chapitre onze
WILLOW N'A JAMAIS EU DE SOUCIS POUR FAIRE LA FÊTE. À vrai dire, elle a été baignée dans les soirées mondaines dès son plus jeune âge, ce qui ne l'a pas grandement aidé quand elle n'était qu'adolescente. La notoriété de son père l'a longtemps forcé à tirer un trait sur les longues relations puisque bons nombres étaient présents par intérêt. En même temps, côtoyer la fille d'un multi-millionaire est rare de nos jours. D'autant plus qu'à présent, c'est elle qui devra prendre les rênes de l'entreprise tôt ou tard.
La blonde s'est perdue entre les mille et unes soirées organisées par ses faux amis ou ses camarades de classe lorsqu'elle était encore au lycée. Arrivée dans l'enseignement supérieur, Willow s'est enfermée dans le travail. Cinq ans d'études lui ont permis d'acquérir grand nombre de connaissances qui semblent avoir disparu à l'instant où sa vie a changé. Comme si cinq années de sacrifice étaient tombées aux oubliettes.
C'est Crystal qui la ramène à la réalité, elle qui depuis le début de la soirée, était complètement perdue dans ses pensées. Comme d'habitude, elles célèbrent la nouvelle année à deux entourées de parfaits inconnus qui ne recherchent qu'une proie à piéger dans leurs filets. Les verres s'enchaînent et Willow se désinhibe. L'envie d'une cigarette la prend et sans se poser de questions, elle abandonne Crystal en train de se déhancher avec quelqu'un pour regagner le coin fumeur.
La nicotine emplit ses poumons et la jeune femme parvient à se détendre le temps d'un instant. Ses prunelles sombres jaugent du regard tous ceux qui oseraient l'approcher. Aucun homme ne l'a réellement attiré ce soir. Peut-être parce que son esprit est focalisé sur une seule et même âme depuis trois semaines. La blonde jure en se demandant pourquoi cet homme reste ancré dans ses pensées.
Willow n'a jamais connu l'amour, elle ne sait pas ce que c'est. Elle a grandi dans le déni, grandi dans une famille riche où les marques d'affection sont inexistantes. Willow s'est construite une personnalité au travers des hommes qui l'ont blessé de par leurs actes, qui l'ont abandonné au petit matin après avoir eu ce qu'ils voulaient. Willow est devenue comme eux. Plus facile de briser un cœur que d'en réparer un. Plus facile de briser une âme que de se connecter à elle.
C'est en finissant sa cigarette que son regard est attiré par un homme la dépassant d'une tête malgré les talons qu'elle porte. Il effectue un maigre sourire qui la fait pouffer légèrement, non pas de rire mais de dédain. Cela suffit à l'inconnu pour comprendre qu'il n'est pas le bienvenu et repartir aussitôt. Satisfaite, elle écrase son mégot dans le cendrier et part à la recherche de sa meilleure amie.
Au bout de quelques secondes à peine, elle la retrouve et Crystal semble soulagée de pouvoir se débarrasser de l'homme un peu trop avenant. Elles rejoignent une autre partie de la discothèque et la brune soupire de soulagement.
— J'ai cru qu'il n'allait jamais me lâcher, je l'ai embrassé mais je crois qu'il voulait qu'on passe directement à la vitesse supérieure... il voulait m'emmener dans les toilettes.
— Un peu de respect sur ton nom tout de même. Les toilettes... elle répète, riant du ridicule de la situation.
— Et toi ?
— Personne.
— Je te parle de monsieur Charles Leclerc. Avant que tu ne me coupes : je me suis juste bien informée, elle réplique, et Willow comprend surtout qu'une certaine portugaise l'a aidé à retenir ce nom.
— On se voit demain, je sais très bien comment ça va finir.
— Intéressant tout ça, dis-moi.
— Il n'y a rien de plus à dire, on passe du bon temps et je crois qu'on en a tous les deux besoin.
— Tu sais que ce n'est pas en faisant ça que tu passeras outre par rapport à ce qu'il s'est passé ?
— Merci pour la précision, dit-elle ironiquement.
— Deux-mille vingt-trois arrive, et je te laisserai pas te mettre minable comme tu l'as fait tout le long de cette année Willow, je te préviens.
— Je n'en ai rien à faire Crystal, je ferai comme d'habitude, je ne changerai pas mon quotidien.
— Ça blesse tes parents.
— Ma mère est blessée par mon comportement ? Étonnant venant de sa part.
— Si tu ne penses pas à elle, pense au moins à ton père.
La jeune femme se contente de baisser les yeux telle la petite fille qu'elle a autrefois été. Ce n'est pas le lieu pour en parler et Crystal se rend compte de son erreur. Doucement, elle vient étreindre son amie en lui demandant de songer à autre chose, au moins pour cette soirée. Puis, toutes deux entendent les inconnus s'extasier face au décompte qui vient de commencer. Les deux amies se regardent dans les yeux afin de célébrer cet instant.
L'année deux-mille vingt-trois vient tout juste de commencer, et elles ont à peine le temps de se la souhaiter que de parfaits inconnus les prennent bras dessus, bras dessous afin de danser n'importe comment. Elles rient en cœur et s'adonnent à cette danse absurde durant de longues minutes qui semblent durer une éternité.
Willow espère que cette année sera synonyme de renaissance, bien que ses sens soient en ébullition et que son esprit soit toujours en perdition.
□□□
Willow a passé la plupart de sa journée allongée sur son canapé, n'ayant pas la force de bouger. La nuit s'est prolongée pratiquemment jusqu'à l'aube et ce n'est qu'à sept heures du matin que la jeune femme a daigné pointer le bout de son nez dans son appartement. Elle s'est contentée d'une douche froide et de manger un petit peu afin de se remettre les idées en place avant de ne faire qu'un avec son sofa, recouverte d'une couverture.
La blonde attend l'arrivée de Charles. Il l'a prévenu d'une arrivée aux alentours de neuf heures du soir, et sachant qu'il est bientôt l'heure, elle ne fait que patienter. En fait, la jeune femme se demande comment la soirée va se terminer. Si ça va se dérouler comme les autres fois, ou non. Willow n'a jamais eu ce genre de relations, elle est plutôt du genre à quitter la chambre pour ne jamais rappeler la personne avec qui elle a partagé la nuit. Mais après le gala, tout était différent. Peut-être que sa peine était trop intense pour supporter, et qu'un certain renouveau était une nécessité à ce moment-là. Elle ne sait pas. Elle ne le saura pas.
La sonnette retentit et Willow daigne enfin se lever de son sofa. Elle prend le temps de s'observer dans un miroir, afin d'être sûre que son pull à manches longues soit bien mis, avant de se diriger vers sa porte d'entrée. Charles se tient devant, les yeux cernés, certainement par l'épuisement de cette nouvelle année. Sans un mot, ils s'analysent puis rigolent de leur état à peu près similaires.
Sentant que le monégasque souhaite faire la conversation, elle anticipe en déposant un léger baiser sur ces lèvres qui l'enivrent automatiquement. Ce dernier pénètre dans l'appartement sans plus attendre avant s'approfondir ce baiser en plantant ses ongles courts dans les hanches de la blonde. Willow fronce les sourcils et se recule, dubitative. Elle a reconnu quelque chose d'anormal.
— Est-ce que tu as bu ?
— Quoi ? Non, pas depuis cette nuit en tout cas.
Willow se laisse faire et se laisse aller à cette sensation nouvelle, omettant le fait que ce baiser à un goût amer d'alcool fort, surpassant son haleine fétide puant la nicotine.
Charles ment comme il respire. Après tout, il n'allait pas avouer son secret à la jeune femme comme si de rien n'était. Nier est tellement plus simple dans ce genre de situation. Pressée, la blonde entraîne le pilote dans sa chambre en tirant les pans de sa chemise. Elle sourit discrètement contre ses lèvres lorsqu'en une fraction de secondes, elle le surprend en train d'éteindre la lumière.
Il a retenu cette subtilité.
Et c'est ainsi qu'ils s'adonnent à ces plaisirs erronés, durant une grande partie de la soirée qui n'appartient qu'à eux, habitués à se retrouver pour les mêmes raisons.
Willow grimpe sur le lit et s'allonge sous les draps après être passée par les toilettes. Charles l'attend, emmitouflé sous la couverture recouvrant leurs corps nus. Sans parler, la jeune femme se contente de maintenir un contact avec le brun, en traçant de légers cercles sur son torse, pensive. Sa main vient se loger dans sa chevelure blonde et les deux amants restent ainsi, durant une bonne dizaine de minutes. Ne rien faire est tout aussi plaisant.
— Est-ce que je peux allumer la lumière ? il demande alors.
— Bien sûr, elle retire son bras pour lui permettre d'accéder à l'interrupteur, mais surtout pour se camoufler sous ses draps. Tu ne restes pas ? elle questionne, étonnée, en le voyant quitter le lit.
— Je suis désolé de partir comme un voleur, mais j'ai promis à mes amis de rentrer dormir dans le loft que l'on a loué, ils veulent éviter d'être en retard pour le vol de demain, et il faut savoir que je suis le mec le plus retardataire au monde.
— Oh d'accord. Tu penses revenir ici pendant le mois ?
— Je vais tout faire pour, il dit en reboutonnant sa chemise, pourquoi, je vais te manquer ?
Charles commence à apprécier ce jeu entre eux, cette impression de nonchalance qu'ils se donnent à chaque fois qu'ils se voient. Ils y ont pris goût et le monégasque retient un rire en l'observant se renfrogner.
— Atrocement, je ne peux plus vivre sans toi.
— C'est ce qu'elles me disent toutes.
Le brun explose de rire en évitant l'oreiller que Willow venait de lui balancer en direction de son visage. Elle l'observe en train de terminer de s'habiller, râlant de son rire qu'il ne peut stopper. Sous les draps, la jeune femme masque un sourire qu'elle n'osera jamais dévoiler au monégasque. Avouer apprécier sa compagnie ? Jamais de la vie. Charles quitte l'appartement après avoir souhaité une bonne nuit à la blonde, tout en réciprocité. Elle se laisse tomber la tête sur son oreiller en le voyant partir aussi rapidement, chose à laquelle elle n'était pas habituée.
— Charles, attends ! crie-t-elle en se remémorant d'un détail peu anodin. Précipitamment, et avant qu'il ne revienne, elle enfile un pull et un sous-vêtement.
— J'ai oublié quelque chose ? il réapparaît dans l'embrasure de la porte.
— On peut dire ça ! elle ouvre le tiroir de sa table de chevet avant d'y sortir une montre. Tu avais oublié ta montre la dernière fois, et... je suis désolée, je l'ai faite tomber en pliant mes draps, elle se trouvait sur la couverture. J'ai fait réparer le verre, heureusement c'est la seule chose qui s'est cassée.
— Je me disais bien que j'avais oublié de te demander un truc ! Je m'étais rendu compte que je l'avais laissée ici. Ce n'est pas grave de l'avoir faite tomber, j'aurais dû faire plus attention à mes affaires, merci de l'avoir faite réparer.
Elle sourit en se rapprochant du monégasque pour lui attacher la montre au poignet. Le pilote la regarde faire, le regard brûlant de désir. Leurs yeux se croisent une fois qu'elle a terminé et pour la première fois de sa vie, dans cette situation, la blonde sent ses joues chauffer inexorablement en sentant le souffle du brun sur sa peau.
— Merci Willow, il réitère, la remerciant d'y avoir pris soin.
Elle se contente d'un maigre sourire peu sincère, perturbée par cet effet que Charles possède sur elle.
— Allez dégage d'ici, sinon tes heures de sommeil se feront peu nombreuses.
Il la regarde une dernière fois dans les yeux avant de disparaître pour de bon, laissant une jeune femme, debout au beau milieu de la pièce, se demandant ce qu'il vient de se passer.
Elle entend la porte claquer, puis elle se laisse aller à ses différentes pensées.
Pourquoi est-ce qu'il semblait vraiment avoir bu de l'alcool avant d'arriver ?
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hellooo j'espère que vous allez bien ! moi oui, j'ai tellement hâte de poster la suite ça va être GÉ-NIAL voilà voilà
-alcools
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