𝐈𝐈𝐈.















03; Time for a conspiracy

𝑳𝑬 𝑺𝑶𝑴𝑴𝑬𝑰𝑳 𝑬́𝑻𝑨𝑰𝑻 𝑳𝑬 𝑳𝑰𝑬𝑼 𝑫𝑬 𝑹𝑬𝑷𝑶𝑺 𝑬́𝑷𝑯𝑬́𝑴𝑬̀𝑹𝑬. Dans son rêve, il faisait très sombre, et la lumière divine semblait sourdre la peau du mystérieux homme. 666 ne voyait pas son visage, seulement son dos, au fur et à mesure qu'il s'éloignait d'elle, l'abandonnant dans l'obscurité. Elle avait beau courir, elle ne le rattrapait jamais ; elle avait beau l'appeler, il ne se retournait jamais. Elle s'éveilla et ne retrouva pas le sommeil avant ce qui lui parut être un très long moment. Depuis cette nuit là, elle n'avait pas revu le diable, il hantait ses songes presque chaque nuit, mais en restant toujours à la périphérie, hors d'atteinte. La brune se demandait, s'il était le fruit de son imagination. Elle ne pouvait pas avoir perdu l'esprit. Elle n'était pas folle.

Les infirmiers l'avaient escorté en un lieu qui avait attisé sa curiosité. Elle constatait avec joie que la pièce arc-en-ciel était vide. Il n'y avait rien d'extraordinaire. C'était un endroit mélancolique où planait une ambiance malsaine. Mais la tristesse était un puits infini où le seau du souvenir s'enfonçait sans relâche.

La jeune femme s'installa à une table où un pot de crayon de couleur et un cahier étaient à sa disposition. Qu'attendait le scientifique Brenner, il avait limité sa portion de nourriture et l'avait enfermée. Aujourd'hui elle se trouvait ici. La jeune femme examina la caméra d'un mauvais œil. Elle savait qu'il la regardait.

Elle sursauta lorsque les portes s'ouvrirent. Des enfants entrèrent dans la salle d'une démarche robotique. Ils ne lui portèrent aucune intention. Pour l'instant, personne ne savait qui elle était, à croire qu'elle n'était qu'un fantôme errant. 666 évita de guetter les nouveaux arrivants tout en gribouillant sur une feuille vierge. Elle eut beau entendre très nettement qu'on tirait le tabouret voisin, elle restait concentrée sur ses dessins.

— Bonjour, murmura une voix familière.

666 redressa la tête stupéfaite. Il se tenait aussi loin que possible d'elle, mais son siège était orienté dans sa direction. Son visage éblouissant était ouvert et cordial, un léger sourire étirait ses lèvres sans défaut. Seuls ses yeux bleus restaient prudents.

— Je m'appelle Henry, poursuivit-il avec convenance. Tu dois être 666.

Elle se sentait glacée jusqu'à la moelle. Une brûlure aiguë lui rongea l'âme. Elle devait être entrain de délirer. Il était bien réel. Elle l'analysa avec méfiance. Était-il un complice du docteur Brenner. L'aide-soignant attendait qu'elle réagisse. Malheureusement, la jeune femme ne trouva rien de conventionnel à dire.

— D'où... D'où connais-tu mon nom ? bredouilla t'elle maladroitement.

Il éclata d'un petit rire séduisant.

— Ce n'est un secret pour personne. Tu étais attendue comme le messie, tu sais.

— Excusez-moi, reprit t'elle fébrilement. Je sais que c'est une question indiscrète. Mais es-tu cliniquement fou ?

— La chose est possible, quoique très improbable. Pourquoi ?

— Parce qu'il faut bien que l'un de nous deux le soit.

Il y avait une force énigmatique qui règnait autour de lui. La jeune femme était inévitablement attiré par lui tel un papillon de nuit par la lumière. Troublée, elle se mit à mâchouiller nerveusement le bout de son crayon entre ses lèvres pulpeuses dans un lent mouvement. L'attention de son voisin fut immédiatement captée par le contraste émoustillant que représentaient le geste impudique auquel elle se livrait avec insouciance.

La main du blond s'empara de la sienne pour arrêter son action. Ses doigts étaient glacés, à croire qu'il les avait plongés dans une congère. Mais ce ne fut pas pour cela que la brune se libéra de son emprise à toute vitesse. Son contact l'avait brûlée tel une décharge électrique. Henry reposa le crayon une expression indéchiffrable sur son visage. Elle était inconsciente du désir qu'elle avait fait naître en lui. Il ferma ses paupières pour reprendre sa concentration.

— Désolé, marmonna-t-il dans sa barbe. Tu aimes dessiner ?

La jeune femme eut l'impression qu'il se forçait à alimenter l'échange. Une fois de plus, elle céda à la paranoïa - c'était comme s'il avait lu dans ses tourments les plus sombres qui la hantait et qu'il essayait de prouver qu'il s'intéressait à elle.

— Pas vraiment, répliqua la brune incrédule.

— Tu n'aimes pas.

C'était une affirmation. Elle était guigner quand elle s'aperçut qu'il était en train de la contemplait une mine de frustration inexplicable. La jeune femme fronça des sourcils.

— Je n'aime rien... Je déteste cette endroit...

— Moi aussi, tu n'imagines même pas à quel point, confia-t-il d'une voix éraillée.

Cette aveu parut fasciner la brune. Elle ouvra sa bouche avant de se raviser. Elle médita un court instant afin de choisir avec précaution ses mots. La brune pinça ses lèvres rose dragée.

— Pourquoi es-tu venue me voir ?

Haussant les épaules, son voisin détourna la tête. Il ne pouvait pas l'avoir approché par bonté d'une âme charitable. 666 doutait affreusement de ces intentions.

— Bonne question, chuchota-t-il, si doucement qu'il parut se parler à lui-même.

Le silence s'installa, et la jeune femme devina qu'il ne lui en dirait pas plus à ce sujet. Irritée, elle fixa son papier et se défoula sur son dessin en griffonnant.

— Je t'agace ? demanda le blond, l'air soudain amusé.

Sans réfléchir, elle lui jeta un coup d'œil soupçonneux.

— Pas vraiment, maugréa la brune. Je m'agace moi-même. Je suis tellement transparente. Un véritable livre ouvert.

666 n'appréciait pas le côté candide de sa personnalité.

— Je ne suis pas d'accord, confessa son voisin. Je te trouve au contraire difficile à déchiffrer. Et puis en général, je suis bon lecteur.

Il lui adressa un large sourire qui dévoila une rangée de dents extrablanches et régulières. À cet instant, M. Brenner entra et rappela les personnes présentes dans la salle à l'ordre. La jeune femme pivota vers lui, soulagée. Elle se sentait étrangement engloutit par une émotion fugace. Son cœur battait à tout rompre et ses pommettes avaient viré au rouge pivoine. La brune avait la sensation de flotter sur un nuage, des fourmillements parcourait l'échine de son dos.

Le blond lui fit l'impression d'avoir été subjugué par leurs conversation, mais une brève vérification lui apprit, qu'il s'était éloigné d'elle, et que ses mains agrippaient la table avec une évidente tension.

Henry croisa le regard appuyé du scientifique Brenner et se releva aussi vif et gracieux. 666 l'observa s'éloigner avec stupeur. La brune obéissante alla rejoindre le groupe qui s'était formée en deux rangs. 666 se mordit l'intérieur de sa joue jusqu'au saignements.

Elle s'astreignit à écouter le docteur Brenner qui illustrait ce que l'exercice du jour consistait aux plus jeunes, ainsi que son rôle. Hélas, la jeune femme avait l'esprit bien embrouillé pour écouter. Les yeux d'Henry étaient tellement brillants. Si un jour elle voyait la mer. Serait-il de la même couleur qu'eux ?

Une pensée perturbante la frappa. Agissait-elle vraiment de cette façon pour le bien de sa survie et récupérer sa mémoire, ou parce qu'elle désirait au fond d'elle une macabre vengeance que tous les membres de cette organisation soit torturé jusqu'à l'agonie ? Après tout, ces salauds méritaient de mourir. La brune secoua la tête à cette pensée, horrifiée par cette soudaine noirceur de son âme. Elle ne pouvait cautionner l'horreur à autrui.

Il y avait toujours un monstre en elle. Son père l'avait une fois poussé dans l'eau de la baignoire et avait peut-être essayé de la noyer. La crainte n'avait jamais quitté son âme. Mais il y avait un chaton sur son oreiller, il ronronnait contre son visage et vibrait d'apaisement à chaque ronron et, très vite, elle dormait.












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