"𝘠𝘰𝘶 𝘴𝘩𝘰𝘶𝘭𝘥 𝘬𝘪𝘭𝘭 𝘮𝘦."

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—J'espère que tu as une bonne explication Jungkook car si elle ne nous suffit pas je ne t'assure pas que tu puisses garder tes bras et tes jambes pour ce soir.

La voix de Jimin était caverneuse, son regard noir comme les ténèbres. Yerin ne l'avait jamais vu comme ça : aussi terrifiant. Il se tenait debout bien droit, les bras croisés, une mèche de cheveux cachant l'un de ses yeux. Dans son dos, les autres frères attendaient les explications du plus jeune. Jin, pour ne pas changer, faisait les cent pas. Il fulminait. Cela faisait plusieurs jours que rien n'allait dans son sens et il n'avait vraiment pas besoin que ça se reproduise aujourd'hui. Assises sur des canapés, les favorites attendaient avec ennui. C'était l'un des avantages à en être une : on traînait dans les petits secrets, avec l'ordre de ne jamais en parler.

— Alors ? Parle.

— Que voulez-vous que je vous dise ? Taehyung a simplement été trop lent et notre chère Yerin me faisait beaucoup de peine. Alors... J'ai fait en sorte de me rendre disponible.

Jimin empoigna le col de Jungkook, lâchant un grognement bestial alors que son frère ne put retenir un sourire insolent. Yerin contint son sursaut mais ses sourcils, eux, se froncèrent malgré elle quand elle vit la violence à peine contenue de celui qui était jusqu'à aujourd'hui son professeur.

— Nous avons des traditions, Jungkook. Ces traditions sont faites pour être respectées, il en va de notre survie. Je peux bien comprendre que ton esprit limité ne puisse pas en comprendre l'importance mais aies au moins la décence de les suivre.

— Jimin, ça suffit. 

Yoongi posa sa main sur l'avant-bras du jeune homme qui lâcha immédiatement Jungkook, non sans lui lancer un regard noir. Le concerné se retint de rire mais cela lui passa rapidement quand, sans prévenir, l'homme aux yeux de chat lui assena une gifle bien sentie. La tête de Jungkook bascula brutalement sur le côté alors que Yerin plaqua sa main contre sa bouche, les yeux ronds. Malgré la violence de son geste, le visage de Yoongi demeurait de marbre.

— Tu as mal agi. Ce n'était pas à toi de donner cette première rose. D'habitude, tu te plies à cette exigence. Alors pourquoi y déroger aujourd'hui ?

Jungkook passa sa langue sur sa lèvre qui s'était fendue sous l'impact. Le sang perla et glissa dans sa bouche chaude, lui arrachant de nouveau un sourire. Visiblement, la douleur ne lui faisait pas grand chose. Cette fois, il se tourna vers Taehyung, qui attendait dans le fond du grand bureau, les bras croisés, ça silhouette assombrie par le contrejour. Et pourtant, le plus jeune pouvait parfaitement voir ses iris violettes qui n'avaient pas perdu de leur éclat depuis qu'il avait vu Yerin à son bras.

— Vous me parlez de tradition mais il me semble que je ne suis pas le seul ici à ne pas les respecter. Je me suis dit qu'une exception de plus n'allait tuer personne. Pas vrai Taehyung ?

Le blond ne répondit rien, son corps tendu à l'extrême. Jungkook rit. Rien ne lui faisait peur. Après tout, ce n'était pas dans leur nature que d'avoir peur de quoique ce soit. Jungkook était jeune, par rapport à ses frères, et il adorait les défis. Il avait encore beaucoup à apprendre et avait des désirs grandissants chaque jour. Aujourd'hui, il avait le désir de posséder une chose précieuse et il l'avait trouvé. Il ne comptait pas lâcher son dû.

—Pourquoi il faut que ce soit toujours toi, hm ?

Jin avait planté son regard sur Yerin d'un air accusateur. La brune, à son grand étonnement, soutint son regard. Et dans un sens, elle en avait le droit. Avec une rose rouge à sa poitrine, elle était sous la protection d'un Juge et l'une règle était simple à suivre : ne jamais s'attaquer à la favorite d'un autre Juge. Quoiqu'elle fasse.

— J'en suis bien désolée. 

— Yerin... souffla Cassandre, qui visiblement lui intimait de se taire si elle ne voulait pas plus de problèmes.

Yerin se tourna vers la rousse et hocha négativement la tête, résolue. Elle n'allait pas se taire plus longtemps et avoir peur des conséquences. Elle savait pertinemment que faire confiance aveuglément à Jungkook n'était pas une bonne solution mais c'était la seule qui s'offrait à elle. Sans parler du fait qu'il était quelqu'un de puissant, d'important. Il allait lui permettre de vivre tranquillement, loin de Taehyung et son magnétisme troublant.

Soudain, il y eut un rire. Hoseok prenait du plaisir à contempler ce spectacle. Le chaos qui s'installait au cœur même de sa fratrie semblait le ravir au plus haut point.

— On ne peut pas en vouloir à notre Jungkook, si ? Après tout, il suit notre exemple et...

Il se tourna vers Taehyung, la malice dans son regard faisant briller ses iris d'un éclat émeraude.

— Si nous lui donnons un mauvais exemple, il serait juste de ne pas le punir mais bien de nous remettre en question.

L'une des vitres du bureau craqua dans un bruit sinistre. Yerin posa son regard sur Taehyung, et se fut peut-être l'erreur à ne pas commettre. Car maintenant, c'était elle qu'il fixait et maintenant qu'elle se retrouvait soumise à cet éclat violet si saisissant, elle se sentit prisonnière de ce regard qui promettait bien des choses. Colère. Torture. Désir. Folie.

Peut-être que Yerin était allée trop loin dans la provocation mais étrangement elle ne le regrettait pas. Au contraire. Il avait voulu jouer, alors ils allaient jouer.

Elle lui sourit en retour. Ses lèvres se mirent à bouger, parlant en silence. Mais Taehyung lisait très bien les mots qu'elle lui communiquait sans les exprimer et il sentit son cœur bondir de fureur. Sans prévenir à la grande surprise des autres, il avança d'un pas rapide vers Yerin et au moment où il était prêt à la toucher, une main saisit son poignet. Il se retourna : Anastasia lui lançait un regard désapprobateur.

— Calmez-vous, souffla-t-elle.

Il sentit la pression sur son poignet mais son sang bouillonnait. Son regard revint sur Yerin qui était maintenant à moins d'un mètre de lui. Malgré la distance qui les séparait, il pouvait entendre sa respiration, son cœur qui battait paisiblement. Fut un temps où la brune aurait été effrayée par sa réaction mais maintenant, Taehyung savait que ça ne serait plus le cas. Car dans son ombre, Jungkook était là, prêt à intervenir à son tour si le blond osait s'en prendre à sa favorite.

Sa favorite.

— Hoseok a raison. Peut-être qu'effectivement, Jungkook a suivi le mauvais exemple que je lui ai donné.

Le plus jeune lança un sourire narquois à son aîné, une lueur de défi dans le regard. La fierté qui embrasait ses iris rendait Taehyung fébrile mais il se contenait. Non seulement Jungkook avait osé donner la première rose à Yerin, mais s'il l'avait fait, cela signifiait qu'il s'était introduit dans sa précieuse roseraie qui était son havre de paix. Personne n'avait le droit d'y mettre les pieds sans son autorisation.

Taehyung devait savoir pourquoi Jungkook avait pris de tels risques pour ça. Pour elle.

— Retrouvons-nous ce soir, mes frères. Au dîner, pour accueillir la nouvelle.. favorite.

Le blond laissa traîner son regard sur Yerin, baladant ses yeux sur sa robe carmin, la rose encore fraîche, puis sur son visage. Finalement, il sortit du bureau, suivi de près par Anastasia qui ne fit aucun commentaire. Un soupir brisa alors le silence.

— Je m'en vais. Si je reste ici une seconde plus, ça va mal finir.

Namjoon se décolla du mur et avant de franchir la porte, il se stoppa et se tourna vers Jungkook, le regard sombre.

— Ne fais plus jamais ça, petit frère.

Puis il s'éclipsa.

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—Ça s'est mieux passé que je ne l'aurais cru.

Jungkook était aux anges, un sourire trônant fièrement sur son visage alors qu'ils arpentaient, Yerin et lui, les couloirs du dernier étage, réservé aux Juges et leurs favorites. Yerin nota la différence d'architecture avec les étages des étudiantes. Ici, tout était beaucoup plus travaillé : les moulures étaient d'un raffinement d'un autre temps, les lustres étaient chargés de pierres diffusant la lumière sous la forme de prismes arc-en-ciel et la tapisserie était plus sombre, donnant une ambiance intime et sensuelle.

Yerin se sentait décidément comme une inconnue ici, mais elle se fit violence pour ne pas prendre ses jambes à son cou, se contentant de suivre Jungkook.

—Qu'est-ce qu'il va se passer maintenant ?

— Hm ?

— Tu m'as fait cette proposition et j'ai accepté, ce soir là. Mais qu'arrivera-t-il le jour où tu te lasseras de moi ? Je deviendrai comme Helly ? Celle que Taehyung a abandonné et qui porte une rose qui se fane un peu plus chaque jour ?

— Peut-être bien. Je ne peux pas prévoir les réactions de quelqu'un comme moi.

— Quelqu'un comme toi ?

Yerin s'arrêta de marcher, curieuse. Cela faisait un moment qu'elle savait que les Juges n'étaient pas comme elle. Comme les humains. Et bien qu'elle avait retourné de nombreuses fois le problème dans sa tête, elle n'avait jamais trouvé de réponse satisfaisante. Jungkook se stoppa à son tour, se tournant vers elle. Un éclat rouge passa dans son regard mais il fut si bref que Yerin se demanda si elle avait halluciné.

— Les êtres comme nous sont versatiles. Nous avons des désirs puissants, le besoin d'avoir du pouvoir. Nous sommes sujets à toutes sortes de vices et nous aimons tester nos limites pour voir jusqu'où nous pouvons aller. Alors... Je ne peux pas te faire les promesses que tu espères, Yerin.

Il s'approcha et posa sa main sur sa joue. Yerin sursauta mais ne recula pas, plantant son regard dans le sien. Il était beau, sous la lumière chaleureuse du lustre au-dessus de leur tête. Elle voyait à peine ses yeux entravés par ses boucles brunes mais elle pouvait deviner l'expression qu'ils arboraient : la même que ce soir là, quand il lui avait demandé s'il pouvait être le premier à lui offrir une rose.

— Cependant je peux te promettre que tant que je serai là, il ne t'arrivera rien. Taehyung et les autres ne pourront rien te faire. Je ne peux pas te promettre l'éternité et mais je peux au moins te promettre l'accalmie.

Yerin soupira, appuyant un peu plus sa joue contre la paume du Juge qui ne bougeait pas d'un pouce. Elle détourna le regard, parlant d'un ton plus bas, comme pour une confidence.

— Je sais. Je ne me suis jamais faite d'illusions à ton égard. Je sais à quel camp tu appartiens, malgré les coups bas et ton insolence.

Elle écarta finalement la main de Jungkook avant de le dépasser, reprenant sa marche. Mais elle ne manqua pas d'achever la conversation en disant :

— Nous sommes des alliés temporaires Jungkook, cette vérité n'a jamais été remise en question. Mais un jour je me libérerai de cette rose et de toutes celles à venir.

Oui Yerin n'allait pas se reposer sur ses lauriers. Elle savait que son temps était compté et elle devait en profiter pour trouver une solution. Alors qu'elle s'éloignait, elle repensa à ce qu'elle avait dit à Taehyung, à l'insu de tous les autres. Lorsqu'il avait lu sur ses lèvres et qu'il avait, l'instant d'après, eu envie de l'approcher. La brune retint un rire.

"Vous auriez dû me tuer." lui avait-elle dit.