chapitre vingt-quatre
LA JOURNÉE EST PARFAITE POUR WILLOW. Londres est ensoleillée en ce dimanche et sa journée est alimentée par la venue de Crystal qui l'a sortie de son appartement. Les deux jeunes femmes se retrouvent au centre-ville à la recherche d'un bar dans lequel s'installer, ce qui est rare en ce dernier jour de la semaine.
La brune pousse un cri de soulagement en apercevant un bar ouvert et elle croit rêver. Les deux amis s'y installent et Willow soupire d'avance en sachant qu'elle ne pourra pas fumer de cigarettes puisqu'elle se trouve à l'intérieur. Perdue dans ses pensées, Crystal doit la secouer plusieurs fois pour la ramener durement à la réalité.
— Regarde ce qu'ils diffusent à la télé !
Willow pose son regard sur l'écran télévisé et un sourire étire ses lèvres. Le grand prix qui va bientôt commencer est diffusé, et l'anglaise prend tout bonnement conscience qu'ils sont entourés de supporters, et elle prête attention à tous ceux qui sont de rouges vêtus. Les écuries représentées sont principalement Mercedes, McLaren et Ferrari, et cela réchauffe le cœur de la blonde de voir autant de soutien pour les rouges malgré le fait que l'Angleterre soit une Terre plus propice à supporter les trois pilotes britanniques de la grille.
Crystal effectue une danse des sourcils très peu discrète et Willow roule des yeux en reportant attentivement son regard sur la course. Elle ne comprend pas pourquoi le monégasque est si bas dans le classement, à vrai dire elle ne comprend rien aux règles mais le voir remonter petit à petit augmente son sentiment de fierté qu'elle ne peut contrôler.
— Mais dis-moi, c'est que tu serais en train de tomber pour notre petit monégasque, Crystal chuchote pour la taquiner.
— Tais-toi ! C'est faux, on s'est rapprochés mais c'est tout, rien de plus.
— Bien sûr... il faudrait voir ta tête depuis cinq minutes, des étoiles dans les yeux.
— Change de sujet, elle grogne.
— Comme tu veux ! J'ai une proposition croustillante à te faire.
— Dis-moi tout miss Crystal.
— Toi, Kika, et moi pendant une semaine au portugal. Dans dix jours.
— Tu rigoles ?
— J'ai l'air de rigoler ? Elle nous invite et excuse-moi mais j'ai répondu positivement avant même de te demander.
— C'est incroyable Crystal, je n'ai jamais voyagé, elle sourit.
— Kika en a bien conscience, c'est pour ça qu'elle a gentiment proposé des vacances au Portugal ! Puis si ça peut faire réapparaître ce sourire solaire sur ton visage plus souvent, on partirait en vacances toutes les semaines.
Willow sourit et cache son émotion face aux propos de sa meilleure amie. Le Portugal. Elle-même n'en croit pas ses oreilles. Cela lui fera sûrement le plus grand bien, de quitter ce pays anxiogène et source de ses plus grands malheurs. L'anglaise sent une sensation nouvelle naître en elle.
Celle de renaître.
Au final, les deux amies ont fini par ne plus tellement faire attention au grand prix. Pourtant, en apercevant le pilote de la Scuderia Ferrari en septième position, Willow sent que cette soirée sera difficile pour lui, et secrètement, elle espère qu'il ne recommencera pas.
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Le soleil écrasant de Jeddah diffère avec les températures encore hivernales de l'Europe. Charles se balade en t-shirt dans le paddock, se rendant dans l'hospitalité Ferrari afin de regarder la course de formule deux, ou l'anti-chambre de la formule un. Catégorie dans laquelle roule bien évidemment son frère. Suite à de mauvaises qualifications, il part hors du top 10 mais le brun a confiance en Arthur et en ses capacités. Partir sur une stratégie décalée est futée et il est persuadé que cela va marcher.
Pourtant, à la fin de la course principale, il n'a besoin que d'un regard échangé avec Lorenzo pour comprendre que la famille quittera l'Arabie Saoudite avec de nombreux regrets à cause de ce pit-stop raté de l'écurie DAMS. Embêté pour son frère, il ne laisse néanmoins rien paraître et rejoint son coéquipier afin de démarrer toute la procédure d'avant course qui est infiniment longue. Arrive très rapidement la parade des pilotes et évidemment, Charles retrouve Pierre.
Ils en profitent avant de monter dans le camion pour s'écarter un petit peu des autres pilotes et de discuter, eux qui n'ont pas forcément eu le temps depuis le début du week-end.
— Comment ça va calamar ?
— Tranquille, je pensais que Kika serait là ce week-end, déclare le brun.
— Elle a pas pu se libérer, je vais essayer de la faire venir pour Melbourne ou Baku. Et toi avec Willow ?
Le monégasque ne peut s'empêcher de rougir à cette question. C'est vrai que depuis quelques temps, ils se sont rapprochés et le brun se mentirait à lui-même s'il disait qu'il ne commençait pas à ressentir une certaine attirance chez Willow qu'il n'avait guère connu auparavant. Et Pierre l'a bien remarqué puisqu'il commence à le taquiner, le faisant râler.
— Je l'aime bien, il argumente. Je... je l'ai mise au courant. Enfin, elle l'a découvert elle aussi.
— Comment est-ce que tu t'es senti à ce moment-là ?
— J'avais honte. Pourtant j'arrivais pas à contrôler ce que je faisais, en fait c'était tellement automatique. J'ai l'impression que c'est pire qu'en deux-mille dix-sept et j'ai peur de ça.
— Ta famille est au courant ?
— Arthur le sait, je ne voulais pas qu'il le sache mais pareil, j'ai pas géré. Willow me suggère d'en parler à ma famille parce qu'ils m'épauleraient, mais j'appréhende de voir la déception dans leurs yeux.
— Écoute, j'ai sûrement réagi de manière excessive la dernière fois, mais je rejoins Willow sur ce point. Ça arrive de rechuter, et justement, ça fait partie de la guérison. Peut-être que ce n'était pas encore bien cicatrisé et peu importe, tout le monde t'aidera et te soutiendra.
— J'essaie d'arrêter mais c'est dur Pierre.
— Je sais. Pense à autre chose, on va aller saluer la foule, parler aux copains, puis monter dans nos monoplaces et kiffer ce qu'on fait. Ça va aller.
Il presse doucement son épaule et la conversation se termine ainsi. Charles est soulagé de voir que le normand ne le flique plus autant qu'avant et qu'il ne joue pas ce rôle de grand frère le grondant à chaque bêtise qu'il effectue. Recevoir ses conseils est bien plus enrichissant et c'est avec l'esprit léger qu'il monte dans le camion en entamant une conversation avec Alex Albon et George Russell.
Le rituel d'avant course passe rapidement, il est interviewé par les journalistes, salue la foule, retourne dans son garage pour s'échauffer aux côtés d'Eric, effectue le tour de mise en grille et patiente tranquillement pour le tour de formation. Il se trouve en douzième position sur la grille de départ et espère tellement faire une belle course et peut-être offrir le premier podium de la saison pour l'écurie au cheval cabré.
Malheureusement, tout ne se déroule pas comme prévu et le monégasque ne termine qu'en septième position derrière son coéquipier. C'est extrêmement déçu qu'il s'extirpe de la monoplace, se rendant compte que le titre lui échappera une nouvelle fois cette année malgré tous les efforts qu'il met dans ses entraînements et cette aide au développement de la voiture. Il part à la pesée tête baissée, croise quelques-uns des pilotes ahuris du rythme de course des Redbull.
Il se rend aux interviews en essayant d'expliquer pourquoi la monoplace de cette année semble ratée. Pourtant il n'a pas d'explication. Il ne sait que dire tant il ne s'attendait pas à une telle désillusion. Après les debriefs d'après-course, il engage à peine la conversation avec ses frères, souhaitant juste rentrer dans son hôtel et s'enfermer dans sa chambre, n'ayant guère le goût à faire la fête. Arthur et Lorenzo ne le forcent pas, ils connaissent le cadet par cœur et parfois, cela ne sert à rien de parler pour essayer de rassurer sachant que personne ne peut réellement le réconforter.
Arrivé dans sa chambre d'hôtel, il s'affale sur son lit en laissant dériver ses pensées. Il se sent terriblement mal et l'envie de boire le prend. Pourtant il doit lutter. Il doit aussi avouer.
Sur un coup de tête, il prend son téléphone et cherche désespérément le numéro de sa mère dans ses contacts. Ce n'est peut-être pas la chose à faire, par téléphone à des milliers de kilomètres, ce n'est peut-être pas le moment toutefois, il ne sait pas s'il aura la force de le faire une fois de retour dans la principauté après ce week-end qui ne résulte que de la déception et aucun sentiment positif.
— Allo maman ?
— Charles, je suis contente de t'avoir au téléphone, quel dommage pour ta course...
— Maman j'ai recommencé, il lance d'un coup, sans crier garde.
Et le silence prend possession des lieux. Le monégasque n'entend que la respiration de sa mère attendant une réponse qu'il espère rassurante.
— Tu rentres demain ?
— Demain matin.
— Tu viendras directement à l'appartement, on va discuter mon grand.
— Je suis désolé, Pierre m'a conseillé de te le dire parce qu'il m'a dit que tu m'aiderais, maman j'ai mal, sa voix éraillée déchire les entrailles de sa mère qui encaisse douloureusement le choc. Je suis désolé de te le dire au téléphone.
— Je suis là pour t'aider à n'importe quel moment et tu le sais. Viens demain et on en reparlera. D'accord ?
— D'accord, il renifle discrètement.
— Je veux que tu te reposes ce soir, et que tu te détendes, surtout après cette course, fais-moi le plaisir de prendre soin de toi.
— Je le ferai.
— Bien. Je vais te laisser dormir mon chéri, et on se voit demain.
Pascale raccroche et Charles a l'impression de manquer d'air. Cet appel n'était pas suffisant, loin de là, l'envie de liqueur est si forte qu'il plante ses ongles dans sa chair afin de lutter.
Il essaie de trouver un moyen, un point d'ancrage pour arrêter cette envie si soudaine et si prenante, et une seule personne, un seul nom lui vient en tête, pourtant il hésite. Willow.
Est-ce une si bonne idée après tous les malheurs qui leur sont arrivés et qui lui sont arrivés depuis quelques temps ? Pas forcément. Pourtant, sans réellement comprendre pourquoi, il sent tout au fond de lui qu'il peut lui faire confiance et que cette discussion ne peut lui faire que le plus grand bien. Sans plus attendre, il fouille dans ses contacts à la recherche de celui de l'anglaise, et l'appelle en priant pour qu'elle décroche.
Il est sa dernière solution, sa seule solution pour ne pas sombrer une énième fois.
— Allo ?
— Willow... il dit, mélangeant soulagement et désespoir dans sa voix.
— Charles, qu'est-ce qui se passe ?
— J'ai envie de recommencer, je suis désolé je savais pas qui prévenir d'autre...
— Non, ça va ne t'excuse pas, de toute manière je ne dormais pas. Tu sais quoi ? Je vais te raconter ma journée. Aujourd'hui j'ai été voir monsieur Sanchez, c'est un horloger réputé à Londres, il est adorable et est d'ailleurs fan de Richard Mille, c'est là-bas que j'ai fait réparer ta montre quand tu l'avais oubliée. Ensuite j'ai été me balader avec Crystal, on a fait les touristes dans toute la ville c'était vraiment sympathique. Puis nous sommes allées dans un bar et devine quoi ? Ils diffusaient le grand prix ! Étonnamment il y avait énormément de supporters de Ferrari, tout le monde te soutenait c'était si splendide à voir... ensuite nous sommes rentrées et on a passé la soirée ensemble, d'ailleurs pendant la journée on a planifié nos prochaines sorties, ou alors à essayer de voir Kika au Portugal si jamais nous sommes libres au même moment et-
— Merci, il murmure, coupant Willow dans son récit. Merci, vraiment.
— Comment tu te sens ?
— Un peu mieux, c'est toujours difficile après une course ratée, j'ai des idées qui me viennent...
— Tu m'appelles à chaque fois que quelque chose te tracasse d'accord ?
— Promis. Et toi comment tu te sens ?
— Ça va mieux aussi, elle se contente de dire la vérité pour une fois.
— J'aimerais bien que tu viennes à Monaco après le grand prix d'Australie dans deux semaines. Je ne vais pas pouvoir faire énormément de déplacements sur Londres d'ici là. Ça te dirait ?
— Évidemment ! Je n'ai jamais été là-bas, ça sera l'occasion.
Et Charles et Willow discutent ainsi, des heures durant jusqu'à ce que le monégasque s'endorme au téléphone, complètement épuisé par sa journée, mais avant tout soulagé de ne pas avoir craqué grâce à cet appel avec l'anglaise. La jeune femme quant à elle, est rassurée d'avoir pu l'aider d'une quelconque manière, bien qu'ils se trouvent à des milliers de kilomètres l'un de l'autre.
Willow raccroche alors et s'endort à son tour, le cœur battant à vive allure sans réellement savoir pourquoi.
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helloooo j'espère que vous allez bien ! je n'ai pas eu le temps de corriger donc j'espère qu'il n'y a pas d'incohérences <3
je ne sais pas si je pourrai poster le chapitre de GHOST dimanche, je ne suis pas libre. profitez du week-end de grand prix à monaco !
-alcools
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