Alter Égo

Lucifer se redressa lentement, mais ce n'était plus lui. L'être qui se tenait maintenant là n'avait plus rien de l'ange déchu rongé par le doute et la douleur. Ce n'était plus qu'une coquille transcendée, occupée par une force bien plus ancienne, bien plus terrifiante. Une froideur abyssale émanait de lui, une absence totale de cette lueur d'humanité qui l'avait toujours défini malgré sa chute. Ce n'était pas Lucifer qui faisait face à Alastor, mais l'incarnation pure et brutale du mal incarné.

Ses iris, autrefois bleus et emplis de mélancolie, s'embrasèrent. Une lumière dorée, froide et oppressante, explosa dans son regard, éclipsant toute trace de leur ancienne douceur. Derrière cette lueur divine et déchirante, une ombre rouge sombre dansait, s'étendant comme un incendie incontrôlable. Cette dualité entre or et rouge pulsait comme un avertissement muet, hypnotisant et terrifiant à la fois. En un instant, l'intensité de ce regard devint insoutenable, un poids si écrasant qu'il semblait aspirer toute force vitale de ceux qui osaient le croiser.

Puis, lentement, comme une menace calculée, deux cornes majestueuses émergèrent de son crâne. Elles s'étiraient, longues et sinueuses, d'un noir si profond qu'elles semblaient absorber la lumière autour d'elles. Elles n'étaient pas seulement un signe de sa nature démoniaque ; elles imposaient une domination viscérale, écrasant toute volonté d'opposition. Une queue épaisse hérissée et mouvante comme une vipère, s'éveilla dans son dos, fendant l'air d'un mouvement calculé, chaque ondulation évoquant une violence contenue, prête à éclater.

L'aura qui l'entourait n'était plus celle d'un être en souffrance. Elle s'était muée en une force oppressante, maléfique et inéluctable. L'air devint lourd, saturé d'électricité et de malice. La température semblait chuter, mais une chaleur suffocante se dégageait tout à la fois, comme si la lumière et les ténèbres se disputaient chaque parcelle de cet espace.

Alors que cette métamorphose atteignait son apogée, Lucifer - ou plutôt Satan - se redressa entièrement. Sa silhouette se dressait désormais telle une montagne imposante, d'une prestance terrifiante et impitoyable. Chaque mouvement, chaque geste était calculé, empreint d'une grâce froide, sans le moindre signe d'hésitation ou de doute. Il n'y avait rien de vivant dans cette nouvelle incarnation, rien d'humain, rien d'angélique : seulement une pure volonté destructrice.

Son regard, chargé d'une intensité presque insupportable, se posa sur Alastor. Ce n'était pas un simple regard, c'était un jugement, une condamnation silencieuse qui brûlait jusqu'à l'âme. Une aura invisible et pourtant écrasante sembla se refermer sur Alastor, comme des griffes insidieuses qui le retenaient en place. Chaque fibre de son être semblait hurler de s'éloigner, de fuir, mais il ne pouvait que rester figé, spectateur impuissant devant cette transformation.
Et dans ce silence étouffant, une voix retentit enfin. Ce n'était pas celle de Lucifer, mais celle de Satan, grave et vibrante, comme un tonnerre qui résonne depuis les profondeurs de l'enfer :

- Tu as raison d'avoir peur, ce n'est pas Lucifer que tu vois... C'est le roi. Et le roi n'oublie jamais.

Ce n'était plus la détresse d'un être brisé qu'Alastor avait manipulé jusqu'à l'épuisement. Ce regard, baigné d'une lumière dorée et rouge, était celui d'un roi enragé, d'un dieu courroucé. Réveillé de son long sommeil par l'arrogance de celui qui avait osé le défier, Satan se révélait, imposant et terrifiant. Une aura noire, glaciale et suffocante s'échappa de lui, se répandant comme une onde de choc, écrasant tout sur son passage. L'air devint lourd, saturé d'une puissance si oppressante qu'elle semblait aspirer la vie elle-même. La pièce, autrefois un sanctuaire de lumière vacillante, se retrouva plongée dans une obscurité oppressante, dominée par la simple volonté de ce roi infernal. Il n'y avait plus de doute. L'être qui se tenait devant Alastor n'était pas simplement un démon, ni même Lucifer.

Non, c'était le Diable.

L'incarnation parfaite de la malice et de la domination. Ses yeux, sombres comme des abysses, ne reflétaient plus que dédain et haine froide. Ce n'était pas une colère impulsive, mais une rage immuable, presque divine, qui se nourrissait de la peur d'autrui. Il ne connaissait ni compassion, ni peur, ni pitié. Seule une certitude absolue habitait son regard : celle de sa propre suprématie.
Les cornes qui ornaient son crâne s'allongèrent lentement, noires et sinueuses, projetant une ombre dévorante. Autour de lui, des volutes d'énergie sombre et dorée s'enroulaient, dansant dans l'air comme des serpents affamés. Elles crépitaient, saturant l'atmosphère d'une tension insupportable, chaque éclat rappelant qu'il n'était plus un être, mais une force primordiale.

- Tu joues avec des forces qui te dépassent, murmura Satan, sa voix un grondement sourd qui semblait émaner des profondeurs mêmes de la terre. Tu as cru trouver une faille, une faiblesse dans mon orgueil... Mais ce que tu viens de réveiller est bien pire que tout ce que tu peux imaginer.

D'un pas lent, terriblement calculé, il s'avança, chacun de ses mouvements empreint d'une grâce souveraine et d'une menace palpable. Ses pas résonnaient lourdement, comme les battements d'un cœur colossal, chaque son vibrant dans l'air chargé. Il tourna lentement autour d'Alastor, traçant un cercle invisible, le regardant de haut avec un mépris suffocant, comme un prédateur observant une proie insignifiante.

- Tu es un amuse-gueule, démon, reprit-il, sa voix basse et glaciale, empreinte d'une autorité indiscutable. Tu crois me comprendre ? Tu crois que tes manipulations ont du sens ? Mais tu ne sais rien...

Ses prunelles, brûlant d'une lumière dorée et rouge, se fixèrent dans celles d'Alastor, perçant jusqu'à son âme. Une fierté infinie y brillait, une fierté si écrasante qu'elle semblait reléguer tout l'univers à une simple poussière.

- Tu veux me briser, n'est-ce pas ? Tu veux me voir m'agenouiller devant toi...

Il laissa échapper un rire froid, dénué de toute chaleur, avant de s'incliner légèrement, son regard impitoyable ne quittant jamais celui d'Alastor.

- Mais tu es bien loin du compte. Je suis celui qui dicte les lois. Pas toi.

Chaque mot tombait comme un coup de marteau, chargé d'un orgueil absolu, d'une autorité indépassable. L'air autour d'Alastor semblait se contracter, le privant de toute échappatoire. Une terreur glacée s'insinua dans ses veines, une peur qu'il ne pouvait contrôler, ni ignorer.

- Qu'importe ce que je dois sacrifier..., déclara Satan, sa voix un souffle lourd, saturé de menace. Ma dignité ? Je la piétinerai si cela me permet de faire face à tes misérables tentatives. Ma raison ? Je l'abandonne sans hésiter. Ma morale ? Je la réduis en cendres si cela me permet de m'élever encore plus haut.

Il se pencha, ses prunelles dorées brillant d'une intensité presque insupportable, son souffle glacial frôlant le visage d'Alastor.

- Sache une chose, il n'y a pas de fin pour ceux comme moi. J'écrase tout sur mon passage, car je suis forgé dans l'orgueil. Rien, ni personne, ne peut m'abattre. Rien ne peut m'arrêter.

Sa voix devint plus basse, plus menaçante encore, et ses mots résonnèrent comme un coup de tonnerre dans le silence oppressant.

- Tu penses m'avoir détruit ? Tu crois que cette humiliation me marquera ? Tu es un fou. Cette chute ? C'est ma renaissance.

Satan recula légèrement, observant Alastor avec un sourire cruel. La terreur qui envahissait son adversaire était palpable, un délice qu'il savourait pleinement.

- Et lorsque tu croiras m'avoir réduit à néant, lorsque tu penseras que je suis tombé pour de bon... Alors, je reviendrai. Plus puissant. Plus orgueilleux. Et toi, tu comprendras ce que signifie vraiment faire face à un roi. À moi.

L'ombre d'un sourire narquois traversa son visage, une expression empreinte d'une malice froide et infiniment supérieure. Il n'était plus Lucifer. Il était Satan. Et le monde lui-même n'était qu'un jouet sous son talon.

Puis, comme si de rien n'était, le diable observait les dégâts sur son corps. Ses plaies, profondes et multiples, laissaient s'écouler un flot de sang qui se mêlait à ses bandages. Son corps était couvert de coupures, son torse et ses bras également. Pourtant, il semblait détaché, presque indifférent à la souffrance qui imprégnait son corps. Il n'avait même pas l'air de prêter attention à la douleur. Son regard, vide de toute inquiétude, balayait les marques qu'il portait.

- Vraiment, Lucifer, tu te mets toujours dans des situations pas possibles, murmura-t-il d'un ton las, un sourire presque amusé se dessinant sur ses lèvres, comme s'il observait une mauvaise farce à répétition.

Ses yeux glissèrent sur ses plaies, comme si cela ne valait même pas un geste de mépris. Il passa une main sur une large entaille, effleurant la chair meurtrie, avant de la retirer, la friction de son propre sang ne provoquant qu'une légère moue d'irritation. Ses vêtements en lambeaux, imbibés de sang et de poussière, semblaient grotesquement insignifiants dans cette scène infernale. Ils accentuaient davantage la dissonance entre son apparence meurtrie et la souveraine indifférence qu'il projetait.
En retrait, Alastor fixait la scène, son assurance habituelle brisée par une peur rampante, presque paralysante. Ce n'était pas Lucifer. Ce qu'il voyait devant lui n'avait rien de l'orgueil blessé ou du tourment silencieux qu'il avait appris à reconnaître chez l'ancien prince déchu. Non, cette chose devant lui était autre. Quelque chose de plus sombre. De plus froid.

- Qui... es-tu ? demanda-t-il, sa voix vacillante malgré ses efforts pour rester maître de lui.

Alastor recula instinctivement, son souffle court, une tension insupportable alourdissant l'air. Il n'avait jamais vu Lucifer comme ça. Jamais il n'avait senti ce froid qui s'insinuait dans ses os. Il n'avait jamais pensé qu'un jour, l'idée même de croiser son regard lui donnerait envie de détourner les yeux.
Satan s'avança lentement, son sourire carnassier s'élargissant à chaque pas. Il tourna lentement la tête vers lui, ses mouvements précis, inhumains, comme si le corps de Lucifer n'était qu'une marionnette articulée. Un sourire étira ses lèvres ensanglantées, mais ce n'était pas un sourire humain. Il irradiait une cruauté si absolue que le cœur d'Alastor s'alourdit, un instinct primal criant à la fuite.

- Tu ne sais pas ? répondit-il enfin, sa voix moqueuse, suave, mais glaciale.

L'amusement sadique dans ses yeux dorés ne faisait qu'intensifier la peur d'Alastor.

- Pauvre pécheur... Si intelligent, et pourtant si aveugle, murmura Satan, presque tendre.

Le souverain tourna lentement la tête vers lui, ses yeux brillaient d'une lueur pervertie alors qu'il se redressait, son corps fatigué mais indompté. Il s'étira légèrement, comme s'il se remettait d'une simple gêne passagère, son regard se portant sur ses blessures une dernière fois avant de se concentrer sur l'horreur contenue dans les yeux d'Alastor.

- Tu sais... Il s'est toujours battu pour garder le contrôle. C'était presque touchant, vraiment, cette lutte vaine. Mais toi, toi, tu as su briser bien plus que son corps. Sa voix, douce comme un venin, faisait vibrer l'air autour d'eux.

Alastor tenta de répondre, de répliquer, mais aucun mot ne franchit ses lèvres. Il était piégé, figé sous le regard oppressant de cet être.

- Le pauvre angelot t'appréciait sincèrement, tu sais. Et pourtant, il n'a pas su supporter ce que tu as fait, même après tout ce qu'il a vécu. Oh, il en a vu des horreurs, subi des pertes inimaginables... Mais toi, tu as réussi à enfoncer la lame là où personne n'avait osé avant.

Il éclata de rire, un rire qui glaça jusqu'à l'âme d'Alastor. Satan continuait d'avancer, son pas lent, calculé, chaque geste suintant de cette supériorité écrasante. Il fit une pause, un sourire cruel effleurant ses lèvres tandis qu'il continuait à tourner autour d'Alastor, tel un fauve savourant sa supériorité.

- Tu sais... continua-t-il, sa voix devenant presque songeuse, la signification de prendre la main de quelqu'un dans la sienne a toujours été importante pour lui. Symbolique, même.

Un silence pesant s'installa, l'archidémon détourna légèrement le regard, son sourire s'effaçant brièvement.

- La première personne à lui avoir tendu la main fut...

Il se stoppa, ses traits se durcissant un instant, luttant visiblement contre un nom qu'il ne pouvait pas prononcer. Une étincelle de colère traversa son regard, mais il se reprit rapidement, reprenant son ton moqueur et détaché.

- Peu importe. Ce qui compte, c'est que pour lui, ce geste... il ne le réserve qu'à ceux qui comptent, ceux qui sont ses perles rares.

Il se redressa lentement, croisant les bras derrière son dos, avant de reprendre avec un éclat cruel dans la voix.

- Et toi, démon... tu étais l'un d'eux. Il t'a tendu la main, et toi, tu as fait de même. Mais toi... toi, tu l'as fait pour mieux le laisser tomber.

Ses yeux flamboyaient, emplis d'un amusement sadique, tandis qu'il s'arrêta face à Alastor.

- C'est ça, le plus ironique, continua-t-il, son sourire s'élargissant. Il t'a ouvert son monde, ses blessures, ses peurs les plus intimes... et toi, tu as choisi de le poignarder là où ça ferait le plus mal. Un véritable chef-d'œuvre de cruauté, vraiment. Je t'admire.

Il fit une pause, laissant ses paroles s'imprégner dans l'air lourd. Puis, il ajouta, plus bas :

- Mais dis-moi... toi qui joues si bien avec les cœurs et les âmes, as-tu ressenti quelque chose en le détruisant ? Une once de regret... ou était-ce simplement un jeu ?

Sa voix, douce comme un venin, faisait vibrer l'air autour d'eux. Alastor tenta de répondre, de répliquer, mais aucun mot ne franchit ses lèvres. Il était piégé, figé sous le regard oppressant de cet être. Satan s'arrêta, son visage proche de celui d'Alastor, un sourire cruel illuminant ses traits ensanglantés. Un monstre dans la peau d'un ange. Et pour la première fois depuis longtemps, Alastor ressentit la morsure du véritable désespoir.

Le démon de la radio resta silencieux un long moment, reprenant ses esprits. Il n'était pas question de montrer la moindre peur face à cette chose si dangereuse.
Désormais figé dans une posture qui semblait avoir repris son assurance habituelle. Ses yeux, plissés comme à son habitude, masquaient mal l'ombre de l'inquiétude qu'il peinait à contenir. L'aura suffocante de Satan, oppressante et écrasante, pesait sur lui comme un poids invisible, alourdissant l'air à chaque instant. Pourtant, il reprit sa posture comme si de rien n'était, ses mouvements calculés, son élégance froide intacte retrouvé. Mais un observateur attentif aurait remarqué la tension dans ses épaules, ou ce léger tremblement dans ses doigts qu'il dissimulait sous une fausse désinvolture. Puis il se mit à sourire. Pas son sourire habituel, moqueur ou condescendant. Non. C'était un sourire plus fin, presque prédateur, mais chargé d'une étrangeté qui semblait autant un masque qu'une arme.

- Un jeu, dis-tu ? murmura-t-il enfin, sa voix douce, presque chantante, résonnant dans l'atmosphère lourde comme une note dissonante.

Il fit un pas en avant, raccourcissant la distance entre lui et Satan, ses yeux rougeoyants plongeant dans les prunelles dorées du Diable. Ses propres pupilles semblaient vaciller un instant face à l'intensité perverse de cet être qui avait pris possession de Lucifer.

- Voyons... Tu me sous-estimes. Sa voix glissa dans l'air comme une lame polie, mais son ton trahissait une profonde précaution.

Il avançait sur un terrain miné, il le savait, mais refusait de montrer la moindre hésitation.

- Crois-tu vraiment que je sois si frivole ? Que je joue avec les cœurs comme un enfant joue avec des cailloux ?

Il pencha légèrement la tête, un éclat d'amusement dans ses yeux, mais au fond, une lueur plus sombre, plus vulnérable, et craintif s'y mêlait.

- Ce que j'ai fait... était un acte de pure nécessité. Rien de plus.

Alastor fit un pas de côté, prenant soin de ne jamais tourner complètement le dos à Satan, mais entamant une marche lente autour de lui. Il tentait d'inverser les rôles, de reprendre un semblant de contrôle. Pourtant, l'air semblait vibrer sous la pression invisible qu'exerçait la présence de Satan.

- Lucifer, avec toute sa fierté, toute sa bonté mal placée... avait besoin de tomber. Et il avait besoin de moi pour cela.

Sa voix, toujours douce, s'assombrit légèrement, chaque mot se teintant d'un venin subtil. Il jouait une partition dangereuse, chaque note soigneusement calculée pour masquer les tremblements sous ses pieds.

- Oui, il m'a tendu la main. Oui, j'ai répondu à son geste. Mais crois-tu un seul instant qu'il ait jamais compris ce que cela signifiait pour moi ?

Il s'arrêta net, ses yeux flamboyant d'une intensité nouvelle, mais cette fois, le défi dans son regard semblait légèrement forcé, comme un comédien jouant une scène qu'il savait perdue d'avance.

- Je n'ai pas brisé son cœur. J'ai brisé son illusion.

Ses lèvres s'étirèrent en un rictus presque carnassier, mais le tremblement imperceptible au coin de sa bouche trahissait un fond de nervosité.

- Cette fragile façade qu'il s'était construite pour cacher ce qu'il est vraiment. Et toi, toi plus que quiconque, tu devrais me remercier pour cela. Après tout, n'était-ce pas toi qui te cachais derrière cette comédie ?

Il s'avança de nouveau, ses pas calculés mais prudents, tandis que sa voix se faisait plus glaciale.

- Regarde autour de toi. Tu es là maintenant, n'est-ce pas ? Parce que j'ai détruit ce qui le retenait. J'ai libéré ce que tu es. Alors dis-moi... lequel de nous deux a vraiment gagné ce jeu ?

Il recula d'un pas, son sourire toujours figé sur son visage, mais ses yeux, eux, étaient fixés sur Satan comme un fauve guettant un prédateur plus grand.

- Est-ce vraiment de la cruauté ? Ou simplement une leçon nécessaire pour une âme trop fragile ?

Il s'immobilisa, son sourire toujours présent, bien qu'il sentît son propre cœur battre trop fort dans sa poitrine. Il attendait la réaction de Satan avec une curiosité froide, mais une lueur de peur sourde brillait dans son regard, trahissant malgré lui l'impact de cette confrontation.

Satan, lui, resta silencieux un instant. Son regard doré, perçant, sembla sonder chaque recoin de l'âme d'Alastor. Puis un sourire, imperceptible mais glaçant, effleura ses lèvres. Ce sourire, empreint d'une certitude écrasante, fit naître une sueur froide sur la nuque d'Alastor. C'était un jeu auquel il avait choisi de jouer, mais dont il n'était plus sûr de pouvoir sortir vivant.

- Vraiment... intéressant, murmura-t-il d'une voix basse, presque médicamenteuse.

Ses yeux ne quittaient pas Alastor, mais il se détourna légèrement, comme s'il pesait les mots de ce dernier.

- Ce que tu dis... ça aurait pu être... pertinent, il y a bien longtemps.

Satan observait Alastor d'un air calculateur. Sa posture, bien que marquée par les stigmates de ses blessures, dégageait une puissance tranquille et provocante. Chaque mouvement semblait mesuré, conçu pour rappeler qu'il était bien plus qu'un simple roi déchu. Satan ne répondit pas immédiatement. Il laissa ses mots flotter dans l'air, se mêlant à l'atmosphère lourde de tension. Chaque seconde semblait un siècle, le silence lui-même devenant une arme, une pression sourde qui s'abattait sur Alastor malgré son masque d'arrogance maîtrisée.
Puis, lentement, Satan s'avança. Chaque pas résonnait comme un coup de marteau sur le sol, lourd de menace.

- Tu parles de nécessité, de libération... continua-t-il, un sourire cruel se dessinant sur ses lèvres. Mais tu oublies une chose, Alastor.

Il leva lentement une main, son geste à la fois fluide et terrifiant. Alastor ne bougea pas, se refusant à reculer malgré le poids oppressant qui pesait sur lui.

- Ce n'est pas toi qui brise. C'est moi.

Avant qu'Alastor ne puisse réagir, Satan le saisit violemment par la gorge. Sa main, froide et implacable, se referma autour de son cou avec une force inhumaine. L'élégance calculée d'Alastor se fractura l'espace d'un instant, une expression de pure surprise traversant son visage avant qu'il ne puisse se ressaisir.

- Et tu crois que je vais te laisser t'en tirer après avoir osé humilier ce que nous sommes Lucifer et moi ?

D'un mouvement brutal, Satan le souleva du sol comme s'il ne pesait rien, puis l'écrasa violemment contre le mur derrière lui. La pierre se fissura sous l'impact, des éclats de débris tombant autour des deux figures. Alastor étouffa un grognement, ses mains venant instinctivement agripper le poignet de Satan, mais il savait qu'il ne pouvait rien contre cette force titanesque. Le sourire de Satan s'élargit alors qu'il observait Alastor, son regard rougeoyant emprisonné par le sien.

- Tu veux défier le Diable lui-même, toi, un misérable joueur de pacotille ?

Il resserra sa prise, une lueur sadique illuminant son regard tandis qu'Alastor se débattait en vain. Pourtant, même dans cette position de faiblesse absolue, Alastor maintenait son masque. Malgré la douleur évidente, malgré le souffle qui lui manquait, il continuait de fixer Satan avec cette étincelle de défi dans les yeux, comme un naufragé refusant de se noyer. Satan pencha légèrement la tête, un éclat amusé traversant ses traits.

- Tu es intéressant, pécheur. C'est sans doute ce qui t'a sauvé jusque-là. Mais ne te méprends pas...

Il relâcha sa prise légèrement, juste assez pour qu'Alastor puisse respirer, mais le tint toujours fermement contre le mur.

- Tu m'as humilié, et ça... ça mérite une punition.

Il s'arrêta, son sourire se transformant en un rictus cruel.

- Mais ne t'inquiète pas... Je n'ai pas l'intention de te détruire. Pas encore.

D'un geste brusque, il relâcha Alastor, le laissant retomber au sol. Le choc fit trembler la pièce, et Alastor, bien que désorienté, se redressa lentement, passant une main sur son cou, masquant sa respiration laborieuse derrière un regard redevenu glacial.

Satan, son sourire carnassier toujours accroché aux lèvres, observa Alastor avec un mélange de mépris et de satisfaction. Il s'avança lentement, son regard brûlant de fureur et de défi, comme un prédateur prêt à savourer sa proie.

D'un geste rapide et brutal, il planta le talon de sa botte sur la poitrine d'Alastor, le forçant à se coucher de nouveau. Un rire glacé s'échappa de ses lèvres tandis que son regard se fit plus intense. Il appuya lentement, prenant un malin plaisir à sentir la résistance d'Alastor sous son poids. Le talon s'enfonça dans le torse du démon, observant la douleur et l'humiliation qui émanaient de lui. Les prunelles d'Alastor s'embrasèrent d'une lueur mêlée de défi et de rage, mais il ne put empêcher une grimace de souffrance de déformer ses traits. Il savait qu'il ne pouvait pas céder, pas devant Satan. Mais le poids écrasant de la botte ne lui laissait guère de répit.

- Ce que tu as fait... Murmura Satan, sa voix un poison sucré. Tu dois comprendre ce que cela coûte.

Il força davantage, s'amusant de voir Alastor tenter de retenir son souffle, sa main crispée sur son torse. Chaque instant était une torture, mais Satan savourait le spectacle. Le démon, malgré sa fierté, ne pouvait dissimuler l'agonie qui le traversait.

Finalement, après un long moment d'humiliation, Satan relâcha brusquement la pression, son pied quittant la poitrine d'Alastor. Celui-ci se laissa tomber en arrière, haletant, les yeux brillants de défi malgré la douleur qui marquait encore son visage.
Satan recula d'un pas, observant Alastor qui, encore sous l'effet de l'humiliation et de la douleur, tentait de reprendre son souffle. Un sourire pervers se dessina sur son visage.

- Je dois admettre une chose, démon écarlate, murmura Satan, sa voix suintant d'une douceur venimeuse. Tu es... à mon goût.

Ses mots s'attardèrent dans l'air, une caresse invisible qui fit frémir l'atmosphère. Lentement, il s'avança, chaque mouvement calculé, félin, empreint d'une sensualité dérangeante. Sa main s'éleva, non pas pour frapper, mais pour effleurer le col légèrement froissé d'Alastor, traçant une ligne dorée sur le tissu impeccable, comme une marque de sa domination subtile.
Mais il ne s'arrêta pas là. Ses doigts glissèrent lentement, effleurant la gorge d'Alastor, descendant le long de son torse, chaque contact léger mais brûlant d'une intensité perverse. Il savourait chaque frisson qu'il provoquait, chaque tressaillement imperceptible sous son toucher. Satan rapprocha son visage, si proche que leurs souffles se mêlèrent, et ses lèvres effleurèrent presque l'oreille d'Alastor.

Ses doigts s'attardèrent un instant de plus sur le tissu du col d'Alastor, une caresse presque imperceptible, mais lourde de sens. Un éclat étrange traversa le regard de Satan, un éclair de compréhension intime, comme si ses capacités surnaturelle venait de déchiffrer un aspect enfoui du démon face à lui, un détail invisible aux yeux de tous, sauf aux siens.
Son sourire carnassier s'élargit alors, mais il avait changé de nature, il n'était plus seulement provocateur, il était teinté d'un jeu cruel, d'une curiosité insatiable. D'un mouvement fluide, il se redressa avec une grâce inhumaine, ses gestes empreints d'une légèreté trompeuse, presque trop décontractés pour être naturels.

Satan fixa Alastor avec une intensité troublante, ses yeux dorés brillant d'une lueur malicieuse et perçante, un éclat qui révélait qu'il avait vu ou ressenti quelque chose que personne n'aurait pu deviner. Un secret, peut-être enfoui au plus profond d'Alastor, qu'il garderait jalousement, ou utiliserait à son avantage au moment opportun.

- Intéressant, murmura-t-il, sa voix douce, presque moqueuse. Très intéressant.

Satan tourna légèrement la tête, comme s'il réfléchissait, mais son sourire joueur ne quittait pas ses lèvres. Il savait qu'il avait éveillé quelque chose, ou peut-être mis en lumière une faiblesse ou un fragment d'humanité soigneusement dissimulé dans le caractère impassible d'Alastor. Et cette découverte semblait l'amuser plus que de raison.

- Tu es divertissant, ajouta-t-il, un éclat de malice dans son ton.

Un sourire différent naquit sur ses lèvres. Plus calculateur, plus intrigué. Il jeta un dernier regard à Alastor, encore allongé, ses yeux écarlates brûlant de défi malgré la tension qui subsistait.

- Tu veux jouer ? Très bien. Jouons. Un rictus apparut sur son visage, une expression à la fois sensuelle et terriblement menaçante. Je te propose un pari, un contrat... unique en son genre.

Satan s'inclina légèrement, son souffle glacé caressant la peau d'Alastor tandis qu'il murmurait.

- Trois mois. Si tu parviens à me soumettre, Lucifer et moi, je serai entièrement à toi. Définitivement. Corps, âme, esprit... tout. Une exclusivité. Une opportunité unique.

Il marqua une pause, savourant l'impact de ses mots.

- Mais si tu échoues... alors tu m'appartiendras. Pas seulement en tant que pion, mais en tant que spectre brisé, incapable même de te relever. Et crois-moi, je te ferais goûter ce qu'est véritablement l'enfer.

Il recula, son sourire élargi par un éclat pervers et dominateur.

- Alors, démon... Acceptes-tu ?

Le défi brillait dans ses yeux comme une promesse de souffrance et de fascination. C'était une invitation au chaos, une partie dont les règles seraient réécrites au gré des caprices de Satan.
Lentement, Alastor releva les yeux, son regard mêlant fascination et effroi. Une part de lui brûlait d'un désir inavoué de comprendre cette force insondable, tandis qu'une autre était pétrifiée par la peur viscérale d'avoir réveillé un démon qu'il ne pourrait jamais contrôler.

Finalement, après un long moment, il se releva. Alastor parvint à lever les yeux, un mélange de terreur et de fascination dans le regard. Une part de lui brûlait de curiosité, d'un désir profond de comprendre cette force insondable qui sommeillait dans les tréfonds de Lucifer. Mais une autre part, plus sombre, ressentait la peur viscérale d'avoir réveillé un démon qu'il ne pourrait jamais contrôler. Le démon hésita un instant, son regard planté dans celui de Satan, un mélange d'arrogance et de défi dans ses prunelles.

Le roi des Enfers esquissa un sourire, ce sourire glacial et suffisant, qui semblait prédire mille façons de briser quiconque s'y opposait.

Finalement, Alastor tendit sa main, prêt à conclure le pacte de manière traditionnelle. Son geste était calculé, empreint de la froide assurance qu'il maîtrisait si bien. Mais alors que leurs mains allaient se serrer, Satan, un sourire amusé et carnassier au coin des lèvres, interrompit le mouvement.

- Non, non. murmura Satan, sa voix glissant comme une soie empoisonnée. Je préfère une méthode... plus intime pour sceller mes pactes et puis, je ne ferais que te rendre la politesse.

Avant qu'Alastor n'ait le temps de protester ou de reculer, Satan saisit fermement son col, réduisant brusquement la distance entre eux. L'instant était électrique, chargé d'une tension aussi dérangeante que fascinante. Puis, sans la moindre hésitation, Satan captura les lèvres d'Alastor dans un baiser provocateur, presque brutal. Le contact, froid et brûlant à la fois, n'était pas seulement un geste symbolique, mais une manière de marquer son emprise, d'imposer son pouvoir dans une proximité inattendue.

Alastor, pris au dépourvu, sentit la chaleur glaciale de ce baiser, une contradiction déconcertante qui reflétait la nature même de Satan. Pourtant, il ne bougea pas, son regard défiant et son corps figé comme une statue.

Le contact fut immédiat, presque viscéral. Une onde de choc invisible parcourut leurs corps, comme si deux forces antagonistes s'affrontaient dans une étreinte impitoyable. Un éclat fulgurant jaillit, illuminant la pièce d'une lueur contrastée. Une lumière rouge sombre enveloppa les deux démons, émanant de la main de Satan, tandis qu'un éclat rouge plus vif, presque écarlate, s'élança du côté d'Alastor. Les deux lumières tourbillonnèrent un instant avant de converger en un point précis. Une marque brûlante apparut sur leurs mains, gravée comme un sceau indélébile. Pour Satan, le symbole pulsait d'une énergie noire et profonde, un tourbillon d'éclairs dorés se mélangeant à son essence. Pour Alastor, la marque semblait rougeoyante, vibrante, marquée d'un éclat intense qui reflétait sa propre ambition et sa soif de pouvoir.

Un document se matérialisa entre eux, flottant dans l'air comme une relique sacrée. Le parchemin noirci portait une écriture enflammée qui semblait vivante, changeant et évoluant sous leurs yeux. Chaque lettre vibrait d'un pouvoir ancien, une promesse irrévocable. Satan, toujours impassible, tendit une main ensanglantée vers le document. Un éclat de son énergie dorée s'y inscrivit, formant sa signature, alors qu'un sourire amusé effleurait ses lèvres.

- Eh bien, jeune démon, murmura-t-il, la voix mielleuse et pleine de sous-entendus. Je crois que nous sommes officiellement liés maintenant.

Alastor plissa légèrement les yeux, mais ne recula pas. Il tendit également sa main, traçant un signe rouge flamboyant qui s'inscrivit juste à côté de celui de Satan. Une chaleur oppressante envahit la pièce, comme si l'Enfer tout entier observait cet instant solennel. Le contrat scintilla un moment avant de s'embraser, disparaissant dans une gerbe d'étincelles. Pourtant, les deux démons pouvaient encore en sentir le poids, cette chaîne invisible qui les liait désormais. Satan abaissa doucement sa main, son sourire carnassier toujours présent. Il observa un instant la marque sur sa peau, une preuve tangible de leur pacte, et releva les yeux vers Alastor, son regard brûlant d'une lueur narquoise.

- Voilà qui scelle notre destin, déclara-t-il, sa voix résonnant dans le silence comme un coup de tonnerre. Trois mois.

Alastor, malgré l'éclat inquiétant de la marque qui pulsait encore sur sa main, répondit par un sourire presque enfantin.

- Oh, ne t'inquiète pas, murmura-t-il d'un ton doucereux. Je compte bien savourer chaque seconde de ce jeu.

Mais à cet instant, il ressentit une étrange sensation, comme une aiguille glacée s'enfonçant dans son âme. Ce pacte n'était pas qu'un simple accord. Il y avait un poids, une présence, qui s'imposait doucement à son esprit. Quelque chose dans la nature même de Satan, dans son essence, semblait déjà tisser sa toile, effleurant les tréfonds de son être. Satan le fixa, amusé, avant de murmurer :

- Tu sens déjà le feu, n'est-ce pas ? Cette marque, cette chaîne... elle est là pour nous rappeler à tous les deux ce que nous avons promis. Et crois-moi, Alastor, tu n'as aucune idée de ce que cela signifie réellement.

Un silence oppressant s'installa, l'air chargé de tension. Pourtant, Alastor, malgré la sueur froide qui perlait à sa nuque, ne flancha pas.

- Alors montre-moi, répondit-il d'un ton provocant, ses yeux flamboyant de défi. Montre-moi ce dont tu es capable, Satan.

Le roi des Enfers éclata d'un rire grave et terrifiant, qui résonna dans toute la pièce comme une symphonie d'ombres.

- Oh, tu as trouvé du premier coup petit démon, toutes mes félicitations. Mais je te préviens, je n'ai rien à voir avec celui que tu as connu, ici je suis celui qui fixe désormais les règles du jeu.

Et alors que les échos de ce rire s'estompaient, une tension palpable s'installa entre eux, signe que leur affrontement venait réellement de commencer. Le pacte était scellé, et avec lui, une guerre d'égo et de pouvoir s'apprêtait à éclater, transformant leurs destins à jamais.

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