chapitre trente-et-un
LE RÉVEIL POUR WILLOW A UN GOÛT DOUBLEMENT amer. Premièrement parce que les draps sont glacés par sa solitude dans ceux-ci, et deuxièmement parce que son vol retour pour Londres est prévu dans quelques maigres heures. Hier, les deux jeunes adultes sont restés tous les deux, afin d'apaiser les quelques tensions créées par la soirée organisée par les amis du monégasque.
Bien heureusement, c'est une page qui s'est rapidement tournée et qui s'oubliera d'ici les prochains jours.
Willow s'étire de tout son long, les yeux encore injectés de fatigue. Elle ne retient pas son bâillement avant de se laisser retomber sur son oreiller, profitant des derniers instants de tranquillité dans cette chambre qu'elle souhaiterait ne plus quitter. L'anglaise est prête à se rendormir lorsque soudainement, la porte de la chambre s'ouvre à la volée sur le pilote, tenant dans sa main une enceinte de laquelle émane une musique que la blonde ne connaît que trop bien.
Et qu'elle n'aurait pas forcément souhaité entendre de bon matin.
— Don't go there cause you'll never return, I know you think of me when you think of her, il chante à tue-tête sous les plaintes de la jeune femme qui plaque son oreiller sur son visage.
Une masse vient s'allonger de tout son long sur son corps frêle, l'écrasant de tout son poids.
— Éteins cette musique tout de suite, tu vas me faire détester cette chanson si tu continues.
— Bonjour à toi aussi, madame rabat-joie.
Willow ne râle qu'une demie seconde avant de sentir des baisers se déposer avec délicatesse sur ses joues. Un immense sourire fend ses lèvres et la musique semble tout d'un coup bien lointaine. Doucement, elle enroule ses bras autour du brun qui se décale légèrement afin de la laisser respirer un minimum. L'anglaise se relève pour passer ses jambes de part et d'autres de son bassin afin de s'asseoir dessus. Elle pose ses mains sur son torse tandis qu'il se redresse sur ses coudes pour avoir un accès bien plus simple à ses lèvres. Ils échangent de brefs baisers avant de s'arrêter.
— Ton avion est à quelle heure déjà ?
— À quinze heures, elle soupire avant de se décaler pour de bon et de se lever, je n'ai pas envie de rentrer à Londres.
— Tu pourrais rester quelques jours de plus, il suggère.
— J'en meurs d'envie, mais j'ai promis à mon père de venir le voir. Apparemment, il aurait une grande nouvelle à m'annoncer, elle ironise.
— Tu n'as pas l'air emballée.
— J'appréhende de reprendre une vie normale je crois.
— Tu sais que tu en as le droit, hein ?
Willow hausse les épaules en passant sa main sur son bras brûlé, sans oser regarder son copain dans les yeux. Ce dernier daigne enfin se lever en voyant le doute prendre possession de ses pensées. Ses mains viennent se placer sur ses joues alors que ses lèvres rencontrent son front avec douceur. Il sourit en entendant un soupire d'aise alors que la jeune femme reste silencieuse.
— Tu as le droit d'avancer, de te changer les idées, de vivre tout simplement. Rentrer à Londres va te permettre de te reconstruire aussi, plutôt que de rester ici, à fuir.
— J'aimerais tellement tourner la page pour de bon.
— Tu es en train de le faire, seulement ça prend du temps, et c'est normal.
— Je ne vois aucun changement.
— Moi j'en vois. Depuis que l'on s'est rencontrés, c'est flagrant. Allez arrête de douter, tu vas tout gérer comme une professionnelle et ton père sera impressionné.
Elle hoche doucement la tête en le remerciant, et seules ses fossettes deviennent plus apparentes. Ils quittent la chambre afin de rejoindre la terrasse et la vue une énième fois. Charles ne se lassera jamais de cette étendue bleutée qui s'offre en face de lui, et il sent que Willow est d'ores et déjà tombée amoureuse de la principauté et de ses alentours. Le brun s'accoude à la balustrade et porte son regard attentif sur la jeune femme. Ses cheveux virevoltent au gré du vent, ses yeux s'émerveillent face à cette vision dépaysante, et le pilote ne peut se sentir que comblé par ce à quoi il prête attention en cet instant précis.
— J'ai peur de la suite.
— Qu'est-ce que tu veux dire ? demande-t-elle.
— La distance, il soupire, j'ai toujours été habitué à des relations à distance, de toute manière j'y suis un peu contraint avec mon travail, mais la différence c'est que tu vis à Londres. Et j'ai peur de ne plus avoir le temps de faire des allers-retours jusque là-bas.
— On trouvera toujours une solution, en attendant je peux essayer de me déplacer jusque Monaco et ensuite on avisera.
Charles hoche la tête, peu rassuré par les propos de Willow pourtant, elle ne peut rien lui promettre de mieux. Le monégasque est juste effrayé que sa relation s'effrite à l'image de la précédente, à cause d'un manque de communication et de cette crainte de vivre à des milliers de kilomètres l'un de l'autre. Car aujourd'hui, il ne sait pas s'il se relèverait d'une énième déception, surtout concernant Willow.
Jamais il n'aurait pensé s'éprendre de quelqu'un aussi rapidement. Un réel coup de foudre comme peu le vivent dans leur maigre existence. Surtout après une année compliquée telle que l'a été 2022, il s'attendait à se concentrer pleinement sur le championnat suivant, jusqu'à ce que l'anglaise ne vienne perturber ses plans. Et il ne s'autorisera aucun faux pas afin d'éviter qu'elle ne lui glisse entre les doigts.
Les heures suivantes passent à une vitesse déconcertante et cela serait mentir de dire que Charles n'est pas contrarié en l'emmenant à l'aéroport. Il se gare à l'extrémité du parking et sort du véhicule les affaires de la blonde qui sourit brièvement. Ses petits bras s'enroulent autour de sa taille et longuement, elle observe les détails de son visage afin que celui-ci s'imprègne au plus profond de sa rétine, au plus profond de son esprit. Ses traits tiraillés par la déception, la contrariété et Willow se sent impuissante face à ce nouveau sentiment enveloppant le brun inexorablement.
Ses mains viennent se poser de part et d'autres de son visage, afin que ses yeux s'encrent momentanément dans les siens. Ses sourcils sont froncés et son regard semble rempli d'une détresse complètement démesurée.
— J'essaie de revenir après ton grand prix... en Azerbaïdjan.
— D'accord.
— J'aimerais bien te voir sourire une dernière fois avant de prendre mon vol tout de même.
Cette remarque le fait sourire et il prend sur lui afin de masquer sa peine le temps qu'elle s'en aille. Ses mains agrippent ses hanches et ses lèvres viennent rencontrer une dernière fois les siennes avant de se séparer définitivement pour une durée indéterminée. Le pilote déglutit en la voyant tirer sa valise, l'écoutant prononcer un au-revoir auquel il est incapable de répondre, et l'apercevant se noyer dans ses iris une énième fois avant de continuer son trajet, sans se retourner.
Charles la suit des yeux, et au fur et à mesure qu'elle s'éloigne, un vide lui tiraillant les entrailles s'empare de lui et le tétanise.
Il ne sait combien de temps est-ce qu'il va tenir avant de sombrer sans qu'il ne puisse contenir ses émotions criardes, envieuses de le détruire.
□□□
Le voyage a semblé interminable jusque son appartement qu'elle avait délaissé durant de nombreux jours. Afin de ne pas laisser ses pensées envahir son crâne, elle continue de s'affairer à ranger sa valise, ses vêtements et tout ce qu'elle a ramené du sud de la France, musique dans les oreilles en prime. Cela lui prend environ une petite demie heure de tout ranger et soigneusement, elle plie le t-shirt rouge et noir brodé du logo au cheval cabré afin de le disposer sur le rebord de son lit.
Willow ne pouvait pas revenir de Monaco sans lui subtiliser un des nombreux t-shirt appartenant à son écurie. Celui-ci lui rappelle le monégasque, son odeur est présente dessus et finalement, la voici en train de le déplier afin de sentir l'odeur qui imprègne ce vêtement. La blonde soupire en s'allongeant sur son matelas.
Presqu'immédiatemment, ses lèvres se mettent à trembler et la jeune femme se fait violence afin de ne pas laisser les larmes dévaler ses joues rosées. Le sud de la France lui manque. Le soleil et la chaleur lui manquent. Les fraises du marché lui manquent. Les rires sincères et incessants lui manquent. Charles lui manque. Terriblement. Pourtant cela fait à peine quelques heures qu'ils se sont quittés. Ils ne se revoient pas avant de longues semaines et l'anglaise trouve que c'est bien trop.
Ses pensées divaguent vers ses cauchemars et sa négativité prend le dessus, elle qui s'était enfouie, tapie dans son esprit durant quelques jours parfaitement hors du temps. Willow a mal et aujourd'hui, elle n'a pas les bras réconfortant de Charles afin de la bercer tendrement contre son torse. Elle n'a pas la douce mélodie de sa respiration régulière lorsqu'il dort paisiblement. Elle n'a pas ses réveils doux -ou non- emplis de bonheur et de plénitude.
Il n'y a qu'elle, dans son appartement, et sa solitude.
Elle sort une cigarette de sa poche. Ce combat est loin d'être terminé, c'est une certitude.
□□□
hellooo, petit chapitre du soir, bonsoir ! j'espère que vous allez bien, on se retrouve mercredi sur ghost <3
-alcools
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