préface
Cette nuit je m'étais souvenue. De tout. J'étais frigorifiée, le parquet était impitoyablement dur sous mon dos. Le bout de mon nez était gelé, tout comme mes doigts de pied. Ma fenêtre était grande ouverte et le vent s'engouffrait dans la pièce rendant l'atmosphère de ma chambre qui avait été auparavant oppressante glacée.
Je pouvais sentir chaque parcelle de mon corps trembler, c'était bien, la douleur est bénéfique, elle me rappelle que je suis vivante. Bien trop souvent je me retrouve au dessus de mon corps, ne sachant pas qui est la personne qui se trouve au dessous de moi, ne sachant pas qui je suis. Je ne me reconnais pas, jamais. Puis la tendance à se mépriser prend de plus en plus de place. Sauf durant quelques moments de lucidité, ce genre de moment où on se retrouve à avoir bien trop conscience que l'on est en vie, où l'on se rend finalement compte du fin voile gris qui nous recouvre.
Ma tête me fait horriblement souffrir mais pas autant que ma gorge qui se serre. La panique monte, mais ce n'est qu'une drôle d'impression en fond, celle qui ne va pas tarder à surgir sur le devant de la scène. Je dois juste arrêter de penser. Pourtant je ne peux pas, personne ne le peut, pas lorsqu'il y a trop de choses qui n'ont jamais été dites, avouées. Tous ces instants où nous nous sommes retrouvés seuls à regarder vers le ciel comme pour implorer une quelconque aide qui n'arrivera jamais. C'est dans ces moments là que j'ai envie de mourir, où j'ai cette persistante idée que plus rien n'a d'importance et que je n'ai jamais eu de place pour compter. Je suis désolée les mots sont crus mais je suis fatiguée de devoir constamment faire attention à ce que je dis, à ne jamais exprimer haut et fort ce qui se trame réellement par peur d'autrui.
Pourquoi les émotions et sentiments sont-ils si mal vus ?
La pluie s'abat avec force sur la route, le béton dur et morne de la ville, et elle rentre dans ma chambre. Des petites étincelles semblent danser dans l'obscurité. Sauf qu'elles ne brillent pas, elles ont cessées de le faire, à présent elles sont aussi ternes que la nuit qui elle même n'a pas eu envie d'être clémente pour cette fois. Rien à l'horizon. Mes larmes sont aussi glacées que les gouttes de pluie.
Je me rappelle de tout. De cette phrase, de ce mutisme, de personnes me criant au visage pensant m'administrer ce qu'il y a de meilleur. Je me rappelle des vagues d'émotions qui suivaient les silences et les non-dits.
Je me rappelle de la peur, de l'obsession presque irrationnelle que l'on m'oublie, qu'on me méprise.
Je ne cesse de me repasser la phrase en boucle, je l'entends si fort dans ma tête, chaque mot tambourine rudement contre mes tympans. Je me rappelle de la panique qui a pris place, qui arrivait tel un nuage sombre faisant même fuir le plus infime des rayons de soleil.
Je ne pensais absolument pas qu'elle deviendrait un fond constant, quelque chose qui me colle maintenant à la peau. Trop vulnérable pour m'en débarrasser, trop éreintée pour lutter et bien disposée pour m'enfoncer dans le vide.
Tout est beaucoup trop, chaque regard, chaque mot de travers me donnent envie de tout arrêter, de disparaître, de ne pas être moi, rien, ni personne.
Je vois la lune dans mes souvenirs, je sens le sol, la douleur et puis le calme. Tout va bien le mal est parti pour quelques heures. Néanmoins il finissait toujours pas revenir. Il est toujours là avec nous. Nous construisons une cabane pour nous en abriter, comme lorsque nous étions gosses. Mon refuge est devenu ma propre prison, je n'ai pas la clé, cela viendra peut-être, je l'espère.
D'ailleurs, j'ai quelque chose à avouer.
Parfois je n'ai pas envie d'aller mieux, bien trop souvent. Je reste à attendre le prochain coup, me préparant à un quelconque abandon ou bien à une colère dévastatrice. Je détestais le pessimisme il n'y a pas si longtemps, je ne vois que ça à présent.
Je veux qu'on me laisse, qu'on m'oublie pour que je puisse enfin m'abandonner. Mais quelque chose me retient de ne pas franchir la ligne impardonnable, celle de non-retour. Vous pensez à une raison spécifique ? Plusieurs peut-être ? Tout est flou, je ne peux pas encore savoir.
Je récite l'alphabet pour me concentrer, pour penser à autre chose qu'au froid et aux souvenirs. Je passe les lettres en revue, quel pouvoir elles possèdent ! Créer des mots, ça peut sembler évident, ça l'est, mais qu'est-ce que ça peut être incroyable... nommer des choses.
Nommer ce qui nous fait peur, nommer ce qui nous retient d'avancer. Nommer les ténèbres, les expliquer. Verbaliser nos démons pour voir qu'ils sont eux aussi plein de défauts. Nous avons ce pouvoir en commun.
Je veux nommer chaque terreur, avec vous, pour peut-être alléger notre poids. Pour toutes ces larmes versées en cachette, pour toutes ces blessures qui n'ont jamais été pansées, pour oser dire. Faisons le.
Quel est votre démon commençant par la lette B ?
[ bonsoir :) comme vous avez pu le comprendre, ce recueil sera participatif. Quand je vous demande de me suggérer un mot commençant par telle ou telle lettre je sous entend un mot que l'on peut décortiquer, quelque chose qui a un symbole profond et universel, donc je préfère bannir les mots du genre table ou barbe. ( je dis vraiment n'importe quoi mais au moins c'est compréhensible)
Écrire sur Wattpad à cœur ouvert est compliqué, alors je ne veux aucune haine ici, j'aimerais juste aider le plus de monde possible en m'aidant un peu aussi. Je n'ai pas la prétention de dire que ce j'écris est magnifique mais cela reflète au moins la vérité sans enjolivures. Aider d'autres personnes à avancer, ou bien à comprendre certaines choses, ou juste à se sentir moins seul.e est mon unique but.
J'espère que ce concept vous plaira :)
Ce sera une sorte de dico de nos émotions et sentiments. ( même si chacun à sa propre réaction face aux événements que nous vivons, des choses se rejoignent. )
Vous pouvez bien entendu commenter, et partager vos impressions, ou comment vous voyez le mot!
Lou <3 ]
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