→ 𝐆𝐞𝐨𝐫𝐠𝐞 𝐖𝐞𝐚𝐬𝐥𝐞𝐲 - Cᴏɴғᴇssɪᴏɴs sᴇɴᴛɪᴍᴇɴᴛᴀʟᴇs

Le FanArt en média et fin de chapitre appartient à Melody Howe, alias theimaginativeillustrator sur Instagram.

Je n'ai pas vraiment pour habitude de faire des playlists pour mes textes, mais vous pouvez écouter la chanson « Someone you loved », de Lewis Capaldi, en lisant ce texte. C'est bien l'ambiance sonore qui convient, je trouve. Je ne sais pas si ça rajoute quelque chose à l'ambiance du texte, à vous de me le dire ahah :)

Dernière chose : ce one-shot traite, tout au long, du sujet du deuil. Ne le lisez pas si vous êtes sensible à ce genre de choses, il ne faudrait pas que la lecture d'un texte vous fasse vous sentir mal. Si vous avez besoin de parler de votre ressenti sur ce sujet, n'hésitez pas à vous tourner vers des personnes spécialisées, des psys notamment.

Aux autres, je vous souhaite une bonne lecture, j'attends avec impatience vos retours sur ce texte ! :)


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⸺ Eh, George, ça va ?

Le dénommé George ne releva pas la tête de l'oreiller miteux dans lequel elle était enfouie depuis maintenant une vingtaine de longues et pesantes minutes. Il en était capable, certes, mais c'était bien mieux de rester dans cette position. C'était plus facile à supporter, et, au moins, il n'aurait pas à supporter la honte de pleurer devant son ami.

Ce n'était pas tant que son ami le voie pleurer qui lui faisait honte, d'ailleurs. Seulement George, depuis sa naissance même, avait vécu, mangé, respiré humour, et les larmes étaient quelque chose de nouveau pour lui. En plus de l'écrasante solitude qui lui comprimait durement la poitrine, il devait supporter la peur de l'inconnu, l'angoisse de l'avenir sans une partie de sa vie.

Les jours sans lui lui paraissaient manquer de saveur, de piquant, de bonne humeur. Désormais, il traversait le temps seul, et se sentait incomplet, terriblement incomplet. C'était comme une partie de lui qui s'était éteinte au même moment que ses yeux cette nuit-là, et Merlin savait à quel point la douleur d'un être humain privé d'une part de lui-même est grande, béante.

Ça faisait déjà deux mois entiers que c'était arrivé. George s'était promis de ne pas changer, de faire comme si rien ne s'était passé : le reste de sa famille était déjà suffisamment en deuil comme ça, ç'aurait été cruel de sa part d'être un boulet supplémentaire à leur pied en montrant à quel point ça l'affectait. Il avait toujours vécu en faisant des blagues, des gags, et c'était son devoir d'égayer un peu la sombre ambiance qui habitait la maison. Il l'avait toujours fait. Il n'avait pas le droit de se montrer triste devant les autres. Ça ne servait à rien de les accabler encore plus.

George se sentait coupable, terriblement coupable, coupable de pleurer, même en se cachant, coupable, coupable, coupable. Ce mot tournait en boucle dans son esprit, revenant sans cesse comme un couperet, une épée de Damoclès qui manquait de s'abattre sur lui comme un éclair.

Il aurait voulu pouvoir remplacer la bruyante présence qui était encore là à peine une soixantaine de levers de soleil avant celui-ci. Après tout, c'était son miroir, son clone qui avait une identité propre, c'était lui sans être lui. Et dorénavant, George se sentait seul. C'est une partie de lui qui était partie, le soir de la Bataille.

Des mains se posèrent sur ses épaules et il sursauta. Pouvait-il se montrer honnête avec lui ? Ça lui semblait mal, si mal, mais après tout, il était sur le point de craquer, de tout détruire, et ç'aurait probablement des conséquences bien plus terribles que s'il s'exprimait. Peut-être. Comment savoir à quel point les mots peuvent être dévastateurs ?

⸺ Non, Lee, murmura-t-il d'une voix cassée, hésitante. Non, je vais pas bien.

Il se releva difficilement alors que le Gryffondor s'asseyait à ses côtés sur son lit au matelas cabossé. Il réussit, au prix de nombreux efforts, à se mettre en tailleur, et posa sa tête sur ses deux mains tremblantes. Lee gardait les siennes posées sur l'épaule droite de son ami, mais hésitait. Était-il à propos de l'étreindre pour lui manifester son soutien ? Peut-être n'en avait-il pas envie, ni même besoin. Quel était le juste équilibre à trouver entre marques d'affection physiques spontanées et questions pour s'assurer que ce n'était pas mal venu, au risque de le voir se braquer ? Finalement, la question ne se posa pas, car George se rallongea sur son lit, en diagonale, recroquevillé sur lui-même.

⸺ Est-ce que tu veux m'en parler ?

Essuyant maladroitement ses larmes avec le bout de ses doigts, George fit signe à Lee de s'installer à côté de lui, avant de l'entourer de ses bras, à la recherche de réconfort. Le rouquin avait beau être un jeune homme, son visage était profondément marqué par le deuil et les épreuves qu'il avait traversées, et lui faisait paraître cent ans de plus. Il inspira profondément.

⸺ Je ne sais pas vraiment par où commencer, avoua-t-il à mi-voix.

⸺ Eh bien, dis-moi comment tu te sens, en ce moment. Ne mentionne pas les causes, mets juste des mots sur tes émotions. Tu t'en sens capable ?

George fut tenté, durant une infime fraction de seconde, de secouer la tête. Cela faisait trop de temps qu'il vivait cette tempête en silence, pouvait-il verbaliser ses pensées ? L'obligation de se taire qu'il s'était infligée lui collait à la peau, comme une sensation vampirisante dont le jeune Weasley ne parvenait pas à se défaire.

⸺ J'ai l'impression d'un poids sur ma poitrine, tout le temps. J'ai mal à la gorge, à force de me retenir de pleurer devant mes parents et mes adelphes. Et puis j'ai l'impression qu'il manque quelque chose dans ma vie, comme si on m'avait arraché un bras. Ça fait comme un trou béant, une absence.

Lee posa son regard sur un point entre les deux yeux de son ami, observa ses pupilles, la couleur terne de ses iris qui brillait, et arrêta délicatement la course d'une larme sur sa joue avec le bout de son index.

⸺ Cette absence, tu vas devoir apprendre à vivre avec, récita, sage, le Gryffondor. Ça ne veut pas dire pour autant que tu dois t'y habituer tout de suite sans rien ressentir, ou t'y habituer tout court. Le plus important, c'est que tu ne supportes pas ça tout seul, comme tu le fais. C'est important que tu puisses en parler à quelqu'un. Tu sais pourquoi tu te caches, ou pas ?

George hocha timidement la tête, hésitant à répondre. Lee attendit patiemment que le jeune homme ait inspiré profondément et cligné des yeux plusieurs fois pour rassembler ses pensées. Il ne voulait pas le brusquer, et le voir dans cet état était douloureux pour lui.

⸺ Ma famille a déjà assez de choses à supporter, mes parents n'ont pas besoin de ça. Je refuse d'être un poids pour les autres, Lee. Et puis, je ne sais pas...

Il laissa sa phrase en suspens.

⸺ Tu ne sais pas quoi ?

⸺ Je n'ai pas l'impression que ce que je ressens est normal. Mes adelphes sont toujours en deuil, mais ne sont pas, comme moi, dans une période où ils font des nuits blanches, n'ont plus aucun appétit, pleurent sans cesse comme des gamins et se sentent comme amputés d'une partie d'eux-mêmes. Pas de leur vie, Lee, mais d'eux-mêmes. C'est comme ça que je le ressens, moi. Fred... on se comprenait, on était semblables, c'était la personne dont j'étais le plus proche, c'était... il me manque, il me manque tellement ! Je suis aussi triste qu'en colère, j'en veux à tout le monde, parfois j'arrive à me convaincre que rien n'est arrivé, et ça ne me fait sentir que plus seul lorsque je me rends compte que si, c'est un cercle vicieux, tu comprends, je suis épuisé, je n'en peux plus, acheva-t-il en tordant sa bouche dans un rictus proche d'une grimace, après avoir déversé ce torrent de mots inarrêtable.

Sur ces paroles, il étreignit son ami du plus fort qu'il put, comme si c'était la dernière chose à laquelle il pouvait encore se raccrocher, sa bouée dans la tornade qui emportait sa joie de vivre toujours plus loin dans les profondeurs abyssales.

⸺ Écoute, George, murmura Lee en laissant son ami pleurer sur son épaule, tâchant de la réconforter du mieux qu'il pouvait. Tu sais, je ne suis pas un spécialiste, et les conseils que je pourrai te donner sont très limités. Je suis là pour toi, d'accord ? Si tu as besoin de parler, ou juste de pleurer, ou de défouler ta colère sur quelqu'un, je suis là. Je suis là, je suis là, je suis là. Mais tu devrais pouvoir en parler à tes parents, à tes adelphes, que tu ailles voir un magicothérapeute, je n'en sais fichtre rien, mais quelqu'un qui pourra t'aider.

⸺ J'veux pas être un poids dans leur vie, Lee, tu comprends ? J'veux pas, jamais.

⸺ Tu n'es pas un poids, George. Tu n'es pas un poids. Tu as beau être majeur, ta famille proche reste ta famille proche, et tu as le droit de t'appuyer sur elle pour traverser ton deuil, et tout ce que tu ressens. Les membres de ta famille, je pense que tu les inquiètes plus en restant dans ton magasin et en fuyant Verity et Ron pendant vos horaires de travail qu'en te confiant à eux. Vous pourriez en discuter, essayer de surmonter ça tous ensemble. George. George, regarde-moi.

Ledit George releva la tête. Parler avec son meilleur ami de toujours l'avait, semblait-il, libéré d'un poids, mais il appréhendait l'affrontement avec ses proches. Mais sans doute était-ce nécessaire. S'il y avait quelque chose que cette discussion avec le jeune Jordan lui avait appris, c'était que se renfermer sur lui-même et se laisser ronger par sa culpabilité et son effondrement n'était pas sain, que cela ne l'aiderait jamais à aller un jour mieux.

⸺ Tu me promets que tu leur en parleras ?

George hocha la tête, intimidé mais reconnaissant.

⸺ Je te le promets, Lee. Merci.


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