chapitre vingt-huit
LORSQUE WILLOW DÉBARQUE À L'AÉROPORT DE NICE, le vent frais fouette son visage et elle se sent bien. Ses vêtements pour Lisbonne lui serviront également pour le sud de la France, puisque les températures sont douces et l'anglaise se sent chanceuse de pouvoir profiter pleinement de ce sublime temps printanier. Il est pratiquemment vingt heures et malgré tout, Willow est épuisée. Ce qui se passe à Lisbonne, reste à Lisbonne toutefois ce trio infernal n'a aucunement pris le temps de se reposer et leurs mines dépourvues de sobriété se sont de nombreuses fois perdues dans les rues lisboètes.
La blonde cherche la voiture du monégasque. Elle zigzague entre les nombreuses voitures garées puisque le brun lui a précisé qu'il serait éloigné des autres véhicules afin de ne pas se faire repérer. Après dix bonne minutes à traîner péniblement sa valise derrière elle, elle aperçoit une Ferrari aux couleurs du drapeau monégasque et la jeune femme pourrait presque pleurer de joie. Le pilote sort de l'habitacle avec un immense sourire aux lèvres, qui lui cause même une douleur à la mâchoire tant elles sont étirées.
L'anglaise se réfugie quelques maigres instants dans ses bras, soupirant d'aise en sentant des lèvres se poser avec délicatesse sur sa tempe. Depuis pratiquemment deux mois, tout a changé et cela serait mentir de dire qu'elle n'appréciait pas cette éventualité.
— Comment va la vacancière ?
— Lessivée !
— T'as trop fait la fête au Portugal j'imagine ?
— Pas du tout, elle fuit son regard et le pilote explose de rire en prenant sa valise afin de la mettre dans le coffre.
— Je vais devoir me méfier de votre trio, vous m'effrayez, et je vais clairement faire part de mes craintes à Pierre.
— Tout de suite les grands mots.
— Allez, grimpe ! Je n'ai pas envie que l'on soit vus.
Willow acquiesce et le suit afin de monter côté passager dans la pista lui appartenant. Pour la première fois, elle s'installe dans ce véhicule et la blonde s'y sent confortable. En même temps, c'est une voiture luxueuse. Le brun démarre et déglutit en parvenant à observer certaines personnes filmer sa fabuleuse ferrari et le monégasque est soulagé de voir du coin de l'œil la jeune femme se pencher pour chercher son téléphone dans son sac à main.
Le trajet passe rapidement et le pilote ne peut s'empêcher de poser des questions sur la virée portugaise de la blonde qui ne dévoile pas un seul détail croustillant de sa semaine avec ses deux amies. Le pilote rit et il amorce un geste afin de poser sa main sur sa cuisse, toutefois il se rétracte.
Pourtant, il pourrait sentir son cœur louper un battement en sentant la main de la jeune femme se poser naturellement sur sa cuisse. Perturbé par ce geste, il met quelques secondes avant de réagir tant il ne s'attendait pas à ce premier pas de la blonde. Doucement, il superpose sa main sur la sienne et finalement, elles se lient. Le monégasque comprend que l'angoisse de Willow la submergerait si elle n'avait pas ce contact précieux avec le brun.
— Parle-moi de ce fameux programme pour la semaine.
— Si je te dévoilais tous mes plans pour te séduire, tu serais déçue de ne pas être surprise.
— Vous souhaitez me séduire, monsieur Leclerc ?
— Je souhaite vous éprendre de la principauté, madame, je ne me permettrais point de vous importuner.
— Oh monsieur vous m'en voyez ravie.
Ils rient bêtement alors que Charles gare la voiture. Prudemment, il sort de la ferrari afin de ne pas abîmer son joyau et demande à Willow de faire de même. Le brun récupère la valise dans le minuscule coffre et tous deux se dirigent vers l'ascenseur de l'immeuble dans lequel il réside. Arrivés dans l'appartement, l'anglaise observe tout autour d'elle, entrant dans l'intimité du monégasque qui sourit en la voyant aussi attentive à chaque détail. Il laisse ses bagages à l'entrée et lui fait visiter son lieu de vie qui abrite tout ce qu'il chérit.
— Le fameux piano, dit-elle en effleurant doucement celui-ci de peur de le briser d'un simple toucher.
— Ne me lance pas, sinon on est parti pour deux heures.
— Est-ce que ça serait dérangeant ? Pas vraiment.
Le pilote sourit en continuant sa petite visite qui dure cinq minutes top chrono. Il amène ses bagages dans la seule chambre d'amis qu'il possède et Willow l'en remercie. Les deux jeunes adultes discutent pendant de longues minutes, debout, en plein milieu de la pièce, sans prendre en compte le temps qui passe rapidement. Au bout d'une heure, en apercevant la mine épuisée de l'anglaise, il lui suggère d'aller se reposer puisque demain, une grosse journée l'attend. La blonde se contente alors de déposer un baiser sur sa joue.
Charles lui offre un dernier sourire avant de s'éclipser, et Willow ne peut déloger son propre sourire de ses lèvres alors qu'elle se prépare pour se glisser sous les draps. Son cœur palpite à une vitesse phénoménale au simple songe de ses lèvres entrant en contact avec sa peau, et elle s'endort ainsi.
□□□
Le lendemain, la jeune femme quitte les bras de Morphée naturellement. Ayant complètement oublié de fermer les volets, les rayons du soleil transpercent la pièce et la lumière agresse ses yeux encore remplis de fatigue. Willow s'étire et se lève afin de retrouver le monégasque. Toutefois, l'appartement semble bien silencieux en cette fin de matinée.
L'anglaise se fait la réflexion qu'elle a dormi une douzaine d'heures et que le sommeil lui avait réellement manqué lors de cette semaine tout sauf reposante accompagnée de ses amies. Elle débarque dans la cuisine et sourit en apercevant des viennoiseries trôner au milieu de celle-ci. Un mot est également griffonné sur un bout de papier et Willow sourit en le prenant en main. Il est simplement écrit que les viennoiseries provenant tout droit de la boulangerie sont pour elle et qu'il reviendrait vers onze heures. La blonde comprend qu'il ne devrait pas tarder, alors qu'elle pique un pain aux chocolats dans le sachet avant de s'installer sur le balcon, face à la mer.
Le vent encore frais la fait frissonner toutefois, elle apprécie la vue imprenable sur la principauté et elle comprend le monégasque qui ne fait que répéter que Monaco est son havre de paix, l'endroit où il se sent le mieux.
Une main se pose soudainement sur son épaule, la faisant sursauter et augmenter considérablement son rythme cardiaque. Heureusement, elle reconnaît la personne postée derrière elle et se calme un peu.
— Excuse-moi, je voulais pas te faire peur. Bien dormi ?
— Oui, merci pour les viennoiseries.
— Pas de soucis. Ce midi mes amis mangent au restaurant, est-ce que tu veux que l'on y aille ?
— C'est toi qui vois, tu m'as invité alors...
— C'est vrai, mais il faut que tu apprécies ce que je te propose, sinon ça n'a aucun sens.
Un maigre sourire se dessine sur ses lèvres.
— Ça ne me dérange pas de manger avec tes amis ce midi, Charles, au contraire. Après, je ne sais pas si c'est forcément une bonne idée.
— Pourquoi est-ce que tu penses ça ? Puis, ils t'ont déjà vu en soi.
— Je ne suis pas certaine qu'ils aient une bonne image de moi.
— Et moi je suis certain qu'ils vont t'adorer. Je vais me répéter, mais si tu ne veux pas que l'on y aille, je peux toujours refuser.
— On va y aller, dit-elle en se levant afin de regagner la chambre dans laquelle elle loge pour le séjour.
Willow soupire en fouillant dans sa valise à la recherche de vêtements adéquats. Que mettre afin de rencontrer les amis de Charles ? Elle s'attarde sur plusieurs hauts, plusieurs bas qui ne vont pas ensemble et elle jure, ne sachant que faire. Par dépit, la jeune femme se vêtit d'une jupe et d'un haut accordés avant de se diriger vers la salle de bain afin d'être, selon elle, plus présentable. L'anglaise craint le jugement que peuvent avoir les amis du monégasque puisqu'après tout, l'unique fois qu'elle les a croisés, elle a subtilisé le pilote durant une nuit entière.
L'heure fatidique arrive et Willow essaie de ne pas se ronger les ongles tant l'inquiétude lui monte au crâne. Charles tente de la rassurer tant bien que mal toutefois, il n'y parvient pas réellement.
Arrivés sur le lieu de rendez-vous, il se contente de poser sa main dans son dos afin qu'elle ne se dérobe pas sous le poids de l'angoisse grandissant dans son corps frêle. La jeune femme observe un sourire béant prendre possession des lèvres du brun qui salue ses amis soit d'une accolade, soit d'une bise et Willow reste légèrement en retrait. Il faut que Charles la présente pour qu'enfin, elle se permette d'adresser un mot à ses amis qui l'accueillent chaleureusement. Sans plus attendre, elle essaie de trouver une chaise afin de s'asseoir et de se faire toute petite.
— Félicitations, parvient-elle à dire à la jeune femme à sa gauche en s'installant aux côtés de Charles sur la grande tablée.
— Merci, elle lui offre un sourire bienveillant.
— Il ou elle s'appelle comment ?
— Elle s'appelle Chiara.
L'anglaise sourit tendrement en observant le berceau abritant le petit bébé, protégé du soleil printanier de Monte-Carlo. Cette vision la heurte tout de même un peu, à la pensée de cet embryon qui n'a pas pu se développer en elle il y a de cela quelques semaines. La jeune femme contemple bien trop cette enfant pour que cela soit naturel et aussitôt elle détourne le regard, ne voulant pas passer pour une folle auprès de l'amie du monégasque dès la première vraie rencontre.
— Tu es ici pour combien de temps ?
— Cinq jours, c'est la première fois que je voyage dans le sud de la France.
— C'est vrai ? Et qu'est-ce que tu penses de la principauté alors ?
— Je trouve cette ville paradisiaque, c'est si différent de Londres.
— Souvent ceux qui visitent Monaco ne veulent plus repartir, c'est l'effet particulier qu'a cette ville sur les gens.
Willow acquiesce sans aucun doute. La jeune femme est présente dans le sud de la France depuis une minuscule journée et la voici en train de tomber immédiatement amoureuse de ce coin de paradis dont tout le monde rêverait. Monte-Carlo et ses alentours ont un effet bénéfique sur elle, tant elle se sent bien ici. Cela change du temps pluvieux londonien et de la tristesse que représente cette capitale.
Ses yeux sombres se posent une nouvelle fois sur le nouveau né, et la jeune femme rapproche avec délicatesse son doigt du visage de l'enfant après avoir obtenu la permission de la maman.
— Marta putain je suis trop con, déclare Charles et se tournant précipitamment vers les deux jeunes femmes, j'ai oublié la fête organisée pour la petite après-demain !
— Vous ne pouvez pas venir tous les deux ? questionne alors la brune.
— Je ne veux surtout pas m'imposer.
— Ça me dérange pas, au contraire ! Puis il y en a une qui a l'air de bien t'aimer.
Willow sent son cœur louper un battement en sentant une main minuscule se refermer sur son index. Dans son esprit, c'est le déluge et ses lèvres se mettent à trembler sans qu'elle ne puisse le contrôler. La jeune femme bafouille précipitamment une excuse avant de quitter la table à la recherche d'un extérieur dans lequel se réfugier. Par miracle, une terrasse lui tend les bras et malgré les quelques personnes présentes, elle se permet de souffler un peu afin de refouler les larmes affluant sous ses paupières.
Willow fouille dans son sac à la recherche de son briquet et d'une cigarette. La jeune femme fait brûler celle-ci pour inhaler le tabac et ses poumons emplis de nicotine la soulagent légèrement. Bien qu'elle tente de diminuer sa consommation excessive de cigarettes, il est impossible pour elle de s'en passer lorsque ses songes lui remémorent toutes ses souffrances.
— Willow ?
Cette voix grave la fait sursauter. Son regard sombre se porte sur les quelques personnes fréquentant la terrasse et la jeune femme grimace en constatant la présence du pilote qui ne passera sans doute pas inaperçue.
— Rentre Charles, ici tout le monde te reconnaît.
— Dis-moi ce qui ne va pas, les autres ne m'importent plus, il glisse sa main dans la main libre de la blonde, qui frémit à ce contact.
— Le bébé, il... il a serré mon doigt et j'ai directement pensé à la fausse couche, je suis vraiment qu'une pauvre idiote.
— Ne dis pas ça, il grogne.
— Je souffre de l'absence d'un être qui n'a même pas existé Charles ! Son cœur ne battait pas, il n'en avait pas. Il ne vivait pas.
— Tu as le droit de te sentir mal par rapport à ce qu'il s'est passé, ça ne fait pas de toi une idiote. Moi aussi j'ai un pincement au cœur lorsque j'y repense, ça ne fait pas de moi un idiot.
— Tes amis doivent me prendre pour une folle.
— Ils pensent simplement que tu es partie fumer, crois-moi, ils ne sont pas les plus observateurs.
Willow rit à peine. Ses prunelles s'ancrent dans les yeux clairs du monégasque et ce contact visuel la rassure et réchauffe momentanément son cœur glacé.
— J'aimerais te prendre dans mes bras, dit-il, mais...
— Je sais.
— Je préfère te préserver. Prends le temps qu'il faut pour souffler et rejoins-nous à l'intérieur. Ils ont l'air de bien t'aimer, il agrémente ses propos d'un clin d'œil avant de s'éclipser.
La jeune femme termine sa cigarette avant de l'écraser dans un cendrier prévu à cet effet et de rejoindre le groupe comme si de rien n'était. Discrètement, sa main se lie à celle du pilote sous la table, et ce dernier positionne sa main libre devant sa bouche pour masquer ce sourire béant. Ils restent ainsi le temps que les plats arrivent et les deux amis échangent un regard complice avant de s'adonner à diverses discussions qui fusent de tous les côtés.
Le temps ne panse pas toutes les blessures. parfois, seule la venue d'un ange gardien parvient à guérir les pires maux et à cicatriser les plaies les plus douloureuses.
Willow a trouvé le sien.
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heyyy, j'espère que vous allez bien ! je trouve ce chapitre mignon, la suite le sera encore plus, accrochez-vous bien <3
-alcools
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