Chapitre 12 √
Je suis arrivée au repas du soir légèrement en retard comme à mon habitude. Il ne faut jamais me demander d'être à l'heure, c'est impossible pour moi de respecter les horaires. À chaque fois que je me prépare pour être à l'heure, quelque chose me retient systématiquement et c'est reparti. En l'occurence, ce soir, j'avais hésité sur le choix de ma robe. J'étais donc restée devant l'armoire pendant dix minutes à méditer sur le choix de ma tenue, dévisageant avec lassitude toutes les robes que me proposait Ariane.
Avant, je n'avais pas à réfléchir sur le choix de mes accoutrements. Mais avec les propos de la reine l'autre soir, il semblerait que j'ai une image à respecter. Mieux vaut rester simple, tout de même.
Une semaine s'est écoulée depuis ma rencontre avec le prince et je ne l'ai toujours pas revu. Enfin, seulement de loin. Je l'aperçois quelques fois en pleine discussion avec des sélectionnées ou d'autres fois, il traverse les couloirs d'un pas pressé, comme si un devoir l'attendait quelque part. Son visage me revient parfois en tête le soir, avant de m'endormir et je me demande souvent pourquoi. Je l'admets, il est séduisant. Mais je ne lui ai parlé qu'une fois de toute façon, quoiqu'il arrive, j'aime et j'aimerai toujours Aiden. Plus les jours passent et plus il me manque terriblement. Son visage, ses mains, son odeur... Mon cœur se serre à l'idée de le savoir loin de moi.
Quant à Solenn, elle m'ignore depuis notre arrivée et le peu de fois où j'ai pu lui adresser la parole, elle s'est montrée hautaine et condescendante. Qu'ai-je bien pu faire pour qu'elle me haïsse ainsi ? Nous avions l'habitude d'être tellement proche que je n'y comprends rien maintenant. La dorure et le luxe l'auraient-elles transformée ?
J'ai longuement réfléchi durant le repas auquel le prince n'a pas assisté aujourd'hui, et j'ai décidé que j'en avais assez. Elle ne peut pas se montrer odieuse et mesquine avec moi durant les quelques semaines à venir. J'ai besoin d'explications et de comprendre son comportement. Quelque chose cloche. Ainsi, je me retrouve devant sa chambre, les poings serrés.
— Solenn, ouvre cette porte.
— Qu'est-ce qu'elle me veut encore celle-là, grommelle-t-elle de l'autre côté.
Elle m'ouvre la porte en haussant les sourcils, l'air agacée, en attendant que je dise quelque chose.
— Quoi ?
— On peut savoir ce que je t'ai fait ?
— Sarah, ma chérie, tu es simplement devenue ma concurrente alors je t'adresse moins la parole, c'est logique pourtant. Je te pensais plus intelligente.
Elle me fait un grand sourire et ses yeux se remplissent de haine. Incrédule, je la dévisage. Cette fille n'est pas ma sœur.
— Arrête, tu m'ignores complètement depuis que nous sommes ici. Tu es devenue méchante et exécrable.
— Mais arrête de t'imaginer des choses et retourne dormir !
— C'est qui ? intervient une nouvelle voix dans la chambre. La fille en pantalon ? rajoute-t-elle en ricanant.
Elle apparaît alors à la porte et je la reconnais tout de suite : Calista. Elle m'observe, les lèvres pincées. Ses longs cheveux blonds lui arrivent jusqu'à la taille et ses yeux bleus glacials me fixent méchamment. Elle se contente de me toiser de haut, me jugeant sûrement comme une moins que rien.
— Allez, dégage, siffle-t-elle d'un ton perçant.
Elle me fait penser à un oiseau avec son nez pointu et sa tronche de mouette. Elle n'est pas laide mais pas jolie non plus. J'ai du mal à établir son niveau de beauté comme de son intelligence.
— Va-t-en, Sarah.
— Tu t'appelles Sarah ? C'est bien un prénom de roturière ça. Moi c'est Calista McGregor, future reine du pays si le destin le veut. Tu peux te prosterner devant nous, cela constituera sûrement un entraînement pour le futur. De toute manière, tout le monde sait pertinemment que le choix du prince se dirigera entre Solenn et moi.
Je l'observe silencieusement pour finir par éclater de rire. Elle est sérieuse ou elle tient vraiment à ce que je m'abaisse devant elle ? Moqueuse, je réponds :
— Parce que tu penses vraiment qu'avec ta tête de pivert écrasé, tu auras une seule chance avec le prince ?
Elle s'approche d'un pas qui se veut menaçant avant d'être interrompue par une autre voix :
— Arrête, Calista. Tu es ridicule.
Je me retourne et découvre deux filles, une blonde et une brune. C'est cette dernière qui vient de prendre la parole. Calista hausse un sourcil, une main sur sa hanche.
— Viens Solenn, elles ne sont pas à notre niveau.
Non mais je rêve ! Elle pense que Solenn vient du milieu aisé ou bien ? J'espère qu'elle sait au moins que je suis sa sœur ! Je me retiens de lui balancer ses quatre vérités quand la brune me retient par le bras.
— Elles n'en valent pas la peine.
La porte de la chambre claque après que Calista rentre à l'intérieur. Non, je ne suis pas d'accord. Elles n'ont pas le droit. La colère me brûle de l'intérieur. J'ai envie d'exploser, de tambouriner à cette porte et de dire tout ce que j'ai sur le cœur.
— Mais c'est ma sœur !
— Solenn ? demande la blonde.
J'acquiesce, la mâchoire serrée.
— Tu sais, plus tu accordes de l'importance aux gens qui comptent pour toi et plus ça fait mal quand ils te trahissent du jour au lendemain. Ignore-les, le silence est la meilleure arme face à la bêtise.
La blonde m'offre un sourire réconfortant et je sais au fond de moi qu'elle a raison. J'aurais voulu être assez sage et mûre pour ne pas répondre.
— Vous vous détestez ? questionne la brune.
— D'ordinaire, non. Mais le palais lui est monté à la tête.
Un silence retentit et elle me demande :
— Tu t'appelles comment ?
— Sarah.
— Moi c'est Aubrey et la blonde c'est Elisa. Enchantée de te connaître.
— Je pense que je vais y aller, je suis épuisée et cette histoire avec Solenn commence à me rendre malade.
— Tu ne vas pas à la réception ?
— Quelle réception ?
— T'as pas écouté ce qu'a dit le roi tout à l'heure ? Vers vingt-et-une heure il y aura une sorte de mini réception où l'on pourra discuter avec le prince et ses parents, même avec les autres sélectionnées. C'est l'occasion de prendre du bon temps avec les autres.
— Je ne me sens pas très bien, mens-je pour couper court à la discussion. Mais merci.
Je leur tourne le dos pour m'en aller. Je ne dois pas me faire d'amies dans cette sélection et cette réception est une occasion de m'en faire, et surtout de me rapprocher du prince. Alors Ariane a beau m'avoir intimé d'essayer d'avoir l'air normale, toutes ces mesquineries avec Solenn et Calista commencent à me peser. Mieux vaut les éviter pour ce soir, et repartir d'un bon pied demain.
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