Sauvez moi
Attention, ce chapitre contient des scènes de violence envers soi-même, des mutilations, présence de sang et de traumatismes. Ne pas regarder si vous êtes trop sensibles.
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MAL
J'AI SI MAL
PAR PITIÉ
FAITES QUE ÇA S'ARRÊTE
Lucifer se réveilla en sursaut, haletant, une sueur glaciale perlant sur son front en proie a un cauchemar, la douleur dévorait chaque parcelle de son être. Le cœur de Lucifer battait dans sa poitrine, chaque pulsation résonnait comme un coup de poing brutal, un écho violent qui s'étendait à travers ses os, son esprit. La sueur perlait sur son front et ses tempes, une angoisse suffocante lui coupant le souffle. Il tenta de respirer, de retrouver un semblant de contrôle, mais l'air ne parvenait plus à atteindre ses poumons. Ses mains tremblaient, agrippant le vide, et dans cette détresse étouffante, des larmes amères coulèrent le long de ses joues.
Il se revoyait, projeté dans ce souvenir indélébile, cette nuit sombre où son père l'avait chassé, précipité en enfer, livré à tous les démons. Le poids de cette trahison, cette condamnation implacable, le hantait, s'insinuant à chaque battement de son cœur. Et ce jour-là, son frère, son propre frère, lui avait infligé une blessure qui ne guérirait jamais. Une entaille profonde, brûlante, gravée en lui comme un stigmate éternel. Cette marque le hantait, elle était là, rappel constant de tout ce qu’il avait perdu, de ce que l’univers lui avait arraché sans pitié.
Ses poings serrés, ses ongles plantés dans sa paume pour ravaler ce cri, ce hurlement qu’il ne pouvait laisser sortir. Le souvenir avait été si réel, si oppressant. Cette chute dans l'abîme, la violence de la déchéance… et le corps sans vie de Lilith. Son visage, si familier, si aimé, figé dans une expression de souffrance et d’abandon. Elle, la seule qui avait su percer l'armure de Lucifer, la seule pour qui il avait brisé des règles, défié l’univers. Lilith, celle qu’il n'avait pas su protéger, qui s’était éteinte, là, dans ses bras, tandis qu'il sentait sa vie s'échapper, impuissant.
La douleur le transperça, l'écrasa, s'enroulant autour de son cœur, mêlant culpabilité et rage. Il aurait dû être là, il aurait dû la sauver. Et pourtant, il avait échoué. Cet échec le consumait, le rongeait de l’intérieur, une perte infinie qui creusait un vide insondable en lui, un gouffre qu’aucun pouvoir, aucune domination ne pourrait combler.
Dans un geste désespéré, Lucifer bondit du lit, comme pour échapper à cette angoisse sourde, mais elle le rattrapa avec la violence d'une vague déferlante. Chaque battement de son cœur semblait écarter un peu plus chaque fibre de son être, et il suffoqua sous cette vague de douleur qui le submergeait, sans issue, sans échappatoire.
Ses mains tremblaient toujours, se crispant sur un meuble, ses ongles s’enfonçant dans le bois, mais rien ne parvenait à le ramener à la réalité. Les contours du monde autour de lui se dissipaient, le laissant flotter dans une nébuleuse d'angoisse et de peine, incapable de se raccrocher à quoi que ce soit. Ses jambes fléchirent, et il s’effondra, le corps secoué de spasmes.
Il serra sa poitrine, étouffant les cris qui montaient, des cris que personne ne devait entendre, des cris d'un roi enchaîné à ses propres blessures. Sa gorge se noua, incapable de laisser échapper le moindre son. Il voulait hurler, il voulait que cette douleur s’arrête, que ce poids disparaisse. Mais il savait qu’il ne pouvait pas, il ne devait pas.
Lucifer cherchait une échappatoire. La douleur physique était sa dernière issue, son seul réconfort, une manière de rediriger son esprit vers une souffrance tangible. La lame, d’abord un simple objet d’acier froid, devint bientôt une alliée morbide, une complice de son tourment. Il ne se contentait plus d’effleurer sa peau. Il s’acharnait, plongeant la lame avec une brutalité déchaînée, traçant des lignes rouges, des sillons profonds qui couvraient son corps comme autant de cicatrices, chaque coup un hurlement muet de désespoir.
Le sang coulait, formant des rivières doré le long de sa peau, glissant en flots continus, tachant son torse, ses bras, sa chair déchirée. La douleur physique, brutale, foudroyante, écrasait pour quelques instants celle qui, au fond, le consumait. Chaque goutte qui perlait semblait l’apaiser, tempérer le brasier qui dévorait son esprit. C’était une échappatoire, un moment fugace où il pouvait perdre de vue, même brièvement, le spectre de Lilith et la douleur de sa chute. Lorsqu’il observait les marques qu’il venait de s’infliger, il ne voyait plus seulement des blessures, il voyait un soulagement, une preuve que la douleur, aussi insupportable qu’elle soit, était une forme de contrôle.
Pourtant, il savait que cette violence était illusoire, qu’elle n’apportait qu’une paix de façade. Les entailles, la douleur, le sang, tout cela ne parvenait qu’à dissimuler la profondeur de son mal-être. La vérité était là, implacable, brûlante : il était brisé, irrémédiablement, et aucun acte de violence contre lui-même, aucune marée de douleur ne pourrait jamais combler le vide qu’il portait en lui. Pourtant, il se sentait apaisé.
Alors qu’il s’apprêtait à jeter la lame au sol, Lucifer, épuisé, laissa son regard se perdre dans le vide. Il ne semblait pas même se rendre compte de l'ampleur de ce qu’il venait de faire, comme si, d’une certaine manière, il se déconnectait de la réalité.
Soudain, des larmes silencieuses commencèrent à couler le long de ses joues, glissant lentement sur ses traits marqués par la douleur et le tourment. Chaque goutte semblait alourdir son regard déjà lointain, comme si elles emportaient avec elles une partie de la dignité qu’il s’efforçait tant de maintenir. Le sol autour de lui se teinta de son sang, tandis qu'il restait là, abandonné et vulnérable, les yeux fixant un point invisible, perdu dans ses pensées tourmentées.
Survivre, simplement survivre, était devenu une lutte quotidienne, un combat invisible que personne d’autre ne pouvait voir. Combien de temps encore pourrait-il prétendre que tout allait bien, se cacher derrière son masque de puissance ?
Pour la première fois, il s'accorda enfin un murmure dans le torrents de ses larmes.
- Sauvez moi...
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Alastor s’immobilisa à l’entrée de la pièce, ses yeux s’écarquillant imperceptiblement face à la scène macabre qui s’offrait à lui. L’espace exhalait une odeur métallique, et autour de l'ange, le sol était jonché de sang, une mer doré qui s’étendait en des éclaboussures macabres, témoignant de la violence de sa lutte intérieure.
La vision du roi des Enfers réduit à cet état de désespoir poignant le frappa d’un mélange de surprise et de fascination morbide. Il ne s’était jamais attendu à voir une telle vulnérabilité chez cet être qu’il avait toujours considéré comme invulnérable, inébranlable, bien que torturé par des démons intérieurs. Pendant un instant, une pointe d’inquiétude traversa l’esprit d’Alastor, une sensation étrange et presque inconfortable qu’il n’avait jamais expérimentée. Toutefois, il la dissimula promptement sous un masque de calme glacial, retrouvant son équilibre en un clin d’œil.
D’un pas mesuré et silencieux, Alastor s’avança dans l’obscurité, se glissant comme une ombre près de Lucifer. Il observa chaque détail, chaque trace de douleur imprimée sur le visage du roi déchu, tout en maintenant cette distance calculée, préservant le contrôle dans cette scène qui pourtant échappait à toute logique. Son regard, d’ordinaire se fit plus intense, presque scrutateur comme un prédateur savourant l'instant où sa proie révèle sa faiblesse.
— Alors voilà où te mènent tes tourments, Lucifer, Murmura-t-il d'une voix glacée, chaque mot taillé pour atteindre le cœur de l’ange déchu. — Et dire que le grand roi des Enfers, si fier et intrépide, en est réduit à ça… Pathétique.
Lucifer, la tête baissée, se crispa en entendant la voix d’Alastor. Son corps tout entier refusait de répondre, chaque muscle épuisé, brisé par une douleur insupportable. Il tenta de se redresser, mais ses forces l’abandonnaient, il chuta de nouveau, ses mains tremblantes cherchant désespérément un soutien. Le sol froid lui rappelait cruellement son impuissance, et un frisson de honte s’empara de lui. Le regard brûlant de mépris d'Alastor perçait jusqu’à son âme, ravivant en lui cette terreur : il ne pouvait pas, ne devait pas être vu ainsi.
Lucifer aurait tout donné pour disparaître, pour effacer ce moment. Il sentait le poids insupportable de son propre échec, de ce masque d’invincibilité qui se brisait sous les yeux d'Alastor. C'était une humiliation qu'il n'aurait jamais imaginée. Pourtant, il ne pouvait rien faire. Ce moment était là, brutal et inévitable.
Alastor, bien qu’amusé par la scène, sentit une pointe de bienveillance étrange naître en lui, une empathie qu'il ne savait ni accepter ni exprimer pleinement. Il posa alors une main ferme sur l'épaule de Lucifer, un geste mesuré et détaché, mais auquel il ne pouvait nier une chaleur subtile.
— Je sais que tu n'aimes pas recevoir de l’aide, Lucifer, dit-il, son amusement glacé dissimulant mal une certaine gravité. — Mais il semblerait que, pour une fois, tu n'as plus vraiment le choix. Il le fixa avec une intensité presque tendre, bien que son sourire restât empreint de ce sarcasme moqueur.
La voix de Lucifer s’éleva alors, rauque et tremblante.
— Laisse-moi...
Alastor le regarda d’un air amusé, presque indifférent à la violence du rejet.
— Ah, je vois. Tu veux me dire que tu préfères souffrir en silence, plutôt que d'admettre qu’un peu d’aide te serait bénéfique ?
Les mots d’Alastor résonnèrent en lui, et un craquement invisible parcourut l'âme de Lucifer. Il se savait trop brisé pour se battre, trop faible pour masquer sa douleur. Une ultime tentative de se relever échoua, le laissant retomber à genoux, ses mains tremblantes contre le sol. Son corps tout entier semblait le trahir, et le désespoir qui bouillonnait en lui ne faisait qu’aggraver son état, forçant le grand roi à se soumettre à sa faiblesse.
L’esprit en proie au chaos, Lucifer resta là, tremblant, haletant, à la merci de son propre désespoir, incapable de retrouver le masque qu’il avait porté toute sa vie.
Un sourire en coin se dessina sur le visage du démon. Il savait qu’il avait l’avantage, et il en savourait chaque instant. Pourtant, d’une manière ou d’une autre, une pointe de curiosité, voire de bienveillance, s'immisçait dans son regard, masquée sous son masque de neutralité.
— Tu sais, Lucifer. Commença Alastor, sa voix douce et ironique — Je me souviens très bien de ce que tu m’as dit un jour. Tu m’as dit, 'Si jamais tu as besoin d’aide, il te suffit de tendre la main et quelqu’un la saisira, prêt à te venir en aide.
Lucifer, à moitié étouffé par sa propre douleur, leva difficilement les yeux vers lui.
— Tu veux me reprocher ça maintenant ? Dit-il avec un rire empli de douleur.
Alastor haussait les épaules, un sourire sarcastique se formant sur ses lèvres.
— Oh, pas du tout. Je me contente de te rappeler tes propres paroles.
Il fit une pause, son regard perçant ancré dans les yeux de Lucifer.
— Alors, pourquoi ne pas suivre ton propre conseil, hein ? Pourquoi ne pas tendre la main, Lucifer ?
Lucifer ne répondit pas immédiatement, son regard se perdant dans l’invisible. La dernière chose qu’il voulait était d'admettre qu’il avait besoin de quelqu'un, encore moins de lui. Mais au fond, au plus profond de lui, une voix lui murmurait qu’il ne pouvait plus continuer à porter ce fardeau seul.
Alastor tendit lentement sa main, son regard toujours fixé sur Lucifer, sans un mot de plus. C'était une offre silencieuse, implicite, comme une promesse silencieuse que, cette fois, Lucifer n'aurait pas à se débattre seul. Ses doigts étaient tendus, prêts à saisir la main de Lucifer, mais c'était à lui de choisir.
— Prends-la. Dit Alastor enfin, d'un ton calme et presque amical. Je suis ici. Fais-le, Lucifer. Ce ne serait pas la première fois.
Hésitant, il leva lentement sa main, mais au moment où il allait saisir celle d'Alastor, quelque chose en lui se brisa. La peur, la honte, la solitude. Il la retira brusquement, comme si un poison invisible l'avait contraint à se détourner. Ses doigts tremblaient, luttant contre un besoin qu’il avait repoussé trop longtemps.
Mais Alastor ne lui en laissa pas l’occasion. Dans un mouvement décidé, il attrapa la main de Lucifer avant qu’il ne puisse se détourner, ses doigts fermement enroulés autour des siens. Un sourire presque amusé, empreint d’une patience ironique, apparut sur ses lèvres.
Alastor, toujours aussi calme, resserra sa prise, aidant Lucifer à se redresser lentement. Alastor, avec une douceur inattendue, resserra sa prise et commença à tirer Lucifer vers lui, jusqu’à ce que le corps affaibli du roi des Enfers repose contre son torse. Cette proximité, cette chaleur humaine qu'il n’avait jamais plus connue depuis une éternité, semblait l'engloutir.
Les yeux de Lucifer, voilés par une tendresse amère, se levèrent lentement vers Alastor, et dans un murmure presque éteint, il balbutia :
— Je suis désolé… Sa voix, chargée d’une résignation amère, sonnait comme une excuse destinée à se perdre dans le néant, comme s’il s’en voulait d’être là, ainsi brisé, sans force et sans éclat. Comme s’il demandait pardon d’être ainsi, son visage, marqué par cette peine qui ne semblait jamais s’éteindre, offrait un contraste étrange, une douceur teintée de désespoir, comme un murmure d’agonie retenu depuis trop longtemps.
Alastor resta un instant figé, les yeux rivés sur ce visage éteint, marqué par des années de luttes intérieures.
— Désolé ? murmura-t-il, la surprise marquant brièvement son visage avant de disparaître dans une neutralité troublante. —Lucifer, ce n'est pas a toi de t'excuser.
Alastor guida alors doucement Lucifer vers un coin plus tranquille, l’installant avec précaution sur un fauteuil. Il le manipulait avec une sorte de délicatesse nonchalante, comme on le ferait avec une poupée fragile et précieuse, et Lucifer, vidé de toute énergie, se laissait faire sans protester, son regard perdu.
Sans un mot, Alastor sortit un tissu et commença à éponger le sang qui maculait le visage de Lucifer, ses gestes précis et méticuleux. Chaque fois que le tissu passait sur une nouvelle plaie, un frémissement imperceptible parcourait le corps de Lucifer.
Alastor posa un instant les yeux sur lui, ses doigts effleurant le bord d’une blessure. L'intensité de ce corps meurtri et magnifique le fascinait, autant que cette résignation, cette absence de lutte qui semblait habiter Lucifer à cet instant. Il poursuivit sans relâche, pansant chaque blessure avec une minutie presque clinique, mais, sous cette façade contrôlée, une lueur d'étonnement brillait toujours dans ses yeux. Comment pouvait-on demeurer aussi captivant même brisé de la sorte ?
Lucifer, lui, fixait le vide, comme si la réalité lui échappait, laissant Alastor prendre soin de lui sans vraiment en prendre conscience.
Alastor continua son soin méticuleux, mais au fur et à mesure que ses doigts glissaient sur le corps de Lucifer, il ne put s’empêcher de se perdre dans l’observation des cicatrices qui marquaient sa peau. Chaque ligne, chaque déchirure semblait être une œuvre d’art, un ornement tragique et silencieux. Il effleura du bout des doigts une vieille cicatrice sur son bras, fascinée par la douceur de la peau contrastée par la rugosité de la marque. Cette cicatrice, comme toutes les autres, avait une histoire. Une histoire qui remontait aux premiers jours des Enfers, marquant des batailles, des souffrances et des épreuves que même le temps n’effaçait pas.
Il toucha une autre, plus profonde, qui traversait le côté de son torse, son doigt suivant le relief de la peau comme si cela pouvait lui révéler plus que ce qu’il voyait. C'était un récit muet inscrit dans son propre corps, chaque cicatrice une parole oubliée, un cri qu'il n’avait jamais laissé s’échapper. Le corps de Lucifer était un parchemin vivant, chaque marque un chapitre dans une histoire plus vieille que le monde, plus ancienne que l’éternité des Enfers.
Alastor s'attarda un instant sur l'une d’elles, plus petite, située sur son poignet, un éclat de lumière dans son regard. C'était une marque fine, presque invisible, mais il savait qu’elle avait une signification. Chaque cicatrice avait un poids, un fardeau attaché à elle. Pour lui, elles étaient toutes aussi fascinantes que des joyaux brisés, témoignages de la souffrance d’un être qui avait été plus que ce qu'il était aujourd'hui, un être qui, d’une manière étrange, était parvenu à garder une certaine beauté même dans sa douleur.
Il s’en détourna enfin, chassant cette pensée de son esprit, mais ne put s'empêcher de murmurer, presque pour lui-même,
— Tu portes tout ce passé, Lucifer, comme une parure. Un fardeau… et une gloire.
Lucifer, malgré son état d’abattement et d’épuisement, se sentit frissonner sous les doigts d’Alastor. Le contact léger mais déterminé de ses mains sur ses cicatrices, fit naître une sensation étrange, une onde électrique qui parcourut sa peau. C’était comme si, malgré le vide dans ses yeux, son corps ne pouvait ignorer le frémissement de cette attention particulière. Chaque touché semblait réanimer une partie de lui qu’il avait crue morte : une partie de sa peau sensible, réagissant encore à la moindre caresse, à la moindre pression.
Les doigts d'Alastor glissèrent sur une cicatrice particulièrement ancienne, et Lucifer ne put réprimer un léger sursaut. C'était comme si la peau, pourtant marquée et endurcie par des siècles de souffrance, se souvenait de ce qu’elle avait enduré. Il n’avait jamais réagi ainsi, du moins pas depuis longtemps. Ses lèvres se pincèrent, une pointe de tension traversa ses traits, mais il n’émit aucun son, son regard toujours vide. Un frisson plus profond encore courut sous sa peau, comme une réaction primitive.
Alastor sembla observer cette réaction avec une curiosité mêlée d’amusement, mais un léger sourire étira ses lèvres. L'ange déchu aux yeux vides, au corps dévasté, parvenait encore à ressentir. Il le savait, pourtant voir Lucifer réagir de cette manière lui donna un étrange sentiment d’accomplissement.
Alastor acheva ses soins avec une précision méticuleuse. Certaines blessures profondes, ouvertes et pleines de sang, ne pouvaient être guéries que par un soin minutieux. Avec une douceur déconcertante pour quelqu'un d'aussi insensible à la douleur, Alastor appliqua un fil fin pour recoudre chaque coupure le nécessitant, veillant à ce que chaque point soit parfaitement placé. Les cicatrices sur la peau de Lucifer semblaient se refermer peu à peu, mais la douleur, elle, restait présente.
Il s’arrêta un moment, fixant Lucifer, cherchant une réaction, quelque chose, n’importe quoi qui lui signale qu'il n'était pas totalement perdu dans son vide intérieur. Mais les yeux du prince déchu ne trahirent aucune émotions. Un soupir presque imperceptible s’échappa d'Alastor, mais il ne dit rien. Il savait que tenter de forcer une réaction de Lucifer serait futile.
Sans un mot, il se leva et se pencha légèrement sur Lucifer, l’enveloppant dans ses bras avec une facilité étonnante, comme s'il portait une poupée fragile et cassée. Lucifer, toujours amorphe, ne fit aucun geste pour se dégager, comme si son corps ne lui appartenait plus, comme si la moindre force l’avait quitté. Ses bras pendaient de chaque côté de son torse, et il laissait Alastor le soulever sans résister. Il n’y avait plus de lutte, plus d’énergie. Juste une absence, un vide que rien ne semblait pouvoir remplir.
Alastor le serra un peu plus contre lui, une étrange douceur dans son mouvement, avant de le transporter jusqu'à son lit. La pièce était sombre, l’air lourd de la chaleur d’un enfer qui n’avait jamais su apporter de réconfort. Il déposa Lucifer délicatement sur les couvertures, ajustant les oreillers autour de lui avec une attention presque trop intime pour être naturelle. Ses doigts effleurèrent brièvement la peau encore rouge de ses blessures, mais il n’y eut aucun signe de douleur a part de léger frissons de la part de Lucifer.
Il s'arrêta un instant, regardant Lucifer avec un mélange complexe de fascination et de… bienveillance? C'était étrange. Il n'avait jamais imaginé qu'il puisse ressentir cela. Mais devant cet être brisé, il ne pouvait nier qu'il y avait quelque chose, une étincelle de vulnérabilité qui ne demandait qu'à être vue, même si Lucifer s'évertuait à l'enfouir au fond de lui.
— Tu sais, murmura Alastor, presque pour lui-même, Je crois que tu es plus que cela, Lucifer. Tu as toujours été plus que ça.
Lucifer était dans un état de semi-conscience, épuisé par la douleur insoutenable qui l’avait submergé. Alastor savait que, bien que son aide physique ait été acceptée, il restait des souffrances plus profondes, invisibles à l’œil nu, qu’il ne pouvait effacer aussi facilement. Il ne pouvait pas se permettre de le voir souffrir davantage. Non pas par compassion, mais par une étrange obligation envers celui qu’il considérait comme une figure à la fois puissante et tragique. Il se sentait déstabilisé bien qu'il était déjà au courant du genre de tourments qui le submergeait.
D'un geste mesuré, le démon de la radio fit apparaître de l'obscurité un encensoir de bois sombre, finement sculpté, aux formes élégantes. Il le prit dans ses mains et l’examina un instant, son esprit cherchant des moyens d’adoucir l’intensité de la situation. Il n’aimait pas l’idée d’avoir à recourir à des substances pour apaiser la douleur, mais il savait que l’opium pourrait au moins soulager les souffrances immédiates de Lucifer. Un apaisement temporaire, mais nécessaire dans ce moment de vulnérabilité.
Il déposa l’encensoir sur une table près du lit, puis versa doucement quelques gouttes d’opium sur les braises incandescentes à l’intérieur. L’odeur douce et enivrante se diffusa immédiatement dans l’air, créant une atmosphère lourde et propice à l’apaisement. Alastor ajusta le parfum en vérifiant que l’encens produisait une fumée douce, pénétrante, mais pas trop forte. Il voulait que la chaleur calme et les effets de l’opium enveloppent doucement Lucifer sans le faire sombrer dans un sommeil trop profond.
Les volutes d’encens se mêlaient maintenant à l’air, se diffusant lentement autour de la pièce, apportant une sensation de calme relatif. Alastor s'assit alors sur une chaise voisine, son regard toujours fixé sur Lucifer. Il espérait que ce soulagement suffirait à apaiser ses douleurs en attendant son réveil, et peut-être même à le détendre suffisamment pour qu’il puisse affronter ce qu’il ressentait de manière plus sereine, même si cela semblait improbable.
Alastor, bien qu'il ne se l'avoue pas pleinement, se sentit responsable d’une manière ou d’une autre, comme si son soutien, aussi léger soit-il, pourrait être la clé d’un moment de répit pour Lucifer. Mais il ne savait pas combien de temps cela durerait, ni combien de fois il devrait répéter ce genre de gestes, ni même si cela apporterait un quelconque apaisement réel.
Le parfum de l’opium se répandait doucement, enveloppant Lucifer dans une vague de calme. Alastor attendait, espérant que le sommeil qu’il lui offrait serait un baume, même temporaire, pour l’âme tourmentée du roi des Enfers.
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