Chapitre 28 √

- Ta garde, Sarah !

J'ai à peine le temps de bouger que je reçois un coup dans le ventre. Il est sérieux à me frapper ? Je fronce les sourcils en le fusillant du regard et riposte en levant haut le poing pour l'atteindre.

Malheureusement pour moi, habile qu'il est, il contre-attaque et me bloque le bras gauche dans le dos.

- C'est de la triche.

- Tu n'étais pas prête, rétorque-t-il.

- Justement. Vous auriez pu m'attendre !

- On n'attend pas ses adversaires.

Je hausse les sourcils. Je sais qu'il ne peut pas me voir mais je m'amuse à l'imiter, puérile que je suis.

-Bon, vous me lâchez ?

- C'est à toi de te dégager, pas à moi de te libérer.

- Sérieusement ?

N'obtenant aucune réponse, j'essaie de m'extirper de sa poigne, en vain. Je finis par m'énerver puis commence à bouger comme un ver de terre, n'en pouvant plus de notre proximité.

- Je n'y arrive pas. Vous pouvez me libérer maintenant ?

- Non. Essaie encore, souffle-t-il.

Sa tête vient se frôler contre ma nuque et je sens ses lèvres effleurer ma peau. Je n'ose effectuer le moindre mouvement et me laisse faire, complètement faible.

- Alors ? murmure-t-il au creux de mon cou.

La situation est plus que gênante et les battements de mon cœur peuvent être entendus à des kilomètres. Lui-même les a entendus car il sourit, amusé de la situation.

Profitant de son petit moment d'inattention, je me défais enfin de sa poigne et m'éloigne le plus possible de lui. Cette scène est semblable à celle de la dernière fois et ça commence franchement à m'agacer.

J'attrape rapidement ma bouteille et mes affaires puis me dirige vers la porte.

- Nous n'avons pas fini, dit-il.

- Si. J'ai fini en tout cas.

Mes doigts s'accrochent à la poignée et s'apprêtent à l'actionner quand il intervient une nouvelle fois :

- Pourquoi tu me fuis ?

- Je ne fuis pas. J'ai autre chose à faire, c'est différent.

- Autre chose à faire ? Je me demande bien ce que cela peut être. Bon, ce n'est pas grave.

Il reprend d'un ton léger :

- Calista m'attend de toute manière.

Je fais volte-face, outrée de ses propos.

- Sérieusement ? Vous essayez de me rendre jalouse, non mais je rêve !

- Pas du tout mais dis-moi... Tu es jalouse ? dit-il en faisant mine d'être surpris.

- Même pas en rêve !

- Sarah, j'aime bien ce petit jeu entre nous mais... Je vais finir par me lasser.

Se lasser ? De moi ? Il va finir par se lasser de moi ? Mais je n'y crois pas, il est ridicule !

- Vous lasser de quoi ?

- De ce jeu justement. Il ne reste plus que trois mois.

- Trois mois auxquels je n'assisterai pas. Parce que vous allez m'éliminer. Vous allez le faire parce que je ne vous suis d'aucune utilité et vous finirez par vous en rendre compte. Sur ce, je vous souhaite bonne chance avec Calista.

Je sors de la salle, le cœur lourd à cause de cette discussion. J'ai fait le bon choix, enfin je l'espère.

• • •

- On n'a pas encore parlé de la nourriture mais on est d'accord, c'est délicieux ? lance Neyla en amenant sa fourchette à sa bouche.

Cette fille mange tout le temps. À chaque fois que je la voie, elle mange, elle mange et elle mange. Elle ne sait donc faire que ça ?

- Si on veut, marmonné-je.

Je ne cesse de fixer mon assiette et la quantité de nourriture qu'il y a dedans. En deux mois, j'ai pris quelques kilos qui me vont plutôt bien et je suis sûre que ma mère serait heureuse de me voir ainsi. Comme Aiden... qui n'est plus mon petit ami.

- Bon, j'avoue tout est très bon mais les sandwiches commencent à me manquer sincèrement.

- Mmh.

- Qu'est-ce qu'il y a ? Ça fait dix minutes que tu me réponds comme si tu n'écoutais pas.

- Il n'y a rien, ne t'en fais pas.

Je soupire en remuant le riz qui se trouve dans mon assiette. Lassée, je finis par reporter mon attention sur Neyla qui sourit en papillonnant des yeux.

- Le prince te dévore du regard, Sarah.

Je relève la tête lentement et croise brièvement le regard du prince avant que celui-ci ne le détourne. Je laisse tomber ma tête et soupire une énième fois.

- Je m'en fiche.

- Des fois, je ne te comprends pas. Tu plais clairement au prince et tu ne veux même pas le séduire ? Ou tenter quoique ce soit ? C'est quoi qui te retient, ton ex ?

Je hausse les épaules, l'air agacé. Au début, je la trouvais gentille mais elle commence à m'énerver à un point pas possible à se mêler de ma vie comme ça.

- Bon, puisque tu ne réponds pas, je vais aller le voir.

- Neyla, tu restes ici. En aucun cas tu n'as le droit de te mêler de ma vie privée.

Elle sourit et se dégage de sa place avec son sourire hypocrite au visage. Non, mais je rêve ! Nous sommes en plein repas et elle veut aller le voir maintenant ?

Je serre les dents et me lève à mon tour. Neyla contourne la table sous le regard curieux des autres filles et s'approche du prince. Alors qu'elle s'apprête à lui dire je-ne-sais-quoi je l'attrape par le bras et murmure, énervée :

- Tu joues à quoi là ?

- Je t'aide, voyons. Je disais, Votre Altesse Royale, vous plaisez beaucoup à Sarah mais celle-ci n'ose vous l'avouer et...

Mes joues commencent à chauffer et je la fusille littéralement du regard. Je me tourne vers le prince, n'ayant plus les mots.

Heureusement pour moi et ma fierté, il rétorque :

- Ah, vraiment ? Quand Mademoiselle Crawford avouera une telle chose, je vous croirai peut-être mais pour le moment, j'ai quelques doutes.

Un soulagement intense m'envahit et Neyla hausse les sourcils en ne se laissant pas démonter si facilement.

- Elle vous le dira un jour. Là, elle n'arrive tout simplement pas à surmonter une déception amoureuse et se réfugie dans son je-m'en-foutisme, réplique-t-elle avec un petit sourire fière d'elle.

Je suis perdue. Neyla est-elle mon amie ? Actuellement, elle ne m'aide pas, bien au contraire.

- Tu dis n'importe quoi, Neyla.

- On verra bien.

Elle me tourne le dos et va se rassoir, me laissant seule avec le prince. Je me retourne pour m'en aller, après un dernier regard pour lui.

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