Leçon n°5 : Quelqu'un a fait les exos de physique ?

Ennui.

Voilà le mot qui résumait le mieux la vie étudiante de Livaï.

Les cours étaient ennuyeux, les gens aussi, et le petit brun trouvait la nature et le monde beaucoup plus appréciables quand ils étaient observés en silence.

Il y avait bien quelques personnes qui s'étaient incrustés dans sa vie, comme cette folle de Hanji ou encore ce Erwin, au côté peut-être un peu trop autoritaire. Leur ami Mike, également, rencontré par la suite. Sans parler de ses deux amis d'enfance, Farlan et Isabel. Mais tous ces gens, Livaï ne les avait pas choisi. Sans que le petit brun ne fasse quoi que ce soit, cette ribambelle d'inconnus avait forcé pour se faire un nid dans sa vie. Il n'en était pas mécontent, mais il n'avait jamais levé le petit doigt pour étendre son cercle social. Tout simplement parce que ses congénères ne l'avaient jamais attiré plus que ça.

Comme l'enfant surdoué qu'il était, Livaï se contentait d'assister aux cours où il s'ennuyait, et de passer du temps avec des personnes que si ces dernières faisaient l'effort de se plier à ses habitudes.

Puis un jour, son monde changea. Lui, dont l'attention n'avait jamais été attiré par quoi que ce soit de vivant, ou plutôt, d'humain, se trouva happé par une personne qui ne faisait pourtant rien pour entrer dans son quotidien :

-Je vais faire l'appel des cinquième B, maintenant, s'écria la pionne chargée de surveiller la salle d'étude. Mikasa Ackerman...

La prononciation de son nom de famille fit sortir le petit brun de sa rêverie.

-Présente, répondit une petite asiatique en levant la main.

Il plissa les yeux. Sa mère lui avait déjà expliqué que leur nom de famille était plutôt commun dans la région. Pourtant, il n'avait encore jamais rencontré personne qui le portait.

Ceci dit, ce genre de coïncidences n'était pas du style à suffisamment titiller assez la curiosité de Livaï pour qu'il y prête attention plus que de quelques secondes. Alors son esprit se détourna furtivement de cette futile distraction pour se replonger dans ses pensées.

Mais en sortant du réfectoire quelques heures plus tard, il aperçut de nouveau la petite asiatique.

L'ennui.

Voila la première constatation qu'avait pu se faire Livaï en observant son visage. Cette lasse fatigue semblait marquer les traits de la jeune fille, d'une manière tout aussi puissante qu'elle marquait les siens. Puis à nouveau, l'inconnue s'évapora de son esprit.

Mais un jour où le petit brun demandait un renseignement au secrétariat de son établissement, un brouhaha attira son attention. Il remarqua alors l'asiatique au milieu d'un groupe qui se dirigeait vers l'infirmerie.

Bruyant.

C'était la deuxième chose qu'il s'était dit quand la cacophonie de ses amis vinrent lui casser les oreilles.

Mais, agréable.

Il s'était aussi fait cette réflexion en entendant la voix de la jeune fille.

-Eren, garde la tête en arrière pour que le sang ne coule pas sur tes vêtements, avait-elle dit.

-T'as vraiment un problème pour viser, tête de cheval !

-T'avais qu'à pas faire gardien si tu voulais pas réceptionner la balle, espèce d'idiot !

-Taisez-vous, les avait-elle reprit. Eren, on arrive bientôt.

Il l'avait suivit du regard jusqu'à ce qu'elle atteigne l'infirmerie. Et puis il avait reprit son chemin, comme si de rien n'était.

Cependant, ce n'est qu'un mois plus tard, après que son esprit s'amuse inconsciemment et à plusieurs reprise à la remarquer n'importe où où Livaï la croisait, qu'elle s'ancra durablement dans la curiosité du petit brun.

Séraphique.

Voilà le mot qui avait frappé son esprit quand il croisa ses yeux gris pour la première fois.

C'était devant les grilles du collège, quelques minutes avant que la cloche ne sonne le début des cours. Ses pupilles bleues avaient heurté de plein fouet ses carbonados, à tel point qu'il cru naïvement qu'elle allait lui adresser la parole.

-Eren, dépêche toi, s'était alors écriée la jeune fille en le frôlant pour rejoindre le garçon derrière lui.

Elle ne l'avait même pas remarqué. Mais peu importait. Livaï, lui, ne l'avait pas manqué. Ce regard ailé aux allures célestes qui avait su bouleverser son âme, à tel point que son cerveau soit assailli par ces prunelles grises, même la nuit.

Depuis ce jour, sa main le démangeait de vouloir transmettre par écrit, ce que sa muse dictait à son imagination. Et il avait succombé à cette pulsion. Depuis sa rencontre avec cette mystérieuse asiatique, il ne s'était pas passé une seule journée sans qu'il noircisse son cahier des mots fulgurant qui lui venait quand il l'apercevait.

Mais il souhaitait garder secret la déité de son inspiration. Alors il avait prit pour habitude de dédier à ces yeux gris les dernières pages de son carnet ; protégeant ainsi la présence clandestine de l'asiatique dans son esprit, de toute les personnes dangereuses comme, par exemple, Hanji.

-Bien, le cours est terminé.

La voix de sa professeure de français ramena Livaï à la réalité. Il rangea précautionneusement ses affaires dans son sac, et partit rejoindre Hanji, Erwin et Mike au réfectoire. Les quatre amis mangèrent rapidement avant de se diriger vers la salle du club.

Il était de coutume que les plus anciens élèves installent les tapis dans le gymnase, tandis que les nouveaux membres les rangent une fois l'entraînement terminé. Livaï n'avait jamais compris l'intérêt de cette règle stupide, mais soit, il se pliait sans trop rechigner à la tradition. De toute façon, discuter de ce genre de choses avec ses amis, c'était prendre le risque de lancer Erwin ou Hanji dans un exposé à rallonge sur le pourquoi du comment les coutumes étaient importantes, même si la raison en était inconnue ou absurde.

De leur côté, Armin, Eren et Mikasa, commençaient à peine leur repas. Aujourd'hui, ils mangeaient volontairement tous les trois afin de pouvoir parler tranquillement d'un sujet important : Annie.

-Alors, tu lui a parlé ce matin ? demanda Eren.

-Un peu... répondit évasivement le blondinet.

-Armin, intervint Mikasa, votre relation n'évoluera jamais si tu ne lui parles pas franchement. Et par là, je veux dire d'un autre sujet que les cours...

Son meilleur ami soupira. La fratrie ne se rendait pas compte d'à qu'elle point cela pouvait être effrayant pour lui, d'adresser la parole à la petite blonde. Annie n'était pas très bavarde, et son visage était si inexpressif qu'il était difficile de savoir si la conversation l'intéressait ou bien l'ennuyait à mourir. Armin était tout le contraire. Timide, il lui avait fallut du temps pour s'affirmer rien que dans son groupe d'ami.

-C'est compliqué... Durant les inter-cours, Bertholdt vient souvent lui parler... se désola-t-il.

L'asiatique fronça les sourcils. Si les sentiments de Jean à son égard était un secret très mal gardé, ceux de Hoover pour Leonarth étaient tout aussi bien caché que la Tour Eiffel.

-Il faudrait qu'Eren s'occupe de lui, dans ce cas, proposa-t-elle en se tournant vers son frère. Tu es plus proche de lui que moi.

Le garçon acquiesça d'un signe de tête.

-Il faudra que je trouve une excuse à chaque fois, mais je vais essayer.

-Reiner n'a pas l'air d'être un problème, par contre.

-Non, répondit Armin. Lui, il essaie d'aborder Historia, continua-t-il en souriant. Toujours est-il que je sais pas quoi raconter...

Mikasa soupira avant d'échanger un regard entendu avec son frère. Leur meilleur ami manquait cruellement de confiance en lui.

-Demande-lui ce qu'elle a fait le week-end, si elle connait tel film, je sais pas, trouve un truc, lui conseilla Eren.

-Mais par pitié, Armin, renchérit sa soeur. Arrête de lui parler de cours.

-Elle n'en a pas l'air comme ça, mais Annie m'a déjà dit qu'elle regardait des animés, fit le brun. Vous devriez trouver un terrain d'entente, continua-t-il en adressant un clin d'oeil au blondinet.

-J'espère, soupira ce dernier.

~*~

Cela faisait trois semaines que Livaï avait accepté le marché de Mikasa. Ainsi obligés de se supporter, les deux brun prirent rapidement conscience que s'ils souhaitaient éviter de s'entretuer, des échanges courtois étaient de mise. À force de se côtoyer, ils leurs arrivaient même parfois de se parler comme des gens civilisés. Ce n'étais pas grand chose, mais rien que de dire « bonjour » en arrivant dans la salle de sport était un exploit pour les Ackermans. Cependant, une part de leur contrat n'avait pas été honorée par le petit brun et Mikasa compta bien le souligner quand ils sortirent chacun de leur vestiaires :

-N'oublie pas que dans notre marché, tu es censé m'entraîner à la salle mais également au club. Et tu dois aussi te battre contre moi.

-Tch, c'est trop tôt pour le dernier point, gamine, rétorqua Livaï. T'es pas mauvaise, mais te surestime pas non plus.

Mikasa soupira, agacée par le côté prétentieux de son entraîneur.

On s'habitue, pensa-t-elle, lasse de se battre avec lui sur ce sujet. Je gagnerai plus de temps à l'ignorer.

Une fois dehors, le froid hivernal frappa de plein fouet le visage de l'asiatique. Vu la couleur du ciel, la pluie n'allait pas tarder à tomber. La jeune femme resserra son écharpe autour de son coup, emmitoufla sa tête sous sa capuche puis décida de ne pas s'éterniser pour rentrer le plus rapidement chez elle. Mais à peine avait-elle commencé à prendre le chemin de sa maison qu'elle remarqua Livaï lui emboîter le pas.

Elle fronça les sourcils :

-Tu ne prends pas le bus, aujourd'hui ?

-Regarde le panneau à l'arrêt, se contenta-t-il de répondre. La rue est barrée pour travaux jusqu'aux vacances de Noël. Si je veux prendre le bus, faut que je fasse un détour. Autant rentrer à pied, continua le garçon. Pour en revenir au club, je peux pas changer mes habitudes d'un coup ; sinon Quatre'z'yeux le remarquera. Et je pense que tu veux autant que moi éviter que ça arrive.

-On est d'accord, rétorqua l'asiatique du tac au tac.

-Mais ne sous-estime pas les conseils de Mike et Erwin, reprit Livaï. Ils sont bien plus doués que moi en stratégie. Ils ont beaucoup à t'apprendre.

Mikasa se contenta d'acquiescer d'un signe de tête et les deux bruns continuèrent alors le chemin en silence.

Les mains dans les poches, la tête bien droite, Livaï donnait l'impression d'être inébranlable. Cependant, cette posture des plus assurantes était loin de refléter la réalité. Car à l'intérieur de lui, l'adolescent était profondément mal à l'aise de devoir partager un bout de trajet avec l'asiatique ; qui plus est dans un silence aussi pesant.

Mais au bout de plusieurs minutes de marche, le garçon commença à sentir quelques gouttes d'eau glacées s'écraser lourdement sur ses cheveux.

-Bordel, me dit pas que...

Et avant qu'il ne puisse terminer sa phrase, une pluie torrentielle se mit à tomber.

-Cours, ordonna-t-il à sa cadette.

Mikasa ne se fit pas prier. Et après plusieurs secondes à affronter le vent algide et sa pluie glaciale, Livaï l'entraîna à l'intérieur d'un immeuble.

-On est où ? demanda la jeune fille en reprenant son souffle.

-Chez moi, répondit le petit brun en se dirigeant vers les escaliers.

Mikasa fronça les sourcils.

-Quoi ? demanda platement le garçon. Je suis pas sadique au point de te laisser rentrer chez toi sous cette pluie. Tu vas attendre que ça se termine, continua-t-il en commençant à monter les marches.

L'asiatique le dévisagea, étonnée. Il faut dire qu'elle n'était pas habituée à une telle bienveillance de la part du petit brun.

-Bon, tu viens ? s'agaça-t-il. Sinon je te laisse ici à te les geler. Ça sera pas mon problème si tu choppes la crève.

Mikasa leva les yeux au ciel avant de le suivre.

-Chassez le naturel, il revient au galop... souffla-t-elle.

Ils montèrent en silence les trois premiers étages puis en arrivant au palier numéro quatre, Livaï sortit ses clés. Cependant en ouvrant son appartement, le son de la télé le fit se crisper.

Merde, pesta-t-il intérieurement. Qu'est-ce qu'il fout ici, putain ?!

-Yo Livaï, tu rentre tôt auj...

Kenny se coupa en remarquant que son neveu était accompagné.

-Eh, eh, eh, rigola-t-il. C'est pas la petite de la dernière fois ?

Livaï soupira.

-Qu'est ce que tu fous là, Kenny ? demanda-t-il sur un ton indifférent, ignorant la question et les sous-entendus de son oncle.

-Ma réunion a été annulée à cause des intempéries, expliqua ce dernier.

Puis l'homme se dirigea vers l'asiatique.

-Bah alors, tu me présentes pas, gamin ? fit-il en fixant la jeune fille.

Mikasa eut la désagréable impression qu'un immense mal entendu était en train de se créer.

-Kenny, mon oncle, commença Livaï d'un ton lasse, et Mikasa...

Une emmerdeuse, avait-il envie de dire, mais il se retint.

-... une fille du club qui va à la même salle que moi, continua-t-il. Et avant que ton cerveau se fasse des films tordus, elle est juste venu s'abriter le temps que la pluie s'arrête, puis il se tourna vers la brune, ignorant le rire bruyant de son oncle. Enlève tes pompes, ça va dégueulasser le carrelage.

Mikasa le foudroya du regard. S'il y avait bien une chose qu'elle détestait, c'était qu'on lui donne des ordres.

-Excuse-le, souffla Kenny, souhaitant faussement être discret. Il est un peu maniaque sur les bords.

Le regard que lança Livaï à son oncle amusa l'asiatique.

-Pas qu'un peu, lui répondit la jeune femme en enlevant ses chaussures.

-Bon, quand vous aurez fini de vous foutre de ma gueule, Kenny tu retourneras poser ton cul devant la télé.

De nouveau, son oncle rigola.

-C'est bon, je vous laisse, gamin, dit-il en retournant dans le salon.

Mikasa suivit alors Livaï jusqu'à la cuisine.

-Euh... Tu veux boire quelque chose ? demanda-t-il.

-Non merci, déclina-t-elle poliment.

Le garçon haussa les épaules avant de mettre de l'eau à chauffer. L'asiatique l'observa ensuite prendre une tasse puis sortir une étrange boîte du placard au dessus de sa tête.

-Tu vas boire un thé à cette heure ? s'exclama-t-elle en lisant l'inscription sur le boitier.

-Il n'y a pas d'heure pour apprécier le thé, répondit Livaï. D'autant plus qu'ils ne contiennent pas tous de la théine.

Mikasa fit la moue, peu convaincue par la réplique du brun.

L'adolescent soupira. Il attrapa une deuxième tasse, s'empara de quelques feuilles, puis une fois l'eau chauffée, remplit les deux récipients. Il en tendit un à l'asiatique tandis qu'il attrapait l'autre par ses bords, un mauvais souvenir en-tête la dernière fois qu'il avait voulu saisir une tasse par son hanse.

Mikasa fronça les sourcils.

-Thé blanc, expliqua Livaï. Fort en antioxydants, il booste notre système immunitaire. Il est donc parfait en plein hiver, continua-t-il en buvant une gorgée. De plus, il n'a aucune vertue excitante ; voilà pourquoi on le retrouve dans les infusions.

La jeune femme l'imita et elle ne put empêcher ses yeux de s'écarquiller. C'était bon.

Un sourire satisfait étira les lèvres du brun.

-Alors ? demanda-t-il.

-Ça passe...

Elle avait trouvé le breuvage excellent, mais il était impossible pour l'asiatique de l'avouer à voix haute.

-Tch.

Ils restèrent un moment sans parler, sirotant tranquillement leur boisson. Puis au bout de quelques minutes, Kenny passa la tête à l'intérieur de la cuisine :

-Loin de moi l'envie d'écourter ton rendez-vous galant, gamin, commença-t-il, mais la pluie vient de s'arrêter et la nuit commence à tomber.

-Je vais y aller, déclara Mikasa en se levant pour aller remettre ses chaussures.

-Tu devrais la raccompagner, insista l'homme en adressant un clin d'oeil à son neveu. Sinon Kushel risque de te tuer si elle apprend que tu as laissé une jeune fille rentrer chez elle toute seule, en pleine nuit.

-Vas te faire foutre avec ton clin d'oeil à la con, Kenny, rétorqua le petit brun.

Il rejoignit ensuite, à contre cœur, Mikasa dans l'entrée.

-T'es prête ? grogna-t-il, agacé par l'avertissement de son oncle.

La jeune femme fronça les sourcils.

-Tu n'es pas obligé de me raccompagner, tu sais, lâcha-t-elle quand ils descendirent les escaliers.

-Je sais, mais je connais assez mon oncle pour savoir qu'il est capable de cafter à ma mère que je l'ai pas fait, rétorqua-t-il en sortant dehors.

Bien que la pluie eut cessé de tomber, le vent glacé était toujours bien présent.

Mikasa ne put s'empêcher de sourire. Il existait donc quelqu'un sur cette terre capable d'effrayer cette exécrable nabot au point de pouvoir lui donner des ordres.

-Qu'est-ce t'as ? lâcha Livaï.

Le visage amusé de l'asiatique ne lui avait pas échappé.

-Rien, répondit-elle. J'ai juste du mal à t'imaginer en parfait petit fils à maman...

-J'écoute ma mère, comme tout le monde, rétorqua-t-il. Je vois pas ce qu'il y a de drôle ou d'étrange à ça.

Mikasa soupira. Elle attendit quelques secondes avant de reprendre la parole. Le petit brun s'était montré plus ou moins aimable aujourd'hui, en lui proposant de s'abriter chez lui. Alors la jeune femme accepta d'abaisser un peu son masque de froideur ; au moins le temps du trajet.

-Tu vis avec ton oncle ?

Livaï la dévisagea. C'était la première fois qu'elle lui posait une question sur le plan personnel. À bien y réfléchir, c'était la première fois que les deux bruns restaient autant de temps ensemble sans se prendre la tête ; voir, même, en restant civilisés l'un envers l'autre.

-Ouais, fit-il sur un ton indifférent. Il a commencé à squatter chez nous quand j'avais cinq ans. Au début, c'était pour quelques mois. Puis au final, il est resté, continua le petit brun. Heureusement, cette enflure a au moins la décence de payer une part du loyer. Alors on le garde.

Un nouveau silence prit part dans la conversation. Après quelques secondes de marche, Livaï demanda quelque chose qui brûlait sa curiosité depuis longtemps :

-Pourquoi tu ne portes pas le nom des Jäger ?

Mikasa haussa les sourcils d'un air étonné. Le petit brun prit alors conscience de la manière extrêmement maladroite avec laquelle il avait posé sa question.

Bien joué, pesta-t-il contre lui-même. Tu pouvais pas être plus direct, abruti.

-Mes parents sont décédés quand je n'avais même pas un an, expliqua l'asiatique.

Elle n'avait pas été gênée par le ton qu'avait employé le petit brun, mais plutôt surprise qu'il aborde le sujet. La plus part des gens évitaient au maximum de lui en parler, par peur de raviver des souvenirs douloureux. Mais en réalité, elle n'avait jamais connu ses parents.

-Les Jäger étaient des amis à eux, continua-t-elle. C'est pour ça qu'ils ont décidé de m'adopter. Pour autant, même si je considère Grisha et Carla comme mon père et ma mère, mes vrais parents n'ont pas décidé de m'abandonner. Alors par respect pour eux, j'ai conservé mon nom de famille.

Livaï acquiesça d'un signe de tête. Heureusement, son ton bourru n'avait pas eu l'air de froisser la jeune femme.

-Laisse-moi ici, reprit-elle en s'arrêtant brusquement. J'habite au bout de la rue.

-Ok, répondit le garçon en hochant la tête.

L'ambiance était étrange.

-À plus, dans ce cas, reprit-il.

Ce fût au tour de Mikasa d'acquiescer.

-Merci pour le thé, fit-elle.

-T'inquiètes, lâcha Livaï.

Puis tout deux partirent chacun de leur côté.

En rentrant chez elle, l'asiatique fut assaillie par sa famille.

-Mikasa, tu es enfin rentrée ! s'exclama sa mère en la prenant dans ses bras. Où étais-tu passé, à la fin ?!

-Ça fait des heures qu'on essaie de t'avoir au téléphone, renchérit son père en l'enlaçant à son tour.

-Pardon, s'excusa la brune. Je n'avais plus de batterie, expliqua-t-elle. J'étais...

Elle se stoppa en apercevant son frère descendre les escaliers. Non, décidément elle ne pouvait pas dire quelle était chez un ami, et encore moins chez Livaï sans se faire submerger par une horde de question sans fin. De plus, les deux brun s'étaient mis d'accord pour que leurs entraînements restent secret. Cela arrangeait autant l'un que l'autre.

-Je suis restée à la salle, reprit-elle. Le temps que l'orage se calme.

-Bon, vas prendre une douche. Tu dois être congelée, soupira Carla, soulagée d'avoir retrouvé sa fille saine et sauve. On mange juste après.

Mikasa hocha la tête avant de monter dans la salle de bain.

Pendant que l'eau chaude enveloppait agréablement son corps, la jeune fille laissa vagabonder son esprit. Livaï s'était montré supportable aujourd'hui. Et si elle mettait de côté les sous-entendus douteux de son oncle, elle pouvait presque dire qu'elle avait passé un moment plaisant en la compagnie du petit brun.

Il peut être sympa, quand il veut, soupira-t-elle. Dommage que ça n'arrive si rarement, ironisa la jeune femme.

~*~

Avant de pousser la porte de chez lui, Livaï prit soin de prendre une profonde inspiration. En rentrant, il avait aperçu la voiture de Kushel garée sur le parking de l'immeuble. Sachant pertinemment ce qui l'attendait, il poussa la porte d'entrée avec lassitude. Il était inutile de retarder l'inévitable.

-Livaï, c'est toi ?

Il écouta la voix de sa mère l'appeler. Et au ton employé, l'adolescent était certain que son oncle avait d'ores et déjà raconté le passage furtif de Mikasa dans leur appartement, en prenant bien soin d'extrapoler les raisons de sa présence.

-Salut, m'man, lâcha-t-il en pénétrant dans la cuisine.

-Alors, fit la femme avec un large sourire. On invite des filles à la maison derrière mon dos ?

Livaï soupira.

-Je peux savoir son nom ?

-Mikasa Ackerman, le petit brun décida d'ignorer les regards douteux que lui lançait son oncle et sa mère.

-Ackerman ?! s'offusqua Kenny. C'est du beau, Kushel ! V'la que ton fils veut se taper sa cousine, raillia-t-il.

Cette remarque lui valut de se prendre une cuillère en bois en pleine figure, de la part de sa sœur.

-Alors de un, commença Livaï, c'est pas ma cousine, son nom vient de son père qui était japonais.

La jeune femme le lui avait apprit quelques minutes plus tôt ; et étrangement, il s'en était sentit rassuré.

-Et de deux, reprit l'adolescent, je compte me taper personne et encore moins cette gamine insolente.

Cette fois, ce fût son fils que Kushel visa avec son ustensile.

-Ne parle pas comme ça de tes amis, je te l'ai déjà dis.

-Ce n'est absolument pas mon amie, s'offusqua le garçon.

Mais en remarquant le regard plein de malice que lui lança sa mère, Livaï comprit qu'il n'aurait jamais dû dire ça.

Merde.

-Enfin, si, tenta-t-il de se rattraper. Enfin, c'est compliqué.

-Hm, bien sûr...

~*~

Le samedi de la semaine suivante, Livaï décida de partir travailler à la bibliothèque de son lycée. Il faut dire que si sa mère était agréable à vivre, ce n'était pas le cas de son oncle. Et réviser ses cours quand il était à la maison se révélait rapidement mission impossible.

En pénétrant dans la salle silencieuse, le petit brun se dirigea vers la place qu'il utilisait habituellement. Devant la fenêtre, le plus loin possible de la photocopieuse. Mais en marchant le long de l'allée, il fut surpris d'apercevoir Mikasa. Il s'approcha de l'asiatique :

-Oï, tu fous quoi, ici ? chuchota-t-il.

Effectivement, le silence était de mise et Livaï ne supportait pas ceux qui ne suivaient pas cette règle importante. Cependant, la jeune femme ne bougea pas. Écouteurs dans les oreilles, elle était plongée au fin fond de son exercice de mathématique.

D'un mouvement rapide, Livaï fit tomber l'une de ces oreillettes. Mikasa sursauta avant de lever un visage furieux vers celui qui l'importunait :

-Qu'est ce que tu fous là ? répéta le petit brun.

L'asiatique fronça les sourcils.

-Un golf, ça se voit pas ?! répondit-elle d'une voix un peu trop forte.

Les personnes autours d'eux rouspétèrent d'un « chut ».

-Parle moins fort, la sermonna Livaï.

-T'as qu'à pas m'interrompre dans mon travail comme ça.

-Je t'ai parlé avant d'enlever ton écouteur, mais tu m'as pas entendu.

Mikasa soupira.

Qu'est-ce qu'il pouvait être chiant, quand il s'y mettait.

-Du coup tu m'as pas dit ce que tu foutais ici, réitéra le petit brun. C'est la première fois que je te vois à bibliothèque.

L'asiatique se replaça correctement sur sa chaise avant de lui répondre.

-On a les examens blanc, lundi, expliqua-t-elle, mais si je reste à la maison avec Eren, on risque rapidement de se déconcentrer. Alors on a toujours pris l'habitude de bosser chacun de notre côté pour les grosses évaluations.

Livaï acquiesça d'un signe de tête avant de jeter un regard à l'exercice de la jeune femme.

-Quoi ? demanda-t-elle en observant les sourcils froncés de son camarade.

-Tu t'es trompée, fit-il en pointant du doigts l'équation qu'elle venait de terminer.

L'asiatique plissa les yeux en fixant le travail qu'elle avait durement exécuté.

Effectivement, cette exercice lui avait donné du fils à retordre.

-Ici, répondit Livaï en s'emparant du critérium posé sur la table.

Il se pencha pour pouvoir écrire, et son torse frôla l'épaule de la jeune fille. Une odeur familière vint chatouiller ses narines, mais il lui fut impossible de se souvenir où elle l'avait déjà sentit. Toujours est-il que la senteur n'était pas désagréable, et elle apprécia l'humer d'avantage.

Non mais qu'est ce que tu fiches, Mikasa ?! s'étonna-t-elle en surprenant son geste. T'as un sérieux problème !

Elle secoua sa tête pour remettre de l'ordre dans ses idées, et recentra son attention sur l'explication du petit brun.

-T'as une équation à deux inconnues, fit-il. Le mieux, c'est que tu place ton X et ton Y de chaque côté du égal, il écrivait au rythme que sa voix parlait, pour arriver à quelque chose du genre Y égal à X fois machin, tu comprends ?

Mikasa acquiesça d'un signe de tête. En reprenant son critérium, ses doigts frôlèrent la mains du brun et un frisson électrisa la colonne vertébrale de ce dernier.

-Donc, il faudrait que je fasse comme ça, demanda l'asiatique, en pleine concentration. Mais j'ai cette factorisation qui m'agace. Je tombe sans arrêt sur un chiffre à virgule infini !

Livaï observa les sourcils de la jeune femme se froncer. Il trouvait amusant de la voir perdre ses moyens sur un simple exercice. Il trouvait même son visage contrarié plutôt mignon. Il sentit alors sa main s'agiter. Les mots fusaient dans son cerveau, il voulait écrire.

Plus tard, abruti, pesta-t-il contre lui-même.

-Laisse tes calculs sous forme de fraction, lui répondit-il.

-Hm...

Mikasa appliqua son conseil et en une vitesse éclaire, cette équation fût bouclée.

-C'est ça ?! s'exclama-t-elle en arrivant au bout.

Livai jeta un œil à son calculs et acquiesça.

Un sourire enfantin illumina le visage de la jeune femme.

-Merci, fit-elle en remettant son écouteur, permettant ainsi au petit brun de rejoindre sa place car, lui aussi, il avait des examens à préparer.

~*~

-Pourquoi je vous ai fait confiance... se désola Jean, son cahier de physique posé sur ses yeux.

Le châtain était assit par terre, adossé contre son lit et sa tête en arrière. À côté de lui, couché sur le sol, déprimés Sasha et Conny.

-Je savais que ça partait mal quand vous avez débarqué pour « réviser », continua-t-il.

-Je sais pas, soupira Sasha, je pensais qu'en étant en groupe, on travaillerait sérieusement...

-Rien que ça, sortant de ta bouche, ça aurait dû me mettre la puce à l'oreille pour pas vous ouvrir, pesta Jean.

-Quelle idée d'acheter la Switch la semaine avant les examens aussi ! se défendit Conny.

-Mais elle était en solde !

-Oui mais même, renchérit Sasha. Nous on savait pas que tu l'avais ! Alors forcement qu'on s'est jeté tout droit dans la gueule du loup. C'est de ta faute si on rate nos examens, Jean Kirschtein. Tu auras notre échec scolaire sur la conscience !

-Hein ?! s'offusqua le châtain. Je vous ai jamais demandé de venir squatter chez moi !

-Même, ça reste de ta faute, rétorqua Conny.

Jean soupira. Discuter avec eux ne lui ferait que perdre du temps. Et il en avait déjà assez perdu comme ça.

-« La diffraction est une propriété des ondes qui se manifeste par un étalement des directions de propagation de l'onde, lorsque celle-ci rencontre une ouverture ou un obstacle... » bordel, je capte rien... se lamenta-t-il.

Sasha se leva d'un coup.

-J'ai une idée ! s'écria-t-elle.

-Je te rappelle que c'est ta dernière idée qui nous a foutu dans la merde, rétorqua Jean.

-Roh, arrête de râler la tête de cheval, et écoute-moi, le coupa la jeune fille. Et si on demandait de l'aide à Armin ?

Jean se redressa en écarquillant les yeux.

-Je rêve ou tu viens d'avoir une pensée intelligente, patate girl ? lâcha-t-il en attrapant son téléphone.

~*~

Armin écouta son portable vibrer. Il jeta un bref coup d'oeil à l'écran, et il fronça les sourcils en apercevant le nom du châtain.

-C'est qui ? demanda Eren.

-Jean, répondit-il d'un air étonné.

-Laisse, on le rappellera plus tard, intima son ami. Rejoins-moi à la planque numéro trois, je viens de tomber sur un camp ennemi ! continua-t-il en articulant ses pousses sur sa manette de PS4.

Armin acquiesça d'un signe de tête avant de s'exécuter. Tout en faisant dégoupiller une grenade à son personnage, le blondinet demanda :

-Au fait Eren, on était pas censé réviser ?

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Bonsoiiiiiir (encore désolée pour la publication tardive 🙇‍♀️)

Comment allez-vous et avez vous aimé le chapitre ?

Voici les crackship de cette semaine hihi 👀 :

Grisha x Conny 💥

Bertholdt x Hanji 💥

Armin x le respect (impossible, mon bébé est trop génial à martyriser) 💥

Moi je vous fais de gros bisous (à distance),

Prenez soins de vous~

Crunch

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