand, l'année passée, il avait vu son enfant, alors âgé d'à peine quatorze ans, revenir d'une fête de l'association féministe queer du quartier moldu dans lequel Victoire Weasley habitait, les cheveux vert fluo, il avait, selon son fils, « tiré une tête de six pieds de long » pendant des jours entiers. Il avait néanmoins préféré que ce fût vert plutôt que rouge, couleur des Gryffondors.
Bien évidemment, sous l'impulsion de son copain, il s'était empressé de se colorer les cheveux du rouge le plus lumineux qu'il avait pu trouver. Début d'une période de rébellion un peu explosive. Aujourd'hui, cela tendait à se calmer. Comme la manifestation. Après plusieurs heures de marches et de vociférations libératrices de slogans et de musiques variant entre punk, rock et remix pleins de caisses à rythme, l'énergie était retombée. Les gens s'éparpillaient.
— Eh, les mecs !
Roxanne, accompagnée de Lily et Rose, venait de tirer les deux amoureux vers le parc le plus proche. Plusieurs participants au Pink Bloc, pour la plupart membres d'associations moldues, s'étaient réunis, organisant au pied levé un atelier de customisation d'habits et de colorations capillaires.
Et c'est ainsi que plusieurs heures plus tard, Albus et Scorpius rentrèrent chez eux, se tenant la main sous le coucher de soleil, des souvenirs du Pink Bloc plein la tête, et les cheveux entièrement teints de bleu. Pour le plus grand malheur de Drago Malefoy.
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