𝐗𝐈𝐕.










14; enchantress

𝑬𝑳𝑳𝑬 𝑬́𝑻𝑨𝑰𝑻 𝑼𝑵 𝑫𝑬́𝑺𝑨𝑺𝑻𝑹𝑬, 𝑼𝑵𝑬 𝑮𝑹𝑰𝑴𝑨𝑪𝑬 𝑫𝑬 𝑽𝑨𝑴𝑷𝑰𝑹𝑬. 666 était une menteuse qui ne supportait pas son vrai visage dans le miroir. Elle avait un visage qui proclamait sa sensualité, des éclairs dans les yeux, une bouche avide, un regard provocateur. Mais au lieu de céder à son érotisme, elle en avait honte. Elle l'étouffait. Et tout ce désir, cette luxure, se tordait en elle et se transformait en un poison d'envie et de jalousie. Dès que la sensualité s'épanouissait, 666 la détestait. Elle était jalouse de tout, de l'amour des autres par les livres. Elle était jalouse quand elle voyait des illustrations de couples s'embrasser dans les rues, dans les cafés, dans le parc, dans un château. Elle les regardait avec un étrange regard de colère. Elle souhaitait que personne ne fasse l'amour parce qu'elle ne pouvait pas le faire.

— Vous vous y connaissez en alchimie ? questionna la jeune femme en se raclant la gorge.

La brune tortillait avec nervosité ses doigts fin et délicat. C'était un sujet qu'elle avait l'habitude de lire dans ses livres. Elle l'avait aborder pour établir une conversation.

— C'est l'art de transformer un morceau de métal inutile en or.

La jeune femme ne le voulait pas mais son regard brûlant était impératif. On eût dit un autre homme. Elle avala sa salive et reprit avec réticence :

— Qu'est-ce qu'on appelle... La pierre philosophale ?

— Pour faire de l'or, il faut la pierre philosophale comme un catalyseur. Et pour la fabriquer, l'alchimiste doit amener son âme à l'extrême. Un homme qui est capable de créer la pierre philosophale a déjà la vérité de l'univers entre ses mains. Il serait proche d'être un Dieu... Ou du moins c'est ce qu'ils disent. Pourquoi ce soudain intérêt si frivole ?

Ses yeux sombres l'avait scruté, et elle se mit à se demander à quoi ils ressembleraient s'il tombait amoureux.

— Frivole ? riposta t'elle sur le même ton.

Le golden retriever dormait dans son panier. Dr. Sheffield, qui avait mis sa veste d'intérieur bleu, était assis dans un profond fauteuil devant son bureau. Il tirait placidement sur sa pipe et sirotait un verre de vin chaud.

Etourdiment - la brune agissait souvent étourdiment, - elle s'approchait sans bruit. Elle était pieds nus. Stephen sursauta quand il la vit ainsi debout face à lui mais garda le silence pour ne pas briser le charme. Elle se hissa lentement sur le bureau. Elle souhaitait l'avaler le faire fondre en elle et couler dans ses veines. Il y avait bien des choses qu'elle ignorait sur son propre compte et elle ne compris pas quelle impulsion la fit tendre la main pour lui caresser la joue. Sa peau était rêche. Il aurait eu besoin de se raser. Stephen rejeta la tête en arrière et leva son visage vers le sien.

— Pourquoi fais-tu cela, 666 ?

Il avait posé la question d'une voix sévère et froide et la brune se serait sentie mortifiée si elle n'avait pas vu le désir briller dans ses yeux limpides. Elle avait déjà vu d'autres yeux luire de désir. Ce qu'elle essayait de dire, c'était que si la température à l'intérieur de ces poches sauvages de poussière interstellaire atteingnait presque le zéro absolu, les molécules de monoxyde de carbone et de dihydrogène se condensent ensemble dans la nébuleuse sombre pour former des étoiles. Si il était prêt, elle voulait le faire frissonner de cette manière.

— Vous n'aimez pas que l'on vous caresse la joue ?

Il se défit doucement de son emprise en évitant d'ancré son regard dans le sien, par peur de céder.

— Pourquoi ne retournerai-tu pas à la bibliothèque ? fit-il alors sur un ton sec.

— Docteur Stephen...

— J'ai horreur que tu m'appelles comme ça ! Dis Stephen simplement ou tais-toi.

Les mots bouillonnaient hors de lui, bobine après bobine de possibilités sinueuses. Le cosmos se défaissait de sa bouche, toute plénitude, toute vacuité.

— Je pensais bien faire. C'est par respect.

— Fiche-moi la paix avec ton respect ! Je ne suis pas différent des autres hommes. Un médecin n'a pas le privilège de l'infaillibilité, 666.

La brune était ruiné par la berceuse sombre et profonde de sa voix rauque.

— Ça reste à voir, nargua t'elle proche de son oreille.

Brusquement, il se pencha en avant, la saisit par la taille et l'attira sur ses genoux. Dans ses bras, elle se sentit lentement dépliée comme une lettre d'amour lue en secret. Son haleine brûlante était chargée du puissant arôme d'alcool et de tabac qu'il fumait en travaillant sur ces recherches. Son visage était si près du sien que la jeune femme distinguait chacun des poils noirs qui se hérissaient sur ses joues. C'était à cause du vin, seulement à cause du vin qu'il se comportait de cette façon, songea t'elle. N'importe quelle femme sur ses genoux ferait son affaire n'importe laquelle !

Par taquinerie, le médecin effleura la pointe de ses seins, puis, s'enhardissant, glissa ses mains à l'intérieur de son corsage et ce contact inattendu enflamma 666. Ses seins se durcirent et sa respiration se fit aussi haletante que celle du docteur. Ses mains sur sa chair, si douces mais autoritaires, donnaient à la brune envie de pécher.

— Te déshabillerais-tu pour moi ? fit-il dans un murmure railleur. Accepterais-tu de t'asseoir nue sur mes genoux et de me laisser user de toi à mon gré ? Où me fracasserais-tu le crâne avec ce cendrier en verre de Venise ?

Subitement, il écarquilla les yeux, stupéfait de ce qu'il était en train de faire, et retira en toute hâte sa main comme si le contact de la peau de 666 le brûlait. Sheffield ramena sa veste bleu sur la poitrine de la brune. Il contemplait maintenant les lèvres entrouvertes de la jeune femme dans l'attente d'un baiser et elle croyait bien qu'il avait l'intention de l'embrasser avant de se ressaisir et de chasser cette folie. Ce fut alors qu'un coup contre la porte retentit au-dessus de leur têtes et que Gulliver fut extirper de son sommeil. Le Dr. Stephen émergea de sa brume aussi brutalement qu'il avait retiré sa main du corsage et redevint celui qu'il était d'habitude un homme détaché et solitaire, appliqué à garder ses distances.

— Mais qu'est-ce qu'on fabrique ! Vite relève-toi ! s'exclama-t-il d'un ton cassant.

La brune ne répondit rien. Elle voyait à la lueur des braises et des éclairs intermittents qu'il avait honte. Il s'en voulait à mort et se traitait de tous les noms. Lorsqu'un second coup se fit entendre, elle se releva maladroitement en veillant à ne pas croiser le regard de son voisin. Et alla rejoindre le divan en vitesse. Elle baissa la tête ne pouvant observer que ses pieds. 666 voulait qu'il sache : elle détestait avoir besoin de plus que ça de sa part. Il n'y avait rien de plus humiliant pour elle que ses propres désirs. Rien qui la fasse se détester plus que d'être un fardeau et de ne pas être autonome. La brune ne voulait pas se sentir comme le genre de femme acariâtre qui pourrait exister dans ses livres.

— C'était ma faute. Comme toujours. Je suis désolé, 666. Je ne sais pas ce qui m'a pris, confia-t-il dans un soupir.

666 la tête haute, s'apprêtait à répondre que c'était elle qui s'était montré imprudente, mais la porte s'ouvrit dans un bruit sourd. Elle attendait tranquillement que la catastrophe de sa personnalité lui paraisse à nouveau belle, intéressante, et moderne.

Existait-t-il une chose telle que "le défaut fatal", cette fissure sombre et voyante qui traversait le milieu d'une vie, en dehors de la littérature ? Elle avait l'habitude de penser que non. Maintenant, elle pensait que oui. Et elle pensait que le sien était celui-ci : un désir morbide de pittoresque à tout prix. L'histoire d'une de ses folies.








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