Chapitre 31 √
- Mais pourquoi tu lui as rien dit, espèce d'idiote ! s'exclame Neyla en levant les yeux au ciel, dépitée de mon comportement.
- Il ne m'a pas entendue, je n'y pouvais rien.
- Il ne t'a pas entendue ? Tu te moques de moi, j'espère ?
Je soupire en croisant les bras. Elle ne comprend pas ce que j'essaie d'expliquer et ça m'énerve profondément. Je me rassois dans l'herbe où Diana et Nadia ont cessé de se chamailler pour parler de leurs derniers essayages de robes. Aubrey lit tranquillement un livre et alors que je m'apprête à retourner à ma séance de bronzage pour méditer de mon avenir, Neyla s'écrie :
- Attends, tu comptes rester là sans rien faire !? Mais bouge-toi un peu le popotin, nom de Dieu !
Elle me tire par le bras, m'empêchant de m'assoir par terre. Je la fusille du regard en me détachant d'elle.
- Qu'est-ce qui se passe, les filles ? demande Aubrey.
- Explique-lui que quand une personne ment, il faut la dénoncer. Elle n'arrive pas à comprendre ça, apparemment.
- Mais je ne suis même pas sûre que ce soit elle, marmonné-je.
- Qui donc ? disent Nadia et Diana en même temps.
- Solenn.
- Solenn, la vraie Solenn ? demande Diana en ouvrant grands les yeux.
Neyla et moi échangeons un regard en fronçant les sourcils. Diana aurait-elle déjà eu affaire à ma sœur ?
- Oui, Solenn Crawford.
- C'est une...
- Diana, tu te rappelles du pacte qu'on a fait ? lance Nadia avec un petit sourire. Ne me déplaise que tu le perdes, j'aurai gagné ma vengeance ainsi.
Décidément, je ne comprends plus rien. Neyla aussi apparemment car elle se tourne vers moi en soupirant, exaspérée des deux jumelles.
- Nadia, je n'allais pas rompre notre pacte, voyons. J'allais simplement dire que cette Solenn est une personne abominable, réponds la blonde avec un sourire satisfait.
- Bien sûr, comme si j'allais te croire, répond sa jumelle en levant les yeux au ciel.
- M'enfin, Nadia tu as si peur que je perde ce pacte ? Je vais le gagner, nous le savons toutes les deux, raille-t-elle.
- Pardon ? J'adorerai voir ta tête quand tu auras perdu ! ricane Nadia en relevant le menton.
Diana, dans une attitude puérile, lui tire la langue en grimaçant.
- Bon, vous avez fini les deux pestes ? s'agace Neyla.
Les « deux pestes » se tournent dans un geste syncro vers elle et la fusillent du regard. Elles ont vraiment le même comportement, c'est fou.
- Tu sais ce qu'elles te disent les deux pestes ? grognent-elles en chœur, d'allez te faire foutre !
Elles se regardent tout à coup, l'air offusqué.
- Tu as perdu ! s'exclament-elles.
- Non, c'est toi ! s'énerve Nadia.
- Je rêve, t'as parlé avant moi ! rétorque Diana.
Je masse mon front, épuisée de ces filles. Aubrey, elle, continue de lire son livre le sourire aux lèvres. Et bien évidemment, Neyla s'emmêle en donnant son point de vue, les incitant ainsi à encore plus se disputer.
Alors qu'elles continuent de vociférer, je m'assois à côté d'Aubrey en fermant lentement les paupières, bercée par leur chamaillerie.
- Elles se disputent pour quoi, au final ? demande Aubrey. Je n'ai pas très bien écouté.
Je rouvre les yeux et hausse les épaules.
- Au sujet d'un pacte.
- Ah, mais oui ! Tu n'étais pas là quand elles ont fait leur pacte stupide ? Celle qui utilise un mot vulgaire voire familier en premier a perdu.
Je hausse les sourcils, mi-amusée mi-dépitée. D'un côté, elles me font rire mais d'un autre, je les trouve tellement pathétiques.
- Et elles se disputent pour ça ? Franchement, c'est abusé.
- C'est parce que tu ne les connais pas très bien encore mais au fond, elles sont assez drôles quand elles ont envie. Neyla, elle, a l'air de bien s'amuser en revanche.
Je fixe Neyla qui fait l'arbitre tout en donnant son opinion. Elle croise mon regard rempli de désespoir et éclate de rire en mimant une danse amusante sur place.
Entre deux pestes qui se disputent et une folle qui fait du grand n'importe quoi, je suis loin d'être tirée d'affaire.
• • •
- Vous pensez qu'il y a des passages secrets ici ? Je veux dire, le palais est plutôt grand, ça m'étonnerait qu'il n'y ait pas de souterrains ou autres.
- On a qu'à se renseigner auprès du prince, intervient Nadia.
- Oui et puis on a qu'à lui demander directement aussi tant qu'on y est ? s'exaspère Neyla. Tu penses vraiment que le prince va nous déclarer tous les passages secrets s'il y en a vraiment ?
- C'était juste une supposition, marmonne Nadia.
Peu intéressé par la conversation, je reporte mon regard sur un tableau accroché au mur. Je n'y avais jamais prêté attention jusqu'au début mais à présent, il m'intrigue. Pour mieux l'observer, je quitte ma chaise et avance jusqu'au mur.
- Tu vas où, Sarah ? me demande Neyla.
- Je vais juste voir quelque chose, j'arrive.
Mes amies continuent leur discussion en me laissant observer le tableau représentant le roi, la reine et son fils, le prince Kaled.
La reine a attaché ses cheveux blonds qui forment un chignon parfait. Ses yeux bleus semblent me fixer quant à son sourire, il est identique à celui de son fils. Le roi, lui, a la même posture que son fils. Ses cheveux poivre et sel sont coupés courts tandis que son regard est porté sur sa femme. Ils ont l'air de vraiment former une famille heureuse et le prince ressemble énormément à son père.
Sur ce tableau, il paraît vraiment sûr de lui. En général, je pense qu'il l'est mais j'ai vraiment l'impression qu'il est différent sur celui-ci. Plus grand que sa mère mais de la même taille que son père, son regard semble scruter l'horizon. Ses yeux bleu océan ont été peints à la perfection et même ses fossettes que je n'ai vu que peu de fois sont représentées.
J'ai l'impression qu'il dégage quelque chose de plus que tous les hommes que j'ai pu voir dans ma petite existence. Peut-être est-ce ce sourire ? Ou ce visage ?
Plus je fixe son portrait et plus les battements de mon cœur s'accélèrent. Je fronce les sourcils en me mordillant la lèvre, nerveuse. Il faut que je me reprenne. Ce n'est qu'un simple tableau avec une simple représentation.
Malgré mes tentatives de me reprendre en mains, je ne peux décrocher mon regard de lui. Il est si...
Beau.
Beau. Il l'est et je ne peux pas me le cacher, plus maintenant.
- Sarah, tu viens nous donner ton avis ? On a besoin d'un conseil s'il te plaît, demande Aubrey en me faisant un signe.
Je me détourne enfin du tableau et regagne ma place, les mains moites, le souffle saccadé. Que m'arrive-t-il ?
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top