𝐉𝐢𝐦𝐢𝐧 | 𝐩𝐚𝐫𝐭𝐢𝐞 1


- Te sens surtout pas obligé de m'aider. Je grogne en observant mon meilleur ami décimer le paquet de chips qui devait faire office de mon dîner tandis que je peine à monter la table basse en quitte que je viens de me procurer.

J'ai cru censé de prioriser le moindre coût en investissant dans ces meubles. Grave erreur de ma part, moi qui éprouve toutes les peines du monde à changer une simple ampoule. Je me sens peu valorisé dans ma position et ma frustration amoindrit mes capacités déjà bien limitées.

- C'était pas dans mes plans, je te rassure. Réplique Kim Taehyung, homme rarement dépourvu de repartie sarcastique.

Je lève les yeux au ciel, lorgnant dans sa direction afin de m'assurer que son apathie ne soit pas les prémices d'une crise de panique, mais je suis rassuré de constater qu'il tient simplement à me malmener.

J'ai du m'habituer à cette nouvelle facette de mon meilleur ami au cours des derniers mois. Pour cause : trois années plongée dans le coma, six longs mois de rééducation et un procès illégitime. Je ne le blâme pas d'éprouver le besoin d'extérioriser tout ce qu'il a du emmagasiner avant de se retrouver plongé dans un profond sommeil. Tout au contraire, quelque part, le voir agir ainsi est pour moi un moyen de m'assurer de son bon équilibre mental. Le doux et docile Taehyung a définitivement disparu. C'est un peu contradictoire, mais je préfère le voir faire preuve de méfiance et d'ironie plutôt que prostré et muré dans un silence de plomb, comme ce fut le cas à son réveil.

- Je te rappelle qu'un mec est censé venir dans ce taudis et j'aimerais bien que les lieux ressemblent un peu moins à une déchetterie. Ça empêchera peut-être l'autre guignol du dessus de vouloir y déposer ses détritus. Je marmonne alors que mon ami ricane dans son coin et visiblement désireux de me partager le fond de sa pensée, je le détaille longuement, attendant silencieusement ma sentence.

- C'est rare que tu fasses venir des mecs, profite juste de l'instant. Me raille Taehyung et je bougonne en prenant finalement la sage décision d'ignorer son existence

Je me concentre alors pleinement à mon activité et finalement achevée, je ne suis pas peu fière d'avoir réussi à faire tenir le meuble sur ses quatres pieds. Tout naturellement, j'observe avec mon accomplissement avec soulagement. Je ne saurai dire comment je suis parvenu à un tel exploit mais je me contente d'en tirer une grande satisfaction.

- C'est pas droit ton truc. Commente Taehyung et je lui offre un doigt d'honneur, n'accordant de crédits à son intervention.

De ma position, mon oeuvre me semble frôler la perfection, et ce, d'une vision purement objective.

- Bonjour.

Je me tourne brusquement dans la direction de cette voix légèrement rauque, mais je n'ai pas bien le temps d'observer le nouvel arrivant que la table basse s'écroule sur le sol carrelé, réduisant à néant ma pauvre crédibilité. J'imagine que ce résultat est loin d'être celui attendu, j'en conclut sans même jugé bon de vérifier les plans. Quelle à été mon erreur ? Pourquoi mon karma me réserve-t-il un si triste sort ?

- C'était pas droit ton truc. Tient de nouveau à souligner Taehyung et je le fusille du regard, exaspéré.

M'a-t-il rejoins pour simplement souligner mon incapacité à monter un meuble ? Si je n'étais pas inquiet à l'idée de ne pas l'avoir sous mes yeux pour le surveiller, je lui demanderais sans plus de cérémonie de retourner d'où il vient.

- Besoin d'aide ?

Cette fois j'accorde mon entière attention au grand brun qui se tient dans l'embrasure de la porte et je bats des paupières devant l'image frôlant la perfection que me renvoie ce jeune homme.

Est-ce légal de me faire un tel effet alors que je l'observe depuis seulement quelques misérables secondes ? Et pourquoi le destin décide de mettre sur mon chemin une telle tentation ? Je dois très sérieusement revoir mes critères à la baisse, aucune chance qu'un type dans son genre soit un jour attiré par ma personne.

- T'es qui ? Le questionne Taehyung et quelque peu perturbé par ma contemplation, je ne trouve de quoi rétorquer devant le ton passif agressif de mon meilleur ami. Sa méfiance est légitime quand on sait ce qu'a du endurer Taehyung, j'espère cependant qu'il parviendra un jour à trouver la force de renouer avec l'aspect sociale de sa vie.

- Kim Kwan. J'ai rendez-vous avec un certain Jimin pour le groupe de parole. Déclare le beau brun, ce dernier posté près des portes battantes et je réalise alors que ce jeune homme est celui que je n'attendais pas avant une bonne quinzaine de minute.

- C'est moi. Je murmure distraitement, détaillant peut-être mon vis-à-vis avec trop d'insistance.

Un silence s'établit alors et je réalise que le grand brun qui me fait face m'observe lui aussi avec attention. À l'évidence, je me montre très peu professionnel et il semble le remarquer. Que dois-je entreprendre pour dissiper le malaise qui me gagne ?

- Je vais rentrer, pas envie de voir comment tu te démerdes pour mettre ce type dans ton lit. Bonne soirée. Déclare Taehyung en se redressant et je suis sa silhouette du regard, ahuris par la nature de son discours.

Et bien c'est parfait, je n'ai désormais plus une once de crédibilité. Pourquoi je dois toujours observer de loin les hommes qui m'attirent ? Et pourquoi je reste toujours sur la touche ? J'aimerais qu'un jour, au moins un peu, je puisse séduire un homme qui me fait ce genre d'effet.

Le silence qui suit le départ de Taehyung me procure une gêne intense et je me redresse en fuyant le regard du beau brun présent dans la pièce. J'imagine qu'il ne doit pas se sentir à son aise de son côté, mais je suis loin de me trouver en capacité de chasser le malaise palpable qui me crispe.

- Je préfère être clair tout de suite. C'est pas parce que t'es mon genre qu'il se passera quoi que ce soit ce soir.

Battant vivement des paupières, je fronce les sourcils, un rire nerveux s'échappant de mes lèvres. Il est sérieux ? Il pense vraiment utile de me ménager ?

- T'es pas obligé de me prendre en pitié, je suis pas aveugle. Je détourne le regard, repoussant les débris de ce qui fut un meuble le temps de misérables secondes.

Comment peut-il penser que je suis assez audacieux pour tenter une éventuelle approche ? Je sais où est ma place et je ne m'efforcerai pas de tenter l'impossible. Cependant, j'éprouve quelques réticences à l'idée de m'associer au jeune homme pour mener à bien mon projet. Le voir juste sous mes yeux un peu trop souvent risque d'alimenter ma frustration. À moins qu'il soit détestable et que je puisse développer un profond sentiment antipathique à son égard, je me connais assez bien pour savoir qu'il m'en faut peu pour alimenter mes fantasmes inavoués. Cependant, le détester serait tout autant problématique. Me voilà face à un regardable débat intérieur.

- Pardon ? Semble alors s'indigner le jeune homme et je me fige, ignorant ce que j'ai bien pu dire pour qu'il m'oppose une telle expression.

Rien dans mon intervention n'impliquait une attaque verbale à son égard. Je me suis certainement pas montré assez clair.

- Je disais simplement qu'on joue pas dans la même cours toi et moi. C'est très utile un miroir, ça t'aidera peut-être à prendre conscience de ton allure de mannequin. Un rire nerveux s'échappe de mes lèvres et j'espère qu'il parvient à saisir ce qu'implique ma déclaration.

- Est-ce que tu me dragues ? M'interroge mon vis-à-vis et j'ai comme l'impression que j'exprime très mal le fond de ma pensée. Sauf si toutefois c'est lui qui se fourvoie quant à mes intentions.

- Non. Au contraire, j'essaie de te dire que je suis conscient de n'avoir aucune chance.

Je ne vais tout de même pas devoir lui rédiger point par point ma vision de la situation tout de même ? Moi qui n'ose jamais approcher de trop prêt un potentiel individu qui attire mon attention, je me vois mal assumer mon attirance en draguant ouvertement mon vis-à-vis.

- Et moi je te dis que t'es tout à fait mon genre. Suis tes propres conseils, parce que je t'assure que t'es très séduisant.

Fronçant les sourcils, je glisse mes mains sur mes hanches et détaille ce curieux personnage avec insistance. C'est quoi son problème ? Est-ce qu'il tente de se jouer de moi ? Je ne suis pas idiot et j'aimerais qu'il se montre un peu honnête, ce n'est quand même pas bien compliqué de repousser un homme. J'ai l'habitude de me confronter au rejet dans mes tentatives de séduction. Un de plus, un de moins... ce n'est pas bien important.

- Je ne suis pas séduisant. Je réplique, un brin agacé de me confronter à l'insistance de celui que je trouve bien trop agréable à regarder pour être réel.

Je n'ai échangé que de brèves informations par message avec ce jeune homme afin qu'on puisse se rencontrer dans le cadre de mon projet associatif. Je regrette de ne pas avoir cherché ce beau brun sur les réseaux, ainsi, je ne me serais pas retrouvé dans une telle situation.

- Bien, nos avis divergent visiblement. Ça va être compliqué d'envisager de s'associer. Il déclare en croisant les bras sur sa poitrine et j'ai la désagréable impression que nous campons tout deux sur nos positions.

Ce sera donc à celui qui se résignera le premier. Manque de chance, je suis un as de la persévérance. Je ne vais pas le laisser me bercer d'illusions simplement parce que ce type ne reconnait pas son manque d'honnêteté.

- Ton âge ? Je le questionne en faisant preuve d'une légère animosité déguisée en une politesse feinte.

Ne pas l'apprécier sera la plus sage des attitudes et la moins décevante.

- Toi, ton âge ? Il me renvoie la balle et je ne suis pas certain de vouloir poursuivre cette conversation.

Son agacement certain ne fait que me conforter dans l'idée qu'il ne daigne pas reconnaître ses torts par simple soucie de fierté. Pour ma part, j'aime ne pas me voiler la face et pour cette raison, j'ai besoin qu'il se montre clair et concis.

- Assez vieux pour être conscient de mon propre état, à savoir que je n'attire pas les types dans ton genre. Je réponds dans un lourd soupir, mon agacement se muant peu à peu en une profonde exaspération.

- Je suis libre d'être attiré par qui je l'entend. Je ne reviendrai pas sur mes déclarations, alors soit t'accepte que t'es attirant soit je me tire et tu trouves quelqu'un d'autre pour ce groupe de parole.

Bien. Il n'a donc pas l'inttention d'assumer sa faute. Si c'est l'image qu'il désire renvoyer, grand bien lui fasse, mais je ne me laisse pas prendre à son petit jeu. La méfiance est de rigueur.

Sans un mot, je me détourne et je me saisis des quelques feuilles de papier sur lesquelles je me suis permis d'inscrire bon nombres de mes projets à venir pour l'association que je mets en place depuis quelques mois. Je m'approche du jeune homme avec qui je rencontre d'évidents désaccords et je lui tends la pile de papier en évitant précautionneusement ses orbes brunes. Autant rester professionnel et ne pas chercher à aborder nos vies personnelles.

Visiblement peu désireux de briser le silence, je constate qu'il se plonge dans sa lecture et je me permets de le laisser vaquer à son occupation. Je viens alors m'installer de nouveau en tailleur sur le sol et reprend sans grande motivation le montage de cette fichue table basse. Les schémas détaillant chacune des parties à assembler n'a pour moi aucune forme de bon sens. À quoi peut bien servir cette pièce en métal qui trône encore dans son sachet en plastique. Serais-t-elle à l'origine de mon échec ? Sans grande motivation de répondre à cette question, je m'acharne presque sur le pied du meuble, lequel je ne parviens à séparer du plateau.

Je sursaute légèrement quand celui dont j'ai déjà oublié le prénom vient s'asseoir près de moi. Il m'observe attentivement et je jure intérieurement contre les cieux de ne pas m'avoir pourvu de la force nécessaire pour suivre de simples instructions de bricolage.

- Tu veux quoi ? Je marmonne, fulminant contre l'objet de mes tourments.

Désormais, tout achats de mon mobilier sera préalablement monté avant de passer les portes de ce local, il en va de ma santé mentale.

- J'aime bien ce que tu veux faire de cet endroit. Je marche. Par contre cette table est foutue, t'a monté les pieds à l'envers et sur la face apparente du plateau. M'explique calmement mon interlocuteur.

Pantois, j'immobilise mon geste, détaillant avec application mon œuvre. Comment a-t-il pu en venir à cette conclusion alors que je suis toujours incapable de comprendre les étapes de cette construction pourtant basique ?

- Ah... Je me contente de rétorquer, mes bras retombant mollement le longs de mes flancs.

Le jeune homme à mes côtés laisse un rire passer la barrière de ses lèvres et je me tourne dans sa direction, offensé.

- Je t'en prie, moque toi de moi. T'es pas aussi sympathique que ton physique est ravageur. Je grommelle, touché dans ma fierté.

Je me sens ridicule et ce n'est pas son attitude qui me pousse à penser le contraire. J'essayais de réussir la où j'ai toujours échoué. C'est triste de constater que je n'ai pas su dépasser cette inaptitude.

- T'essais encore de me draguer là. Ce n'est cette fois pas une question et je me renfrogne devant l'expression amusée que m'oppose le grand brun. C'est un principe, je ne couche jamais le premier soir, mais... t'as quelques chose de prévue demain ?

Il va trop loin dans ses propos. Il tente de me pousser dans mes retranchements ? Ou bien alors il cherche à me convaincre de sa soi-disant attirance. Il n'a peur de rien pour crédibiliser ses dires.

- Oui. Je mens effrontément en me redressant avant de lui subtiliser la pile de papier qu'il tient toujours dans le creux de ses mains.

- Vingt deux ans. Il déclare alors que je tente de remettre de l'ordre dans mes notes. Je suis célibataire et mes goûts son apparemment discutables. Ravie de te rencontrer. Il me tend sa main, un sourire lumineux étirant ses lèvres.

J'hésite longuement avant d'abdiquer et de céder à la tentation, peu important son petit manège. Je peine à déglutir à son contact, quelque peu déstabilisé par la douceur de sa peau contre la mienne. Ce type flirte avec la perfection, s'en est presque aveuglant. Notre poignée de main se prolonge déraisonnablement et je manque de tomber à la renverse quand il s'aide de ma main pour se redresser.

- J'ai mentis. Je déclare en battant faiblement des paupières et je me blâme intérieurement pour mon manque de logique.

C'était inévitable et je me fais avoir comme un enfant devant une sucrerie. Les doigts de mon vis-à-vis remontant lentement le long de mon avant-bras, j'avale difficilement ma salive, perturbé par notre soudaine proximité.

J'aimerais croire que je plais à ce beau jeune homme. J'aimerais croire que je peux me laisser tenter par ses belles paroles.

- À quel propos ?

- Demain, je suis disponible.

- Je suis ravie de l'entendre. Il te reste des meubles à monter ?

Et c'est ébahi que j'observe son petit air amusé. Alors je ne me trompais pas ? Il ne désire pas véritablement me proposer un éventuel rencart... C'est donc renfrogné que je décide de ne plus aborder que des sujets purements désintéressés de romantisme au cours de notre rendez-vous professionnel.

~
Mv̶ ❥

Par manque de temps, je ne publie qu'un bonus ce soir, j'espère en tout cas qu'il vous plaira ^^

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