chapitre trente-quatre
APRÈS CES RETROUVAILLES RICHES EN ÉMOTIONS sur le pallier, Willow a bien voulu laisser entrer le monégasque dans son appartement. Cela fait longtemps qu'il n'a pas mis les pieds ici et dire que ça lui a manqué est un vrai euphémisme.
Sa main est ancrée dans celle de la blonde qui ne souhaite en aucun cas rompre ce contact alors qu'elle vient de s'affaler sur son sofa. Il la rejoint alors et sa tête se pose sur ses genoux. Le pilote vient caresser ses cheveux doucement et les deux jeunes adultes pourraient se regarder les yeux dans les yeux durant des heures entières sans se lasser.
— Je m'attendais à tout sauf à ça. Je croyais que tu avais quelque chose de prévu !
— J'ai annulé mes entraînements de demain, et je ne pars à Maranello qu'après-demain. J'en avais déjà marre d'attendre.
— À vrai dire, moi aussi. Les appels, c'est barbant.
— Est-ce que ça te dit que l'on aille au restaurant ce soir ? J'ai réservé mais je peux toujours annuler. Peut-être que tu préfères regarder... Friends, il déclare en posant ses yeux sur la télévision.
— Le restaurant c'est parfait. Par contre, après, on regarde Friends.
— Je n'ai jamais vu une seule minute de cette série.
— Mon dieu ! C'est de la haute trahison, dit-elle en posant sa main sur son cœur de manière dramatique.
— Quelle actrice.
— Si nous allons au restaurant, il nous reste du temps pour regarder quelques épisodes ! Déclare-t-elle, enjouée.
La jeune femme attrape la télécommande avant de défiler parmi les saisons afin de parvenir à l'épisode un de la première saison. Les minutes défilent et Charles essaie de suivre la série toutefois, son attention dévie bien trop souvent sur la belle anglaise toujours positionnée la tête sur ses genoux. Ses caresses sur son cuir chevelu sont toujours aussi récurrentes et le monégasque pourrait rester ainsi durant des heures, sans prononcer un mot.
Seule sa présence suffit en cet instant précis.
Le temps ne panse pas toutes les blessures. parfois, seule la venue d'un ange gardien parvient à guérir les pires maux et à cicatriser les plaies les plus douloureuses.
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C'est exactement ce qu'il ressent quand Willow occupe la totalité de ses pensées. Le temps passe rapidement et l'heure de partir pour le restaurant est arrivée. L'anglaise s'est apprêtée tout comme le brun qui, fort heureusement avait laissé quelques affaires ici lors de sa dernière venue. Il rejoint la blonde sur la terrasse alors qu'elle fume une cigarette, admirant le soleil se coucher sur la capitale, ce qui est rare en Angleterre.
— Tu sais pourquoi j'adore le printemps ? Elle lui demande, les yeux rivés sur les couleurs orangés du ciel.
- Dis-moi, il demande tout en glissant sa main dans son dos.
— Je trouve que c'est toujours synonyme d'espoir. L'automne est frais, l'hiver est glacé et morose. On a toujours l'impression de se sentir oppressé, de se sentir plus faible et on a l'étrange sensation qu'on ne va pas tenir le coup jusqu'au printemps, où tu te sens un peu plus léger. Puis j'adore le mythe grec qui entoure les saisons. Tu le connais ?
— Je ne me suis jamais intéressé à la mythologie grecque, mais je veux bien que tu me racontes.
— Tout commence lorsque Zeus, le Dieu du ciel et de la foudre, et Déméter, déesse de l'agriculture et des moissons, ont un enfant qu'ils vont nommer Coré. Il faut savoir d'abord que c'est glauque parce que Zeus et Déméter sont littéralement frères et sœurs, elle rit en observant les réactions de Charles en même temps. Dans la mythologie grecque, il y a énormément d'histoires d'agressions sexuelles, que ce soit envers les mortels ou non. Alors Déméter a décidé de protéger Coré en la confiant aux nymphes de l'océan, pour qu'elles l'élèvent loin de l'Olympe. Sauf qu'il y a un certain Dieu qui, malgré tout, est tombé follement amoureux de Coré, et c'est Hadès, le Dieu des Enfers. Tellement amoureux qu'il a kidnappé Coré afin qu'elle vive avec lui en Enfer pour l'éternité.
— Ils sont déterminés les dieux de l'Olympe, siffle Charles, faisant pouffer la jeune femme.
— Sauf que personne ne savait où se trouvait Coré puisqu'elle a été kidnappée sans que les nymphes ne s'en aperçoivent. Lorsque Déméter est venue visiter sa fille et qu'elle a pris conscience qu'elle avait disparu, elle a remué ciels et terres pour la retrouver ; chose impossible. Elle est entrée dans un profond chagrin et donc tous les arbres, toutes les fleurs... en résumé, toute la flore mourait à petits feux. Puis, attention retournement de situation, Hélios, le Dieu du soleil, s'est rendu compte que finalement, il avait aperçu Hadès enlever Coré, et a prévenu Zeus et Déméter qui sont donc descendus aux enfers afin de demander à Hadès, qui est d'ailleurs le frère de Zeus, de libérer sa fille.
— Personnellement je ne lui aurais même pas demandé, j'aurais pris le gosse sur mon épaule et je me serais barré. En plus attends... si Hadès c'est le frère de Zeus, ça veut dire que Coré est sa nièce ?!
— T'es con, elle rit avant de reprendre. Ce que Zeus et Déméter ne savaient pas, c'est qu'Hadès a fait manger à Coré un fruit à graines, une grenade il me semble, afin d'emprisonner Coré avec lui dans le monde des morts. Dans ce fruit il y avait douze graines représentant les douze mois de l'année. Coré n'en a cependant mangé que six. Les dieux ont alors trouvé un compromis ; elle passera six mois en Enfer avec Hadès, et six mois sur Terre. Déméter serait prise d'un chagrin profond en l'absence de sa fille, d'où l'automne et l'hiver qui correspondent à sa détresse, tandis que le printemps et l'été représentent sa joie de retrouver sa fille à ses côtés puisque la flore est resplendissante. Finalement, Coré tombera amoureuse d'Hadès, ils se marieront et elle sera renommée Perséphone, qui signifie 'qui emmène la mort'.
— Je trouve cette version tellement plus stylée, en fait tout ce qui est rationnel c'est nul.
Willow explose de rire face à cette conclusion en écrasant sa cigarette dans le cendrier. Charles arbore un rictus, fier de pouvoir la faire éclater de rire autant de fois.
— J'espère que je raconte bien les histoires, elle questionne.
— On dirait ma mère quand elle me racontait une histoire pour m'endormir.
— C'est un compliment ?
— Prends-le comme tu veux, il lève innocemment les mains en l'air.
L'anglaise lève les yeux au ciel avant de venir embrasser le bout de ses lèvres. Ils quittent ensuite l'appartement en se rendant compte qu'ils sont presque en retard pour la réservation. Elle est déçue, elle qui aurait aimé admirer son brun vêtu de cette chemise bien plus longtemps dans ce décor idyllique grâce au coucher du soleil. Toutefois, elle sent qu'ils auront des milliers d'autres occasions, et pas seulement celle-ci.
Arrivés là-bas après avoir pris un taxi, les voici devant le restaurant que Charles a réservé. De toute évidence, Willow le connaît et est satisfaite puisqu'elle adore ce restaurant. Ils entrent et se font chaleureusement accueillir par un serveur qui les emmène jusque leur table avant de leur présenter le menu.
La jeune femme est heureuse de terminer sa journée d'anniversaire de la sorte, en si bonne compagnie. Willow se remémore alors de la nouvelle que lui a annoncé son père quelques heures auparavant et aussitôt, elle ne tient plus en place pour le lui annoncer.
Ses mains viennent se lier sous son menton pour scruter Charles du regard, le déstabilisant un peu puisque ses joues prennent une teinte légèrement rosée.
— Qu'est-ce qui t'arrive ?
— J'ai quelque chose à te dire.
— Tu sais que ce genre de phrases peut me faire faire une attaque ?
— Arrête de blaguer, c'est sérieux, pourtant, elle accompagne sa phrase d'un rire cristallin faisant sourire le brun.
— Allez !
— Mon père veut me former afin de me passer le flambeau de son entreprise lorsqu'il prendra sa retraite. Et pour ça... je vais suivre en tant que stagiaire, puis en tant qu'employée le directeur général de l'entreprise implantée à Milan.
— Milan, il répète, incrédule.
— Je vais déménager en Italie, elle s'exclame avec une excitation dans la voix qu'elle ne peut camoufler.
La jeune femme commence à angoisser légèrement, attendant une réaction quelconque du monégasque qui reste un instant de marbre, le temps d'enregistrer l'information. Ces secondes de latence semblent durer une éternité pour l'anglaise qui se mord la lèvre jusqu'à sentir un fameux goût métallique envahir amèrement ses papilles gustatives.
Un immense poids se libère soudainement de ses épaules en apercevant un sourire se former sur les lèvres du pilote, faisant apparaître ces fossettes qu'elle apprécie tant.
— C'est une opportunité de dingue ! Ça va te permettre, comme tu l'as dit, de te former, puis tu parles couramment italien alors ça ne peut que bien se passer, tu rêves de voyager et surtout, surtout, Milan est seulement à quatre heures de route de Monaco, il affirme.
— J'avais peur de ta réaction, avoue-t-elle timidement.
— Tu pensais que j'allais réagir comment ? "oh zut, ma copine a l'opportunité de travailler dans une grande entreprise en Italie pour suivre les traces de son père, merde en plus elle se rapproche de Monaco." il piaille et Willow ne peut s'empêcher de rire face à son sarcasme, prenant conscience que oui, il n'y avait pas nécessité d'angoisser.
— Si tout se passe comme prévu, je peux déménager à Milan courant juin.
— Je suis tellement heureux pour toi, il sourit en prenant sa main dans la sienne, caressant le dos de celle-ci de son pouce. J'avais tellement peur de la distance par rapport aux courses... et de te savoir à Milan plutôt qu'à Londres ça me rassure.
— Je suis soulagée aussi, je craignais de trouver un travail en Angleterre, ça nous aurait laissé encore moins de temps pour se voir.
— J'ai une proposition à te faire, il déclare soudainement.
— Décidément, c'est la soirée des annonces.
— Est-ce que tu voudrais bien venir avec moi au grand prix d'Emilie-Romagne en mai ?
— En vrai ? Te voir rouler sur un circuit ? Il hoche la tête pour simple réponse. Je... oui, ça me plairait bien.
— Tu es sûre ?
— Oui ! N'en doute pas ; te voir dans ton élément, en apprendre plus sur ta passion c'est tout ce que je demande, mais tout ce qui est extérieur à nous...
— C'est plus difficile, je sais. C'est pour ça que c'est seulement une proposition.
— Que j'accepte volontiers.
Et les deux amants se sourient tout en déviant sur de divers sujets de conversation, notamment l'organisation de leurs prochaines retrouvailles, ou de choses bien plus banales. Le repas se déroule à merveille et tous les deux oublient leurs problèmes, comme si ceux-ci étaient restés bloqués à l'extérieur du restaurant. Pendant pratiquemment deux heures, ils discutent sans s'arrêter jusqu'à ce que Charles paie l'addition, avec comme seul argument "c'est parce que c'est ton anniversaire".
Willow sourit en le voyant arriver et ils se préparent à sortir, mais le monégasque fronce des sourcils en apercevant de nombreuses personnes devant le restaurant. Cette scène lui rappelle les fois où des prétendus fans l'avaient attendu devant chez lui pendant des heures afin de l'assaillir de demandes quelconques, que ce soit photos ou autographes. Le brun déglutit et essaie de déguerpir d'ici le plus rapidement possible.
— Pardon ! crient quelques-uns.
Willow geint en se faisant légèrement pousser par quelques fans assayant le monégasque. Sa main glisse de la poigne du brun et elle commence à angoisser au milieu de tout ce monde. Peut-être que cette sortie au restaurant n'était pas réellement une bonne idée et la jeune femme songe à rentrer avant même que le brun ne la retrouve dans la foule. Rapidement, la voici en retrait et éloignée de Charles qui, en à peine cinq secondes, prend conscience qu'il y a un problème.
Tentant de se frayer un passage parmi la vingtaine de fans de l'écurie rouge qui commencent à l'étouffer, il parvient à rejoindre la chevelure blonde qu'il a repéré à plusieurs mètres de la foule, légèrement paniquée et surtout énervée, de par ses sourcils froncés. Charles s'excuse auprès de quelques supporters qui ne peuvent retenir des exclamations de mécontentement ainsi que des protestations alors que certains admettent que ce n'est pas bien grave. Le pilote sourit à ces derniers avant d'emmener Willow loin de l'entrée du restaurant.
— Qu'est-ce qui s'est passée ? Je t'ai perdu de vue à la seconde où ils sont arrivés.
— Quelques-uns m'ont poussé.
Charles voit rouge et s'apprête à faire immédiatement demi-tour sans penser aux conséquences d'une possible perte de contrôle et Willow attrape la manche de sa chemise en lui demandant de rester ici.
— Je ne vais pas rester planté là alors qu'ils nous manquent de respect, il grogne.
— Je vais bien, si tu te plains ça va faire le tour des réseaux sociaux en deux minutes et tes chargés de communication ne vont pas forcément apprécier. Oublie ça.
— Tu es sûre que tout va bien ?
— Charles.
— Je suis désolé Willow...
— J'ai passé une merveilleuse soirée avec toi et rien ne viendra gâcher la fête. D'accord ?
Il hoche la tête, rassuré par ses propos et sans se soucier du fait qu'ils soient en pleine rue, il pose ses lèvres sur celles de la jeune femme comme pour apaiser ses doutes. Aussitôt, il commande un taxi afin de rentrer jusqu'au domicile de l'anglaise, tout en veillant bien à ce que les supporters, à présent dispersés, ne s'approchent pas.
Même si Willow a tenté de le rassurer comme elle le pouvait, elle remarque bien que cet événement l'a contrarié. Le trajet est silencieux jusque l'appartement de la blonde, qui disparaît dans la salle de bain afin de se démaquiller et de troquer sa robe pour des vêtements plus confortables. Charles la suit et ne lui adresse pas la parole durant tout le temps qu'ils partagent dans la salle de bain et l'anglaise ne peut s'empêcher d'être irritée à son tour, bien qu'elle sache pertinemment que ce n'est pas envers elle qu'il est agacé, mais envers lui-même.
La jeune femme rejoint le monégasque dans son lit, lui qui a les yeux rivés sur son téléphone. Comme il s'en doutait, les vidéos et clichés d'eux se sont rapidement retrouvés sur les réseaux sociaux avant même qu'ils n'annocent leur relation publiquement. Le brun soupire en éteignant son téléphone pour épargner le fin-mot de cette histoire à Willow qui se glisse sous les draps à ses côtés.
Ses bras l'entourent avec précaution et doucement, il vient déposer des baisers sur son front, ses joues, ses lèvres, son cou. La jeune femme soupire d'aise en resserrant son emprise autour de lui, heureuse de partager ses draps à ses côtés, chose qui lui avait indéniablement manqué.
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vous dites que je suis cruelle avec GHOST mais sur mon ancien compte, j'ai dû poster 7-8 histoires je sais plus, yen a que 2 qui terminent bien donc estimez-vous heureux ok
j'espère que vous avez kiffé le chapitre sinon !!! on se retrouve dimanche <3
-alcools
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