Chapitre 7 √
— Attendez, princesse, vous devez enfiler une robe avant d'aller voir votre sœur.
Je me tourne vers Ariane, amusée de ses propos. Pourquoi diable irais-je me conformer à ces vieilles traditions ?
— Du temps que je serai ici, jamais je ne porterai une robe.
Elle me lance un regard outré, scandée de mes propos.
— Mais enfin... C'est dans le règlement !
— Et tu trouves ça normal que les femmes doivent porter ces horreurs ? Ça gratte, c'est long, ça compresse et on ne peut même pas courir avec ! (Je fais une pause puis reprends :) Amène-moi à ma sœur, Ariane.
Elle se mordille la lèvre avant de soupirer. Sûrement parce qu'elle sait qu'elle n'aura jamais le dernier mot avec moi. Sortant hâtivement du couloir, elle déclare d'une voix basse :
— Vous ne tiendrez pas longtemps ici avec cet état d'esprit. Des règles ont été écrites dans un but précis et cela vous causera malheur si vous ne les respectez pas, princesse !
Je lui lance un sourire alors que nous marchons dans le couloir, mes cheveux se balançant lourdement dans mon dos.
— Les règles sont faites pour être enfreintes, Ariane.
Elle me fixe, les yeux ronds comme si j'avais dit une horreur. Je la comprends, dans le fond. Elle doit vivre dans ce palais depuis plusieurs années et mon comportement la choque probablement.
— Pardon ?
— Je disais que c'était dommage. Vois le bon côté des choses, si je suis éliminée, tu n'auras plus besoin de t'occuper de moi !
Elle me contourne en haussant les yeux au ciel pour monter les escaliers. Le palais est désert et seuls les gardes nous font office de présence. Postés aux abords des couloirs, ils restent stoïques, leur immense casque en bronze leur barrant le visage. Ce qui me fait penser que je n'ai toujours pas aperçu un seul membre de la famille royale.
— Ariane, où sont le prince ainsi que ses parents ?
— Il me semble qu'ils sont partis pour une réunion d'état importante... Mais reviendront ce soir pour vous accueillir.
Je hoche la tête alors qu'elle me laisse devant une porte et déclare :
— C'est ici. Vous n'avez plus besoin de mes services ?
— Mmh, non. Je pense avoir retenu le chemin.
Je lui souris alors qu'elle me tourne le dos pour s'en aller. Je l'interpelle avant qu'elle ne disparaisse.
— Ariane ?
— Oui, princesse ?
— Merci beaucoup.
Elle me répond d'un discret sourire avant de continuer le chemin pour s'en aller. Je toque donc à la porte de la chambre de ma sœur, attendant patiemment que celle-ci vienne m'ouvrir.
À vrai dire, je n'avais pas vraiment de but d'aller la voir mais bon... Elle reste ma sœur et j'ai envie de savoir ses pensées sur ce palais.
La porte s'ouvre sur une Solenn rayonnante. Ses cheveux ont été ramenés en un somptueux chignon et elle porte une longue robe rose bouffante qui la met parfaitement en valeur. Je reste bouche bée devant sa beauté.
— Solenn, waouh...
— Sarah ! Qu'est-ce que tu fais ici ? Angela m'a dit qu'on n'avait pas le droit de sortir de nos chambres.
J'entre dans la sienne sans lui répondre et lui demande :
— Angela ?
— Ma servante. Qu'est-ce que tu fais ici ?
Elle a l'air agacée de ma venue. Les sourcils haussés, elle pince la bouche puis claque sa langue au palais.
— Je voulais voir comment t'allais.
Je m'affale sur son lit, épuisée. C'est vrai que je n'ai toujours pas dormi et je commence vraiment à fatiguer. Je profite qu'elle fouille dans son armoire pour observer sa chambre. Tout m'a l'air... Parfait. Chaque objet est à sa place, même pas un brin de poussière ou de saleté, les tissus du lit sont juste sublimes et sa chambre est tellement belle au final... Tout comme elle.
Elle est splendide. Contrairement à moi. Ma tresse est complètement décoiffé et j'ai une horrible tête en plus de mes vêtements désastreux.
— Qui t'a habillée et maquillée comme ça ?
— Ma servante. D'ailleurs où est-elle ? Servante ! J'ai besoin que tu m'aides à choisir une paire de chaussures.
J'observe Solenn, un sourire crispé au visage. La pauvre Angela... Cette dernière arrive, essoufflée comme si elle avait couru un marathon, des produits désinfectants dans la main. Elle devait visiblement nettoyer la salle de bains.
Sans un mot, je m'éclipse de la chambre. Je soupire en refermant la porte derrière moi. Solenn agit vraiment bizarrement. D'ordinaire, elle n'aurait pas parlé comme ça à quelqu'un... Aurait-elle prix la grosse tête depuis notre arrivée ? En si peu de temps, c'est impossible. Aurait-elle donc oublié qu'initialement elle n'est rien d'autre qu'une simple boulangère ?
Lassée, je finis par me balader dans le palais sans pour autant trop m'égarer. Les gardes ne me prêtent aucune attention alors je continue ma route. J'espère qu'il y a une bibliothèque ici, je pourrais passer mes journées là-bas pendant un mois jusqu'aux premières éliminations. J'adore les livres mais je n'ai pas été autorisée a en emmener avec moi.
En me promenant, je m'approche d'une fenêtre et me fige devant deux silhouettes dans le jardin qui me tournent le dos. Ils ont l'air de porter de riches accoutrements, des genres de vestes brodées dans une couleur pure que l'on retrouve rarement dans mon village.
Les deux hommes se retournent alors et je plisse les yeux. Le roi et le prince dans le jardin, dans ma ligne de mire. Comment je les reconnais ? L'un porte une couronne sur la tête et l'autre est le portrait craché de l'aîné. Je n'ai pas le temps de m'attarder sur eux qu'ils rentrent à l'intérieur.
Je dois disparaître et vite. S'ils montent à l'étage et qu'ils me voient, j'ai signé mon arrêt de mort. Je n'ai toujours pas compris pourquoi nous n'avons pas le droit de nous balader. Ce n'est pas comme si on risquait de se faire tuer ou kidnapper, les gardes sont un peu partout...
— Mademoiselle, que faites vous ici ?
Je fais volte-face et mon regard croise celui d'un homme. À sa tenue, je le pense être un garde. Il porte une sorte de combinaison noire de guerre qui moule son corps à la perfection. Plutôt grand et musclé, son visage se ternit alors qu'il me fixe, l'air mauvais. Ses cheveux châtains forment une masse sur sa tête et je me surprends à le trouver beau.
— Euh, je...
Si beau que j'en bégaye.
— Je souhaitais me rendre au petit coin. Problèmes féminins, vous comprenez ?
Malgré ma tentative pour le rendre le plus mal à l'aise possible, il n'en parait rien et réplique froidement :
— Vous avez une pièce personnelle juste à côté de votre chambre où se trouve une douche, des toilettes et un lavabo. Votre excuse n'a aucun sens.
Il s'approche de moi, sa main sur son fourreau. Merde.
— Je ne savais pas, réponds-je. Je suis arrivée ici et je ne suis pas allée directement dans ma chambre c'est donc pour ça que je cherche les toilettes.
Il se méfie, je le sens. Il s'approche alors de moi et je réalise que je ne suis qu'une vulgaire brindille comparée à lui. Il me dépasse d'au moins trois têtes et je ne suis qu'une légère plume face à sa musculature.
Je me demande bien qui il est...
— Je vais vous emmener à votre chambre. Quel est votre nom ?
— Sarah Crawford.
Il me fait signe de le suivre, ses pas raisonnant brutalement sur le marbre clair.
— Et vous, qui êtes-vous ?
Il tourne la tête avec un regard noir.
— Je vous pose des questions, moi ? Non.
— Vous venez de m'en poser une, remarqué-je.
Il tique et ça me fait lâcher un ricanement. Puis mon sourire s'étire.
— Vous semblez bien trop heureuse, Mademoiselle.
Je l'ignore et reprend :
—Vous êtes qui alors ? Un garde ? Un méchant qui m'emmène dans une pièce secrète pour me tuer ?
Il se tourne vers moi en soupirant.
— Je suis seulement le garde du corps du prince Kaled. Arrêtez de vous imaginer des choses, cela vous rend encore plus bête que vous ne semblez déjà l'être.
Outrée, ma bouche s'ouvre et je réplique :
— Je vois. J'ai affaire à un homme très sûr de lui qui croit tout savoir sur les gens alors qu'il ne les connait pas. Nous sommes arrivés de toute manière.
J'ouvre la porte de ma chambre, énervée. Ariane s'occupe de faire la poussière sur mon rebord de fenêtre et s'interrompt en me voyant.
— Un problème, princesse ? demande Ariane.
— Il a dit que j'étais bête !
— Qui donc ?
— Lui ! Le garde du corps de ce maudit Kaled ! soufflé-je. Et arrête de m'appeler princesse, nom de dieu ! Si tu ne veux pas m'appeler Sarah, appelle-moi mademoiselle mais par pitié, tout sauf princesse ! Est-ce que j'ai l'air d'une princesse selon toi ?
Ariane m'observe, attentive.
— Eh bien... Oui. Vous voulez que je vous aide à vous mettre en valeur ?
— Non.
— Mais vous pourriez...
— J'ai dit non ! J'ai tout sauf envie de rester ici, tu comprends ?
Elle se fige, le visage crispé. Je réalise alors la gourde que je viens de commettre et passe une main sur mon visage, épuisée.
— Vous ne voulez pas épouser le prince ?
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