chapitre dix-sept

CHARLES A HÂTE QUE LA SAISON REPRENNE. Chaque trêve hivernale fait extrêmement de bien, mais jamais il ne sent mieux que dans sa monoplace rouge flamboyante. Dans trois jours, il doit se rendre à Maranello pour la présentation de la livrée de la saison deux-mille vingt-trois et dire qu'il est excité est un véritable euphémisme. Chacune de ses pensées ne se résument plus qu'à cela. La formule un.

Aujourd'hui, le monégasque sent que la journée sera belle. Exceptionnellement, il n'a pas d'entraînement, et le soulagement qu'il exprime devrait être tout sauf rassurant. Toutefois, il ne s'en rend pas compte. Ce midi, il déjeune avec sa mère et ses frères. Entre ses allers-retours entre l'Italie, la France, ou encore Londres, cela fait longtemps qu'il ne s'est pas retrouvé avec sa famille proche et passer du temps avec eux est toujours agréable, encore plus lorsqu'il a pleinement conscience qu'il va pouvoir embêter son petit frère Arthur.

Monaco est ensoleillée, et Charles décide de se rendre chez sa mère à pied, casquette vissée sur la tête. Cela ne l'empêche toutefois pas de s'arrêter à tous les coins de rue afin de prendre des photos avec certains fans qui se sentent chanceux. Cette situation le met en retard et le voici à marcher plus rapidement en direction de l'immeuble dans lequel habite sa mère.

Le pilote rit en apercevant Arthur arriver en même temps que lui, également en retard. Les deux se regardent avant d'exploser de rire et de se saluer brièvement en entrant dans la résidence. Les trois étages semblent interminables et ils sont soulagés d'enfin pouvoir toquer à la porte, patientant pour que leur mère les accueille.

Taquin, Charles tire légèrement les cheveux du benjamin dont la tête part automatiquement en arrière, et ce dernier râle avant de lui mettre un coup dans le bras. Le plus âgé réplique en le bousculant de l'épaule.

— Arrête, t'es chiant ! On va se faire râler dessus par maman, chouine le plus jeune sous les rires incessants du monégasque.

— Qu'est-ce qui vous fait rire comme deux idiots ? soupire la mère après avoir ouvert la porte.

— Bonjour Pascale ! dit Charles, sachant pertinemment qu'elle déteste que ses fils l'appellent par son prénom.

Les deux frères saluent Pascale qui embrasse tendrement leurs joues avant de les laisser entrer. Évidemment, Lorenzo est déjà présent puisqu'il est bien le seul de la fratrie a avoir la notion du temps, et du timing, lui qui n'est pratiquemment jamais en retard. Ils saluent leur frère aîné tout en discutant de nouvelles qu'ils auraient oublié de se préciser par message.

Charles est très proche de ses frères. Si avec Arthur, il se chamaille souvent et essaie de jouer le rôle du grand frère exemplaire qui fonctionne une fois sur deux, avec Lorenzo, il sait que dans n'importe quelle situation, il pourra compter sur lui. L'aîné est toujours de bon conseil et est bien plus calme que les deux plus jeunes et le pilote de la Scuderia estime que c'est clairement un avantage, voire même une qualité.

La mère de famille les invite à s'installer et le cadet se sent tout de suite moins à l'aise en remarquant la bouteille de vin disposée au centre de la table. Automatiquement, l'angoisse commence à monter et ses gestes sont absurdes. Il essaie tant bien que mal de cacher son malaise alors que ses yeux fixent désespérément le liquide se déverser dans le verre de son aîné. Afin de se calmer, il vient mordre la peau de ses joues jusqu'à sentir un goût métallique se répandre dans sa bouche.

Son regard se plante dans celui de son petit frère qui l'observe les sourcils froncés. Gêné, il ne trouve rien d'autre à faire que de lui sourire.

— Alors Charles, tu pars dans combien de temps pour Maranello ? fait Pascale, brisant le malaise ressenti par le brun.

— Je pars dans trois jours, pour la présentation de la livrée mardi, et je reste jusque samedi avant d'aller directement à Bahreïn pour les essais.

— Tu le sens comment pour cette saison ?

— Ça a l'air d'aller, il reste vague, sachant que les données sur simulateur peuvent être différentes lorsque la monoplace est testée en conditions réelles.

— Si tu ne pars que dans trois jours on pourrait aller faire du padel tous les trois, puis on trouve une quatrième personne pour nous accompagner, suggère Lorenzo.

— Je... il se gratte l'arrière de la nuque, gêné. Je pars à Londres juste avant d'aller à Maranello.

— Tu fais beaucoup d'allers-retours en Angleterre en ce moment, soulève alors sa mère.

Le monégasque ne sait plus où se mettre, et Arthur le remarque bien. Un rictus apparaît sur son visage en se disant que c'est le moment le plus opportun afin d'agacer le brun.

— Il y a une raison particulière pour laquelle tu vas à Londres, ou tu veux juste faire le touriste toutes les deux semaines ? il demande avec un immense sourire aux lèvres.

Cette remarque lui vaut un regard noir, Charles connaît son frère par coeur. Pascale semble tout de suite plus intéressée par la conversation alors que Lorenzo croise les bras en retenant un sourire moqueur.

— Tu vois quelqu'un ?

— Non, enfin oui, non c'est compliqué, il bégaie et Arthur n'a pas besoin de plus pour exploser de rire, se faisant réprimander automatiquement par sa mère.

— On n'a pas besoin d'en savoir plus, surtout si tu ne veux pas nous en parler, sourit Pascale. Tant que tu es heureux c'est le principal, vu comme c'était compliqué après Charlotte.

— Si on pouvait éviter de la mentionner ça serait sympathique.

— Tu ne t'entends plus avec elle ?

— Ce n'est pas la question, c'est juste qu'elle ne fait plus partie de ma vie alors...

— Okayyy, bon sinon moi ça va la formule deux, j'ai hâte de commencer le championnat je vais tous les fumer, dit Arthur afin de couper court à cette conversation qui semblait mal tourner.

— Commence déjà par être constant en qualifications, lance Charles pour rebondir sur un sujet de conversation pour éviter sa gêne.

Heureusement, l'attention a commencé à se détourner vers le plus jeune et Charles a pu souffler légèrement. Le brun hait particulièrement mentionner son passé, hait se remémorer des souvenirs qui le rendent parfois nostalgiques du temps où sa vie était stable. Du temps où sa vie n'était pas en train de partir en vrille comme en cet instant précis. Le brun a perdu l'appétit, toutefois pour ne pas inquiéter sa mère, il se force à terminer son assiette sans prononcer un mot supplémentaire de la fin du repas.

Il se contente de rire sans grande conviction aux blagues que lance Arthur pour détendre l'atmosphère, et aux anecdotes que racontent Pascale et Lorenzo sur leurs vies respectives.

Après quelques heures passées en famille, Charles estime qu'il est temps de partir, ne pouvant plus faire semblant plus longtemps. Il prend sa mère dans ses bras, en ne sachant pas quand est-ce qu'il allait la revoir, avant de saluer ses deux frères d'une accolade. L'humeur est bien moins joyeuse que lorsqu'ils sont arrivés et il n'arrive même plus à taquiner son petit frère avant de quitter l'immeuble.

Le soleil est encore bien haut dans le ciel toutefois, sa seule envie est de s'enfermer dans son appartement et de ne plus y sortir. Il prend tout de même le temps de s'arrêter pour les supporters de la Scuderia Ferrari qu'il croise, et au bout de quelques longues et interminables minutes, le voici enfin à son appartement. Il ferme la porte à clefs, se déchausse et se précipite dans sa cuisine à la recherche du graal qui pourrait le soulager momentanément.

Charles jure en remarquant qu'il ne lui reste pas énormément de bouteilles en stock. Il se demande comment se déroulera le réapprovisionnement puisqu'ici, tout le monde le connaît. Le brun hausse les épaules. Il y réfléchira plus tard. Le monégasque ouvre la bouteille et boit au goulot toute la liqueur.

Les effets apparaissent bien rapidement toutefois, le brun ne parvient pas à atteindre ce qu'il recherche ; la plénitude parfaite. Ses pensées sont encore bien trop sombres et le monégasque en est étonné. D'habitude, il n'a guère besoin d'autant afin de négliger ses nombreux problèmes. Ainsi, il vide le contenu de la bouteille en quelques minces minutes et sa tête commence à lourdement tourner. Un rictus apparaît sur son visage alors qu'il peine à tenir debout.

Les effets escomptés ne sont pas ceux qu'il a longuement désiré. Les limites ont certainement été dépassées et Charles ne sait que faire pour ne pas sombrer dans cette dépendance, dans cette volonté de boire de manière démesurée.

C'est en prenant conscience que ses pensées sont toujours aussi claires, que Charles sent qu'il est allé trop loin. Que le goût amer inondant ses papilles gustatives ne lui permet plus de passer outre de tous ses soucis. Précipitamment, il cherche une nouvelle bouteille à ouvrir qu'il trouve miraculeusement, et se met à boire encore et encore sans avoir la possibilité de s'arrêter. Ce n'est qu'au bout de quelques minutes qu'il réalise sa bêtise.

Encore plus lorsque son corps ne supporte plus cette dose excessive d'alcool. Le pilote accourt jusqu'aux toilettes afin de régurgiter tout ce qu'il a ingéré. Et les larmes n'ont cessé de couler. Les sanglots n'ont cessé de le frapper. Les maux n'ont cessé de l'accabler.

Son cœur meurtri est épuisé.

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hey hey hey, chapitre mitigé entre la légèreté du petit repas et la fin du chapitre... jeudi arrive le chapitre tant attendu, il fera 3000 mots et j'espère que vous serez à fond dans les commentaires !

j'ai tellement, tellement hâte :)

sur tiktok je suis en train de promouvoir un peu ma prochaine fiction, j'espère pouvoir la poster dimanche 6 mai, je vous tiens au courant <3

-alcools

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