Cadeau empoisonné

Alastor errait dans les couloirs de l’hôtel, un sourire énigmatique aux lèvres. Lorsqu'il aperçut Lucifer sur son chemin, il ne put s’empêcher de se sentir amusé. Le roi des Enfers semblait pensif, comme souvent, mais Alastor savait que cette rencontre ne pouvait pas être plus parfaite.

— Ah, Lucifer, quelle chance de vous croiser ainsi, commença Alastor avec un sourire éclatant. J’ai justement pensé à vous.

Lucifer leva un sourcil, intrigué par la façon dont Alastor s’exprimait.

— Vraiment ? Et qu’as-tu à me proposer, Alastor ?

Sans perdre un instant, Alastor sortit une vieille radio de sa collection dans l'une de ses ombres, la brandissant devant Lucifer. Un modèle soigneusement restauré, datant d’une époque lointaine. Ses yeux brillaient d’un éclat presque enfantin.

— Voici, mon cher Lucifer, un petit cadeau pour vous.  Je tenais à vous l’offrir en remerciement pour… eh bien, pour cette petite attention que vous m'avez accordée plus tôt.

Lucifer prit la radio dans ses mains, son regard s’attardant sur l’objet, fasciné. Il tourna lentement la radio dans ses mains, en appréciant chaque détail.

— C’est un joli présent, Alastor, dit-il d’une voix posée. Ça me rappelle des souvenirs.

Alastor laissa échapper un sourire satisfait. Il savait que Lucifer serait toujours curieux des créations humaines. D’autant plus que cette radio, tout en étant un véritable chef-d’œuvre, n’était pas simplement un cadeau ; il avait pris soin d’y dissimuler une caméra et un micro, le rendant parfait pour espionner les conversations de Lucifer, lui offrant un accès direct à ses pensées les plus profondes. Mais également une petite touche personnelle : cette radio diffusait les émissions qu'Alastor animait depuis sa tour radio, une distraction qu'il savait que Lucifer apprécierait particulièrement.

— Je suis content que ça vous plaise. Et, il y a quelque chose d’encore plus intéressant à propos de cette radio  Poursuivit Alastor en se rapprochant Elle ne diffuse pas seulement de la musique et des informations. Elle diffuse aussi les émissions que je crée depuis ma tour radio. Je suis sûr que cela pourrait vous intéressez. Les petites histoires humaines, leurs drames et leurs joies… elles sont toujours captivantes.

Lucifer, un peu surpris mais ravi de ce cadeau inattendu, se pencha un peu plus près de la radio, ses doigts glissant sur les boutons comme pour découvrir ses secrets.

— Merci, Alastor. Cela signifie beaucoup pour moi, dit-il enfin, avec un sourire sincère. Je me réjouis d’en découvrir toutes les nuances.

— N’hésitez pas à me faire savoir ce que vous en pensez, Ajouta Alastor avec un clin d'œil. Je suis toujours là pour partager ma passion.

— Je n’en doute pas, dit-il avant de se tourner et de s’éloigner, la radio en main.

Alors que Lucifer s’éloignait, la radio en main, Alastor laissa échapper un rire léger, satisfait de son coup. Le jeu de manipulation venait de commencer, et il avait hâte de découvrir les secrets que Lucifer pourrait révéler. Lucifer monta les escaliers avec la radio sous le bras, un sourire satisfait sur le visage. Il savait que cet objet, bien qu'apparemment anodin, pourrait lui apporter une distraction bienvenue. En atteignant sa chambre, il poussa lentement la porte, révélant un espace qui lui ressemblait en tous points.

La chambre était spacieuse, avec de hauts plafonds voûtés, ornés de motifs complexes qui évoquaient des constellations lointaines. Les murs étaient couverts de riches tentures de velours noir et de brocarts aux reflets dorés, créant une ambiance à la fois mystérieuse et opulente. Les meubles, d’un style éclectique, alliaient le moderne et l’ancien, avec des pièces uniques qui avaient clairement une histoire. Une grande bibliothèque trônait sur un mur entier, remplie de livres aux reliures usées et de grimoires anciens, leurs pages jaunies recelant des secrets oubliés.

Au centre de la pièce, un grand bureau en bois massif était chargé de croquis, d'esquisses et d'inspirations artistiques, témoignant de la créativité bouillonnante de Lucifer. Des œuvres d'art, allant de sculptures abstraites à des tableaux vibrants, ornaient les murs, chacune portant l’empreinte de l’âme tourmentée de leur créateur. Un grand miroir doré, encadré de motifs ornementaux, reflétait l'espace avec une profondeur troublante.

Sur une étagère, Lucifer avait amassé une collection d'étranges artefacts magiques, chacun ayant une signification particulière ou une histoire. Un globe terrestre illuminé, représentant le monde des vivants, trônait à côté d'un vieux miroir qui, selon les rumeurs, avait le pouvoir de montrer des visions du futur et du passé. Un cristal scintillant, suspendu à une chaîne d’argent, attirait l'œil, promettant une connexion avec des réalités parallèles. Des bougies noires, aux senteurs envoûtantes, ajoutaient une touche d'atmosphère mystique, créant des ombres dansantes sur les murs.

Lucifer déposa la radio sur le bureau, l'observant un instant. Il la connecta à une prise discrète avant de l’allumer. Un léger grésillement résonna, suivi par une musique douce et intrigante qui s'échappait des enceintes.

— C'est parfait, murmura-t-il, un sourire s’étirant sur ses lèvres.

Il s'installa dans un grand fauteuil en cuir usé, s'y enfonçant confortablement tout en écoutant les premières notes. La musique flottait dans l'air, l’entraînant dans une contemplation mélancolique de ses pensées. Le son résonnait dans la pièce, se mêlant à l’aura d’art et de magie qui l’entourait.
Mais rapidement, son esprit dériva vers les membres de l'hôtel. Charlie, sa fille avec sa candeur et son espoir, ressemblant traits pour traits à l'ange qu'il fut autrefois.
Vaggie, son ancre solide, Angel, avec ses manières vulgaires et excentriques, ajoutaient une touche de chaos à leur quotidien. Et la petite Niffty si énergique et toujours en quête de saleté à nettoyer compulsivement.

Et puis, il y avait Alastor.

Lucifer esquissa un sourire, presque imperceptible, en pensant à lui. Alastor, ce démon aux manières énigmatiques, aux sourires calculés et au regard perçant, s'efforçait de percer ses secrets, de sonder ses faiblesses avec une insistance presque touchante. C’était une danse délicieuse, un jeu de dupes où chacun tentait de deviner l’autre.

Il trouvait un amusement certain dans cette quête effrénée d’Alastor, qui, malgré son charme mordant et sa noirceur assumée, semblait frapper sans relâche contre les murs qu’il lui opposait. Dans ses tentatives de le démasquer, Lucifer percevait une curiosité intense, un désir qui frôlait l'obsession. Et il s'en amusait. L’idée de jouer avec Alastor, de le laisser s'approcher tout en lui échappant à chaque fois, ajoutait une dose exquise de piquant à leur relation. Une affection mystérieuse et inexplicable se tissait malgré tout entre eux, fragile et ambivalente, chaque interaction avec ce démon insaisissable lui offrant un divertissement qu’il peinait à trouver ailleurs dans les profondeurs de l’Enfer.
En fin de compte, ce moment de tranquillité lui était précieux. La mélodie l'enveloppait, un répit temporaire dans le tumulte de sa vie actuelle.

Les jours qui suivirent, Alastor, depuis sa tour radio, ne pouvait s’empêcher de laisser son esprit vagabonder sur Lucifer via la caméra espions discrète dans la radio qu’il lui avait offert. Il était curieux, trop curieux, de découvrir ce que le roi déchu faisait lorsqu’il était seul dans sa chambre. Après avoir assisté à l'un de ces secrets, il se demandait à quel point il pourrait en découvrir d'autres sous le voile de l’intimité.

Chaque soir, après que les habitants de l'hôtel se soient dispersés et que l’agitation retombe, Alastor observait, silencieux et concentré, l’écran de son moniteur. Les images de Lucifer dans sa chambre défilaient, banales au début : Lucifer se déshabillant, s’étendant sur son lit, se perdant dans ses pensées comme n’importe quel autre être. Peignant quelque fois et réalisant des croquis ou se plongeant dans de profondes lectures. Mais Alastor savait qu’il y avait plus à cela. Il cherchait des détails, des signes, quelque chose qui le trahirait.

À mesure que les nuits passaient, une étrange tension s’installait en lui. Lucifer semblait toujours aussi impassible, aussi détaché, parfois, Lucifer se laissait aller à des gestes furtifs, des soupirs longs, et des regards loin dans l’espace, comme s’il cherchait une réponse dans un monde invisible.

Et pourtant, ce qui frappait Alastor plus que tout, c’était la solitude qui imprégnait chaque image. Malgré sa grandeur, malgré son statut, Lucifer semblait, dans ces moments-là, être complètement seul. Ce n’était pas une solitude de roi, mais une solitude plus… humaine. Un vide qu’aucune couronne, aucune cour ne pouvait combler.

Puis, un soir, ce qu’il aperçut sur l’écran le saisit profondément. Lucifer était allongé sur le sol froid de sa chambre, une posture qui trahissait plus qu’une simple fatigue. Il fixait le plafond avec des yeux perdus, comme s’il cherchait à s'évader dans un ailleurs lointain. Les murs de la pièce, invisibles à l’écran, semblaient se refermer autour de lui, le plongeant dans une solitude noire et glaciale. À cet instant, Lucifer n’était plus qu’un être errant, son regard sans lumière, une silhouette solitaire qui n’avait ni allié, ni repère.

Alastor, observant cette scène avec une intensité nouvelle, sentit une étrange pression dans sa poitrine. Une solitude infinie s’étendait dans chaque mouvement du prince déchu.
Mais la scène suivante fit tomber toute réserve chez Alastor. À un moment donné, Lucifer s'était étendu sur son lit, la tête cachée dans ses mains. Il semblait trembler. Et c’était là, dans cette pièce que la lumière ne touchait jamais, que Lucifer laissa la façade tomber. Il pleurait.

Alastor observa cette scène, un sourire malicieux s’étirant sur ses lèvres. Enfin. Voilà ce qu’il attendait : une faille, une brèche dans l’implacable façade de Lucifer. Une vulnérabilité humaine qu’il pourrait manipuler à sa guise. Les yeux d’Alastor brillèrent d’un intérêt presque sadique. Tout ce qu’il avait construit, toute cette grandeur, n’était qu’une façade, une illusion. Et Alastor, dans sa petite tour, en était le seul témoins. Il regarda Lucifer, étendu sur son lit, la tête cachée dans ses mains. Un frisson de satisfaction parcourut son échine.

Et pourtant, malgré cette satisfaction, une pointe d’amertume se glissa en lui. Ce n’était pas cette vulnérabilité qui l’étonnait, mais la manière dont elle le touchait. Pourquoi se sentait-il si… tiraillé ? Cette découverte, cette arme parfaite, devait être une victoire pure, et pourtant il ne pouvait s’empêcher de la savourer avec un goût amer. Lucifer, le diable, le tentateur, pleurait, et cette scène, plus que tout, le frappait d’une manière qu'il n'aurait jamais imaginée. Une sourde douleur le nouant à chaque soupir échappé de Lucifer.

Alors que Lucifer était là, allongé dans la solitude glaciale de sa chambre, sa tristesse l’envahissant plus profondément que jamais, un bruit inattendu brisa le silence lourd de la pièce. La radio, cadeau d'Alastor, s’alluma d’elle-même, comme si une volonté invisible la guidait. Ce n’était pas l’heure habituelle de diffusion, mais le signal avait déjà franchi les frontières invisibles de l’éther. Les premières notes s’échappèrent des enceintes, une mélodie douce, presque envoûtante, qui résonna dans l’espace avec une tranquillité apaisante.

Lucifer, plongé dans ses pensées, écouta d’abord sans comprendre, mais bientôt, la musique fit son effet. Le doux enchaînement des accords se fraya un chemin à travers son esprit torturé, effleurant chaque recoin de son âme souffrante. Il avait toujours eu une affinité particulière pour la musique, un art qui, l’avait fasciné plus que tout. En tant qu’investigateur dans le monde des hommes, il avait observé comment ces créatures, si fragiles, s’étaient approprié ce langage universel. Leurs compositions, leurs émotions distillées à travers des mélodies subtiles, avaient toujours eu un pouvoir étrange sur lui. Mais ce soir, c'était différent. La musique semblait l’étreindre, le bercer, lui offrant une pause bienvenue dans le tourbillon de ses pensées.

La chaleur de la mélodie l’envahit lentement. Le volume, réconfortant, masquait l’écho de sa souffrance. Lucifer se laissa aller, sans plus de retenue, laissant les larmes couler librement sur son visage. Il n’avait plus de raison de les retenir. Après tout, la musique, cette douce compagne, couvrait le bruit de ses pleurs.

Pendant ce temps, à des kilomètres de là, dans sa tour radio, Alastor, avec une voix toujours aussi envoûtante, occupait les ondes. Personne ne sut pourquoi, mais cette nuit, son émission commença plus tôt que prévu.

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