Demande de Pandora_Lovegood23.

⚠️ Ce one-shot est un UA : il contient sûrement des changements d'âge et de date de naissance pour quelques personnages.

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« Ma chère Luna,

J'espère que tu vas bien. »

Tels étaient les premiers mots de la lettre qui avait changé ma vie. Je l'avais reçu un matin de début novembre. Il faisait gris et les nuages planaient, menaçants, bas dans le ciel grondant. Il était encore tôt, et je m'étais réveillée au petit matin, sentant la fraîcheur automnale créer de la chair de poule sur ma peau. J'étais sortie du lit, Rolph avait poussé un grognement dans son sommeil avant de se retourner. Je m'étais attelée au nettoyage de la demiguise, encore endormie profondément. Je n'avais d'abord pas entendu le tapotement régulier effectué sur la vitre du salon, mais, lorsque ma tâche fut finie, je l'avais enfin remarquée. J'avais ouvert les rideaux, et quelle n'avait pas été ma surprise lorsqu'une chouette s'était engouffrée dans la pièce sans se préoccuper des plantations de branchiflore dont mon mari et moi nous occupions ! Mais j'avais fini par prendre la lettre, et l'avais décachetée.

Quelques minutes après, Rolph apparaissait dans l'embrasure de la porte.

⸺ Luna, ma chérie, que lis-tu ? m'avait-il demandé de sa voix chaleureuse.

J'avais caché le parchemin derrière mon dos en faisant mine d'être d'humeur taquine.

⸺ Secret formel ! avais-je déclaré en riant.

⸺ Qu'est-ce ? avait-il insisté avec un sourire, faisant mine de vouloir me piquer la lettre.

⸺ Un truc de filles, tu ne sauras pas ! J'échange par lettres avec Ginny.

Rolph m'avait lancé un sourire adorable, m'avait embrassé le front puis s'était rendu dans la cuisine pour petit-déjeuner. J'étais troublée. J'avais repris la lettre et y avais jeté un dernier coup d'œil, secoué la tête puis l'avais rangée dans mon étagère. Il était hors de question que j'y réponde. J'avais une nouvelle vie ici, j'étais heureuse, il fallait que je l'oublie. J'aimais Rolph, j'aimais mon métier, j'aimais mon quotidien, ici. J'étais heureuse. Il ne fallait pas que je chamboule tout afin de retrouver mon amour de jeunesse. C'était idiot. Le jeune Dragonneau était un garçon adorable, respectueux, drôle, parfois un peu loufoque, mais c'était ce qui faisait son charme. J'étais amoureuse de lui, point à la ligne.

J'ai donc oublié cette lettre pendant un certain temps.

Mais deux mois après, j'ai reçu une nouvelle lettre. De Ginny, cette fois-ci. Véritablement.

« 𝑆𝑎𝑙𝑢𝑡, 𝑚𝑎 𝑐𝘩𝑒̀𝑟𝑒 𝑎𝑚𝑖𝑒 ! 𝐽'𝑒𝑠𝑝𝑒̀𝑟𝑒 𝑞𝑢𝑒 𝑡𝑢 𝑣𝑎𝑠 𝑏𝑖𝑒𝑛. 𝐶̧𝑎 𝑓𝑎𝑖𝑡 𝑙𝑜𝑛𝑔𝑡𝑒𝑚𝑝𝑠, 𝑑𝑖𝑠-𝑚𝑜𝑖 ! 𝐷𝑜𝑛𝑛𝑒-𝑚𝑜𝑖 𝑢𝑛 𝑝𝑒𝑢 𝑑𝑒 𝑡𝑒𝑠 𝑛𝑜𝑢𝑣𝑒𝑙𝑙𝑒𝑠. 𝐸𝑛𝑓𝑖𝑛, 𝑛𝑜𝑛 ! 𝑃𝑜𝑢𝑟𝑞𝑢𝑜𝑖 𝑚𝑒 𝑑𝑜𝑛𝑛𝑒𝑟 𝑑𝑒 𝑡𝑒𝑠 𝑛𝑜𝑢𝑣𝑒𝑙𝑙𝑒𝑠 𝑝𝑎𝑟 𝑒́𝑐𝑟𝑖𝑡 𝑎𝑙𝑜𝑟𝑠 𝑞𝑢𝑒 𝑡𝑢 𝑎𝑠 𝑙'𝑜𝑐𝑐𝑎𝑠𝑖𝑜𝑛 𝑑𝑒 𝑙𝑒 𝑓𝑎𝑖𝑟𝑒 𝑒𝑛 𝑓𝑎𝑐𝑒-𝑎̀-𝑓𝑎𝑐𝑒 ? 𝐸𝘩 𝑜𝑢𝑖, 𝐿𝑢𝑛𝑎, 𝑗𝑒 𝑡'𝑎𝑛𝑛𝑜𝑛𝑐𝑒 𝑞𝑢𝑒 𝑗𝑒 𝑠𝑢𝑖𝑠 𝑒𝑛 𝑐𝑒 𝑞𝑢'𝑜𝑛 𝑝𝑜𝑢𝑟𝑟𝑎𝑖𝑡 𝑞𝑢𝑎𝑙𝑖𝑓𝑖𝑒𝑟 𝑑𝑒 « 𝑣𝑎𝑐𝑎𝑛𝑐𝑒𝑠 » (𝑗'𝑖𝑛𝑠𝑖𝑠𝑡𝑒 𝑠𝑢𝑟 𝑙𝑒𝑠 𝑔𝑢𝑖𝑙𝑙𝑒𝑚𝑒𝑛𝑡𝑠) : 𝑗'𝑎𝑖 𝑢𝑛 𝑐𝑜𝑛𝑔𝑒́ 𝑑𝑒 𝑝𝑙𝑢𝑠𝑖𝑒𝑢𝑟𝑠 𝑚𝑜𝑖𝑠. 𝑃𝑜𝑢𝑟𝑞𝑢𝑜𝑖 ? 𝐽𝑒 𝑡𝑒 𝑙𝑒 𝑑𝑖𝑟𝑎𝑖 𝑙𝑜𝑟𝑠𝑞𝑢𝑒 𝑞𝑢𝑒 𝑡𝑢 𝑣𝑖𝑒𝑛𝑑𝑟𝑎𝑠 ;)

𝑄𝑢𝑎𝑛𝑑 ? 𝐽'𝑎𝑖 𝑜𝑟𝑔𝑎𝑛𝑖𝑠𝑒́ 𝑢𝑛𝑒 𝑓𝑒̂𝑡𝑒 𝑐𝘩𝑒𝑧 𝐻𝑎𝑟𝑟𝑦 𝑒𝑡 𝑚𝑜𝑖 𝑙𝑒 𝑤𝑒𝑒𝑘-𝑒𝑛𝑑 𝑝𝑟𝑜𝑐𝘩𝑎𝑖𝑛. 𝐼𝑙 𝑦 𝑎𝑢𝑟𝑎 𝑡𝑜𝑢𝑡 𝑙𝑒 𝑚𝑜𝑛𝑑𝑒 : 𝑎𝑚𝑖𝑠, 𝑎𝑛𝑐𝑖𝑒𝑛𝑠 𝑒𝑛𝑛𝑒𝑚𝑖𝑠, 𝑝𝑎𝑟𝑒𝑛𝑡𝑠, 𝑐𝑜𝑢𝑠𝑖𝑛𝑠, 𝑓𝑟𝑒̀𝑟𝑒𝑠, 𝑠œ𝑢𝑟𝑠... 𝐽'𝑒𝑠𝑝𝑒́𝑟𝑎𝑖𝑠 𝑡'𝑦 𝑣𝑜𝑖𝑟 𝑎𝑢𝑠𝑠𝑖, 𝑞𝑢'𝑜𝑛 𝑝𝑢𝑖𝑠𝑠𝑒 𝑠𝑒 𝑟𝑒𝑡𝑟𝑜𝑢𝑣𝑒𝑟 𝑒𝑛𝑡𝑟𝑒 𝑉𝑒́𝑡𝑒́𝑟𝑎𝑛𝑠 𝑆𝑢𝑟𝑣𝑖𝑣𝑎𝑛𝑡𝑠 𝑑𝑒 𝑙𝑎 𝑆𝑒𝑐𝑜𝑛𝑑𝑒 𝐺𝑢𝑒𝑟𝑟𝑒 𝑑𝑒𝑠 𝑆𝑜𝑟𝑐𝑖𝑒𝑟𝑠 ;).

𝐸𝑠𝑡 𝑐𝑒 𝑞𝑢𝑒 𝑡𝑢 𝑝𝑜𝑢𝑟𝑟𝑎𝑠 𝑣𝑒𝑛𝑖𝑟 ? 𝐽𝑒 𝑠𝑎𝑖𝑠 𝑞𝑢𝑒 𝑅𝑜𝑙𝑝𝘩 𝑒𝑡 𝑡𝑜𝑖 𝑒̂𝑡𝑒𝑠 𝑜𝑐𝑐𝑢𝑝𝑒́𝑠 𝑎𝑣𝑒𝑐 𝑣𝑜𝑡𝑟𝑒 𝑡𝑟𝑎𝑣𝑎𝑖𝑙 𝑚𝑎𝑖𝑠 𝑐̧'𝑎𝑢𝑟𝑎𝑖𝑡 𝑒́𝑡𝑒́ 𝑠𝑦𝑚𝑝𝑎 𝑑𝑒 𝑡𝑒 𝑣𝑜𝑖𝑟 ! 𝐸𝑡 𝑡𝑜𝑛 𝘩𝑜𝑚𝑚𝑒 ? 𝐼𝑙 𝑝𝑒𝑢𝑡 𝑣𝑒𝑛𝑖𝑟 𝑎𝑢𝑠𝑠𝑖, 𝑐𝑒 𝑠𝑒𝑟𝑎𝑖𝑡 𝑠𝑦𝑚𝑝𝑎 𝑑𝑒 𝑡𝑜𝑢𝑠 𝑠𝑒 𝑟𝑒𝑡𝑟𝑜𝑢𝑣𝑒𝑟 !

𝑅𝑒́𝑝𝑜𝑛𝑑𝑠-𝑚𝑜𝑖 𝑣𝑖𝑡𝑒,

𝐽𝑒 𝑡'𝑒𝑚𝑏𝑟𝑎𝑠𝑠𝑒,

𝐺𝑖𝑛𝑛𝑦 𝑃𝑜𝑡𝑡𝑒𝑟. »

Je repliai la lettre et courut vers la cuisine sans réfléchir.

⸺ Rolph ! Rolph !

⸺ Oui, Luna, ma belle ?

Un sourire gêné étira mes lèvres, puis je lui fourrai la lettre sous les yeux.

⸺ Oh, Ginny t'invite à une fête ?

⸺ À vrai dire, elle nous invite tous les deux. Voudrais-tu venir ?

Mes yeux pétillaient, j'étais si heureuse d'enfin voir Ginny et les autres après ces nombreux mois !

⸺ Evidemment, chérie, répondit le jeune Naturaliste avec un grand sourire.

Ce n'est qu'après peu d'hésitations que je répondis à Ginerva dans une bref missive lui confirmant ma venue et celle de Rolph à sa fête. Nous trouverions bien quelqu'un – ou quelqu'une – pour s'occuper de nos quelques créatures et plantations.

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Je fus accueillie par un cri enjoué dès que mon homme et moi passâmes le portail de la maison des Potter.

⸺ Harry ! Ils sont arrivés !

Une tornade rousse me fonça dessus pour m'étreindre. La jeune Potter semblait heureuse de me voir. Lui avais-je tant manqué ? Je souris largement.

⸺ Bonjour, monsieur Dragonneau, rit mon amie en lui serrant la main.

⸺ Appelez-moi Rolph, je vous en prie.

⸺ Tutoyez-moi, dans ce cas, Rolph ! Je n'aime pas être vouvoyée ni être appelée « madame » ; j'ai l'impression d'être vieille.

⸺ Tu as vingt-six ans, Gin'. Tu es loin d'être vieille ! ris-je devant cette confession.

⸺ J'ai déjà deux fils, et certains parents m'appellent « madame » lorsque je les emmène au parc moldu du village voisin. J'ai l'impression d'avoir vingt ans de plus que ce que j'ai.

Harry sortit de la maison, les cheveux en bataille.

⸺ Bonjour à vous deux ! Harry Potter, se présenta-t-il, bien qu'inutilement, au jeune Dragonneau.

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Plus tard, dans la soirée, la fête battait son plein. Ginny n'avait pas exagéré en parlant d'un « grand nombre d'invités » : parmi eux se trouvaient Ron et Hermione ; Neville, Hannah, Justin ; Katie, Alicia ; George, Angelina, Fred II et Roxanne ; Bill, Fleur, Victoire, Dominique et Louis ; Percy, Audrey, Molly II et Lucy ; Molly et Arthur ; Theodore, Drago, Blaise et Pansy. Et j'en oublie.

Rolph sympathisait avec Katie et Alicia tandis que je discutais avec Ginny et Hermione. La belle Granger-Weasley semblait quelque peu fatiguée, sûrement à cause de son travail. Ginerva était très heureuse, il faut dire que je ne l'avais vu qu'une vingtaine de fois depuis notre dernière année à Poudlard. Cela me faisait du bien de retrouver tous mes amis ; et je songeais pendant un instant à déménager afin de me rapprocher d'eux. Il faudrait que j'en touche quelques mots à Rolph.

J'entendis un craquement derrière moi. Ginny fit un geste de la main.

⸺ Hey, salut, Neville ! Comment vas-tu ?

Je sentis instantanément mon cœur s'arrêter de battre. Faites que je devienne invisible, faites que je devienne invisible, dis-je intérieurement, sans trop savoir à qui je m'adressais.

Mais la magie a des limites. Je restais bien matérielle, tournant le dos au nouvel arrivant.

Quand la musique s'arrêta. Seuls les quelques rires des enfants rompaient le silence nouveau de cette soirée. Harry monta sur la table, semblant un peu ivre.

⸺ J'espère que vous passez une bonne soirée, lança-t-il à la volée, prenant un peu d'assurance.

Je m'étais retournée et m'efforçais de ne regarder qu'Harry. Uniquement Harry. Pas Neville.

Drago se sentit obligé de faire du sarcasme et de se moquer de l'Élu, mais on sentait bien que ses piques n'avaient plus le fond blessant et cruel qu'elles avaient pu avoir lors de notre scolarité. La Guerre avait changé les gens. D'ailleurs, Harry répondait en riant. Ce manège dura plusieurs minutes durant lesquelles le jeune Potter fit un bref discours de remerciements, quand une phrase me sortit de ma réflexion.

⸺ Ginny a aussi quelques mots à vous dire. Viens là, Gin'.

Avec un sourire, je poussai ma meilleure amie presque survoltée devant un Survivant hilare. Elle offrit un regard pétillant à l'assemblée et prit la main de Harry. Et je compris avant même qu'elle n'ait eu besoin de parler.

⸺ J'ai en effet quelque chose à dire, commença-t-elle d'une voix hésitante. Dans quelques mois, un nouvel enfant Potter va naître. Eh oui, je suis de nouveau enceinte. D'une fille. James et Albus vont avoir une petite sœur.

De nombreux applaudissements retentirent, et, même si je trouvais l'idée de coller un genre – qui était une donnée culturelle et sociale – à un être humain qui n'était pas encore né, je fus parmi les premières à me lancer dans les félicitations et embrassades. J'étais si heureuse ! J'étais fière de ma meilleure amie, ma meilleure amie qui avait l'air si heureuse. Je ressentais une euphorie palpable, c'était merveilleux !

Après de nombreuses minutes, les gens retournèrent à leurs conversations. Je choisis de rester avec Ginny pour lui exprimer mon contentement. Tout allait pour le mieux.

Et pourtant, mon monde s'effondra lorsque je tournai la tête.

Katie était appuyée sur une table, dans la pénombre, un verre de Whisky Pur-Feu à la main. Rolph était à côté d'elle. Il avait une main autour des épaules de l'ancienne joueuse de Quidditch. Ils riaient, tous les deux.

Quand je rouvris les yeux, j'étais allongée dans un lit.

Où étais-je ?

Ginny était assise près de moi. Elle me serra immédiatement dans ses bras.

⸺ Oh, Luna, ne me refais plus jamais ça ! J'ai eu tellement peur.

⸺ Que s'est-il passé, exactement ? Où suis-je ?

⸺ Dans la chambre d'amis de la maison. Je ne sais pas ce qu'il s'est passé ; tu riais avec moi, et, tout d'un coup, tu m'as parue comme... absente. Tu as lâché ton verre sur le sol et tu es tombée à genoux. Tu n'es restée dans cet état que quelques minutes, la fête n'est pas encore finie. Tu entends la musique ? Bien. Que s'est-il passé ? Tu peux te remettre debout ?

J'hochai la tête en signe d'assentiment, et me relevai brusquement.

⸺ Ginny...

⸺ Tu sais ce qu'il s'est passé ?

⸺ Oui...

⸺ Alors ?

⸺ J'ai vu Rolph. Il tenait Katie Bell contre lui, un bras autour de ses épaules.

Une ombre vint obscurcir les prunelles de la jeune Potter.

⸺ Oh, Luna, je suis désolée.

Je la regardai avec incompréhension.

⸺ Désolée de quoi ? Tu n'as rien à voir là-dedans, ce n'est pas ta faute.

Elle me serra dans ses bras.

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Les derniers invités partaient, et je restais assise sur la balancelle, à observer les étoiles et le ciel clair. Ginny était partie se coucher, et Harry m'avait proposé de dormir ici. J'avais rétorqué vouloir dormir à la belle étoile. Mais je savais que je ne pourrais plus retrouver le sommeil. Je m'étais expliquée avec Rolph.

⸺ Je suis tellement désolé, Luna, mais... j'ai eu comme un coup de foudre pour elle. Pour Katie.

Il m'avait tout expliqué, je ne lui avais pas fait de scène. Il avait été adorable. Je ne lui en voulais aucunement. C'étaient ses sentiments, après tout. Il ne l'avait pas choisi. Que pouvais-je y faire ?

En attendant, je resterai chez Ginny.

Tout était silencieux. Nous devions être aux alentours de trois heures du matin. Cela faisait quelques temps que j'étais sur la balancelle, le regard perdu dans le vide. Ginny, Harry et un autre invité – je n'avais pas cherché à savoir qui– étaient rentrés dans la maison pour finir la soirée au calme, tandis que James et Albus dormaient profondément.

Une jolie musique triste tournait dans ma tête. Une mélodie au son cristallin.

⸺ Salut, Luna.

Je sursautai vivement en entendant une voix douce près de moi ; je n'avais entendu personne arrivée, trop obnubilée par mes pensées. Puis quelque chose en moi changea. J'avais reconnu cette voix. La voix de l'invité qui était resté après la fête. Cette voix inoubliable.

La voix de Neville.

⸺ Salut, répondis-je en murmurant, accrochant mon regard au sien, brillant de mille feux, dans la pénombre.

⸺ Puis-je m'asseoir ?

⸺ Oui, viens, souris-je en me décalant, lui faisant signe de s'installer à côté de moi.

Il s'assit. Je sentais sa respiration chaude sur la peau de mon cou : il avait posé sa tête contre mon épaule.

⸺ Je suis désolé, souffla-t-il finalement.

⸺ De quoi ?

⸺ Pour Rolph.

⸺ Je... ce n'est pas grave.

Pourquoi tout le monde s'escrimait-il à se montrer « désolé » ? En quoi cela les concernait-il ? Je ne comprenais pas vraiment pourquoi mes amis étaient désolés. Mais enfin, bon.

⸺ Tu l'aimais ? Tu l'aimes ? me demanda-t-il sans bouger.

⸺ Je l'ai aimé, répondis-je avec une douceur presque naïve. Rolph est vraiment un homme adorable. Oui, je l'ai follement aimé. Et je l'aime toujours, mais... je pense que je ne l'ai jamais aimé que comme un ami, tu sais.

Je sentis alors quelque chose changer en moi. Je me sentais plus légère. Comme si on m'avait ôté un poids de la poitrine. Comme si j'étais... libre ? J'avais enfin dit la vérité, cette vérité qui me suivait comme mon ombre depuis le début. Libre d'enfin assumer mon amour pour quelqu'un d'autre ? Quelqu'un d'autre...

⸺ Je voudrais te demander pardon pour la lettre que je t'ai envoyé il y a deux mois. Je n'aurais jamais dû te la faire parvenir, ni même l'écrire, murmura-t-il tout bas. Je sais que j'ai été stupide ; j'ai sûrement dû te déranger pour rien. Je sais que nous deux, c'est fini. Et pourtant, je t'aime comme au premier jour. Et même davantage. Je te demande pardon.

Un long silence s'installa. Je lui répondis avec un sourire :

⸺ Les sentiments ne sont jamais aussi forts que lorsqu'ils sont réels. On ne peut rien faire contre. Rien. Je suppose que j'ai commis une erreur en mettant fin à notre couple pour partir vivre avec Rolph. Je l'ai toujours aimé comme un meilleur ami. Je l'aime toujours comme un meilleur ami.

⸺ Je ne suis plus ton meilleur ami... souffla-t-il.

Il se redressa et planta son regard dans le mien. Je posai mes mains sur ses joues et je le sentis tressaillir à ce contact.

⸺ Non. Parce que c'est de toi dont je suis amoureuse. Je l'ai toujours été.

Seul le silence me tint lieu de réponse. Neville me fixait, imperturbable. Je sentais mes paumes devenir moites, et encore plus lorsqu'il posa le bout de ses doigts froids sur les miens.

Ce fut ce soir-là que je compris enfin ce que signifiait être amoureuse.