chapitre sept

LE LENDEMAIN EST UN JOUR COMME UN AUTRE. La douleur est toujours présente dans son esprit et le vide en elle toujours aussi profond. Un jour elle espère se réveiller et sentir la douleur s'évaporer avec douceur. Secrètement, elle souhaite que cela arrive mais elle en doute. Persuadée que son chemin est hors de la route, pour s'échouer dans le fossé.

Willow attend patiemment l'arrivée de Crystal, qu'elle n'a plus vu depuis la nuit dans la discothèque. La blonde sait que son acte est malsain et elle s'en veut de l'avoir abandonné ainsi, au milieu de personnes qu'elle connaissait depuis quelques heures à peine. C'est ce que Willow sait faire de mieux depuis son départ ; ruiner ses amitiés et ruiner sa vie par la même occasion. Quelle idée de vivre dans la culpabilité d'avoir tué quelqu'un après tout ?

La porte d'entrée claque et la jeune femme ne vient pas accueillir Crystal, trop occupée à inhaler cette substance toxique pour son organisme. Un soupire parvient jusqu'à ses oreilles et c'est en cet instant précis que la blonde s'autorise enfin à poser son regard sur celle qu'elle a abandonné la veille en pleine nuit.

— Tu me dois des explications Willow.

Elle observe sa meilleure amie s'installer sur la chaise en face d'elle, piochant une cigarette dans son paquet alors qu'elle ne fume que rarement. La situation doit énormément la travailler et la jeune femme ne peut s'empêcher de culpabiliser encore plus face à la vue qui s'offre à elle.

— Je n'ai pas contrôlé ma consommation d'alcool, et j'ai terminé la nuit avec un des garçons que l'on a rencontré durant le gala.

— Je me doute, le copain de Kika était inquiet de ne pas le revoir de la soirée, alors je me suis doutée que vous étiez partis tous les deux... j'aurais surtout aimé être prévenue, je peux me débrouiller seule afin de rentrer, mais je ne veux pas que tu me laisses sans nouvelle.

— Comment est-ce que tu es rentrée ?

— Pierre et Kika m'ont gentiment déposé devant chez moi, d'ailleurs je suis encore en contact avec elle, on pourra se voir quand elle sera de retour à Londres, suggère-t-elle alors.

— Excuse-moi.

— Je suis simplement inquiète pour toi Willow, tu ne fais plus rien depuis ce qu'il s'est passé, tu étais censée chercher un job et te voilà à te lamenter dans ton appartement toute la journée.

— Je ne mérite pas de faire quelque chose de mes journées sachant que ça aurait dû être moi à sa place, après avoir fini sa cigarette, elle s'en allume directement une deuxième.

— Willow... ce n'est pas de ta faute ce qu'il s'est passé.

— Je ne veux pas en parler, Crystal.

— Très bien, sache juste que je ne t'en veux pas pour hier soir et que tu peux me parler si jamais tu en ressens le besoin. Je ne veux pas voir ta descente aux enfers, je veux t'aider à garder la tête hors de l'eau.

Willow hoche la tête et lui offre un sourire dans l'unique but de la rassurer. Si elle savait qu'elle se noyait déjà... et que remonter à la surface est impossible. Un peu plus chaque jour, la jeune femme manque d'air. Jusqu'à ce que la descente aux enfers, plus bas que terre, lui jouant des tours, l'empêche de vivre, et l'oblige à survivre, pour toujours.

L'hiver dans son cœur est glacé.

La tempête dans sa tête n'est pas passée.

— Mon père veut que je vienne à la maison ce soir.

— Tu n'as pas envie de voir ta mère ?

— Non, elle me hait depuis le vingt-six novembre.

— Tu m'appelles si jamais tu ne te sens pas bien, d'accord ?

La blonde lui sourit en guise de remerciement, et Crystal la serre avec douceur dans ses bras. Il y a bien longtemps qu'une étreinte ne lui procure plus de dopamine afin de guérir ses maux. Willow intime à sa meilleure amie de partir, bien trop addicte à sa solitude depuis de nombreux mois. Crystal abdique, sachant très bien que sa présence n'est plus souhaitée dans cet appartement. Elle écrase sa cigarette dans le cendrier et dépose un léger baiser sur la joue de son amie avant de quitter l'appartement.

La jeune femme se sent chanceuse d'avoir une amie si compréhensive dans cette lourde épreuve. Elle sait que peu importe ses actes, elle répondra présente et la guidera. C'est ce qui lui permet de ne pas dévier de trop, même si elle a abandonné la trajectoire principale depuis le temps.

Son regard se perd sur la ville en éveil, en cette après-midi ensoleillée, ce qui est rare pour le mois de décembre. Les rayons du soleil se reflètent sur sa peau et la douceur de la journée contraste avec l'obscurité profonde de son cœur gelé. Une immense appréhension s'empare de ses pensées, cela fait des mois qu'elle n'a pas mis les pieds dans la maison de son enfance lui procurant des souvenirs atroces. Elle ne supportera pas de voir son visage dans tous les coins de la pièce, et surtout de revoir sa mère la dévisager comme si elle était une meurtrière.

C'est ce qu'elle est, certainement.

L'après-midi passe lentement, Willow étant tourmentée par ses songes machiavéliques. L'effort afin de se vêtir décemment est surhumain, et appeler un taxi l'est encore plus. Dans cet habitacle, l'angoisse monte et ses ongles se plantent dans sa chair. Le bruit des roues qui crissent et les hurlements incessants lui reviennent comme un mauvais rêve et elle lutte pour ne pas envenimer la situation. Par miracle, la voici arrivée à destination, appréhendant le trajet retour. La jeune femme paie sa course et laisse un pourboire sans même adresser un regard au conducteur, trop concentrée sur cette maison luxueuse et gigantesque, qui abrite son enfance.

Une boule au travers de la gorge, Willow se dirige vers la porte d'entrée et toque à celle-ci. La panique la gagne et elle voudrait faire demi-tour, mais trop tard. La porte s'ouvre sur son père, qui a un immense sourire aux lèvres, heureux de revoir sa fille malgré le peu de temps qui le sépare de la dernière fois qu'ils se sont vus. La jeune femme lui offre un sourire crispé avant de pénétrer dans la maison, observant le sol de celle-ci afin d'éviter tout contact visuel avec les murs.

— Tu viens dans le salon ? Ta mère s'y trouve.

La blonde déglutit et suit son paternel qui semble lui aussi mal à l'aise face à la situation. Son regard croise le regard noir de sa mère, le même que le sien. Elles se ressemblent comme deux gouttes d'eau et pourtant, elles agissent comme si elles étaient deux parfaites inconnues. Une maigre salutation franchit la barrière de ses lèvres alors que la plus âgée détourne le regard, un air dédaigneux sur le visage.

Un raclement de gorge interrompt ce semblant d'interaction, et dans une synchronisation sans égale, elles portent leur attention sur Harry.

— Bien, Willow, je pense qu'il faut que nous parlions, nous avons quelque chose à t'annoncer.

— Maman va me déshériter ?

— Si seulement la loi le permettait, déclare Elizabeth, sa mère.

— Eli, s'il te plaît, grogne le seul homme de la maison. Écoute, Willow, c'est très difficile de te l'annoncer de cette manière...

— Ton père et moi allons divorcer, voilà tout.

Et Willow sent une nouvelle fois son monde s'effondrer sous le poids de la culpabilité. Cette étrange sensation qu'elle n'est que la provocation de cet événement, qu'elle est la pierre jetée sur le château de cartes afin de le voir s'écrouler devant ses yeux. Ce n'est que le résultat de cette nuit-là, cette nuit où elle aurait dû quitter cette Terre et rejoindre les cieux à ses côtés, mais miraculeusement, elle s'en est sortie.

— C'est de ma faute.

— Évidemment, quelle question ? Notre couple s'est effondré depuis ce que tu as fait !

— Eli, sors. Ordonne Harry d'une voix ferme.

— Tu as détruit nos vies, Willow, déclare Elizabeth avant de disparaître dans le jardin.

Ses yeux s'assombrissent et l'envie d'une cigarette la prend. Sans crier garde, la jeune femme s'enfuit sous les protestations de son paternel afin de rejoindre l'entrée de la résidence, les yeux voilés de larmes contenues depuis longtemps. Elle ne veut pas pleurer. Surtout pas devant son père. La dernière fois qu'il l'a vu pleurer, c'était à l'enterrement. Depuis, ses émotions se terrent dans son corps meurtri. La nicotine transperce ses poumons et Willow a tellement inhalé de fumée, que celle-ci l'étouffe. Elle tousse durant de longues secondes avant de se calmer, et de calmer les tremblements de ses membres l'empêchant de fumer de manière décente.

La porte s'ouvre de nouveau sur son père, qui sans un mot, s'assoit sur le perron à ses côtés. Sa veste de costard touche légèrement le sol et ce dernier joue nerveusement avec sa cravate.

— Tu n'es pas responsable de notre divorce ma puce.

— Pourtant c'est ce dont maman est convaincue, non ?

— Cela faisait bien deux ans qu'il y avait plus de bas que de hauts, et les événements de l'année dernière n'ont fait que retarder cette décision. Ta mère manque d'objectivité et rejette son deuil sur toi. Ce n'est pas juste.

— Je n'ai pas voulu ça papa, je te jure.

— J'en suis conscient, et jamais je ne t'en voudrai pour ça, tu ne dois pas te blâmer pour ce qu'il s'est passé.

— Je suis désolée...

L'étreinte puissante de son père parvient à l'apaiser quelques maigres secondes alors que la cigarette qu'elle tient entre ses mains se consume à vue d'œil. D'un geste rageur, elle vient jeter celle-ci et l'écraser avec son pied, même si elle n'est pas terminée. La douleur se répand dans tout son être malgré la chaleur des bras de son père, et elle pense que jamais elle ne pourra se relever de cette épreuve.

— Tu veux bien retourner dans le salon ?

— Maman va me faire des remarques, encore...

— Juste cinq petites minutes, j'appelle Crystal elle va venir te chercher.

Willow hoche la tête avant de retrouver le salon dans laquelle sa mère est installée, en l'ignorant royalement. Dans un courage impressionnant, la jeune femme parvient à poser son regard attristé sur une photographie de famille, du temps où ils étaient heureux. Les sourires resplendissant sur ce cliché semblent tellement lointain à présent.

Un souffle parvenant à sa nuque lui provoque des milliers de frissons et la blonde reconnaît ce parfum.

— C'était avant que tu ne gâches tout.

— Je sais que tu avais une préférence pour Taylor, maman, mais je ne la savais pas si flagrante. Tu devrais te pardonner à toi-même de lui avoir donné trop d'amour.

— Tu es tellement ingrate.

— Tu devrais aussi penser à tourner la page, Mason, lui, ne m'a jamais blâmé alors oser me reprocher sa mort, c'est bien audacieux.

— Mason n'a ni la patience ni le courage de t'affronter, il avait un deuil de deux personnes à effectuer par ta faute.

— Tu diras à papa que je repasserai dans la semaine.

— Fuis, encore ! Évite de provoquer un accident avec Crystal sur la route.

Willow traverse précipitamment le salon et salue brièvement son père venant à peine de terminer l'appel avec la meilleure amie de sa fille. La jeune femme s'enfuit de la résidence et patiente dehors, alors que le soleil a laissé place à des nuages menaçant. Willow prie pour que Crystal arrive rapidement alors que la pluie s'abat sur Londres, et par la même occasion sur la blonde qui grelotte. Elle ne cherche pas à s'abriter alors que les douloureuses paroles de sa mère résonnent dans son crâne. La pluie s'abat sur ses joues, et pour la première fois depuis un moment...

Elle pleut.

Elle pleure.

Transforme sa douleur en des larmes dépourvues de toute once de bonheur.

Quand est-ce que viendra son heure ?

□□□

hey hey hey, j'espère que vous allez bien ! moi ça va, c'est bientôt la fin de mon année de fac et j'ai tout de même très hâte.

vu comment je suis partie, NIGHT FEVER fera pas moins de trente-cinq chapitres ! une grand aventure nous attend et je vous jure que ça sera encore mieux que bruises ahah <3

j'espère que vous avez aimé le chapitre, on en apprend + sur l'histoire de Willow et maintenant vous avez (presque) toutes les clefs en main pour comprendre ! on se retrouve jeudi, ou alors lundi prochain !

-alcools

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