Chapitre 46 √
Je finis d'expliquer toute la situation à Neyla, épuisée. Pourquoi ma vie ne peut pas être plus simple ? Pourquoi faut-il que ce soit toujours moi, Sarah Crawford, qui me tape toutes les emmerdes du monde ? Pourquoi le monde est contre moi ?
- Récapitulons. Tu as un prince qui te hait, une sœur qui fait tout pour anéantir ta vie, une mère qui ne te croit pas et un petit copain pot de glue. Mais, n'oublions pas que tu m'as moi, la super amie que je suis et qui va t'aider !
C'est fou comme elle me fait sourire si vite. Assise en tailleur sur mon lit, elle tapote ses genoux et se redresse pour se mettre debout.
- Il est vingt heures passées et il y a une sorte de petite réception. Nous allons y aller.
- Neyla, je n'ai pas envie d'y aller...
- Mais tu dois ! Tu dois montrer à tous ces gens que tu es plus forte qu'eux ! Que tu vaux mieux. Et tu vaux mieux, Sarah. Tu vaux mieux que quelques paroles et des mauvais regards. Laissez-les parler et continue ta vie. Ce ne sont pas eux qui vont t'arrêter, crois-moi. Et je sais ce que je dis car tu iras loin.
- Ma mère m'a dit que j'étais une déception pour elle, soupiré-je. Le prince m'a dit que je pouvais repartir chez moi et Solenn m'a dit que jamais personne ne m'aimerait. Au final, ils ont peut-être raison et j'ai sûrement tort.
- Non ! Oublie ta mère un instant, veux-tu ? Solenn également. À présent, c'est moi ta sœur. Tu oublies cette pimbêche et tu vas reconquérir le prince ! Va leur montrer que c'est toi Princesse Sarah, la future reine du pays et que personne ne te détrônera.
- Tu exagères un peu...
Elle secoue la tête négativement, me tire par le bras et nous sortons précipitemment de ma chambre. Je soupire tandis que nous approchons de la salle de réception.
Et alors que nous sommes à l'entrée, je demande à Neyla d'une voix faible :
- Neyla ? Je peux prendre ta main ?
Elle sourit et glisse sa main dans la mienne. Nous entrons dans la salle où tous les regards sont rivés sur moi. Et à peine mes pieds ont-ils dépassé la porte qu'un sentiment de jalousie me parcourt. Les deux seuls qui ne nous remarquent pas sont Solenn et le prince qui sont en pleine discussion.
Neyla me tire par la main et nous nous asseyons sur un canapé, loin de ces gens. Je ne cesse d'observer les doigts de Solenn qui caressent la main du prince. Cette main qui s'est glissée sous mon t-shirt un jour plus tôt.
- Ignore-les, Sarah. Il veut te rendre jalouse et Solenn veut avoir de l'avance sur toi.
J'ai envie de fondre en larmes. J'ai envie de pleurer toutes les larmes de mon corps mais ça ne sort pas. Ça ne sort plus.
- Tu... tu ne comprends pas ! Tu ne comprends rien. Ma mère me hait... La seule personne qui a toujours comptée pour moi me déteste à vie et le prince dont... dont j'ai fini par tomber amoureuse malgré moi me hait également juste parce que j'ai embrassé un abruti que je ne voulais pas embrasser !
Je tape du pied, la rage au ventre. Elle n'a pas le doit de le toucher ! Elle n'a pas le droit de... de l'embrasser...
Je rêve. Je dois rêver. Ce n'est pas possible autrement. Ce n'est pas possible ! Il n'a pas le droit de me faire ça ! Ils n'ont pas le droit... de détruire ma vie comme ça !
Je ne rêve pas. Ils sont clairement en train de s'embrasser. Devant moi. Devant ma mère qui sourit comme si elle voyait un couple mignon, heureux. Devant moi qui ai le cœur brisé. Devant Neyla qui me fait positiver tout le temps mais qui n'y arrivera plus à présent.
Je me lève brusquement et réplique à moi-même :
- Il m'a donné le droit de m'en aller ? Très bien. Je m'en irai dans ce cas. Je n'ai plus rien à faire ici. Mais avant, j'ai quelques mots à toucher à ma mère.
J'approche, furibonde jusque ma mère et lui tapote l'épaule. Comme ma mère se trouve près du prince et de Solenn, ces deux-là interrompent leur baiser pour voir ce que je viens faire ici.
- Maman, j'ai des choses à te dire.
Elle me regarde enfin. Pas comme si j'étais sa plus grosse déception, non. Comme si elle ne comprenait pas. Je la prends par le bras pour nous faire sortir de la salle et la voix grincheuse de Solenn intervient dans mon dos :
- Ne joue pas à ça, petite sœur ou tu perdras !
Je me retourne et réponds, lassée qu'elle parle :
- Tu as gagné, Solenn. J'abandonne.
Elle ne dit rien, à court d'idées.
Sorties de la salle de réception, je réfléchis calmement à ce que je vais dire. Je réfléchis à ce que je vais dire pour qu'au moins, ma relation avec ma mère s'améliore.
Je l'emmène donc aux jardins où nous nous contentons d'observer le ciel étoilé pour le moment. Les secondes s'écoulent, bientôt les minutes et seul le fait de rester à côté de ma mère compte pour le moment.
Je finis par prendre la parole :
- C'est l'endroit qui m'a le plus plu quand je suis venue ici depuis la première fois. Bien sûr, après il y a eu la bibilothèque mais là, c'est le plus bel endroit que je n'ai vu de toute ma vie.
- Il est joli, oui. Tout à l'air... idyllique.
- Tu sais, maman, je l'aime vraiment.
Elle se tourne vers moi et fronce les sourcils.
- Qui donc ?
- Le prince. Quand je l'ai vu pour la première fois, je l'ai trouvé incroyablement beau. Incroyablement charismatique. J'ai fini par le connaître et je ne voulais pas l'aimer. Je voulais le haïr, lui trouver le plus de défauts possibles mais je n'y arrivais pas. Je ne trouvais rien qui pourrait me laisser le détester. Et je l'ai aimé. Du plus profond de mon cœur. Je l'ai aimé à en perdre le souffle. Je l'ai aimé à en rêver. Alors que je ne le voulais pas. Je n'y croyais pas, je ne voulais pas le croire. Je n'y crois toujours pas. Je ne comprends pas que quelqu'un comme lui ait été séduit par quelqu'un comme moi. Je ne comprenais pas qu'un prince pouvait m'aimer. Je l'aime vraiment, maman. Je n'ai jamais autant aimé quelqu'un comme je l'aime lui. Et comme tu as pu le voir, j'ai fait une erreur hier. J'ai embrassé le mauvais garçon. J'ai embrassé mon passé. Et je n'arrive pas à réparer les choses. Il me déteste mais s'il savait à quel point je suis désolée. J'ai tout gâché. Comme toujours.
Ma mère ne dit rien et se contente de fixer le ciel. Je soupire en me détournant d'elle. J'ai des valises à faire et une lettre à préparer.
- Tu devrais lui parler. Ma fille ne laisserait pas tomber. Je ne t'ai jamais vu baisser les bras et ce n'est pas maintenant que tu le feras.
- Je suis ta déception, maman. Je n'ai plus rien à prouver.
Elle s'approche de moi et pose ses mains sur mes épaules.
- Tu n'es pas ma déception, Sarah. Je me suis emportée et je m'en veux terriblement. Ce n'est pas mon rôle de mère de dire ce que j'ai dit tout à l'heure. Je n'ai pas encore tout bien compris de toute cette histoire mais ne laisse pas tomber, ma fille.
- J'irai lui parler mais s'il ne m'écoute pas, je rentre à la maison.
Je m'éloigne d'elle pour retrouver Neyla à la salle de réception qui est encore en train de manger. Elle ne sait faire que ça, nom de Dieu ! Quand elle m'aperçoit, elle cesse toute activité et s'approche de moi.
- Alors ?
- Attends. Où est le prince ?
- Euh...
- Neyla, réponds-moi !
- Sorti avec Solenn mais...
Je ne la laisse par terminer et sors précipitemment de la salle de réception, le cœur battant. Je n'ai jamais été aussi triste et déçue de toute ma vie. Je parcours les couloirs du palais en courant. J'ai besoin de lui et il ne peut pas me laisser tomber.
Bon sang mais où sont-ils !
Peut-être le jardin ? Où sa chambre ? Sa chambre !
Il faut que j'y aille et vite ! J'ai enfin réussi à avor des repères depuis trois mois que je suis ici. Il m'en aura fallut du temps... J'arrive essoufflée devant la porte du prince et toque bruyamment.
Il m'ouvre immédiatement et sa chemise est déboutonnée. Oh, non...
- Qu'est-ce que vous avez fait avec votre chemise ? dis-je, la voix tremblante.
- J'avais enlevé ma chemise et je viens de la remettre pourquoi ? réplique-t-il sèchement.
- Pourquoi l'avez-vous enlevée ?
- Parce que... On peut savoir pourquoi ce genre de questions ?
- Où est Solenn ? rajouté-je.
- Dans sa chambre. Elle a trop bu.
- Je peux vérifier ? Merci.
Je le dépasse et rentre dans sa chambre. Effectivement, il n'y a pas de Solenn. Je soupire, soulagée. Heureusement qu'elle boit beaucoup. Heureusement.
- Tu ne croyais quand même pas que...
- Eh bien, tout laissait penser croire que vous l'aviez fait ! rétorqué-je.
- Qu'est-ce que tu veux, Sarah ? soupire-t-il en attrapant un verre de whisky déjà tout préparé.
- Euh... Votre pardon, vos lèvres et c'est tout.
Non mais qu'est-ce que je raconte moi ? Oh là là, ça ne va vraiment plus.
- Pardon ?
- Je suis désolée. D'abord, je voulais vous dire que... que je vous aime vraiment beaucoup. Énormément. Un peu. Enfin, non pas un peu mais beaucoup et...
Je me prends la tête dans les mains, rouge pivoine. Qu'est-ce que je fais... Qu'est-ce que je dis... Pourquoi suis-je autant stressée ?
- Continue, répond-il en s'asseyant sur son lit.
- Ce que je veux dire, c'est que... Merde, je n'arrive pas à parler, m'énervé-je.
Il hausse un sourcil, moqueur.
- Dépêche-toi, Sarah. Je n'ai pas que ça à faire d'attendre.
- Bon, vous me laissez le temps, oui ? Je vous aime beaucoup mais là vous m'insupportez.
- Beaucoup ? C'est-à-dire ? Explique, développe ta pensée, je ne comprends pas très bien.
- Pour ne pas comprendre le terme beaucoup c'est que vous avez vraiment un problème !
- Tu as fini ?
- Non !
- Alors explique-moi ! Dis-moi ce que tu ressens une bonne fois pour toute ! Qu'est-ce que tu éprouves exactement pour moi, Sarah ?
Je soupire, fais les cents pas dans la pièce en m'énervant toute seule.
- Dès que je vous vois, je souris comme une idiote. Dès que vous posez vos mains sur moi, mon coprs s'enflamme. Et dès que vous me chuchotez vos belles paroles, mon cœur s'accélère comme si je courais un marathon. Je n'arrive pas à vous oublier. Je l'ai voulu mais je n'y arrive pas et embrasser Aiden a été la plus gorsse erreur de ma vie. Alors je comprends que vous me détestiez, je veux juste que vous me pardonniez...
- Pourquoi tu l'as embrassé, Sarah ? Pourquoi tu as tout gâché ?
- Je ne sais pas ! dis-je en fondant en larmes.
Je suis pitoyable. J'assure l'aimer mais de l'autre côté, j'embrasse un garçon que je n'aime pas ! Qu'est-ce que je fais...
Il se lève alors, pose son verre de whisky sur sa commode et glisse ses mains autour de ma taille puis pose son menton sur le haut de ma tête.
- Je te pardonne, Sarah. Mais je te jure que si tu refais ce que tu m'as fait, il n'y aura pas de deuxième chance.
Je hoche frénétiquement la tête, le cœur léger. Qu'est-ce que ça fait du bien d'être dans ses bras...
- Vous l'avez embrassée, dis-je en me rappelant de leur baiser de tout à l'heure.
- Quoi ? Qui ?
- Solenn. Tout à l'heure.
- Je n'ai pas embrassée Solenn, tout à l'heure, Sarah. Jamais.
- Mais je vous ai vus et...
Est-ce que j'aurai rêvé ? Est-ce que j'aurai carrément halluciné ? Si c'est vrai, ça ne devait vraiment pas aller. À la vue de son regard, je sais qu'il ne ment pas alors j'ai vraiment des problèmes.
- Je devais être fatiguée... soupiré-je. Dites... est-ce que...
Je ne finis pas ma phrase, peu sûre de moi.
- Sarah ? Qu'est-ce que...
Je me hisse sur ma pointe de pieds et pose doucement mes lèvres sur les siennes. Notre baiser à un goût salé à cause de mes larmes. Il me tire un peu plus contre lui, mes hanches collées aux siennes.
J'accentue notre baiser, mes mains tirant un peu plus sur ses cheveux. Puis je recule, le regarde dans les yeux.
- Je vous aime tellement que j'en ai mal.
Et alors que nous nous embrassons langoureusement, la porte s'ouvre d'un grand coup.
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