chapitre huit
MONACO EST LE VÉRITABLE TERRAIN DE JEU DE CHARLES. Résident monégasque mais surtout né dans la principauté, il est un habitant du rocher de pur sang. Il chérit sa ville plus que n'importe qui, et revenir ici est toujours un plaisir, surtout pendant la trêve hivernale lors de laquelle il passe la plupart de son temps avec sa famille et son groupe d'amis.
Même si, évidemment, il garde de la place pour des sessions d'entraînements bien rudes. Pendant la totalité de la saison, les entraînements sont adaptés afin de ne pas l'épuiser lors des week-ends de course. Mais durant les trêves, les entraînements sont plus poussés et Charles termine totalement lessivé à la fin de chacun d'entre eux.
Tôt dans la matinée, le brun retrouve son entraîneur personnel, Éric, qui le suit durant toute l'année sur les circuits afin de l'aider à se maintenir en forme et surtout afin de le préparer à monter dans une monoplace et en supporter tous les aspects. En pénétrant dans la salle de sport, il est surpris de voir si peu de personnes venues s'entraîner. La salle est pratiquemment déserte, seule une personne s'entraîne sur le tapis de course et Charles jure en reconnaissant son ancienne compagne. Il secoue la tête et se dirige vers Éric, faisant mine de ne pas l'avoir aperçu.
L'homme d'une quarantaine d'année lui sourit brièvement en le saluant d'une poignée de main cordiale. Malgré les années à ses côtés, jamais il n'a voulu dépasser le cadre professionnel. Charles et lui ne sont pas amis, et ne se voient pas hors de ces sessions d'entraînement. Éric lui intime de commencer ses étirements et ses échauffements avant de rentrer pleinement dans le vif du sujet. Le monégasque sent un regard sur lui mais n'y fait pas forcément attention, préférant se concentrer sur les dires de son entraîneur.
— Il faudrait commencer par respecter la diète avant tout, parce que ça, il agrippe la peau de son ventre, lui arrachant une grimace, j'accepte pas.
— Je respecte tout ce que tu m'envoies donc ce n'est pas de ma faute.
— Bien sûr, bien sûr.
Il omet bien le fait qu'ingurgiter autant d'alcool, en plus d'être mauvais pour la santé, engendre des changements physiques dont une augmentation de graisse au niveau du ventre, ce qui ne peut totalement être masqué par les nombreux entraînements et son quotidien de sportif de haut niveau.
Aujourd'hui, Charles a plus de mal à achever correctement ses séries et les exercices sur sa nuque sont un peu plus douloureux malgré le poids habituel sur chaque séquence. Le brun observe le mécontentement d'Eric et craint que la tempête ne s'abatte sur lui, il le sent. Depuis des années, c'est ainsi. Mais jamais il ne parvient à se défaire de lui, cet homme qui lui a tant donné et tout appris, cet homme qui autrefois entraînait Jules.
— Ce n'est pas en apportant des résultats si pauvres que tu égaleras le niveau de Jules. Tu crois rendre ton père fier de cette manière ?
Une immense colère s'empare de lui et, puisant dans ses dernières forces, il parvient à tirer le poids habituel sur sa nuque. Épuisé, le pilote engloutit toute l'eau présente dans sa bouteille sous le sourire narquois et satisfait de son entraîneur. Le monégasque ne peut s'empêcher de dévisager le quarantenaire d'un mauvais d'œil, prétendant ne pas être blessé par ses paroles tranchantes.
Cette sensation de se couper, de se faire lacérer avec de simples mots. Éric lui demande de se dépêcher afin de faire le point sur cette séance avant de disparaître hors de la salle de sport. Perturbé et surtout mal d'avoir subi les propos terribles de son entraîneur, Charles range lentement ses affaires dans son sac, appréhendant la suite de la journée. Heureusement, le résumé de l'entraînement n'est qu'une question de minutes. Sans grande conviction, il agrippe son sac d'une main et s'avance parmi les différentes machines de la salle. Une voix l'interpelle alors, le faisant se retourner.
Une voix qu'il ne connaît que trop bien.
— Charles je... j'ai entendu quelques bribes de conversation avec Éric, commence Charlotte, mal à l'aise de les avoir surpris. Est-ce que tout va bien ?
— Oui, oui ça va, il était juste un peu sur les nerfs il a dit des trucs qu'il ne pensait pas forcément.
— Je sais que je ne peux plus me permettre de te dire quoi faire, même pendant notre relation je ne le pouvais pas d'ailleurs, mais fais attention à toi, vraiment. Je sais que ces paroles peuvent t'atteindre et c'est la dernière chose que je souhaite.
— Charlotte je... je suis désolé pour cette année je sais que j'ai été exécrable avec toi et je te jure que ce n'était pas ce que je voulais, c'est tellement idiot mais-
Sa respiration se coupe soudainement et ses mains tremblantes ne parviennent même plus à agripper le sac qui tombe alors au sol. Charlotte comprend qu'une énième crise arrive et, avant que quelqu'un ne remarque sa détresse, elle l'extirpe de la salle principale afin d'aller dans un endroit plus calme. Ses petites main se posent sur les épaules du brun qui, prit par la panique, crispe ses mains sur les hanches de la monégasque qui grimace face à cette forte poigne.
Comme d'habitude, le son de sa voix l'apaise et l'aide à se calmer au bout de longues minutes de souffrance où cette impression de mourir ne le quitte pas. Une crise d'angoisse est certainement la sensation la plus désagréable qui puisse exister selon lui. D'un geste rapide, il retire ses mains de ses hanches et se racle la gorge, mal à l'aise.
— Je savais dans quoi je m'embarquais avec cette relation, j'ai cerné tous ces petits problèmes et tout ce qui te tenait à cœur, j'ai appris et essayé de vivre avec et de te soutenir et je sais que parfois ce n'est pas suffisant. Je sais aussi que cette saison a été compliquée mentalement et je conçois que tu aies besoin d'air.
— Ça n'excuse pas toutes les fois où j'ai été ignoble, il souffle en passant une main dans ses cheveux ébouriffés.
— J'ai été dure aussi et toi, comme moi, savions que ça n'allait pas bien depuis plusieurs mois déjà. C'est mieux comme ça.
— Oui, c'est mieux comme ça, il abdique.
Charles se remémore de ces nombreuses soirées où les querelles prenaient possession de son appartement et il se dit que, oui, c'est certainement un mal pour un bien et que malgré tout, la brune aura toujours une place spéciale dans son cœur et à jamais il lui sera reconnaissant de l'avoir supporté pendant trois longues années. Sans prévenir, le pilote vient refermer ses bras autour de la jeune femme qui répond à cette étreinte sonnant comme un adieu, et étonnamment, cette brève discussion a fait énormément de bien au monégasque. Peut-être qu'il a compris que tourner la page n'était pas une si mauvaise chose.
Un toussotement le fait prendre conscience de la situation et précipitamment, il s'écarte de la brune qui râle discrètement en voyant Éric, appuyé contre l'embrasure de la porte.
— Ça fait vingt minutes que j'attends, Charles.
— Eh bien tu attendras trois minutes supplémentaires, Éric, raille Charlotte, ça ne va pas te tuer.
L'entraîneur roule des yeux en se retenant de lâcher un commentaire désagréable à l'égard de l'ancienne compagne du brun. Ils ne se sont jamais appréciés, et dès le premier jour, il l'avait remarqué.
— Il faut vraiment que j'y aille.
— Fais attention à toi.
— Promis, merci pour cette discussion, j'en avais besoin.
La brune se contente d'un simple sourire avant de laisser partir le pilote à contrecœur, ne parvenant pas à faire pleinement confiance à Éric.
Charles de son côté, dévale les escaliers du bâtiment et retrouve son entraîneur devant celui-ci et rapidement, ils résument ce qu'il s'est bien ou mal passé durant l'entraînement. Sans grand étonnement, il lui précise plus de points mal effectués que les bons, mais le pilote de la Scuderia y est bien trop habitué depuis le temps. Après un échange cordial, il observe le quarantenaire s'en aller, les poings serrés par l'énervement. Cette situation l'agace au plus haut point et pourtant, malgré cette hargne, les mots lui restent en tête et la volonté de ne plus travailler avec lui semble bien lointaine dans son esprit.
Sans un mot, il récupère sa voiture soigneusement garée par le voiturier et se balade dans les rues de Monaco. Il fait des signes de mains à certaines personnes ayant reconnu sa 488 pista ne passant jamais inaperçue. Une fois arrivé devant son immeuble, Charles se précipite, n'ayant qu'une hâte : retrouver son appartement et prendre une douche. Dans un coin de la pièce, il jette son sac et se retrouve dans la salle de bain. L'eau brûlante dégouline sur son corps cinq petites minutes plus tard et le monégasque est pensif.
Quand est-ce que tout a commencé à partir en vrille ?
Il soupire en coupant l'eau après quelques temps passés sous la douche et se rhabille avant de se diriger vers la cuisine. Après s'être rappelé qu'il n'attendait personne, Charles sort de son placard une liqueur forte camouflée derrière une pile d'assiettes dont il ne se sert jamais. Ce besoin de ressentir les effets de l'ivresse est de plus en plus fréquent et même en journée il commence à sentir le manque, n'ayant qu'une seule envie ; rentrer chez lui et se laisser aller à l'ébriété comme il y a quelques années.
Sans plus attendre, ses lèvres entrent en contact avec le goulot et le goût amer et puissant de cette alcool brûle son œsophage sans discontinuer. Il déteste ça, pourtant il en redemande. Tel est le cercle vicieux d'une addiction. L'équivalent d'une dizaine de petits verres avalés, le monégasque sent ses pensées de dilater et son cœur s'apaiser un court instant. Atteindre cette plénitude qu'il recherche. Comme si soudainement, le monde devenait silencieux. Le sentiment de calme et de confort qu'il chérit tant.
Son cœur épris de sentiments contradictoires recherche des sensations nouvelles, recherche ce qu'une escapade londonienne lui a procuré.
Charles se souvient de ce bout de papier qu'il a posé sur sa table de chevet, une fois arrivé à Monaco. Il titube jusque sa chambre, téléphone et bouteille dans les mains, et porte son attention sur les chiffres griffonnés sur le papier. Son regard s'arrête sur la conversation pas même entamée et le monégasque se concentre à mille pourcent afin de ne pas écrire n'importe quoi, l'alcool le désinhibant complètement.
- je retourne à londres pour la nouvelle année
La froideur de ce message le contrarie à peine, ayant peu conscience du début de cette conversation alors que ses yeux épuisés commencent à se fermer. La vibration de son téléphone le sort de sa torpeur ; une réponse de Willow.
- je commençais à m'impatienter
- je t'envoie un message quand je serai là-bas
- à plus tard
Peut-être regrettera-t-il au levé du soleil, mais jamais il ne retrouvera sensation pareille.
□□□
j'espère qu'il n'y a pas de faute, je n'ai pas relu oups. comment ça va ? moi ça va, contente de poster sur night fever, si vous saviez comme j'aime cette fiction <3
à lundi et bon week-end de course pour f1,f2,f3 et moto gp !
-alcools
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