chapitre dix-neuf
LA PÉNOMBRE DE LA CHAMBRE EN DIT LONG SUR L'ÉTAT DE SANTÉ de l'anglaise se détériorant à vue d'œil. Si elle est habituée à cette éventualité, à cette noirceur qui l'entoure depuis tant d'années, cela n'a cependant rien à voir avec ce qu'elle ressent en cet instant. En fait, elle ne ressent rien.
Les événements d'il y a dix jours ont anesthésié son âme et lui ont porté le coup de grâce, le coup fatal qui l'a plongé dans cette terrifiante perdition. Pas même Crystal ne parvient à la consoler, à lui apporter un peu de joie de vivre qui pourrait durant un lapse de temps minime, l'animer. La brune n'a plus aucune solution à sa portée, et regarder impuissamment sa meilleure amie sombrer est de loin ce qui la brise le plus.
Ce n'est jamais chose aisée que d'observer son amie dans cet état.
Crystal essaie de se défaire du vide abyssal prenant place dans le cœur déjà endommagé de Willow, qui peine à passer outre les événements d'il y a plus de dix jours à présent.
— Tu es sûre et certaine de ne pas vouloir sortir, t'aérer un peu l'esprit ? questionne la brune.
— Non.
— Tu devrais peut-être écouter les médecins et en parler à un professionnel, ça te fera sûrement du bien.
— Je n'en ai pas la moindre envie, ils vont me rabâcher que je ne suis pas fautive et me scruter comme si j'étais le vilain petit canard.
Willow se rallonge dans son lit et s'emmitoufle dans les couvertures, entendant d'une oreille lointaine sa meilleure amie soupirer. Elle pourrait ouvrir les volets, la forcer à sortir de cette spirale infernale de négativité, néanmoins elle ne le fait pas. D'un côté, elle lui en est très reconnaissante. La sonnette retentit alors dans l'appartement, et l'anglaise n'a pas la force de se lever, ni de marcher jusque son entrée. Crystal s'en occupe et la blonde apprécie ce court silence, sans se préoccuper des talons de son amie claquant contre le parquet de son loft.
Willow ferme momentanément les yeux, essayant par tous les moyens de chasser de son esprit les souvenirs de cette chambre d'hôpital dans laquelle elle a découvert un de ses pires cauchemars devenus réalité.
Lorsque leurs regards se sont croisés, même ses yeux clairs n'ont su la rassurer ou l'apaiser. Seulement masquer la douleur un mince instant. Ses prunelles sont un médicament ne faisant effet que peu de temps, et sans comprendre pourquoi, Willow meurt d'envie de voir Charles. Qu'il la rassure sans réellement la rassurer, puisque trouver les mots est toujours compliqué. Simplement faire acte de présence, simplement être à ses côtés, lui suffirait.
Peut-être parce que dans son entourage, il est le seul à comprendre ou à concevoir sa peine. Certes ce n'est pas lui qui a perdu l'enfant, mais cet être n'ayant guère pu terminer sa croissance était également une partie de lui. Et c'est le principal. Qu'il la comprenne de près ou de loin.
Les bruits de talons se font de plus en plus forts, si forts que ses oreilles bourdonnent, plus habituée à un tel bruit. Ronchonnant contre Crystal un instant, elle daigne sortir sa tête des couvertures et sa respiration se coupe en prenant conscience que ce n'est pas seulement sa meilleure amie sur le pas de la porte, mais bien son père également. Qui a les bras croisés, camouflant une mine inquiète mais surtout effarée et désabusée par cette vision qu'il a de sa propre fille.
Sans prendre la parole, il vient s'asseoir sur le bord du lit qui s'affaisse légèrement. Willow a l'impression de revenir une quinzaine d'années en arrière, lorsqu'il accourait dans la chambre à la suite d'un mauvais rêve afin de la rassurer en la berçant contre lui. Ces temps semblent lointains et chagrinent la jeune femme, nostalgique de ce temps où tout allait pour le mieux dans sa famille.
— Explique-moi ce qui ne va pas ma puce.
— J'ai fait une fausse couche papa...
Cet aveux ébranle son père qui retient un mouvement de recul, passant une main sur son visage précipitamment avant de venir lier celle libre à celle de sa fille. Son regard rempli de souffrance le heurte énormément et il pourrait vendre son âme au diable afin de puiser toute sa douleur en cet instant précis. Pour la première fois, il ne trouve pas les mots adéquats pour la consoler. Pourtant, c'est son rôle de père, non ? Il s'en veut terriblement de ne pas se sentir capable d'aligner quelques mots, en faire une phrase afin de prouver qu'il est bel et bien présent pour elle.
Il prend une longue inspiration, et essaie de faire de son mieux comme il a toujours su le faire, maintenir le navire à flots pour éviter qu'il ne chavire.
— Tu n'en es pas responsable.
— Pourtant si j'avais fait plus attention, peut-être que je serais enceinte à l'heure actuelle.
— Ce n'était sûrement pas le moment opportun alors. Tout vient pour une raison, même si c'est douloureux. Tout revient à l'équilibre, ta vie ne sera jamais que remplie de noirceur ou de lumière, tu verras.
— J'ai l'impression qu'il n'y a que l'obscurité en ce moment.
— Ce n'est qu'une question de temps avant que tout aille mieux, j'ai confiance en toi et je sais pertinemment que tu te relèveras de cette énième épreuve. J'ai élevé un petit soldat qui fait face au pire.
— Je ne suis pas aussi courageuse que tu ne le dis.
— Et toi tu doutes de tes capacités. il passe une main dans ses cheveux blonds, tu vas réussir je te le promets. Lève-toi et affronte tes craintes.
— D'accord, mais avant je veux juste me reposer un peu, je suis restée éveillée toute la nuit.
Harry ricane en reconnaissant bien le désir de sa fille de rester traîner un petit peu au lit. Il avait tendance à le faire lorsqu'il avait son âge et il se reconnaît bien dans certains de ses comportements. Cette phase de sa vie est compliquée et il se doit d'être présent afin de la conseiller, et de l'aider à se relever par elle-même. Harry sait qu'elle y arrivera, parce qu'il place une confiance aveugle en elle.
— Je te laisse te reposer ma puce, et au moindre soucis tu m'appelles, tu sais très bien que je serai là dans la minute.
— Merci.
— C'est normal. Repose-toi maintenant.
Willow s'affale sur son oreiller et commence déjà à somnoler avant même que son père n'ait passé le pas de la porte. Cette discussion pourtant très brève lui a procuré énormément de bien et la jeune femme se sait chanceuse d'avoir un père aussi présent et d'aussi bon conseil, cherchant son bonheur avant tout et souhaitant la tirer vers le haut.
Elle espère un repos sans mauvais rêve pour le moment.
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Le bruit de son téléphone sonnant à tue-tête sur sa table de nuit la fait geindre et se plaindre sans discontinuer jusqu'à ce qu'elle attrape son cellulaire, manquant de le faire tomber au sol. Elle observe les alentours et malgré la pénombre de la pièce, elle remarque parfaitement que la lune a pris la place du soleil dans le ciel. Il doit être tard et la jeune femme a dû dormir de nombreuses heures d'affilé, ce qui ne lui était pas arrivé depuis bien longtemps.
Elle agrippe fermement son téléphone et décroche sans prendre le temps de voir qui peut bien vouloir la déranger, les yeux à moitié clos synonyme de la fatigue encore présente dans son corps.
— Allo ? dit-elle d'une voix endormie.
— Willow, c'est Charles est-ce que ça va ?
— Oui oui, parfaitement bien, pas la peine de m'appeler tu dois être occupé.
— À vrai dire j'ai quelques heures devant moi, et Crystal m'a dit que ça n'allait pas fort...
— Je te promets que c'est ok.
— Je veux pas que tu culpabilises pour ce qu'il s'est passé, ce n'est aucunement de ta faute il faut que tu en aies conscience, je veux surtout pas que tu sombres, je ferai tout pour que ça n'arrive pas. Je sais que l'on est pas proche, Willow parvient à sentir la nervosité dans sa voix, mais je veux que tu saches que tu peux compter sur moi.
— Je te remercie. Évidemment que j'en suis consciente, et puis tu es certainement la seule personne que je connaisse en position de comprendre ce que je ressens...
— C'est pour ça que je t'appelais, je n'arrête pas d'y penser, donc je me dis que ça ne doit pas être facile pour toi.
— Ça ira mieux, je le sens, je suis bien entourée.
— Je ne vais pas pouvoir rentrer avant au moins dix jours, je prendrai un vol direct pour Londres.
— Tu n'es pas obligé, rentre à Monaco plutôt, surtout après une course.
— Non, je préfère me faire une idée de ton état par moi-même et te soutenir autrement qu'à travers un téléphone.
Willow sourit pleinement, et est soulagée de savoir qu'il ne peut percevoir ses joues cramoisies par cette conversation. Cet événement a tout changé entre eux et la jeune femme semble le deviner petit à petit. Passer de pratiquemment inconnus à reliés par un évènement difficile à vivre. L'anglaise sent qu'ils peuvent se tirer vers le haut, elle ne sait pourquoi.
— Je vais te laisser, appelle-moi au moindre problème j'essaierai de répondre, d'accord ?
— D'accord.
Il lui souhaite une bonne nuit et Willow raccroche, pose son téléphone et se laisse tomber sur son oreiller, un sourire niais emprisonnant ses lèvres. Bien qu'elle ne comprenne pourquoi ce sourire ne veut quitter son visage, elle est heureuse de savoir que le monégasque a pensé à son état de santé malgré les grosses échéances arrivant à grands pas pour lui.
Ces grandes échéances la dépassent totalement mais elle sait que sa passion reprend dans peu de temps, et de savoir qu'il l'appelle malgré tout la flatte plus que de raison. Willow fronce les sourcils en songeant que depuis une dizaine de jours, tout a changé entre eux.
Elle en est tout bonnement effrayée.
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ici c'est une safe place, le 1er qui parle du gp je le bannis (c'est faux évidemment)
bon j'espère que tout va bien pour vous, on se retrouve jeudi pour le chapitre vingt !!
-alcools
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