𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 38


Contre toute attente j'apprécie le déroulement de notre séjour. À un détail près, l'absence de mon meilleur ami. Jungkook parvient à tempérer mes émotions débordantes mais ne comble pas le vide qui me tiraille en l'absence de Jimin. Je tente de me résonner, peut-être que c'est ainsi que je devrais désormais appréhender mon quotidien. Je ne peux plus me permettre d'être sont boulet qu'il traîne au bout d'une chaîne. Après tout lui aussi mérite de vivre sans avoir à se soucier de mon état.

- À quoi tu penses ? C'est d'une voix curieusement douce que Jungkook interrompt le cours de mes pensées.

Je jugeais sa respiration trop lente pour qu'il soit éveillé, mais tout au contraire, alors que je lorgne dans sa direction, je constate qu'il me détaille avec attention. Le lit est bien trop grand, même pour nos deux gabarits et une certaine distance nous sépare alors que la pleine lune éclaire partiellement son visage. Me tortillant sur le matelas, je viens me lover contre lui et alors qu'il soupire de satisfaction, je sens son souffle cogner contre mes lèvres.

- C'est pas important. Je murmure en l'emportant dans un doux baiser.

Comme il le souhaite, je tombe le masque. Faire preuve de tendresse, assumer mon besoin de contact, ne pas angoisser à l'idée qu'il puisse trop s'attacher. Quelque part j'ai l'impression de pouvoir à nouveau respirer librement. Je redoutais de me sentir pris au piège dans une relation, mais tout au contraire, Jungkook m'apporte une surprenante sécurité.

- Certainement, mais entre nous, il ne reste que deux jours et tu tiens bon. J'ai le droit d'être fière de toi ?

Un faible sourire esquisse mes lèvres quand je laisse ma joue retomber contre son oreiller. Il vient encore une fois de lire dans mes pensées. Sa main glissant tendrement contre ma hanche, je me permets de l'admirer silencieusement avant de lui susurrer :

- Je t'ai dessiné.

Son expression semble un instant s'illuminer et la lueur intéressée baignant ses iris me tire un rire léger. J'aime me délecter de la surprise qui le gagne. Le surprendre est particulièrement satisfaisant.

- Pourquoi tu ne me l'as pas montré ? Ce soir ? Je t'ai vu gribouiller sur ton carnet.

J'acquiesce doucement, un brin amusé par sa soudaine euphorie. Pour la première fois depuis bien longtemps, j'ai retrouvé un peu de ma passion, cette dernière animant mes esquisses. Ce n'était plus un simple automatisme et il me semble que capturer les traits de ce jeune homme soit étrangement thérapeutique. Peut-être ai je mal jugé le pouvoir du subconscient.

- Je t'autorise à regarder si tu réponds honnêtement à ma question. Mon chantage n'est en rien les prémices d'une éventuelle manipulation, je tiens seulement à m'assurer d'un détail qui me tourmente.

- Quelle question ? Il m'interroge en démontrant une évidente impatience.

- Est-ce que tu te souviens de cette journée, celle de la photo ? La deuxième...

Un silence déroutant me pousse à me questionner sur la nature de sa réponse à venir. Il détourne un instant les yeux avant de trouver mon regard avec une certaine assurance.

- Non...

Je ne peux contenir un soupir de soulagement et je viens presser doucement mes lèvres contre les siennes avant de me redresser. Je dois désormais tenir ma promesse.

Allumant la lampe de chevet de ma main gauche, je saisis de la seconde mon carnet, échoué sur la pile de vêtements débordant de ma valise. Je retrouve rapidement mon croquis et je me tourne dans la direction de Jungkook, ce dernier me jaugeant avec impatience.

Je me retiens d'observer sa réaction quand, comme entendu, je lui tends mon œuvre, préférant ne pas me confronter à un possible malaise face à la situation. J'attends alors en silence, venant m'étendre de nouveau contre le matelas tout en fixant avec appréhension le plafond.

- C'est... Très réaliste... Mais je ne savais pas que je pouvais avoir ce genre d'expression. Hésitant, Je lorgne dans sa direction et je le vois tenter de reproduire son inimitable regard assuré, emprunt de cette sincérité déroutante. Je ne peux retenir le fou rire qui secoue agréablement mon corps et son expression ahurie ne m'aide pas à retrouver mon calme. Il me détaille les yeux ronds, ressemblant davantage à un enfant qui cherche à comprendre un monde qui lui échappe. Tu te moques de moi ? Il se renfrogne et je lui subtilise mon carnet pour le délaisser sur les couvertures avant de grimper sur ses cuisses. Langoureusement, je glisse mes mains dans sa nuque et je viens trouver ses lèvres avec une lenteur mesurée, mes doigts pressant tendrement sa peau.

- Jungkook... Je soupire faiblement entre deux baisers et il grogne quand je romps brièvement l'échange pour m'exprimer plus clairement : je n'ai aucune envie que tu te souviennes de lui... Sur cette photo tu étais... Mes mots sont douloureux à prononcés et confronter son regard devient insoutenable. Je laisse ma phrase en suspend, incapable de faire face à l'image désolante de Jungkook face à mon ex petit ami. À cette époque, j'étais certainement bien loin de me douter que je parviendrai à aimer un autre homme que celui qui me torturait. Cette simple réflexion me tire une grimace de dégoût.

Mais finalement, mon souffle s'apaise quand je sens les doigts de Jungkook retracer les courbes de ma mâchoire. Sa voix me fait l'effet d'une douce caresse quand il vient me susurrer :

- Je ne cherche pas à me souvenir de lui. Retombant lourdement contre lui, mon visage enfouis dans le creux de sa nuque, je me laisse bercer par sa respiration. Ainsi, je sens peu à peu mes angoisses se tarir. Et j'espère que Jimin a brûlé cette photo. Il ajoute en embrassant tendrement la peau frissonnante de ma nuque. Mais je dois t'avouer... que je lui ai volé la première. Il vient susurrer lascivement contre mon oreille et je ne retiens pas le soupir de contentement qui passe mes lèvres.

- T'es imprévisible... Je murmure faiblement en l'entraînant dans mes bras quand je viens m'étendre sur le matelas.

Dans cette position, il me surplombe et j'ai tout le loisir de le voir me dévorer de ses orbes sombres. Nous nous dévisageons de longues secondes dans un silence qui semble s'être établi sans qu'il n'instaure le moindre malaise. Je me permets de l'admirer sans plus me cacher, m'imprégnant de ses traits, certain de cette façon, d'en redessiner les courbes dans mon esprit.

- Taehyung... J'ai besoin de te poser une question... Pas parce que j'ai des doutes, mais parce que te perdre me terrifie. Dis moi que tout est fini et que t'as été reconnu innocent. Son ton ne manque pas d'hésitation.

Je comprends son besoin même si évoquer cette époque reste encore une douloureuse épreuve. Peinant à avaler ma salive, je sens mon estomacs se nouer à l'idée qu'il soit effrayé de me voir lui échapper.

- Oui. Je... Les parents de... Les parents de mon ex ont attenté un procès à mon réveille. Jimin m'a pris en charge, c'est un peu confus pour moi, mais je sais qu'on ne peux plus m'inculper.

Jungkook ne dissimule pas son soulagement avant de se glisser contre moi, déposant chastement ses lèvres contre ma joue.

- Ne lui dis pas, mais J'admire la force de mon cousin.

- Ouai... C'est de famille faut croire. Je lui susurre tendrement et il se redresse, plongeant ses yeux brillants dans les miens. Attendait-il ma reconnaissance ? Merci. Je déclare sincèrement et il clôt ses paupières avant de retrouver sa position, étendu contre moi.

Le cœur battant, je chasse de mon esprit les images dérangeantes du passé. Je préfère ne pas bousculer davantage mes émotions, et dans ce but, je tente de faire le vide.

C'est en songeant au déroulement de notre séjour que je réalise que je n'ai toujours pas satisfait ma curiosité sur un point pourtant primordial. Remontant tendrement ma main dans les mèches brunes de Jungkook, je le questionne dans un rire léger, me moquant de mon propre manque de logique :

- T'as quel âge ?

- T'es un idiot. Il rétorque en enfonçant son visage dans ma nuque, étouffant ainsi le son de sa voix.

- Je sais. Je lui accorde alors qu'il embrasse chastement ma peau.

- J'ai dix-sept ans. Il me confie tout naturellement et je me tends brusquement. C'est une plaisanterie ? Mais bien entendu et additionnant toutes les informations dont je dispose à son encontre, je comprends qu'il se fiche de ma poire. Je lui assène une légère frappe dans la nuque alors qu'il rit de sa propre attitude. Vint-ans. Il m'avoue alors en soupirant lourdement et je ne dissimule pas mon soulagement.

- Je ne te cache pas qu'être avec toi comporte de nombreux désavantages. Je le provoque ouvertement, mais sa main longeant mon torse me tire un soupir appuyé. Il profite de mon évidente faiblesse en venant me souffler d'une voix suave :

- Alors je me vois obligé de défendre ma cause en t'en démontrant les avantages. Oui, Taehyung, je sous-entends ici que nous allons tout deux sexuellement nous épanouir là, tout de suite. Il ne m'en faut pas plus pour démarrer au quart de tour et nous voilà de nouveau emportés par notre folie commune.

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Mv̶ ❥

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