~ Chapitre 5 ~
2018, Chapitre 5
Ça faisait un an que je ne l'avais pas vu. Il n'y eut pas une semaine où je ne pensai pas à lui.
Je sortis de la gare vers 3 heures avec ma grand-mère, qui était venue me chercher. Je lui racontai mon année, bien que je pensai aussi à lui.
Ma grand-mère me fit remarquer « comme j'avais grandi, comme j'étais belle » ...
On arriva dans la grande maison, dont je respirai l'odeur à pleins poumons pour m'en imprégner. J'abandonna ma valise dans un coin, et me mis à manger la tarte aux pommes que m'avait préparé ma grand-mère.
« - J'ai dit à Clara que tu arrivais aujourd'hui, tu voudras la voir demain ? Me demanda ma grand-mère
- Je ne sais pas. Avais-je répondu, fixant mon festin.
- J'ai l'impression que tu ne l'aime plus trop, vous vous êtes disputer l'année dernière ?
- Non... Elle m'énerve juste. Répondis-je »
Ma grand-mère ne posa jamais plus de question sur cela. J'aimais ça chez elle. Quand elle voyait qu'on ne voulait pas parler, elle se taisait.
Je n'allai pas voir Titouan cette première après-midi, par respect pour ma grand-mère, et de fatigue.
Le lendemain pourtant, je me levai à dix heures et retrouva le bon vieux chêne. Je pris un livre que j'avais apporté là et lu adosser à l'arbre. Le soleil tourna et me brûla.
Il devait être onze heures, et il n'était toujours pas là.
C'était peut-être lui qui m'avait oublié ? Ou peut-être était-il parti en vacances avec sa famille ?
Je me mis en maillot de bain et me glissa dans l'eau. Elle me parut plus froide que les année précédente mais je me laissai immergé.
Il arriva. Il avait pris dix centimètres, ses cheveux avaient poussé, couvrant son front.
Il ne me vit pas, mais trouva mes affaires abandonnées sur la rive. Il chercha aux alentours, et me vit sortir de l'eau.
Je ne savais pas trop quoi dire ou faire, je me sentais ridicule, les cheveux tremper, et presque nu.
Lui qui était si beau.
On se sourit, et sans avoir dit encore un mot, je me rhabillai et on s'assit au pied du chêne.
« - Tu m'as manqué... m'a-t-il dit
- Toi aussi, ai-je répondue
- Je t'ai attendu ici tous les jours depuis le début de l'été.
- Maintenant je suis là. »
On resta quelques instants silencieux.
J'étais heureuse. Il ne m'avait pas oublié, et avait penser à moi.
« - Tu as passé une bonne année ? me demanda-il
- Oui, ça va... Et toi ?
- Oui, ça va. »
Il avait changé. Il me parlait, et je découvris ce que c'était que de l'écouter.
Sa voix me berçait doucement, et je ne le lâchai pas des yeux.
On avait passé plus de trois heures à parler cet après-midi-là, quand je me souvins que je n'étais pas rentrée ce midi pour manger.
Tellement j'avais été absorber par notre conversation que j'en oublia de rentrer.
Je me précipitai à toute jambe vers la maison après un « à demain » précipité.
Ce fut la première fois que ma grand-mère me gronda.
« Ça ne va pas ? Si tu savais comme je me suis fait un sang d'encre, j'allais appeler la police ! Cécile, tu te rends compte ?? Plus jamais tu ne me fais ça, compris ?!! »
Je n'osai pas regarder ma grand-mère en face, qu'est-ce que j'avais honte, et qu'est-ce que je m'en voulais ...
Elle regretta de m'avoir crié dessus et jamais on n'en reparla. Plus jamais aussi je rentrai après l'heure du repas.
On s'endormit tout de même au bruit familier des grillons, mains dans la main, avec la promesse de ne plus jamais causer du tracas à ma grand-mère.
Un de ces après-midis où je devais rejoindre Titouan près de la rivière, il se mit à pleuvoir et à avoir de l'orage très fort. Ma grand-mère me défendit d'aller dehors, et nous prépara une après-midi pâtisserie.
J'ai aujourd'hui encore honte de le dire, mais je n'avais aucune envie de préparer un de ces fondant au chocolat, je voulais juste le rejoindre, et passer du temps avec lui, mais je me retenu de le dire à ma grand-mère.
La bonne odeur de la pluie ne passait pas la porte de la véranda ouverte, et tandis que le bruit des gouttes martelant le sol camouflais une bonne vieille chanson de Barbara, et que je versais du sucre dans un saladier. Je me trompai sur les grammes, et dus recommencer à deux reprises.
La pluie se calma quand le gâteau sortit du four. Pour faire bonne impression, j'alla tout de même cueillir quelques cerises pour les mettre sur le gâteau, et fila retrouver le garçon.
Il était là, sous l'arbre, tremper jusqu'aux os.
« - Mais tu es là depuis combien de temps ? Ça va ? lui avais-je demandé
- Depuis deux heures, mais ça va. Ne t'inquiète pas.
- Tu n'as pas froid ?
- Non ça va. »
Il me proposa quelque chose qui m'étonna fortement : D'aller se baigner.
Il enleva seulement ses chaussures, et sauta dans l'eau.
Je le regardai un instant, muette, et enleva mon jean, mon pull et mes chaussures et sauta dans l'eau vêtue d'une culotte et d'un t-shirt.
L'eau était froide, et me piqua un peu la peau.
La pluie se remit directement à battre, et je souris.
J'étais heureuse, et plus je pensais à ce que je faisais dans l'eau par ce temps, plus je riais.
Titouan rigola aussi, et nous rîmes durant une minute entière ensemble.
Ces instants joyeux que je n'oublierais jamais.
Nous nageâmes et nous éclaboussâmes pendant que la pluie ne cessait de tomber sur la rivière.
Nous sommes sortis de l'eau, tremper mais heureux, et nos vêtements à la main, on rentra chacun de notre côté, le sourire encore aux lèvres.
Le lendemain, Clara vint me chercher chez ma grand-mère.
Je ne l'ai reconnue pas tout de suite, tellement elle avait changé. Ce n'était plus l'enfant d'autrefois, et je me souviens m'être dit qu'il ne fallait surtout pas qu'elle voit Titouan ou il tomberait amoureux d'elle.
Cette fois je n'avais aucune excuse pour ne pas venir avec elle, elle m'avait vu cueillir des cerises en pleine forme.
J'accepta donc à contrecœur de passer la matinée avec elle. Elle me demanda si je voulais aller à la rivière, et je refusai de peur qu'elle croise Titouan.
Elle me supplia et je dus bien accepter.
Je marchai à ses côtés d'un pas traînant.
« - C'est dommage que tu étais malade l'année dernière. On n'a pas pu rester ensemble à la fin de l'été... Me dit Clara
- Oui, c'est dommage. »
Je ne savais pas pourquoi je ne voulais plus lui parler. J'avais de toute façon l'impression qu'aucune des sorties avec Clara ne pouvait égaliser celles avec Titouan. Je m'en voulais de penser ça, mais c'était vrai.
J'espérais qu'il ne soit pas là, mais il y était. Il se leva pour me dire bonjour, et voyant que j'étais accompagnée, il se rassit, n'osant pas me déranger avec une amie.
J'essayais de marcher le plus loin possible de lui afin qu'il ne puisse voir Clara.
Et aussi, je ne voulais pas que Clara sache que je le connaissais, sinon elle aurait su que je le voyais l'année précédente alors que je déclarais une maladie me cloîtrant au lit.
On se baigna avec Clara, et quand on ressortit de l'eau, Titouan n'était plus là.
L'après-midi, quand je voulue le rejoindre, il n'était plus là non plus.
Je l'attendis durant deux heures, ou je regardais les hautes herbes bouger aux rythmes du vent, rappelant le doux mouvement des vagues.
Le désespoir que j'éprouvais à l'attendre était égal à mon amour pour lui.
Je crus qu'il n'allait plus jamais revenir, vexés que je l'ai ignoré ce matin.
Je rentrai, la boule au ventre, et me cloitra dans mon lit.
Ma grand-mère me fit une tarte aux pommes, mon dessert préférer pour me consoler, sans savoir même ce que j'avais.
Le lendemain, je retentai ma chance auprès de notre chêne. Et il était là.
Je soupirai de soulagement, tellement j'avais retenu mon souffle avant de le voir.
Je m'approchais de lui, et m'excusa sincèrement.
« - Je n'aurais pas dû t'ignorer hier, je suis désolée.
- Cette fille, tu étais avec elle la première fois que l'on s'est vu, c'est ta meilleure amie ? »
Cette question me surprise.
« - Clara ? Non, ce n'est pas ma meilleure amie.
- Et moi, je suis ton meilleur ami ?
- Oui. Répondis-je en sentant que c'était la réponse qu'il attendait »
J'aurais voulu crier que non, ce n'était pas mon meilleur ami puisque je l'aimais, alors c'était de l'amitié qu'il ressentait pour moi ? Quelle tristesse infinie...
On resta silencieux, et Titouan reprit la parole.
« - Ce n'est pas grave pour hier matin. Je te pardonne.
- C'est vrai ? Merci !
- Tu penses que dans 10 ans, on se rejoindra encore sous l'arbre ?
- Evidemment, toute la vie ! Même quand on sera vieux. Rigolais-je »
J'étais bien, auprès de lui.
Les jours passèrent, je sortais de temps en temps, mais rarement avec Clara, mais jamais plus on alla à la rivière.
Je passais ensuite mon après-midi entière avec Titouan, et je rentrais vers 17 heures pour goûter et passer du temps avec ma grand-mère.
Je ne savais pas encore ce qu'était l'addiction, mais je la vivais sans le savoir. Je me réveillais en pensant à lui, et m'endormais sur ces pensées.
Le mois d'août s'écoulait, et je rentrerai bientôt chez moi, cette maison si ennuyeuse à côté d'ici...
Le dernier après-midi, je dus lui dire au revoir.
Je le rejoignis, on s'assit côte à côte et tandis que ma voix tremblait, je lui dis ces mots.
« - Le mois est déjà terminé. Je dois repartir... Tu ne vas pas m'oublier, tu me promets ?
- Jamais je ne t'oublierais, c'est promis. »
La promesse faite, je me sentis soulagée, et je me laissai sangloter dans ses bras, ou je crus sentir qu'il renifla aussi.
Le lendemain, j'étais partie.
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