Les grillons chantaient encore ivres de la chaleur du soir.

C'est tout ce dont je me souviens des étés chez ma grand-mère. Les grillons.

Même quand la lune était levée depuis longtemps, que le monde entier s'était endormis, eux, ces petits grillons, étaient éveillés. Leurs chants me berçaient et me réconfortaient. Quand ma grand-mère dormait, leurs voix prenaient le relais pour les berceuses. Souvent, quand le jour se levait, je me promenais dans le jardin à la recherche de ces petits insectes. Je trouvais leurs mues abandonnées sur la terre chaude et les amenaient à ma grand-mère comme un trésor. Elle me prenait dans ses bras, et ensuite, on se mettait sur la grande table de la cuisine, et on observait la mue. Maman n'aimait pas ça. Elle disait que c'était dégoutant. Moi j'aurais plutôt remplacer l'adjectif par passionnant. Ensuite, je l'exposais sur une étagère, ou tous les trésors de ces insectes étaient alignés.

Je repasse devant, et je remarque la poussière épaisse dessus. Ça fait si longtemps que ça? Certains sont même décomposés. Je prends la plus en état et l'observe. C'est drôle comme ça m'avait manqué. Car depuis que mamie n'est plus là, les grillons chantent plus.