Leçon n°7 : Balec des devoirs, c'est bientôt la fin du monde
Les vacances de Noël commencèrent. Et si le sujet de son anniversaire avait été évité jusque là, Livaï manqua de s'étouffer le vingt-cinq décembre au matin, quand il découvrit avec horreur toutes les affiches que s'étaient amusés à poster les membres du club sur les réseaux sociaux. L'aura noire du petit brun était si puissante qu'elle put traverser les messages de haine qu'il envoya sur le groupe. Désormais, tous craignaient de croiser son chemin le trente-et-un, lors de la soirée organisée par Erwin pour célébrer le nouvel an.
Seule Mikasa n'était absolument pas paniquée par cette idée, peut-être parce qu'elle allait le voir lors de ses entrainements et que, de toute façon, cet homme haut comme trois pommes ne l'avait jamais terrorisé.
-Enchaîne avec cinquante pompes, gamine, lâcha Livaï sur un ton glacial.
Il avait conscience qu'il ne l'intimidait pas. Alors pour se venger de l'asiatique, il avait décidé de la faire suer comme elle n'avait encore jamais sué.
-Abruti de nabot susceptible, marmonna Mikasa.
-T'as dis quoi, morveuse ?
-Rien mon caporal, répondit ironiquement la jeune femme.
-Tch.
Volontairement, il fit durer la séance une heure de plus. Il prenait un malin plaisir à voir la brune se retenir de le frapper et l'insulter en cachette. Elle était plutôt mignonne sous ses airs d'enfant capricieuse.
En sortant des vestiaires, il lui demanda :
-Alors ton exposé, t'en es où ?
-Nul part, soupira-t-elle.
Le ton employé par la jeune femme trahissait le désespoir qu'avait engendré ses recherches infructueuses. Alors prit de pitié, Livaï essaya de lui expliquer brièvement ce qu'il pouvait. Mais les seules dix minutes de trajet qu'ils avaient en commun, ne furent, bien évidement, pas suffisantes.
Alors le soir venu, il envoya un message à Mikasa :
《 Grincheux
Tu fais quoi demain, vers 14h ?
Gamine de merde
T'as jamais appris à saluer avant un message ?
Grincheux
On s'est vu y a même pas une heure.
Bref, t'es là ?
Gamine de merde
Oui pourquoi ?
Grincheux
Ok, rendez-vous place de Trost.
Gamine de merde
Pourquoi ?
Grincheux
Je t'en pose des questions ?
Pour t'éduquer.
Gamine de merde
Tu sais que ton message peu sonner extrêmement bizarre ? ;-;
Il me donne plutôt envie d'appeler la police que de te suivre. 》
Livaï lâcha un petit rire.
《 Grincheux
T'as un grain, c'est pas possible. 》
De nouveau, il fallut trouver une excuse à Mikasa pour pouvoir sortir sans éveiller les soupçons. Mais le brune n'était pas la seule à devoir mentir. Effectivement, les sorties à répétition de son fils n'étaient non plus passées inaperçues auprès de Kushel.
-Tu trouves pas qu'il sort beaucoup, en ce moment ? demanda-t-elle à son frère en observant la porte d'entrée se refermer.
Kenny rigola.
-Il t'a dit quoi, aujourd'hui ? fit-il.
-Qu'il était parti aider Hanji.
De nouveau, l'homme fit exploser son rire gras.
-Alors, définitivement, il nous ment, assura-t-il. Tu penses que la petite asiatique est dans le coup ?
Kushel haussa les épaules.
-Va savoir, répondit-elle, un sourire attendrie sur les lèvres.
Elle était sa mère et elle le sentait, son fils vivait où allait vivre sa toute première histoire d'amour.
-T'as pas intérêt à l'embêter avec ça, en tout cas, lâcha-t-elle en foudroyant son frère du regard.
~*~
-Tu peux m'expliquer ce qu'on fout dans un musée ? demanda l'asiatique en tendant son billet au guichet.
-Si tu t'intéressais à la vie qui t'entoure, tu saurais qu'il y a une exposition sur les Lumières en ce moment même, rétorqua Livaï. Je pense que c'est pour ça que votre prof vous a donné un exposé.
Mikasa soupira.
-Dans tous les cas, je vois pas comment ça va pouvoir m'aider, insista-t-elle. J'ai déjà lu tous les livres et tous les sites inimaginables sur le sujet, et je crois que je vais bientôt ressusciter Diderot et Voltaire pour pouvoir les étrangler de mes propres mains.
Livaï lâcha un petit rire. Parfois, il avait vraiment l'impression de s'entendre avec elle. Il était bien moins impulsif que la brune, mais il avait le même caractère franc et colérique.
Ils marchèrent en silence jusqu'à rejoindre la salle d'exposition, puis l'adolescent prit la parole.
-Tout d'abord, saches que y avait pas que des littéraires, qui faisaient parties des Lumières. Mais on y trouvé aussi des scientifiques, comme Alembert, commença-t-il.
Mikasa acquiesça d'un signe de tête en observant les portraits devant elle.
-Tu sais ce qui a provoqué ce mouvement ? demanda-t-il.
-La révolution ?
-Faux, la mort de Louis XIV, continua le petit brun. Par contre, le mouvement prendra fin en 1789. Mais on pourrait effectivement penser qu'en tuant le roi, le peuple a montré sa détermination à vouloir faire évoluer les mentalités. La criminalisation de certaines pensées par la royauté mais également par l'église, étant abolie, on retrouve une certaine liberté soufflée par les Lumières. Mais on n'attribue pas cette période à ce mouvement.
Mikasa écouta son professeur improvisé avec attention. Parfois, il lui arrivait même de prendre des notes. Elle ne savait pas d'où lui venait cet élan de gentillesse, mais le petit brun était en train de lui sauver la vie.
~*~
De son côté, Eren était nettement moins enchanté quant à son exposé. Tout d'abord, il avait dû éviter les tentatives d'assassinat d'Ymir et Reiner qui avaient tout fait pour prendre sa place au sein de son binôme. Le garçon n'aurait pas été contre de se retrouver avec Armin ou bien Bertholdt, mais la professeure avait été catégorique : le tirage au sort l'avait assigné avec Historia, alors il serait avec Historia.
Il soupira.
Ce n'est pas qu'il détestait la petite blonde, au contraire il la trouvait gentille et avec une bonne humeur communicative. Mais la présence en permanence de ses deux sbires la coupait considérablement du reste du groupe. Que sa sœur ait réussi à être amie avec elle relevait d'ailleurs du miracle. L'asiatique était plutôt du genre introvertie.
Il descendit du bus et regarda son téléphone où était notée l'adresse de sa camarade.
-Six rue Orvud, lu-t-il à voix haute. Ça doit être ici.
Quand il leva la tête, il écarquilla les yeux en apercevant une immense maison.
On est dans le quartier résidentiel, d'un côté, pensa-t-il.
Il poussa le lourd portail et se dirigea vers la porte d'entrée. Il sonna.
-J'arrive ! résonna une voix fluette à l'intérieur. Hello, fit Historia en ouvrant la porte.
-Salut, répondit évasivement Eren en pénétrant à l'intérieur de la maison. C'est immense, chez toi... lâcha-t-il en observant l'incroyable séjour.
-Haha, merci, fit la blonde en souriant. Mon père aime voir les choses en grand...
Elle attendit qu'Eren se soit déchausser pour reprendre :
-On va dans ma chambre ? On peut travailler dans le salon, sinon, mais ce sera moins pratique vu que l'imprimante est à l'étage.
-Comme tu veux, répondit son camarade en haussant les épaules.
Historia commença à monter les escaliers, Eren sur ses talons. La chambre de la blondinette était tout aussi démesurément grande que le reste de sa maison. Les murs étaient peint d'une couleurs rose pastel et le mobilier était en bois blanc. Cela collait parfaitement à l'image princesse Disney dont l'avait affublé l'esprit du garçon.
-Tiens, pose tes affaires ici, indiqua-t-elle en montrant son bureau. Tu as une idée sur où on devrait chercher nos documents ?
Eren soupira. Si Mikasa et Sasha avaient écopé du siècle des Lumières, eux devaient s'occuper de l'Antiquité.
-Wikipedia sera notre ami, répondit le garçon en rigolant.
Historia l'imita.
-Wikipedia est l'ami de tous...
Elle alluma son ordinateur tandis qu'Eren sortait le sien. L'avantage qu'ils avaient à travailler sur l'Antiquité, c'est que ce thème était abordé chaque année, que ce soit en français ou en histoire. Par conséquent, même Jäger, qui n'était pas le plus assidu en cours, était capable de raconter quelque chose sur cette époque.
Les deux adolescents travaillèrent tout l'après-midi, puis vers les coup de seize heure, Historia s'écria :
-Je meurs de faim, tu veux manger un truc ?
-Bonne idée, soupira le brun. J'ai la dalle.
Ils descendirent les escaliers pour rejoindre la cuisine.
-Caprisun et petit écolier, ça te va ? demanda la blonde en ouvrant son frigo.
-Je ne pourrais rêver de meilleur festin, assura le brun.
Pendant qu'ils dégustaient avec avidité leur goûter, Eren soupira :
-Et dire qu'on doit faire minimum trente pages et qu'on n'en a même pas écrit cinq...
-À qui le dis-tu, se désola sa camarade. Mais j'ai envie de te dire, même si on en fait que vingt-neuf, la prof n'a pas intérêt à nous faire une remarque. Elle a dit environ trente pages.
Eren la dévisagea.
-Bah quoi ? fit innocemment la jeune femme en grattant le chocolat de son petit écolier avec ses dents.
-Non, rien...
-Bah si, vas-y, insita-t-elle.
-Disons que je sais que tu as ton petit caractère, mais c'est rare quand il ressort, expliqua le garçon en rigolant.
Historia rougit.
-C'est pourtant pas si rare que ça, répondit-elle, gênée.
-Ben un peu, assura le garçon. Comme t'es toujours avec tes deux gardes du corps, au final on t'écoute rarement t'affirmer...
-Je trouve ça plutôt ironique que ce soit une personne surprotégée par sa sœur qui me dise ça, rétorqua la blonde.
-Mikasa, c'est différent, fit le brun. Elle ne m'empêche pas de parler avec d'autres gens...
Historia leva un sourcil avant de rigoler.
-Tu veux que je te rappelle la première fois qu'on t'a parlé, Sasha et moi ?
Le garçon réfléchit un instant.
-Bon, c'est vrai qu'elle avait été un peu froide à ce moment là, avoua-t-il finalement. Mais on était en maternelle, maintenant elle ne l'est plus.
-Parce qu'elle nous connais, répondit la blonde. Mais je suis persuadée que si demain tu parles à une fille que tu ne connais pas, il faudra moins de cinq secondes à Mika pour rappliquer.
Malheureusement, Eren ne pouvait pas le nier. Sa sœur était plutôt du genre très protectrice.
Il se contenta de soupirer, puis les adolescents se remirent à travailler. Le ventre plein, ils avancèrent un peu plus vite pour leur plus grand soulagement. Mais en fin d'après-midi, Eren s'écria :
-Attends, il est dix-huit heure, ça va être l'heure des Anges de la télé-réalité !
Historia le dévisagea.
-Ne me dit pas que tu regarde ce truc ?
-Oh que si, affirma le brun. C'est beaucoup trop drôle.
-T'es sérieux ? s'exclama la jeune femme un sourcil levé.
-Je te jure, je ne me lasserai jamais d'apprécier leur connerie, répondit le garçon. Tu devrais regarder au moins une fois.
-Euh... fit Historia, peu convaincue.
-Aller, insita Eren.
-Ok... finit-elle par accepter, non sans aprioris.
Une fois posés devant la télévision, Historia fut estomaquée en regardant l'émission. Comment était-ce possible de sortir des âneries aussi grosses que l'estomac de Sasha ?
-Rassure moi, Eren, lâcha-t-elle. Ils ne sont pas sérieux, c'est un scénario qu'on leur a donné à jouer ?
-Nop. Enfin... Normalement, non, répondit-il. Mais je pense qu'ils le font un peu exprès aussi. Toujours est-il que ça me fait beaucoup trop rire. Même Jean c'est Einstein à côté, continua-t-il en rigolant.
Contrairement à ses attentes, Historia se prit au jeu. Et pendant le reste de la semaine où ils travaillèrent ensemble, ils prirent rapidement l'habitude de conclure leurs durs après-midi de labeur, par le visionnage de l'émission.
Puis la soirée du trente-et-un arriva.
-Imaginez c'est la fin du monde, ce soir ? lâcha Conny.
-T'es en retard, la fin du monde a déjà eu lieu le vingt-et-un décembre 2012, rétorqua Erwin.
-Je me souviens tellement de ce jour, s'écria Sasha. Dans le doute que ça soit vrai, j'avais mangé raclette, continua-t-elle en salivant.
-Il faudra vraiment que tu m'expliques comment tu fais pour manger autant sans grossir, se désola Historia.
-Tout est dans le mental, affirma la brunette.
-Tch, cette histoire de fin du monde, c'est de la connerie, intervint Livaï.
-Ça a quand même été annoncé par les Maya, Lili, répondit Hanji.
-Tu m'appelle encore une seule fois comme ça et je peux te prédire que ça sera bien ta fin du monde à toi, lunettes de merde.
-En réalité, fit Armin. On s'est trompé en lisant leur calendrier. On pensait qu'il s'arrêtait au vingt-et-un, alors on en a déduit que c'était belle et bien la fin de monde. Mais récemment, on a trouvé la suite du calendrier et on a encore quelques millénaires devant nous...
-Qu'est-ce que je disais, renchérit Livaï. C'étaient des conneries.
Puis petit à petit, le groupe commença à se disperser dans le salon et la soirée s'anima.
-Eren ?
Mikasa avait perdu son frère de vue.
-Psss, un bruit attira l'attention de Historia, assise sur le canapé.
En se retournant, la petite blonde aperçut Jäger caché derrière.
-Viens, souffla-t-il discrètement en lui faisant signe de le rejoindre.
La blondinette fronça les sourcils. Elle jeta un œil à ses deux meilleurs amis pour s'assurer qu'il ne faisait pas attention à elle, encore trop occupés à se disputer, et rejoignit le brun.
-Qu'est ce que tu fais ? chuchota-t-elle.
-Suis moi, lui répondit Eren en attrapant sa main. On va échapper à nos chaperons, continua-t-il en lui adressant un clin d'oeil.
De son côté, Mikasa était encore désespérément à la recherche de son frère.
-Livaï, tu as vu Eren ?
Le petit brun soupira.
-Laisse le tranquille, ton frangin, répondit-il.
L'asiatique fronça les sourcils.
-On est qu'au début de la soirée et il a quasiment rien bu. Il va pas faire n'importe quoi, continua la garçon.
-Ça se voit que tu ne connais pas Eren, rétorqua la jeune femme. Il est déjà casse-cou de base, et avec l'alcool, sa témérité atteint des sommets.
-Et bien laisse le faire, fit le brun. Tu ne seras pas éternellement derrière lui pour sauver son cul...
Mikasa soupira. Elle savait que Livaï avait raison. Alors elle jeta un dernier coup d'oeil rapide autour d'elle puis consentit à laisser tomber ses recherches.
-Tu ne bois pas du Whisky, ce soir ? demanda-t-elle au petit brun en l'observant se servir un verre de thé glacé.
-J'en ai pu trop l'envie depuis qu'une certaine emmerdeuse m'a fait faire n'importe quoi à Halloween.
L'asiatique haussa un sourcils avant de tendre son verre pour qu'il la serve à son tour.
-Tu ne bois pas ? s'étonna-t-il.
-Il faut dire que depuis qu'un certain nabot m'a embarqué dans un défi à la con, l'alcool a du mal à passer.
-Tch, ne mélange pas tout. C'est toi qui a commencé, gamine.
-À boire, oui. Mais qui m'a provoqué ?
-Ton égo.
Mikasa leva les yeux au ciel.
Assister à une soirée tout en restant sobre était une expérience des plus particulières pour les deux Ackerman. Ils purent ainsi assister à la décadence de leurs amis, non sans que Livaï immortalise quelques précieux instants dans son téléphone, comme le moment où Hanji vomit sur Kitschtein, ou bien l'endroit où s'endormit Erwin, c'est à dire sur les toilettes. Malgré tout, les résistants continuèrent de s'amuser dans la bonne ambiance. Musique à fond, cris déchaînés, délires en tout genre et bien évidemment, euphorie lors du compte à rebours.
Pour fuir cette cacophonie ambiante, Mikasa et Livaï décidèrent de se réfugier à l'extérieur. Les frasques de leurs amis les avaient amusé un temps, mais maintenant leur sobriété était un souvenir si lointain que supporter leurs chants dissonant sur les musiques des années quatre-vingt étaient un véritable supplice.
Ils marchèrent quelques instants en silence, puis finirent par s'assoir sur le banc qui trônait au milieu du jardin. Mikasa leva la tête vers les étoiles. Elle avait toujours aimé les contempler. Pourtant, elle aurait été bien incapable de reconnaître la moindre constellation. De son côté, Livaï observa le manège de l'asiatique. Il pouvait discerner de son visage, les seules parcelles que voulait bien lui éclairer la lune. Sa peau si blanche, scintillait. Il suivit ensuite le regard de la jeune femme et planta à son tour ses yeux dans les étoiles.
-La constellation juste au-dessus de nos têtes, c'est la Grande Ours, intervint-il.
Mikasa le dévisagea avant de reporter son attention sur le ciel.
-Tu vois, c'est cet amas d'étoile qui fait penser à une casserole, continua Livaï en pointant du doigt la constellation. Et juste au dessus, il y a l'étoile polaire ; c'est la Petite Ours.
L'asiatique buvait ses paroles.
-Plus au Nord, expliqua le garçon, tu peux apercevoir la constellation d'Orion. Elle n'est visible qu'en pleine hiver.
Ils restèrent un moment silencieux. Mikasa essaya de repérer à nouveau les deux constellations que venait de lui montrer Livaï. Que l'Homme puisse ainsi repérer les étoiles, elle avait toujours trouvé ça fascinant.
Elle soupira avant de tourner ses yeux vers le petit brun.
-Quand arrêteras-tu de m'apprendre des trucs, monsieur le petit génie ?
-Quand tu seras devenue intelligente, répondit l'adolescent du tac au tac.
Puis il tourna à son tour, ses prunelles vers son interlocutrice. À ce moment, leurs yeux s'ancrèrent si profondément dans l'âme de l'autre, qu'aucun des deux ne put détourner le regard. Ils étaient comme aimantés. Chacun se mit alors à apprécier sa contemplation muette.
Les yeux perçant de Livaï, transportèrent instantanément l'asiatique dans un monde algide et tempétueux. Un lieu où résidait une anarchie fulgurante, pourtant tranquillement orchestré par son propriétaire. Mais au centre de tout, elle pu apercevoir une rose aux pétales argentés jalousement protégée d'une cloche en verre. Autour de la fleur s'animait avec candeur une poudre rose. Ce chaos ambiant dans les yeux de l'adolescent n'était en réalité que le gardien d'une sensibilité bouleversante.
Quand les carbonados de Mikasa frappèrent les pupilles du petit brun, ce dernier eut l'impression de tomber dans un gouffre infini. Il heurta de plein fouet les parois métalliques qui composaient ces abysses. Puis enfin, il finit par percuter le sol aussi froid que pouvait l'être le béton. Il se trouvait au cœur d'une carcasse de vide, sans aucune fenêtre pour apporter de la chaleur à cet abîme. Mais quand il se releva, il remarqua une flaque dont le bleu de l'eau paraissait enchanté. Il ne pu résister à l'envie de plonger dedans, et l'adolescent atterrit dans un monde idyllique où douceur en était la reine. Ce vide métallisé qui marquait les yeux de la jeune femme n'était là que pour dissuader les moins courageux de s'approcher du passage bleuté qui s'ouvrait sur une île arcadienne.
Sans s'en rendre compte, les deux adolescents rapprochèrent leur visage jusqu'à ce que leur lèvres s'effleurent d'un doux baiser. Puis ils se reculèrent dans un calme alcyonien et observèrent à nouveau les reflet de leurs âmes.
Que venait-il de se passer ? chantonnait une voix lointaine, perdue dans leurs consciences endormies.
Tous deux sentaient qu'ils auraient dû être effrayés par ce qu'il venait de se passer ; pourtant, jamais ils ne s'étaient sentis aussi bien.
-Shooortyyyy ?
Précipitamment, Livaï attrapa la main de l'asiatique pour la forcer à se cacher dernière le banc où ils s'étaient assis. Il lui fit signe de se taire. S'ils ne faisaient aucun bruit, la folle s'en irait.
-Shorty ? réitéra Hanji. Bon, bah t'es pas là...
En l'apercevant re-rentrer à l'intérieur, les deux Ackermans poussèrent un long soupir de soulagement.
~*~
-Action ou vérité ? demanda Eren à Historia.
Pour échapper à ceux qui les surprotégeaient, les deux adolescents s'étaient réfugiés dans le garage, à l'opposé du salon où se déroulait la soirée. Préalablement, Eren s'était arrangé pour y cacher un fut de bière entier, ainsi que des paquets de chips et de bonbon.
-Action ! répondit la blonde avec assurance.
Loin de la surveillance de Reiner et Ymir, Jäger avait eu l'agréable surprise de découvrir une jeune femme à la fois drôle, confiante et parfois même, autoritaire. Ce n'était plus la petite Historia qui passait son temps à essayer d'apaiser les tensions entre ses deux meilleurs amis, mais la grande Historia qui refusait de donner raison à Eren lorsqu'il affirmait, par taquinerie, qu'elle n'était qu'une poupée innocente.
-Ok, donc... Enlève un vêtement ou sinon, bois cul sec.
-Super, je suis en robe, soupira la blondinette. Bon, bah go terminer le verre que je viens à peine de remplir...
Un rire mauvais s'échappa des lèvres de Jäger. Son amie le dévisagea.
-Ne me regarde pas comme ça, lâcha-t-elle en terminant son gage. C'est pas que je ne veux pas faire l'action, c'est que je ne peux pas.
-Bien sûr, Barbie, rétorqua le garçon sur un ton faussement convaincu.
-Tu verras, le prochain défis je le relèverai haut la main ! déclara-t-elle, le visage courroucé.
L'alcool commençait à lui monter à la tête, et ses manières de parler devenaient de plus en plus expressives.
-Ah oui ? Hâte de voir, boucles d'or, rétorqua Eren en se penchant vers le visage de la petite blonde.
-Passe moi ça, fit cette dernière en arrachant le téléphone des mains du garçon afin de continuer le jeu. Alors, action ou vérité ?
-Action, évidemment, répondit Eren. Je ne suis plus assez sobre pour choisir vérité...
-Ok, dans ce cas embrasse... Historia se stoppa, la personne à ta droite, sinon boit trois gorgées, reprit-elle avec lenteur.
Elle leva ses yeux bleus vers le garçon. Comme ils ne jouaient que tous les deux, il n'y avait pas dix mille possibilités quant à la personne que le garçon devait embrasser.
Jäger rigola en voyant la mine que tirait la blondinette.
-Fais pas cette tête, je vais boire si tu veux pas, expliqua-t-il en portant son verre à ses lèvres.
Mais Historia fronça les sourcils.
-Qui t'as dis que je ne voulais pas ? lâcha-t-elle. Ce n'est qu'un jeu, après tout !
Et avant qu'Eren ne puisse répliquer quoi que ce soit, elle prit le garçon par son col et plaqua ses lèvres sur les siennes.
Jäger écarquilla les yeux. Jamais il n'aurait cru qu'elle aurait le cran de le faire. Quand ils reprirent leur souffle, le garçon ne put empêcher ses joues de rougir. De son côté, Historia était cramoisie. Une fois le baiser terminé, elle toussota pour reprendre contenance et lâcha sur un ton indifférent :
-À mon tour, action !
~*~
Le lendemain matin, ni Mikasa, ni Eren, n'avaient ré-embrassé qui que ce soit. Et tous les deux s'étaient bien gardés de dévoiler ce qui s'était passé chacun de leur côté, quand Armin leur apprit, tout joyeux, qu'il avait enfin finit par aborder Annie.
Tout comme Eren qui continua à travailler son exposé avec Historia sans qu'ils n'aient abordé le sujet ; Mikasa et Livaï n'avait pas reparlé de leur baiser. Pour tout dire, ils n'avaient pas échangé un seul mot, depuis. C'est donc légèrement anxieuse que l'asiatique rejoignit la salle de sport pour son entrainement quotidien.
Elle fût heureuse d'arriver la première. Elle put ainsi se défouler contre le sac de frappe quelques instants, espérant en vain que son défouloir absorbe son anxiété. Quand Livaï y pénétra à son tour, il sembla tout aussi perdu que sa cadette. Que devait-il faire ? L'embrasser ? L'ignorer ? Faire abstraction de ce qu'il s'était passé ? Le petit brun ne savait même pas s'ils étaient ensemble. Il choisit alors de faire comme si de rien n'était, par simple mesure de sécurité.
-Salut, lâcha-t-il sur un ton indifférent.
Ce mot d'une banalité accablante fit tiquer l'asiatique.
Il a donc décidé d'oublier, pensa-t-elle. C'est sûrement ce qu'il y a de mieux à faire.
Mais de part le mal qui broya sa poitrine, le cœur de la jeune femme semblait en profond désaccord avec cette pensée.
L'entraînement se déroula de la manière la plus anodine possible. Livaï gardait ses mots durs et froids habituels, et Mikasa tentait toujours de le faire taire une bonne fois pour toute.
Mais quand les deux Ackerman sortirent des vestiaires, le petit brun proposa :
-Tu as le temps pour aller boire quelque chose ?
Mikasa lui lança un regard étonné mais accepta.
-Je te suis, répondit-elle en acquiesçant d'un signe de tête.
Ils se dirigèrent alors vers un café à deux pas de leur salle de sport. Livaï commanda son traditionnel thé noir, et Mikasa se décida pour un cappuccino.
Quand leur boisson arrivèrent, l'asiatique observa le liquide brun danser dans la tasse de Livaï. Le dernier thé qu'il lui avait fait goûter, blanc, lui avait beaucoup plu. Quelle était la différence de goût avec cette infusion si sombre ?
Avant qu'elle ne puisse ravaler ses pensées, elle demanda :
-Je peux goûter ?
Livaï fronça les sourcils, un peu surpris par cette demande si soudaine, mais accepta d'un signe de tête en poussant la tasse vers l'asiatique. Délicatement, elle porta la boisson à ses lèvres. L'odeur forte et boisée qui s'en dégageait lui fit froncer le nez. Elle ne ressemblait pas aux effluves fruitées de l'autre infusion. Elle aspira une gorgée de thé, mais à peine le liquide avait-il frôlé ses papilles qu'elle ne put réprimer une grimace. Il n'avait décidément rien à voir avec le précédent. Ce thé noir était bien plus amer. Soudain, un bruit d'appareil photo attira son attention. Elle remarqua alors Livaï, son téléphone à la main.
-Simple vengeance, gamine, lâcha-t-il avec un sourire de vainqueur.
L'asiatique le foudroya du regard.
Puis ils se mirent à déguster leur boisson, valsant entre silence et discussions anodines.
Livaï lui demanda si elle avait terminé son exposé et Mikasa fut ravie de lui apprendre qu'il ne leur restait plus qu'à écrire la conclusion. Décidément, ce siècle des lumières s'était montré bien moins clair à comprendre qu'il ne laissait sous-entendre.
Ensuite, ils marchèrent en direction de leur maison et le petit brun décida de la raccompagner chez elle. Jusqu'ici, le sujet qui trottait autant dans l'esprit de l'un que dans celui de l'autre, avait été évité. Voila pourquoi Mikasa fut complément perdue au moment de lui dire au revoir. Devait-elle l'embrasser ? Lui faire la bise ? Ou bien le saluer de loin ?
La gêne des deux Ackermans face à cette situation ambigüe devint rapidement étouffante. Livaï se racla la gorge. Il commençait à s'impatienter.
Après avoir pesé le pour et le contre, Mikasa se décida pour un entre deux. Elle s'approcha alors du petit brun, et déposa un baiser sur sa joue.
-Merci pour le cappuccino, lâcha-t-elle en tournant précipitamment les talons, mais la main de Livaï l'arrêta.
L'adolescent ne savait pas pourquoi il venait de retenir l'asiatique par le poignet. Ce geste avait été fait mécaniquement, comme si ses sentiments prenaient momentanément possession de son cerveau. La jeune femme se retourna alors vers celui qui la tenait prisonnière, et quand ses yeux bleu croisèrent ceux de sa cadette, Livaï ne put se retenir. Il entoura le visage de Mikasa de ses mains, et l'embrassa. Puis avant qu'elle ne puisse reprendre ses esprits, il partit en lâchant un simple « salut ».
C'est complément sonnée que la jeune femme rentra chez elle. Ce deuxième baiser était-il une confirmation qu'ils étaient ensemble ? Mais à bien y réfléchir, souhaitait-elle réellement, sortir avec celui qu'elle surnommait « l'exécrable nabot prétentieux »? De la pulpe de ses doigts, elle effleura ses lèvres. Elle ferma les yeux et frissonna en repensant aux deux baiser si doux qu'ils avaient échangé. En relevant ses paupières, elle constata que la colère à l'égard du petit brun avait laissé place à une sensation plus agréable. Et contre toute attente, la jeune femme n'était absolument pas effrayée par ce sentiment arcane que semblait être l'amour.
Alors avant de s'endormir, elle lui envoya un message :
《 gamine de merde
Bonne nuit, grincheux. 》
Elle reçu une réponse presque instantanément.
《 Grincheux
Bonne nuit, gamine de merde ❤ 》
••••••••{{{{{{{{{•••••••••
Coucou tout le monde !
La relation Rivamina vient de faire un graaaaand pas, et d'autre protagonistes commencent à se rapprocher en parallèle hihi 👀
Beaucoup d'entre vous m'ont dit apprécier le fait que la relation entre Livaï et Mikasa soit plus douce et moins fait de "Tch, sale merdeuse !". Je suis heureuse car c'était totalement mon objectif d'apporter du nouveau dans ce ship qui commençait à devenir redondant x)
Sinon, certain ont également cru que je détestais le métal à cause du chapitre 3, mais ce n'est absolument pas vrai mdrrrrr
J'ai simplement imaginé que Livaï, lui, n'aimerait pas le métal. Rien à voir avec mes goûts personnels 😂
Voici les crackship de cette semaine :
-Connie x Ymir 🍿
-Eren x Mike 🍿
On s'approche bientôt du chapitre où ils seront révélé hihi, mais, petit indice, vous les avez déjà cité depuis longtemps ^^
Je vous fais plein de bisous,
Prenez soins de vous 💕
Crunch~
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