→ 𝐇𝐚𝐫𝐫𝐨𝐧 - Lᴇ Mɪʀᴏɪʀ ᴇᴛ ʟᴀ Fᴇɴᴇ̂ᴛʀᴇ - 𝓤𝓐

Tap. 

Tap. 

Tap. 

Harry marchait lentement dans le couloir vide à cette heure, essayant tant bien que mal de retenir les larmes qu'il avait trop longtemps retenu.

Tap. 

Tap. 

Tap. 

Il se sentait mal, si mal. Son cœur accélérait au même rythme que sa respiration affolée, c'est-à-dire bien trop rapidement. Ses mains commencèrent à trembler sans qu'il puisse y faire quoi que ce soit. 

Tap. 

Tap. 

Tap. 

Il ralentit légèrement le pas sans s'arrêter tout à fait, hésitant une dernière fois sur ce qu'il s'apprêtait à faire. Son esprit s'embrumait petit à petit lorsqu'il pensait à ces derniers mois.

Tap. 

Tap.  

Tap... 

Son pas s'arrêta petit à petit, jusqu'à ce qu'Harry se tienne totalement immobile en plein milieu de ce couloir lugubre. Il laissa ses larmes brûlantes dévaler sur ses joues creusées par la peine, les bruits légers de ses sanglots semblant s'étouffer dans le silence oppressant du décor. Tourant la tête, il aperçut un miroir et s'y dirigea.

Tap. 

Tap. 

Tap. 

Il releva courageusement la tête pour se regarder. Durant une dizaine de secondes, il n'aperçut que son propre reflet : Harry était amaigri, blessé psychologiquement par sa profonde dépression qui le rongeait de l'intérieur, telle un étau se resserrant funestement autour de dernières onces de joie en lui jusqu'à les étouffer complètement. Ses joues creuses démontraient le fait qu'il avait arrêté de manger tant son problème le troublait ; et ses cernes trop foncées le fait qu'il n'en dormait plus tant il était hanté par la tristesse.

Mais alors, son reflet disparut peu à peu, avant de former autre chose. Dès que l'image se fit plus nette, Harry sursauta et se détourna, la respiration sifflante, des larmes venant faire briller ses yeux si ternes.

Alors il comprit. C'était le Miroir de Riséd. Il avait été déplacé autre part dans le château depuis l'affaire qui s'était passée lors de sa première année, dans le couloir le plus haut du château. Un couloir vide, désaffecté et oublié dans lequel personne ne se rendait. Il s'autorisa à le regarder une dernière fois avant de mettre son plan à exécution.

Il plongea dans l'image, ses yeux en pleine admiration devant l'image semblant si réelle de son souhait le plus profond... qui avait tant changé depuis la première année, où il était si innocent et ignorant !

Il se trouvait allongé sur son lit, dans son dortoir. Deux bras refermés autour de son torse, l'enlaçant tendrement. Il riait. Souriait. Avait un visage brillant et plein d'énergie.

Il était heureux.

Ce qui n'était plus le cas depuis qu'il avait enfin compris quel était son souhait le plus cher, duquel il ne pouvait plus décoller le regard.

Harry tendit la main et effleura la tête de celui qui le tenait dans ses bras, à travers le Miroir du Riséd.

Un visage rayonnant de bonheur. De tendresse. Une position protectrice et pleine d'amour. Un sourire sincère. Des lèvres douces qu'Harry désirait tant goûter. Des cheveux roux.

Les lèvres d'Harry tremblèrent lorsqu'il vit le jeune Weasley se pencher pour plonger son regard dans le sien d'un air amoureux.

L'image resta quelques secondes en suspens avant que Ronald ne se penche un peu plus pour poser ses lèvres contre celles d'Harry. Les deux garçons s'embrassèrent tandis que Harry posait ses mains sur celles de Ron, posées sur son torse.

L'image sembla se troubler jusqu'à ce qu'Harry se rende compte que c'étaient ses larmes qui brouillaient sa vue. Il n'y prêta pas attention et posa délicatement le bout de ses doigts glacés sur ses lèvres sèches, comme pour y trouver une trace du baiser du jeune roux. Rien. Rien d'autre qu'une larme humidifiant le coin de sa bouche.

Harry ferma les yeux et se détourna. Il reposa son regard sur le fond du couloir, puis reprit sa marche. Il savait son désir impossible à satisfaire, et l'avoir vu une dernière fois, si réelle mais si inaccessible, lui avait confirmé que sa décision était le bon choix.

Tap. 

Tap. 

Tap. 

Il arriva jusqu'à la fenêtre ouverte, laissant une fraîche brise lui caresser le visage. Les rayons de la pleine lune l'attirèrent, et ses souvenirs dérivèrent immanquablement vers son professeur lycanthrope. Remus Lupin. Il pensa en dérivation à Sirius, et à son père. À sa mère.

Il reposa sa main sur son épaule, où il avait vu sa mère le toucher quand il les avait vus lors de sa première année à Poudlard.

Jamais il n'avait ressenti ce désir aussi irrépressible de les rejoindre, et il s'assit sur le bord de la fenêtre. Il fit passer une jambe par-dessus le bord. Puis l'autre. Il resta assis là, sans pleurer, sans rien dire, laissant toute sa masse de souvenirs qu'il avait tenté d'étouffer le submerger à une vitesse folle. Il s'avança de quelques millimètres et laissa son regard plonger vers le sol. Le dernier souvenir acheva son hésitation : Ron, embrassant fougueusement une Hermione follement amoureuse dans la salle commune. Cette scène venait de se dérouler sous ses yeux, et l'avaient ainsi décidé à la décision qui l'attirait déjà depuis une quantité de mois déjà...


✦✦✦✦✦✦✦✦✦✦✦✦✦✦✦


⸺ Arrête, s'il te plaît... murmura Ron tout bas, repoussant doucement Hermione en arrière. Je... je ne peux pas. Ce n'est pas...

Il resta là quelques secondes, le regard rivé sur le sol, en pleine réflexion, devant le regard vague de son amie. Elle porta ses mains à ses lèvres, mais les rabaissa avant d'avoir pu les frôler.

⸺ Je... tu as raison... lâcha Hermione à don tour, avant de revenir à la réalité. Toi aussi tu as compris ?

⸺ Oui, répondit fermement Ron, troublé.

⸺ Ce n'est pas de l'amour, seulement une grande amitié. Nous sommes d'accord, n'est-ce pas ? Ce n'est pas la peine de faire semblant si la passion et le bonheur ne sont pas là. Tu comprends ?

⸺ Oui, répéta Ronald. Je ressens la même chose... Mais... je... je comprends aussi... eh merde !

Il posa ses mains sur sa bouche pour s'empêcher de pousser un cri de surprise.

⸺ Oh non.

Il sortit en courant de la salle commune, sous les cris d'Hermione :

⸺ Mais qu'as-tu compris ? Ron ! Eh, Ron ! Reviens !

Il ne lui prêta pas attention et continua sa course effrénée. Il ne savait pas où il allait, mais ses jambes le portèrent jusqu'à un lieu dans lequel il n'avait jamais mis les pieds : le couloir du dernier étage. Il ouvrit violemment la porte et chercha Harry du regard. Il la vit alors assis sur le bord de la fenêtre, tremblant. Il hurla à pleins poumons :

⸺ HARRY !

Il accourut le plus vite possible auprès de son ami étonné. Il l'attrapa par le poignet et cria, se retenant de pleurer :

⸺ Harry ! Qu'allais-tu faire ? Tu es fou ! Harry, je... qu'y a-t-il ? Harry ! Je savais que tu étais ici, je savais que l'après-guerre te pèse, mais...

Le jeune Potter baissa le regard en répondant :

⸺ Ginny aime Luna. Neville aime Hannah. Tu aimes Hermione. Et moi, je n'ai personne. Pas d'amour. Et un amour impossible qui ne fait que m'étouffer un peu plus chaque jour. Qui m'aime ? Je n'en peux plus, Ron. Le regard des gens, ma notoriété, les lettres de menace, d'adulation, la violence envers les Serpentard... ça fait trop. C'est trop.

⸺ Moi ! lâcha Ron, paniqué, mais surpris par sa propre audace. Je t'aime, Harry ! Je... je t'aime.

⸺ Ce n'est que de l'amitié. Tu es amoureux d'Hermione. Je... je vous ai vu vous embrasser. Je ne peux plus le supporter. Tu sais ce que je ressens pour toi. Tu ne le ressens pas. Très bien. Je ne peux rien y faire. Ce n'est ni de ta faute, ni de la mienne. Mais mon quotidien... ça me pèse trop.

⸺ Non, tu ne comprends pas... Ce n'est pas Hermione que j'aime, c'est toi ! Ce n'est pas qu'une simple amitié, Harry. Je te supplie de me croire... Harry, je t'aime ! Même si tu ne m'aimes pas en retour, sache que je tiens à toi. je ne peux pas te laisser passer à l'acte en croyant quelque chose de faux... ni te laisser passer à l'acte tout court. Harry, descends de cette fenêtre, je t'en prie. Harry !

Harry se retourna et plongea son regard dans celui embué de larmes de Ron. D'abord, il resta immobile, et Ron se mit à pleurer :

⸺ Harry... murmura-t-il.

Le silence se fit ; Harry n'arrivait pas à prendre de décision. Sauter de cette fenêtre et finir blessé à vie lui paraissait bien attrayant, mais Ron venait de lui démontrer l'inverse. Mais maintenant que son souhait se réalisait, cela lui faisait peur. Bien plus peur que ce qu'il n'aurait jamais pu penser.

Et pourtant, la peur peut faire bien des miracles lorsqu'elle est bravée à bon escient.

Parce que quand c'est l'amour qui brave la peur, c'est que l'amour est sincère.



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