chapitre quarante
WILLOW EST PENSIVE EN SE PRÉPARANT POUR LA SOIRÉE organisée par son père. Cette étreinte brève est le dernier contact qu'elle a eu avec Charles avant d'aller prendre son avion, et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'une atmosphère étrange plane entre eux depuis. Ils n'ont que peu échangé la veille au soir, et l'anglaise grimace en repensant à son insomnie provoquée par ce flot de pensées incessant se déversant dans son esprit impuissant.
Elle ne se voyait pas dévoiler au brun qu'elle était au courant de ce petit secret bien gardé. A vrai dire, la jeune femme n'a pas la moindre idée de quand est-ce qu'elle pourrait bien le lui annoncer. Willow grogne en terminant son maquillage.
— Tu es magnifique ! déclare Crystal à travers le téléphone.
— Merci Crystal, elle sourit. Je suis déçue que tu ne puisses pas venir.
— Je serais venue volontiers mais l'anniversaire de ma mère passe avant, tu le sais bien, elle grimace.
— Évidemment ! De toute manière on se voit tous les jours avant mon départ.
— Je ne me fais pas à l'idée que tu t'en ailles si loin... tu reviendras me voir ?
— J'essaierai, mais... je crois que j'ai besoin de rester loin de l'Angleterre pendant un moment, j'étouffe, elle avoue.
— Je comprends Wil', ne t'en fais pas. De toute manière dès que j'ai mes congés, je débarque à Milan !
— On demandera à Kika ses disponibilités.
— Bien sûr, elle me manque énormément cette folle.
Les deux amis rient légèrement. Willow raccroche quelques minutes plus tard en entendant l'interphone, signe que son père est arrivé. La jeune femme ne peut s'empêcher de jeter un coup d'œil à ses notifications toutes les trente secondes, n'ayant pas de nouvelles du brun censé l'accompagner pour cette soirée organisée en son honneur.
C'est d'ailleurs la raison pour laquelle elle a demandé à son père de la conduire jusqu'au lieu des festivités. Elle n'a pas la moindre idée d'où est-ce qu'il se trouve et ne se rappelle que brièvement d'une escapade en compagnie de deux de ses amis pilotes. La blonde soupire et feint un sourire à Harry qui lui offre une accolade chaleureuse avant de la faire grimper dans le véhicule.
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Charles explose de rire suite à l'anecdote que raconte George. Cela faisait longtemps que son rire n'avait pas été aussi sincère et cette soirée londonienne en compagnie des deux jeunes british est agréable. Attablés dans un pub, il n'y a pas meilleur confort et la soirée passe à une vitesse phénoménale. Il oublie les événements du week-end, cette course le laissant sur sa faim... tout ce qui a été néfaste. Toutefois il a la vague sensation d'avoir omis un détail dans cette escapade anglaise.
Les discussions s'enchaînent et le monégasque s'étonne de rigoler autant avec les deux anglais. Certes, ils s'entendent bien, mais cela n'allait jamais au-delà des circuits, ou dans le meilleur des cas, quelques affrontements au golf. Charles se sent bien, se sent entouré et il est heureux de passer cette soirée avec eux comme ils l'avaient prévu depuis quelques semaines, eux qui sont contraints d'avoir un emploi du temps rédigé à la lettre.
— D'ailleurs Charles, question idiote mais pourquoi est-ce que tu es à Londres ? questionne soudainement George.
— Je suis venu voir ma copine, Willow et-
Les mots suivant restent bloqués au fond de sa gorge et soudainement, il réalise. Réalise la raison pour laquelle il se retrouve à partager un verre avec les pilotes attitrés Mercedes et McLaren.
Angleterre.
Willow.
— Putain, j'avais un truc de prévu avec Willow.
— Bien joué mec, lance Lando en rigolant, se prenant une réprimande par George.
— Tu devais la retrouver à quelle heure ?
— En début de soirée, j'ai été pris dans le truc et merde, je suis trop con, il déclare en se levant précipitamment de sa chaise. On se voit au Canada les gars !
En partant, il fouille dans sa poche afin d'y sortir un billet pour ne pas qu'ils aient à payer sa boisson, bien qu'elle ne soit pas relativement chère.
— Mais Charles, c'est de la monnaie européenne ! fait George, en vain, tandis que le rire moqueur de Lando résonne dans la salle.
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Harry observe les larmes rouler abondamment sur les joues de sa fille, déçue de Charles. Ces dernières quarante-huit heures ont été riches en émotions et en désillusions, et Willow se sent submergée par ses sentiments qui se contredisent. Son regard se porte sur le paysage défilant sous ses yeux et même la lune ne parvient pas à éclairer son âme éteinte par cette déception.
Depuis vingt minutes, son téléphone ne fait que sonner. Les appels du pilote sont incessants mais, à l'image de ce qu'il a fait pendant plusieurs heures, elle l'ignore.
Arrivée devant son immeuble, elle remercie son père d'un sourire faux, et celui-ci ne peut s'empêcher de la prendre dans ses bras en s'excusant, bien qu'il ne puisse rien y faire. Willow quitte l'habitacle sans un mot et pénètre dans son immeuble avec comme unique volonté de se morfondre, de s'effondrer, d'exploser en sanglots dans son lit et sommeiller sans cauchemar. Ses pas sont lourds et chaque geste est un supplice. Il ne lui faut pas plus de dix minutes pour troquer sa robe contre un haut et un sous vêtement, puis de passer par la salle de bain.
Willow se sent ridicule, la tête plongée dans son oreiller à essayer d'étouffer ses pleurs incessant. Willow s'en veut de laisser ses émotions la contrôler ainsi. Elle a tout simplement l'impression que cette journée est la plus difficile à surmonter. Sa déception est immense et sa haine l'est tout autant. Charles savait à quel point cette soirée était importante à ses yeux, à quel point sa présence l'importait.
Comme si le soutien n'allait subitement que dans un sens.
Et lorsque la sonnette résonne dans son appartement, la sortant de ses pensées embrumées, toute once de déception vient de se transformer en une colère immense que même elle n'a jamais connu. Il n'y a qu'une haine qui anime ses gestes en cet instant précis. Willow se surprend d'être aussi énervée toutefois, sa surprise est brève tant ce sentiment ravageur prend le contrôle. Ses pas la guident vers la porte qu'elle ouvre brutalement, et apercevoir le monégasque navré ne fait que croître son énervement.
Sans un mot, elle se décale afin de le faire entrer et le pilote déglutit. Pour une première approche, le brun aurait préféré qu'elle l'assaille de reproches, puisque ce silence est mille fois plus effrayant.
— Willow je suis tellement désolé, il démarre.
— T'es toujours désolé Charles mais putain t'étais où ?! elle crie sans maîtriser sa colère.
— Je devais voir Lando et George dans l'après-midi et j'ai sincèrement pas vu l'heure passer.
— Évidemment, elle rit amèrement. évidemment, suis-je bête ! Tes amis si important ! Je t'avais demandé si ça te dérangeait de venir parce que je sentais que tu allais être épié de partout puisque l'entreprise a un rapport avec la formule un ou je-ne-sais quelle filiale, tu m'as dit qu'au contraire tu étais heureux de répondre présent parce que tu savais que ça m'importait, tu savais que cette soirée était un tournant dans ma vie et un moyen de tourner la page ! Et t'étais pas là, elle termine, la voix éraillée.
— Willow...
— T'étais pas là, c'est tout. Et le pire, c'est que mon père était présent ! Je lui avais assuré que tu serais là parce que tu me l'avais promis, et toi tu me plantes ?!
Charles répond par un silence. Parce qu'il se sait coupable et que même si ce besoin de voir ses coéquipiers, ses collègues, était important afin d'avoir sa dose de bonheur, cela ne devait pas empiéter sur sa soirée avec Willow.
— Vas-t-en avant que je ne dise des mots qui dépassent ma pensée, parce que pour l'instant, je suis très calme.
— Je sais que ça t'importait et c'est pour ça que je pourrais m'excuser encore et encore, vraiment.
— Je ne veux pas de tes excuses, dégage Charles.
— Non-
— Dégage ! On n'en serait pas là si tu n'avais pas pensé qu'à ta gueule !
— Je pense qu'à ma gueule ?! Tu n'as pas le droit de me reprocher ça alors que je t'ai épaulé depuis que l'on s'est rencontré et que sans moi tu serais encore au fond de ton putain de lit, il crache.
— Ne joue pas sur les mots ! T'es vraiment dégueulasse. arrête de croire que mon bonheur dépend de toi. Et puis tant qu'on y est, tu comptais me dire quand ce qu'il s'est passé avant mon anniversaire ?!
Ses traits s'adoucissent pour laisser place à une immense confusion. Puis des milliers de questions qui le tiraillent et le perturbent inexorablement.
— Quoi ?
— Ton semblant de coma éthylique, devant tes frères ?
— Comment est-ce que tu es au courant ?
— À ton avis ?! Pourquoi tu ne me l'as pas dit ?!
— Tu croyais que j'allais arriver à Londres, te voir avec le sourire pour te dire "hey Willow, joyeux anniversaire, au fait j'aurais pu crever il y a deux jours, sinon j'espère que tu vas passer une super journée" ! il hausse le ton.
— Tu m'avais dit d'arrêter de me renfermer sur moi-même, que les autres pouvaient m'aider et j'ai fini par t'écouter, mais au final tu fais exactement la même chose... sa voix se brise. et tu restes dans cette spirale infernale, avec Éric qui détruit ta vie.
— Éric n'est-
— Non, c'est bon, elle le coupe.
Willow quitte la pièce quelques secondes qui semblent durer une éternité, lors de laquelle le monégasque ne parvient pas à esquisser le moindre mouvement, paralysé par cette altercation qu'il aurait tant souhaité éviter. Elle revient avec un pass paddock dans la main, qu'elle jette sur Charles ; il le rattrape in extremis et déglutit en l'observant.
— Emmène qui tu veux au Canada, mais certainement pas moi. Maintenant dégage de mon appartement.
Les yeux du monégasque se gorgent d'eau et la jeune femme détourne le regard, incapable de supporter sa détresse. Charles accepte et quitte l'appartement les bras ballants, laissant une Willow énervée et déçue de son comportement. Il doit lutter pour ne pas laisser les émotions l'envahir et à vrai dire, il donnerait n'importe quoi pour revenir en arrière et éviter avec brio ce véritable désastre.
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hellooo j'espère que ça va !!!
juste pour dire : j'ai posté une nouvelle fiction qui s'appelle SECRETS, allez jeter un petit coup d'œil ;)
-alcools
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