chapitre trente-sept

WILLOW EST ÉNERVÉE EN DÉBARQUANT CHEZ son père en plein milieu de l'après-midi. Elle qui devait rester à Monaco toute la semaine avant le grand prix dans la principauté, la voici contrainte de faire un aller-retour jusque Londres pour quelque chose qui ne va pas lui plaire et elle le sait. Bien heureusement, un vol l'attend en début de soirée pour rejoindre Nice et elle en est rassurée, puisqu'à présent, les seules raisons pour lesquelles elle retournera dans la capitale anglaise seront pour vider son appartement, et visiter son père.

Sauf qu'aujourd'hui, la jeune anglaise n'a pas envie d'être ici. Encore plus en reconnaissant la maison de son enfance se dessinant au loin. Venue pour récupérer les dernières affaires avant la vente de celle-ci, Harry lui a précisé que sa mère serait présente. La procédure de divorce est longue et son père lui-même commence à saturer du comportement de son ex-femme.

Willow remercie le taxi avant de le payer et de sortir du véhicule pour marcher jusqu'au perron, où son père l'attend avec un immense sourire aux lèvres malgré la fatigue pouvant se dessiner facilement sur son visage. La blonde lui sourit en se précipitant vers lui afin de l'étreindre en prenant de ses nouvelles. Elle doit avouer que cela fait bien longtemps qu'ils ne s'étaient plus appelés, occupés l'un et l'autre.

— Tu t'es bien amusée à Imola ?

— Oui c'était très bien, elle rougit brièvement.

— Je ne pensais pas que tu me cacherais autant de choses dis-moi, il rit. J'ai hâte de rencontrer Charles, j'espère que tu me le présenteras bientôt.

— En soit tu l'as certainement déjà croisé.

— Il n'était pas mon gendre, il lui adresse un clin d'œil alors que les joues de Willow prennent une teinte encore plus rouge. D'ailleurs, je viens pour le grand prix de Monaco, si jamais tu veux me le présenter de manière plus officielle.

— On entre ? elle évite le sujet, ce qui fait sourire Harry.

— Ta mère est dans notre ancienne chambre pour le moment, tes affaires sont déjà prêtes dans un carton si jamais tu ne veux pas la croiser.

— Tout va bien papa, ça va mieux depuis quelques temps, je vais pouvoir encaisser ses crises.

Ils se sourient mutuellement avant d'entrer dans la maison, et Willow ressent toujours ce pincement au cœur malgré tout. La jeune femme grimpe les escaliers et indéniablement les souvenirs resurgissent. Elle rejoint rapidement sa chambre afin de prendre les quelques cartons présents sur le sol de sa chambre. Ses sourcils se froncent en apercevant un petit carnet dépasser de ses affaires. Elle sourit en reconnaissant son journal intime qu'elle a longtemps agrémenté de petits mots entre ses huit et ses quinze ans.

- 02/05/2007 cher journal, je déteste taylor parce qu'elle veut pas me laisser son maquillage. je lui tire les cheveux et elle râle, elle est méchante.

- 03/05/2007 cher journal, aujourd'hui avec taylor on a été punies parce qu'on a allumé le tuyau d'arrosage du jardin pour mouiller le jardinier. maman était pas contente et on a pas pu manger le tiramisu au dessert. :(

- 30/08/2009 cher journal, taylor m'a offert un bracelet aujourd'hui ! je vais le garder toute ma vie parce qu'il est rose, j'adore le rose.

- 23/10/2011 cher journal, taylor est nulle, elle m'abandonne toujours pour aller dormir chez son copain, il s'appelle mason et je sais déjà que je ne l'aime pas.

- 17/07/2012 cher journal, taylor déménage et quitte la maison. je suis tellement triste parce que j'ai l'impression qu'elle va m'abandonner avec papa et maman. je suis contente pour elle mais son absence me fait peur.

- 13/12/2013 cher journal, c'est bientôt noël et je ne sais pas quoi offrir à ma famille comme cadeau. je sais que taylor ne m'en voudra pas mais je veux lui offrir quelque chose de bien, parce que je sais qu'elle le fera aussi pour moi.

- 20/04/2014 cher journal, aujourd'hui j'ai quinze ans et je crois que c'est la dernière fois que j'écris ici. je rigole en relisant certains mots qui résultaient de mes caprices. mes souvenirs avec taylor sont encrées dans ses pages et même si elle n'est plus à la maison, mais dans son appartement avec mason (traîtresse), une partie d'elle reste ici avec moi. j'adore aller l'embêter chez elle sans respecter son intimité. j'espère que l'on sera aussi proches plus tard, quand j'aurai son âge. j'ai hâte !

Les larmes mouillent les pages marquées par la vie. Ce carnet a plus de quinze ans et recevoir cette montagne de souvenirs en pleine figure fait mal à Willow. Doucement, elle serre le carnet contre elle en essayant de sangloter le plus discrètement possible. Elle essaie de se remémorer des paroles de Charles.

Seuls les souvenirs heureux restent.

Oui, la nostalgie, le manque broient son cœur maintes et maintes fois, néanmoins sa mémoire lui permet de se rappeler du temps où sa sœur et elle étaient insouciantes, et s'aimaient d'un amour inconditionnel malgré les nombreuses chamailleries.

Willow sèche ses larmes avant de reposer soigneusement le carnet dans le carton. Elle se lève et souffle avant de le porter. Il fait son poids et le descendre jusqu'au rez-de-chaussée n'est pas une mince affaire. Une fois cela fait, elle effectue la même chose pour les deux autres cartons présents dans sa chambre.

Toutefois, lorsqu'elle voit Elizabeth se tenir devant elle au moment de descendre le dernier carton, ses muscles se tendent automatiquement et sa respiration se coupe un instant. Willow déglutit en observant sa mère qu'elle ne reconnaît pas. Ses traits sont nettement amaigris et la jeune femme se questionne pendant une demie seconde si sa mère est bien debout, à trois petits mètres. Sa descente aux enfers est cataclysmique et l'anglaise s'était attendue à tout, sauf à cette éventualité.

— Tu as récupéré toutes tes affaires ?

— Oui, elle murmure à peine.

— J'espère que tu n'as rien récupéré venant de Taylor, je ne crois pas que tu mérites quoi que ce soit.

— C'est bon maman, arrête de me rejetter la faute, ça ne la ramènera pas. Laisse-moi faire mon deuil et tu devrais faire de même.

— Je ne te pardonnerai jamais de me l'avoir enlevé, elle hausse la voix, éraillée par les émotions.

— Eh bien ne me pardonne pas ! Willow hurle, perdant patience. Mais n'attends plus rien de moi à partir de maintenant. Je ne veux plus jamais te voir, n'essaie pas de me contacter ou autre, j'en ai marre de tes reproches à répétition, c'est toi qui m'empêches d'avancer.

— Willow... sa voix s'adoucit, elle qui commence certainement à comprendre ses erreurs.

— C'est trop tard pour culpabiliser. Tu as perdu tes deux filles ce soir-là, par ta faute. Laisse papa tranquille aussi. Et va voir un thérapeute.

Willow crache ces mots rudes à la figure de sa mère avant de dévaler les escaliers et de déposer le dernier carton dans l'entrée. Elle n'entend aucun bruit provenant de l'étage, devinant qu'Elizabeth n'a pas bougé d'un pouce. Ses mains se lient derrière sa tête et la jeune femme se demande si c'était la bonne décision à prendre.

Car sa mère, elle aussi est endeuillée, et elle aussi souffre autant de la perte d'un être cher. La blonde grogne en faisant les cent pas devant ses cartons légèrement ouverts, repensant à toutes ces remarques déplacées depuis des mois. Non, c'était certainement la bonne décision. En fait, qu'elle soit bonne ou mauvaise, c'est la sienne. C'est sa manière d'avancer, elle en est convaincue.

Willow se baisse pour reprendre ses cartons, toutefois en relevant la tête, ses iris se bloquent sur une paire d'yeux qu'elle ne reconnaît que trop bien. Les émotions l'assaillent soudainement, lui apportant le coup fatal.

— Mason ?

— Hey Wills'.

L'anglaise dépose le carton par terre pour venir étreindre cet homme qu'elle n'a pas vu depuis les funérailles de sa soeur. Mason était le frère qu'elle n'a jamais eu, cette présence masculine qui la protégeait de n'importe qui souhaitant l'approcher de trop près, cet homme qui ne voyait aucun inconvénient à ce qu'elle s'immisce parfois dans l'appartement de Taylor et lui juste pour regarder Top gun.

Cette relation qui est partie en fumée le vingt-six novembre deux-mille vingt-et-un.

— Je suis tellement désolée.

— Pourquoi est-ce que tu t'excuses ?

— Pour tout ! Pour ce qu'il s'est passé, pour ne pas avoir pris de tes nouvelles...

— Tu n'y es pour rien, et je n'ai pas appelé non plus. Ton père m'a invité à récupérer quelques-unes de ses affaires, mais... je ne pense pas vouloir les garder.

— Tu peux toujours faire un don, les revendre... il y a pleins d'options, elle déglutit.

— Je sais, elle l'aurait certainement voulu. Je vais peut-être garder son collier. J'arrive pas à me débarrasser des vêtements que l'on avait acheté pour le bébé.

— Oh Mason...

— Je sais, c'est tellement idiot. Toi, comment tu te sens ? Tu as l'air d'aller mieux.

— Non ce n'est pas idiot ! Chacun avance à son rythme. Moi je remonte tout juste la pente, c'est difficile mais j'ai rencontré quelqu'un qui m'aide énormément.

— J'ai cru comprendre, il sourit brièvement. Tu sais qu'il devra passer par la case Mason avant d'être accepté dans la famille quand même ?

— J'attendrai ton approbation évidemment.

— Je suis content de te revoir Wills', ça fait du bien au moral. On s'envoie des messages cette fois-ci. Allez file, ton père t'attend dans la voiture.

— Pas de soucis. Ma mère est en haut, si jamais.

— Comment elle va ?

— Mal. Je viens de l'envoyer se faire voir, on va dire que... je viens de couper les ponts, elle me reprochait l'accident.

— Je comprends. Je vais aller la voir. Prends soin de toi Wills.

— Toi aussi Mason.

La jeune femme récupère ses cartons, laissant le blond entrer dans la maison et se diriger vers l'étage alors qu'elle dépose tout dans le coffre de la voiture qui l'emmènera jusque son domicile. Harry sourit faiblement à sa fille qui s'installe du côté passager. Le trajet se passe dans le silence, ses sentiments sont très controversés entre la culpabilité et la haine qu'elle ressent envers à sa mère, puis le choc et le bonheur de revoir Mason qui semble malgré tout aller bien.

Finalement, Willow essaie de tirer des points positifs de cette journée en Angleterre. Peut-être était-ce réellement nécessaire, pour enfin avancer. Pas oublier, juste... commencer un réel deuil, comme Taylor l'aurait certainement souhaité.

Sans un mot, Willow sourit en admirant le paysage défiler sous ses yeux.

Oui, un nouveau départ.

□□□

Lorsque la jeune femme atterrit à Nice, elle est heureuse de retrouver Charles qui l'attend patiemment -ou non- dans sa voiture. Le soleil se couche tout juste et Willow est épuisée par cette journée riche émotionnellement parlant, et c'est la première chose que le monégasque remarque en retrouvant sa blonde.

Il la prend dans ses bras avant de l'embrasser tendrement et il sourit contre ses lèvres en l'entendant soupirer d'aise. Ses petits yeux témoignent de la difficulté de cette journée et le brun l'invite à monter dans le véhicule pour retrouver son appartement et qu'ils puissent se retrouver eux aussi.

— Comment ça s'est passé à Londres ?

— Ça a été relativement compliqué, je ne me suis pas attardée dans mon ancienne maison. J'ai récupéré quelques cartons, ça m'a fait mal mais j'ai repensé aux bons souvenirs principalement. J'ai revu ma mère aussi.

— Oh non, qu'est-ce qu'elle a fait encore ?

— Les mots de trop. J'ai... j'ai décidé de couper les ponts avec elle, je ne sais pas si j'ai pris la bonne décision, mais sur le moment je n'en pouvais plus de ses remarques incessantes.

— Peut-être que ce n'est pas plus mal, si tu l'as dit c'est qu'au fond tu le voulais vraiment.

— C'est vrai. J'ai revu Mason aussi, j'ai eu des souvenirs qui me sont revenus en pleine figure en une demie seconde. Ça m'a fait tellement de bien, et il semblait en forme, bien qu'un peu secoué de venir récupérer des affaires appartenant à Taylor. Il a quand même du mal à faire son deuil, surtout concernant leur enfant.

Charles déglutit. Il culpabilise du fait que ses pensées se soient égoïstement tournées vers la fausse couche de Willow quelques mois plus tôt, plutôt qu'à ce qu'elle raconte avec difficulté.

Doucement, il pose sa main sur sa cuisse et la jeune femme sourit, apaisée par ce contact.

— Bon et toi, la préparation pour le grand prix ?

— Ça va, le week-end commence demain et j'ai surtout hâte de recevoir tout le soutien des monégasques, tu verras, c'est spécial.

— Mon père vient pour le grand prix, il aimerait te rencontrer officiellement.

Le monégasque ne peut s'empêcher d'avaler de travers et de tousser face à cette annonce qui le surprend au plus haut point, lui qui ne s'attendait pas à ça, dès maintenant.

— Tu... quoi ?

— Il aimerait énormément te rencontrer.

— D'accord, je stresse plus pour ça que lors d'un départ de grand prix, c'est pas normal. Puis, pourquoi je stresse ? Ma famille sera dans le paddock, tu vas forcément la rencontrer aussi.

— Quoi ?!

— Un partout, balle au centre, déclare Charles avec un rictus aux lèvres.

Et Willow grogne en se renfrognant sur son siège, ce qui a le don de faire rire le monégasque qui accélère légèrement afin d'arriver plus vite à son appartement. Le week-end s'annonce plutôt intéressant et il n'a qu'une hâte : y arriver le plus rapidement possible.

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j'ai encore oublié de poster, mais j'en profite de me réveiller à 4h tous les matins pour poster maintenant mdrrr

par contre j'ai pas corrigé le chapitre donc désolée

-alcools

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