Joane avait un complexe.

Pas son corps. Certes, elle ne l'aimait pas beaucoup son corps, mais elle avait décidé de l'aimer. Juste pour essayer.

Non, son plus gros complexe était son rire. Pas qu'elle ait un rire fort, désagréable, ou moche. C'est parce que son rire sonnait faux. Non, il ne sonnait pas faux. Il était faux.

Elle avait l'habitude de rire, de rire pour tout et n'importe quoi. Quand on lui parlait, pour montrer qu'elle écoutait, qu'elle appréciait, et qu'elle l'acceptait.

Mais elle ne comprenait pas qu'on ait le droit de ne pas rire. Pour elle, c'était important que les gens sentent qu'on les écoutait. Alors quand pour la première fois on lui a dit que son rire sonnait faux, elle n'y a pas cru. Comment mon rire pourrait sonner faux alors qu'il est vrai ? Mais elle y a réfléchi. Au final, est ce que c'était vraiment drôle ? Mais pourtant, à chaque fois qu'on le lui faisait remarquer, elle se sentait impuissante, en colère, vexer. Comment ne pouvait-elle pas s'en rendre compte ?

Joane à un rire qui sonne faux. Ça, tout le monde le sais à présent. Mais pourquoi ? Parce qu'elle veut aussi qu'on la voit comme la fille souriante. Qu'on dise : " Joane ? La fille avec un sourire à la place de ses lèvres ? " . Et que dès qu'elle serait seule, pouvoir retrouver ses lèvres droites, sans expression. Mais seulement quand elle serait seule.