Chapitre 27 √
Cette fois-ci, Ariane n'a pas eu besoin de me réveiller. Je me suis levée assez tôt, huit heures trente exactement. Après avoir hurlé toute la nuit comme une dégénérée dans mon oreiller, pleuré toutes les larmes de mon corps, j'ai réussi à m'endormir tant bien que mal.
J'ouvre la porte de ma chambre, les yeux complètement fatigués. Je n'ai qu'une envie, retourner dans mon lit et bouder une semaine complète. Mais il faut que je me reprenne. Je vaux mieux que ça.
J'avance dans les couloirs du palais, mes pieds nus entrent en contact avec le marbre glacial. J'ai oublié mes chaussures mais tant pis. Je ne peux pas penser à tout.
J'arrive à la salle de réception où toutes les sélectionnées sont déjà là. Je déglutis discrètement puis avance, peu sûre de moi. J'aperçois Neyla au bout de la table qui me fixe, le regard attristé. J'ai envie d'aller la voir, de m'excuser mais je ne peux pas.
Enfin, si je peux mais quelque chose me bloque. Je crois qu'au final, j'ai honte de m'être comportée comme ça avec elle. Je lui dois bien des excuses finalement. Elle les mérite.
J'avance donc jusqu'à elle, le cœur serré et la boule au ventre. J'ai peur, peur qu'elle me rejette et qu'elle me dise d'aller me faire voir.
- Neyla, je...
Incapable de prononcer ne serait-ce qu'un mot, je la fixe. Je la fixe, puis je triture mes mains pour finir par regarder ailleurs. Je suis d'une pitié à en affoler plus d'un et...
- Je t'ai gardée une place. Tu t'assois ?
Elle me sourit et recule la chaise à côté d'elle. Je m'assois donc, le cœur soudainement léger. Je suis comme... soulagée.
- Alors, ça va mieux ?
Elle continue de me sourire comme si tout allait bien, comme si je ne lui avais pas crié dessus la veille, lui hurlant de sortir de ma chambre.
- Oui. Enfin, ça peut aller pour le moment.
- Tant mieux.
Elle essaie de détendre l'atmosphère en blaguant sur certains sujets et finit par y arriver. Je ne le pensais pas jusque là, mais Neyla m'est d'une grande aide. Une sorte d'amie psychologue attitrée, le genre de fille qu'on est obligé d'avoir dans sa vie. Je ne me pose même pas la question de savoir si elle va raconter à tout le monde ce que je lui dis, même si je sais qu'au fond, elle ne le fera pas.
- Oh, merde. Prince à trois heures. Il s'approche. Oh, double merde, il te regarde.
Je relève brusquement la tête, les yeux ronds. Je comprends clairement qu'il s'approche vers nous car ses yeux sont posés sur moi et son regard brille d'une lueur de colère.
J'attrape Neyla par la main et nous nous levons en même temps, pensant la même chose.
- On court ! crions-nous en même temps.
Après être sortie de la salle de réception en riant aux éclats, certaines filles passant dans le couloir nous jaugent du regard, l'air de dire que nous sommes folles. Nous ne sommes pas folles, juste drôles.
- Sarah, viens ici immédiatement !
Nous nous retournons en même temps. Le prince me fixe, visiblement agacé. Je jette un regard à Neyla qui me murmure un bonne chance et qui me tourne le dos par la suite avec un petit sourire.
J'avance vers le prince en soupirant, l'air nonchalante.
- Un problème ?
- Tu n'es pas venue hier soir, réplique-t-il durement.
- Je n'en avais plus envie...
- Tu aurais pu me prévenir !
- C'est-à-dire que quand je vous ai vu en compagnie de Solenn, je n'avais pas vraiment envie de m'incruster dans votre discussion. Vous sembliez si... Passionné que je ne voulais pas vous déranger.
- Sarah...
- Non, taisez-vous. Vous osez me donner rendez-vous et au final, je vous retrouve avec Solenn !
- J'étais persuadé que tu ne viendrais pas, rétorque-t-il. Tu viens à peine aux repas alors à notre rendez-vous ?
- Vous étiez avec Solenn, dis-je en grinçant des dents.
Il contracte la mâchoire et rétorque :
- Ta jalousie commence vraiment à m'agacer.
- Je ne suis pas jalouse. C'est juste que je n'avais pas trop envie de venir vous voir alors que ma sœur était en votre compagnie. Je ne suis plus en très bons termes avec elle.
- Vraiment ? Tu aurais dû me le dire.
- Mais vous ne comprenez pas. Toutes ces filles ici veulent se marier avec vous. Si elles me voient débarquer, elles me haïront à vie. Je n'ai jamais demandé à être détestée ni aimée d'ailleurs, mais personne ne m'apprécie et cela par votre faute.
Il me fixe, l'air de ne pas comprendre.
- Ma faute ? Tu es ici comme les autres, dans le but de te marier avec moi.
Je dois lui dire toute la vérité. Il le faut bien. Je ne peux pas rester ici, j'ai une autre vie qui m'attend ailleurs mais pas ici.
Je plonge alors mon regard dans le sien et réponds simplement :
- Je n'ai pas envie de me marier avec vous.
Un sourire se dessine lentement sur son visage. Je fronce les sourcils, ne comprenant pas. Je pensais que ma phrase aurait plus d'impact mais ça n'a pas l'air de l'avoir autant chamboulé.
- Je l'avais compris, Sarah. Tu m'évites comme la peste, tu t'es montrée désagréable dès le début.
- Pourquoi ne m'avez-vous pas éliminée avant alors ?
- Je ne voulais pas. Pas maintenant.
Il me fait signe de le suivre et nous nous engageons dans le palais, loin des sélectionnées.
- Vous ne vouliez pas ? Mais je ne veux pas me marier avec vous ! N'est-ce pas une raison suffisante pour m'éliminer ?
- Sarah, je n'ai pas envie de t'éliminer. Et j'ai mes raisons. Changeons de sujet, veux-tu ? Qui est donc l'heureux élu ?
Il attend vraiment une réponse de ma part ? J'hésite à lui dire. Après tout, qui me dit que je peux avoir confiance en lui ?
- Tu peux me le dire, tu sais.
- Il s'appelle Aiden.
Il hausse les sourcils, un sourire moqueur aux lèvres.
- Aiden ? Est-il d'un bon parti pour toi ?
- Non, il vit dans la misère. Comme moi, rajouté-je tout bas.
Le prince continue d'avoir son petit sourire en coin puis il finit par se reprendre face à mon regard plein de reproches :
- Il n'a jamais essayé de se former en tant que garde pour le palais ? Nous cherchons des hommes forts et en bonne santé, il pourrait tenter sa chance.
- Je n'en sais rien. Mais j'ai appris dernièrement qu'il me trompait alors sa vie ne me regarde plus.
Avec Solenn. La vipère que vous tentez de séduire.
- Tu es sûre de cela ?
- Sûre et certaine.
- Je suis navré pour toi, Sarah.
Je hausse les épaules, l'air de dire que ce n'est pas grave même si au fond, les paroles de Solenn ne cessent de former une boucle dans ma tête.
Le prince s'arrête et sourit.
- Nous reprendrons cette discussion plus tard. J'ai quelques petites affaires à régler.
Avant que notre discussion ne s'arrête, je demande :
- Pourrions-nous reprendre les combats prochainement ? Du temps que je serai ici, j'ai envie de profiter et il n'y a pas beaucoup de choses à faire.
- J'oubliais que la danse n'était pas ton fort. Demain après-midi je suis libre. Je pourrai t'apprendre quelques techniques.
- D'accord.
Il sourit, satisfait puis me salue brièvement avant de s'en aller. Je fixe sa carrure s'éloigner de moi puis soupire. Mon séjour ici sera plus long que prévu finalement.
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