𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟖


-'๑'-ೃ 𝘉𝘦𝘭𝘪𝘦𝘷𝘦 𝘪𝘯 𝘺𝘰𝘶.


L'espace d'un instant, c'était comme si le temps venait de s'arrêter. Comme s'il avait décidé de stopper sa course pour laisser quelques minutes à Nahee, des minutes précieuses qu'elle saisit pour planter son regard dans celui d'Érèbe. Les iris glaçantes du dieu primordial étaient peu rassurantes, agressives et tempétueuses. Il n'avait rien d'accueillant mais semblait être, bien au contraire, une sorte de démon emprisonné dans un corps humain. Par pur réflexe, Nahee recula d'un pas mais Ether la retint d'une main dans son dos. 


Ne lui montres pas que tu as peur, chuchota-t-il. 


La blonde coula un regard vers son frère qui fixait leur père avec un visage qu'elle ne lui avait jamais vu : un visage dur et déterminé. Elle se fit la réflexion que sur le coup, il ressemblait beaucoup à leur géniteur. Alors doucement, elle se tourna de nouveau vers Érèbe qui la fixait toujours, le visage appuyé contre sa main et l'air impassible. Nahee souffla, doucement, et détendit chacun de ses muscles tout en soutenant son regard. Bien que son coeur battait la chamade, elle avait comme l'impression qu'elle pouvait le regarder droit dans les yeux sans trembler maintenant. Une lueur s'alluma dans les yeux du dieu des ténèbres quand une voix brisa cet instant étrange et suspendu. 


C'en est assez. Vous aurez tout le temps de vous regarder dans le blanc des yeux plus tard. 


Nahee sursauta et se tourna vers le dieu qui venait de parler. Quand elle vit le trident dans sa main, elle posa un regard sur Jimin qui lâcha un petit rire, malgré son air attristé. Maintenant qu'elle y pensait, c'était la première fois que le blond voyait son père en vrai, lui aussi. Agacé par le manque de sympathie des dieux, la blonde fronça les sourcils puis se tourna vers l'assemblée, le coeur agité par la colère. Soudain elle réalisa quelque chose : Hadès n'était pas présent. Peut-être était-il resté aux Enfers ? 


En effet, nous devons parler de ce qu'il vient de se passer, fit doucement un homme aux cheveux blonds et lisses à la peau basanée. 

Tu peux dire les mots qui conviennent, Apollon. Il a fait jour en pleine nuit. La déesse Héméra a outrepassé ses droits en s'aventurant sur le territoire de Nyx, sa propre mère ! fit un autre en armure. 

Je n'ai pas voulu-

La déesse Héméra devrait être gardée à l'Olympe pour éviter qu'une telle chose se reproduise. 

En effet, cela ne serait pas sage de la laisser chez les humains.


Nahee écarquilla les yeux alors que peu à peu, les voix s'élevaient, la plupart en accord avec ce qu'il venait de se dire. Tremblante, la blonde imagina pendant un quart de seconde une vie monotone, coincée sur l'Olympe. Elle devrait laisser ses amis sur Terre, laisser Taehyung... Ce n'était définitivement pas une idée qui lui plaisait et son coeur se mit à s'agiter à cette pensée. Soudain, quelqu'un se racla la gorge et une femme se leva. La blonde écarquilla les yeux en la reconnaissant : Athéna. 


Je vous conseille à tous de vous calmer, dans un premier temps. La panique vous fait dire des choses incohérentes et je n'aime pas ça. 

Ca m'aurait étonné de ne pas t'entendre... grommela Poséidon. 

Il faut bien que de nous deux, quelqu'un ait l'audace de se prononcer contre la foule. Et jusqu'à preuve du contraire, tu n'en es pas capable. 


Des rires discrets flottèrent dans l'assemblée alors que Poséidon soupira lourdement, décidant d'ignorer sa rivale de toujours à partir de maintenant. Nahee croisa alors le regard d'Athéna qui était certes sombre, mais rassurant à la fois. La jeune femme pouvait dire sans prendre trop de risque qu'elle avait une alliée dans cette salle. 


Je suis d'accord, fit soudain une autre voix féminine. 


Cette fois, celle-ci venait d'en haut et une déesse à la robe noire se mit debout avant de sourire tendrement : Nyx. La voir ici fit un bien fou à Nahee qui ne put s'empêcher de sourire. Si sa mère était ici, rien de mal ne pourrait lui arriver. 


Héméra a été élevée dans le monde des humains et n'a pas eu l'occasion de se familiariser avec ses pouvoirs et nos coutumes. Bien que ses capacités peuvent en effet bouleverser l'ordre naturel des choses, je suis d'avis que la faire venir sur l'Olympe de force ne ferait que la troubler bien plus encore. 

Tu sembles oublier que ce n'est pas une petite chose fragile. 


L'assemblée sursauta quand Érèbe prit la parole, le regard planté dans celui de sa compagne. Les deux se jaugèrent du regard pendant longtemps, une tension s'installant dans la grande salle. Nahee déglutit, les poings serrés : ses deux parents étaient vraiment en train de se tenir tête l'un l'autre ? Devant elle ? L'intervention d'Érèbe fit repartir le débat de plus belle, chaque dieu hurlant son avis comme sur une place de marché. Le brouhaha envahit l'air et bientôt, la jeune femme n'arrivait même plus à réfléchir. Ses oreilles lui faisaient mal, tout bourdonnait. Des dieux, des figures d'exemple, agissaient comme de véritables animaux et s'accordaient le droit de décider à sa place. A quelle moment avait-elle accepté une telle chose ? A quel moment avait-elle accepté de remettre entre les mains d'inconnus le chemin que devait prendre son existence ? 


"Vous êtes bien plus puissante que la plupart des dieux présents dans cette salle."


Les mots d'Hermès rejaillirent dans son esprit. Oui, c'était vrai. Elle était puissante, très puissante. Alors pourquoi devrait-elle courber l'échine devant cette assemblée ? 


"Tu dois croire en toi, mon enfant." 


Nahee sursauta et releva la tête. Cette voix qui venait de raisonner dans son esprit... Tout en haut, calme et silencieux, Chaos, son grand-père, l'observait avec un tendre sourire. Elle ne l'avait pas vu et pourtant il était là, au sommet, assis sur un trône d'or. Il avait le premier à lui parler de ses pouvoirs, lui, le dieu tout puissant, et maintenant il croyait en elle. Et elle devait faire de même. Le coeur battant, elle baissa le regard vers ses mains qui crépitaient d'impatience. Nahee serra les poings et ferma les yeux. Elle savait que tout venait des émotions. Qu'elle devait les utiliser. Alors elle se rappela la colère qu'elle ressentait, à cet instant précis. L'envie d'être libre, de décider de son propre destin. 


Peu à peu, une pression monstre l'entoura et ses acolytes sursautèrent en voyant sa peau s'illuminer comme une étoile. Jimin trembla instant mais attrapa son bras pour l'en empêcher. Taehyung s'apprêtait déjà à courir vers elle. Quant à Jungkook, un sourire en coin étira ses lèvres à la simple idée de ce qu'il se préparait. Leur amie ouvrit les yeux, des yeux d'un azur tellement lumineux qu'il se rapprochait du blanc le plus pur. 


TAISEZ-VOUS ! 


Une onde de choc balaya l'assemblée, obligeant tous les dieux qui s'étaient levés à se rassoir violemment tandis que la grande salle trembla de fond en comble, une chaleur insoutenable agressant les voix respiratoires de chacun. Tous les yeux se tournèrent vers la jeune Nahee qui brillait, l'air décidé. Les réactions furent diverses : Nyx avait les yeux ronds, Chaos souriait, Érèbe s'était redressé avec curiosité. 


Je ne me rappelle pas vous avoir autorisé à décider de ce que je devrais faire et d'où je devrais vivre. La plupart d'entre vous n'êtes rien pour moi et je ne suis rien pour vous alors ne vous donnez pas le droit de décider de ma vie comme ça vous chante. Je vivrai la vie que je veux vivre, où je le veux, et si ça ne vous plait pas, alors venez m'affronter. Affrontez-moi et je vous ferai goûter à la défaite qu'un bon nombre d'entre vous ne semble pas connaître. 


Un silence de mort s'abattit sur la tribune. Les dieux se regardaient, beaucoup fixaient la réaction de Zeus qui gardait le silence, les sourcils froncés. Soudain, un éclat de rire raisonna et attira l'attention de tous. Chaos finit par se calmer, reprenant son souffle, avant de se lever de son trône. Il croisa les bras sur son torse couvert à moitié d'une tunique semblant avoir été cousue par un tissu de galaxie, et esquissa un sourire. 


Laissez donc cette jeune déesse vivre comme elle le souhaite. 

Mais Chaos- 

Je vous trouve bien condescendants. Les humains ont plusieurs fois dû faire les frais de nos caprices et c'est maintenant que vous vous décidez à être miséricordieux ? Ne me faites pas rire, les enfants. Laissons à chacun sa chance. 


Pour seule réponse, Zeus soupira et se leva, frappant le sol de son éclair. 


La séance est levée ! 

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