Vous savez, plusieurs sensations m'ont toujours hantées, terrorisées, traumatisées, tourmentées le cerveau.

Par exemple, vous savez.

On dit qu'il faut être soi-même.

Mais vous ne savez pas qui c'est " vous-même ".

Cette sensation là que tu as.

Quand tu écoutes un message vocal , et que tu ne reconnais pas ta voix.

Quand tu vois une vidéo mais que tu ne sais pas si c'est vraiment toi, quand tu te regardes tout le temps dans le miroir mais que tu ne sais toujours pas à quoi tu ressembles.

Quand on te demande ton avis, et que tu ne sais jamais quoi dire.

Quand on te demande ce que tu aimes, ce que tu voudrais faire plus tard.

Que tu ne sais toujours pas.

Comme si tu ne te connaissais pas, alors que ça ne devrait pas.

Tu sais, quand tu n'es pas quelqu'un d'autre, mais aussi que tu n'es pas "toi".

Quand, à tes propres yeux, tu es un parfait inconnu.

Mais cette sensation, parfois elle s'en va

Il y a sa sœur qui parfois vient jouer avec tes nerfs.

La sensation d'être trop soi.

La sensation d'être trop soi et de ne pas aimer ça.

Je parle des fois où les mots s'alignent sans ton consentement, s'envoient sans ton accord.

Des fois où tu parles, sans vraiment aimer ça, tu n'arrives pas à t'arrêter et au fond, tu prédis chaque syllabe, chaque tournure de phrase.

Tu as l'impression de te reconnaître jusqu'au bout des doigts.

Je parle des fois où tu t'enfermes dans la chambre pour t'isoler.

C'est tellement "toi" de faire ça.

Je parle aussi des fois où tu tu t'enfermes dans la salle de bain pour pleurer.

Tu sais exactement ce que tu vas faire ensuite, tu le sais à la précision.

Tu vas t'asseoir au sol, connecter ton casque, lancer ta playlist préférée, celle qui retranscrit toutes tes émotions, tu vas retirer tes lunettes, ne rien voir déjà, ce qui s'aggravera avec les pleurs.

Tu vas renifler, pleurer en silence. Les seuls sons qu'on entendra seront ceux de ta morve, tu feras croire à un rhume.

Tu feras tout pour garder le calme, tu hyperventileras, tu morderas ta main.

Ton casque va se décharger, tu te calmeras.

Puis tu feras comme si de rien était.

Oui je parle de ces fois là.

Ces fois là où tu te regardes dans le miroir, et que tu te ressembles de trop.

Ces fois où tu souhaiterais être n'importe qui, n'importe qui.

Mais pas toi.

Even in my own skin, it's like I'm never home
Like who I am is just a cage
It's suicide to live this way
Some nights I lie awake, and I just dream
That I am someone else, anyone but me

Anyone but me _ Citizen soldier